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Aurora Cavendish
- D 03 092023 60 12 D -

Aurora Cavendish

En bref

Masculin
Pseudo : Dayday
Messages : 30



Idir gaoth is idir tonn
Idir tuilleadh is idir gann
Casann sí dhom
Amhrán na Farraige
Suaimhneach nó ciúin
Ag cuardú go damanta

Idir cósta, idir cléibh
Idir mé is idir mé féin
Tá mé i dtiúin
Nom : Cavendish.
Prénom : Aurora.
Surnom : Orca, Lola, Aura, …
Sexe : Féminin.
Âge effectif : 42 ans.
Âge apparent : ~27 ans.
Date de naissance : 13/03/1981.
Date de mort : 04/09/2023.
Arrivé depuis : Vient d'arriver.
Orientation sexuelle : Hétérosexuelle.
Groupe : Commotus.
Nationalité : Irlandaise.
Langues parlées : Anglais, irlandais un peu moins couramment au même titre que l'allemand et le français.
Ancien métier : Biologiste Marine.
Métier actuel : Vétérinaire. Plutôt axée sur la répertoration et l'observation des espèces (préférentiellement aquatiques).
Casier Judiciaire


▬ Crimes commis :
▬ Circonstances du décès :
▬ Péché capital principal :
▬ Péché capital secondaire :
▬ Rapport à l'alcool :
▬ Rapport aux drogues :
▬ Addictions :
▬ Mauvaises attitudes récurrentes :
▬ A été victime :


Physique


Elle aime le vent qui caresse sa peau, qui s’engouffre dans ses cheveux épais d’un brun cendré. Elle ferme les yeux et s’enivre de la sensation.

Aurora n’est pas différente de la voisine ou de la passante ; elle n’est pas particulièrement jolie et n’est pas du genre non plus à se mettre en valeur. Silencieuse et plus dans l’observation, il lui arrive en plus de passer inaperçue aux côtés des personnalités les plus fortes. D’autant plus qu’elle ne semble pas toujours garder les pieds sur terre. Ses yeux vert sapin dans le vague, dans le ciel, ou fermés sur ses longs cils : des choses se passent dans sa tête et on ne saurait trop dire quoi. Vous n’aurez qu’à lui demander, si la question vous tiraille. Après tout, elle est bien là, et malgré ses manières et sa peau pâle, elle n’a rien d’un fantôme.
Une certaine quiétude se dégage d’elle naturellement. Aurora n’est pas nerveuse, ou bien ne le montre pas. On pourrait y voir comme un vide au niveau expressif, ou vraiment une bonne dose de sérénité. D’autant qu’elle ne sourit pas tant, ce qui pour quelques personnes pourrait sembler assez austère de prime abord. Malgré un visage carré, ses traits sont empreints de douceur et de féminité. Ses cheveux qui lui arrivent au milieu des omoplates l’encadrent par ailleurs, avec une frange courte effilée.
Même pour quelqu’un qui la connait, il peut s’avérer ardue de décrypter par sa seule expression si ça va ou pas ; ce qui peut parfois être déroutant.

Aurora arbore un mètre soixante-sept honorable lorsqu’elle ne porte pas de talons. Sa corpulence est dite « normale », bien qu’on la situe chez les plus fins. Il est arrivé à un  moment de sa vie qu’elle perde beaucoup de poids, et cette période reste ancrée sous formes de marques dans sa chair. Sinon, bien que l’on ne puisse pas non plus en déplorer l’absence, l’on ne peut pas dire que ses courbes soient particulièrement généreuses. Bien que visibles, elles restent discrètes selon les vêtements qu’elle déciderait de porter.
Lorsqu’elle se déplace, c’est souvent d’un pas léger et avec la fantaisiste souplesse d’un roseau. Robe, jupe ou pantalon, Aurora ne présente pas réellement de préférence bien qu’elle ne pourra nier le confort et le côté pratique du dernier. Son style reste sobre, de son temps, bien qu’elle n’en soit pas non plus à enfiler le premier truc qui lui passerait sous la main sans discernement. Le choix de la matière, elle trouve ça très important et en est particulièrement sensible. Et bien qu’elle puisse les trouver jolis et les apprécier sur d’autres personnes, Aurora n’ira pas s’encombrer d’une multitude d’accessoires, préférant aller au plus simple. Même les chapeaux, les écharpes ou les gants … Si elle pouvait s’en passer, ce serait tant mieux.


Caractère


Aurora aime la vie. Elle aime la sensation d’être en vie. La sensation de son corps plongé dans le courant, qui vit au gré du vent et des vagues. Dès qu’elle y porte son attention, elle est sensible aux changements, aux températures, aux humeurs, aux formes, aux couleurs …
Elle a donc ses moments, parfois nombreux, où elle aime bien être seule dans sa tête et respirer. Ironiquement, elle fera très peu attention à ce qui pourrait se passer autour, même si cela pourrait être dangereux pour sa vie. « Tête en l’air » dirons certains et, en effet, c’est plutôt ça. Tellement tête en l’air qu’il semble parfois difficile de l’atteindre, surtout les premières fois. On pourrait presque arriver à se demander si on partage le même plan dimensionnel qu’elle. Pourtant, Aurora est bien là.
Si elle n’est pas d’un naturel expansif et ne recherche pas non plus absolument à être entourée, Aurora reste quelqu’un de relativement normal et aimable. Elle a appris à faire preuve de discernement pour l’adaptation sociale, cachant son ennui, ses peines ou ses colères. Il est vrai en plus que peu de choses lui font peur, les risques possibles occupant la dernière place de ses soucis.
Sans avoir l’occasion de mieux la connaître, l’on peut du coup avoir une impression plutôt fade et unidimensionnelle de sa personnalité : la fille un peu à l’ouest qui ne se préoccupe de pas grand-chose. Rien de spécial.

Aurora a pourtant beaucoup de choses à offrir à ceux qui l’écoutent, comme elle se rend compte que les autres ont aussi beaucoup à offrir si elle tend l’oreille.  Si elle s’attache, elle s’avère même être une personne attentionnée, sincère et sensible. Très tactile, elle n’hésitera d’ailleurs pas à vous prendre la main, vous caresser, sans arrière-pensée. Juste pour le plaisir du contact.
Bien que, étant coincée dans son habitude, elle ne s’exprimera pas beaucoup plus sur ses émotions, Aurora sera au moins plus facile à lire. Quoique des compétences supplémentaires en relations sociales ou au moins beaucoup de temps passé avec elle seront nécessaires pour que quelqu’un puisse la comprendre d’un seul regard. Mais ce n’est pas impossible.

L’on notera qu’Aurora est très ouverte et de passionnée, allant au bout de ses désirs pour le meilleur et pour le pire. Elle est aussi curieuse, contente d’apprendre de nouvelles choses. Cependant, elle n’est pas non plus dispersée, avalant toutes les informations qu’elle trouverait sous sa main. Il faut que ça lui parle, que ça lui prenne aux tripes, que ça la fasse frissonner. Par exemple, elle est très intéressée par le domaine marin, tous les mystères de l’océan et ses fonds abyssaux, la faune et la flore qui l’occupent. Tellement intéressée qu’elle en a fait son métier, après tout. Aurora est très vive et intelligente. Dès qu’elle s’implique, c’est sans rechigner, à fond.

Avoir des passions, c’est bien, cependant Aurora a du mal à définir ses limites, si elle en a. C’est là qu’elle a besoin de ceux qu’elle aime, auxquels elle s’accroche comme à une bouée. Elle ne veut pas les décevoir, elle ne veut pas leur faire du mal à cause de ce qu’elle pourrait faire, elle veut continuer à aimer et qu’ils l’aiment en retour.
Mais c’est difficile. Tellement difficile. Sur l’instant …


Histoire



La petite fille jouait avec des lettres en mousse ; les alignant, les empilant, les renversant … Quand, avec un livre sous le bras, un garçon plus grand s’installa en face d’elle. Il déposa son ouvrage à la couverture bleue brillante à ses côtés et commença, lui aussi, à prendre les lettres.
Après de multiples essais, le dernier mot formé fut : C A V E N D I S H. La petite fille cligna des yeux et prit alors un C et le tendit au garçon. Il attrapa la lettre sans un regard à son assistante et la posa à côté du premier mot. Il y rajouta un O, un L et la petite fille finit avec le M. Elle prononça :

« Come.
- Colm. »

Il prit alors un A, le posa en face d’elle avec sa mine toujours concentrée, et continua avec un U, un R, un O, un autre R, et finalement un A. Il prononça :

« Aurora.
- Owooowa.
- Aurora. »

Il fixa un moment les lettres en place et lança un coup d’œil à son livre. Il prit alors le C du deuxième mot formé et lui trouva une place entre le R et A du troisième. Il fit ensuite tomber les trois premières lettres.

« Orca. »

La petite fille le regarda faire, puis l’imita dans son geste en poussant les dernières lettres encore debout ainsi que les V, E, N, D, I, S, H du premier mot.
Elle releva celles que, lui, avait retirées : le A, le U et le R.

« Orca. »

Le garçon fronça plus fort les sourcils.



• • • 1984

L’ambiance dans la petite chambre était bien calme.
Allongé sur le tapis, le jeune Colm fronçait les sourcils, réfléchissant très fort à son jeu de construction et la figure qu’il tentait de reproduire. A ses côtés, sa petite sœur plongeait ses mains dans le bac de cubes colorés et s’amusait dedans comme s’il s’agissait d’un bassin d’eau.

« Cesse donc le bruit, c’est compris ? »

Toute surprise, Aurora, à ce moment-là âgée de deux ans, eut un hoquet d'étonnement au ton autoritaire de son frère. Mais, sans faire d’histoire, elle ôta ses mains comme si on venait de les lui prendre dans le sac, un large sourire malicieux peint sur son visage rond. Son frère ne le vit pas, toujours concentré sur sa structure informe. Ses mains à lui se frottaient l’une contre l’autre avant de, finalement, récupérer quelques cubes et commencer à les imbriquer. D’un œil curieux, Aurora s’allongea à son tour et commença à ramper jusqu’à être au plus près de la zone de travail. Elle aimait aussi la texture du tapis qui se frottait contre sa peau.
Avec minutie, elle attrapa un cube bleu entre ses doigts et le tendit bien haut. Colm leva enfin le nez de son activité, inspectant le cube avant de le prendre et le placer. Le temps qu’il fasse ça, Aurora en avait vite reprit un autre et le manège recommença. Lorsque la couleur choisie ne convenait pas, Colm exclamait sa désapprobation et choisissait lui-même son cube. Au fur et à mesure, la structure commençait à ressembler à quelque chose et, cette fois, Aurora arrivait à voir quelle couleur pouvait le mieux convenir aux yeux de son frère qui avait alors plus aucune raison de ne pas être content.
Elle était habituée. C’était l’un de leurs nombreux jeux.

« Terminé !
- Ouiii ! »

Les deux enfants applaudirent en chœur.
Aurora se remit sur ses jambes et alla s’asseoir à côté de Colm afin de mieux apprécier l’élégant bateau. Cependant, pour lui, il n’y avait plus aucune raison de s’attarder dessus. Alors il se leva, prit sa construction et la déposa sur un emplacement vide de sa commode. En douceur, il fit en sorte qu’elle soit bien alignée avec les autres structures de cubes qu’il avait montés ces derniers jours.
Le regardant faire, Aurora se recroquevilla sur elle-même et commença à se balancer sans bruit d’avant en arrière.

Les bateaux en cubes ne faisaient nullement tâche dans la chambre d’enfant. Par ailleurs, celle-ci n’était autre que celle de Colm. Aux murs, des posters d’animaux marins rangés par espèces étaient affichés. Les meubles, les draps, les peluches … quasiment tout surfaient sur la même vague thématique. Même en jetant un regard par la fenêtre on pouvait retrouver la mer, étendue orange au loin.
Les Cavendish vivaient à Tralee, ville côtière dans l’ouest de l’Irlande, dans le comté de Kerry. Leur père et son côté de la famille travaillaient depuis toujours dans le milieu marin et, visiblement, l’intérêt de Colm pour ses habitants perpétuait à sa façon la tradition. Il aimait en parler, lisait de nombreux livres et ne ratait jamais un documentaire à la télévision. Sa passion, il l’avait aussi transmise à sa petite sœur qui n’était obligée que de boire ses paroles avec de grands yeux vert admiratifs. Elle ne comprenait pas toujours tout, mais ne demandait que ça.

« Les enfants ! On mange, venez ! »

Colm se retourna du côté de la porte d’où venait de retentir la voix de sa mère. Ses yeux traversèrent la salle pour regarder la position du soleil à travers la fenêtre, puis son réveil sur la table de chevet. A grands pas, il retourna sur ses pas pour rejoindre le couloir. Au passage, le garçon s’arrêta face à l’obstacle que représentait sa sœur à ses pieds. Baissant la tête, il énonça :

« Aurora. Tu as bien entendu, n’est-ce pas ? Notre mère vient de nous appeler pour que l’on aille manger le dîner. »

Elle aimait aussi ce va-et-vient continuel qui la berçait un peu. Mais ainsi transportée, elle avait parfois du mal à s’arrêter. La voix de son frère y réussit, heureusement, et Aurora leva la tête pour trouver son visage aux yeux fuyants. Elle n’arrivait presque jamais à les attraper, pas comme ceux de sa maman ou de son papa. Pourtant, ils étaient jolis. Comme des billes vertes et brillantes.
La petite fille se redressa et sauta dans les jambes du garçonnet, s’y accrochant comme une moule sur un rocher.

« Ouiii, Com’ !
- Oui, Colm. »

Il l’attrapa machinalement par-dessous les aisselles et la souleva non sans peine pour la porter jusqu’à destination.

« Ouiii, Colm !
- Oui.
- Ouuuuuuu-iiiih ! »

Et ils continuèrent ainsi jusqu’à la salle à manger.

Faire connaissance avec ce nouvel être n’avait pas été bien facile pour Colm, au début. Il était bizarre et un peu stupide. Mais le fils Cavendish, avec l’aide et la patience de ses parents, avait appris à s’en accommoder : Aurora était devenue un élément à part entière de son quotidien. Et puis elle n’était pas désagréable, non plus. Il la voyait même, en fin de compte, beaucoup plus intelligente que quelques-uns de ses camarades de la maternelle.
Cela allait d’ailleurs être son tour, bientôt …



• • • 1986

Aurora avait les jambes repliées contre elle et jouait à faire le contour des formes dessinées sur son pantalon. Elle aimait toujours autant sentir les coutures sous ses doigts.
Sur la chaise à sa gauche, sa mère était penchée vers le docteur et lui parlait de … choses. La petite fille n’écoutait que d’une oreille, mais elle comprenait que l’on parlait de l’école, de ses camarades qui étaient méchants … Ou plutôt d’elle, la méchante.

« Madame Baxter pense qu’elle pourrait avoir un trouble … De l’attention, qu’elle avait dit, je crois. Peut-être même qu’elle pourrait être précoce …
- C’est Madame Baxter qui vous a dit ça, ou bien c’est vous qui le souhaiteriez ?
- Pardon ? Hm, non. Je …
- Ecoutez, nous allons voir ce que l’on peut faire. Dites-moi tout ce qu’il vous semble pertinent et, en détails, je vous prie. »

C’était la première fois que les Cavendish faisaient face au docteur Killian. Elle était une femme d’âge mûr et, malgré ses rondeurs, faisait très sèche. Lèvres pincées, son air le plus sérieux pesant sur ses sourcils, la dame ne lâchait des yeux ceux de Léan que pour lancer un vif coup d’œil à la gamine plongée dans ses rêveries. Le fait qu’elle n’ait nullement besoin de regarder la feuille sur laquelle elle prenait note des dires de la mère de famille impressionnait encore plus celle-ci.
En fait, ce fut Madame Baxter, la maîtresse de deuxième année de maternelle d’Aurora, qui leur avait recommandé la pédiatre. En effet, le comportement de la petite fille ne s’était pas bien adapté au rythme de la classe et, même si ce n’était pas si grave à ce niveau scolaire, cela laissait un voile de doute sur la réception de l’entrée en primaire.

Aurora n’écoute pas les consignes, elle n’en fait qu’à sa tête, elle est autoritaire avec ses camarades et ne va pas à leur rencontre si on ne l’y invite pas. Aurora dit qu’elle n’aime pas les jeux que font les autres, elle reste dans son coin et cela ne semble pas plus que ça la gêner. Elle est aussi en avance comparée à eux, ce qui accentue son sentiment de ne pas être à sa place. Elle sait lire – même si ce n’est pas encore fluide –, écrire et a un vocabulaire très riche. Aurora …

« Aurora ? »

Ce n’est que lorsque sa mère lui prit le bras que l’interpellée sortit de ses balancements. Elle leva la tête, interloquée, demandant alors si c’était fini et qu’ils pouvaient rentrer à la maison. La mine du docteur lui fit comprendre que non bien avant que sa mère ne lui réponde :

« Non, pas encore ma chérie.
- … Vous avez donc un autre fils, m’avez-vous dit ? Comment cela se passe en famille ? Aurora n’a pas des cousins avec qui elle présente les mêmes comportements antisociaux ? »

Léan cligna des yeux, de plus en plus perturbée par l’interrogatoire. Informaticienne, elle était beaucoup plus familière au langage binaire qu’au charabia des docteurs. Aussi fermée qu’une porte de prison, elle avait aussi du mal à savoir ce que pouvait bien penser l’experte et où elle souhaitait en venir.
Colm est l’aîné de trois ans. C’est un garçon intelligent aussi, mais ses professeurs n’ont jamais fait de remarque à son sujet. Il n’est pas très extraverti, mais il s’entend bien avec sa sœur. Ils jouent beaucoup tous les deux et, même au parc, ils préfèrent rester ensemble qu’aller à la rencontre des autres enfants. Si on les pousse à le faire, cela ne se passe pas très bien. Sinon, les autres membres de leur famille sont trop dispersés dans la région et ils ne les revoient que pour les fêtes. Le contact avec des cousins du même âge ne s’est donc pas fait si souvent que ça, et ça se passe très souvent comme avec les enfants du parc, il est vrai …

Léan cherchait à voir si elle n’avait pas oublié quelques détails … Mais Madame Killian ne s’en préoccupa pas et combla très vite le silence :

« Je pense que ce serait bien que je rencontre aussi Colm, madame Cavendish. Vous irez voir le psychologue avec vos deux enfants et il fera passer les tests qu’il faudra. Nous nous retrouverons pour le bilan. »

L’entretien était officiellement terminé.
Alors qu’elle quittait les yeux de son interlocutrice pour s’occuper de l’ordonnance et s’affairer sur ses papiers d’ordre administratif, la mère Cavendish fronça des sourcils, inquiète. Elle ne savait pas encore ce qui l’attendait … Ses enfants n’allaient pas bien ? Il n’était pas normal à leur âge de ne pas réussir à se faire des amis avec tout le monde ? Pourtant, à la maison, malgré quelques crises de colères et autres caprices, tout se passait globalement bien, selon elle … Et son mari ne dirait sûrement pas le contraire.

Le point final au stylo plume de la pédiatre sonna bizarrement à ses oreilles.



• • • 1987 (quelques mois après la première rencontre)

Ils étaient de nouveau face au docteur Killian mais, cette fois-là, Colm et Monsieur Cavendish étaient eux aussi présents. Aurora se tenait sur les genoux de sa mère et jouait à enrouler ses cheveux bruns autour de son doigt. Ils étaient doux mais piquants aux bouts, et puis très durs aussi. Ce n’était pas facile de les casser … mais de toute façon, Maman ne serait pas contente si cela arrivait.

Continuant de caresser les mèches de sa mère, son oreille collée contre sa poitrine, Aurora entendait aussi les battements de son cœur. Elle savait évidemment ce que c’était, et ça lui arrivait souvent d’aimer placer son oreille là pour l’entendre. Celui de sa mère, celui de son père, celui de Colm … Ils avaient tous la même sonorité plaisante.
Les battements, pourtant, semblaient différents. Un peu plus rapides.

Aurora sentit les muscles de sa mère se raidirent et sa main moite prenant les siennes lui fit lever le nez vers sa tête dont elle ne voyait que le menton. Les yeux verts de la fillette se baladèrent jusqu’à son père dont la pomme d’Adam venait de faire un drôle de mouvement de va-et-vient, comme quand il avalait quelque chose.
Colm, de son côté, n’avait pas l’air d’aller bien du tout. Il se mordait les lèvres et frottait très fort ses avant-bras entre eux ou avec ses mains, s’en tordant d’une drôle de façon sur lui-même. Pourtant personne ne réagissait. Même pas Aurora.

Elle avait en fait l’impression d’être en plein rêve.
Il faisait un peu chaud et les images n’étaient pas très claires. Un bruit de fond la dérangeait aussi, depuis tout à l’heure, et elle ne pouvait pourtant rien y faire.

Le sommeil l’engourdissait. Elle avait fermé les yeux.



Les jours et les semaines passèrent.
L’ambiance à la maison fut très différente, depuis le dernier rendez-vous avec le docteur Killian. Aurora était heureuse d’avoir la confirmation qu’ils n’avaient plus besoin de la voir, mais cela ne semblait pas tant que ça enchanter les autres membres de sa famille. Elle eut du mal à comprendre ce qu’il se passait. Colm aux avant-bras de plus en plus rouges ne voulait plus jouer avec elle, papa et maman passaient beaucoup de temps au téléphone …
La petite fille se sentait triste et, pour la première fois, très seule.

Elle ne pouvait pas dire si on avait tenté de lui expliquer les choses. Elle ne s’en souvenait pas, ça lui passait par-dessus la tête – comme beaucoup de choses depuis un moment. Trop occupée à ne pas comprendre qu’est-ce qui avait bien pu changer. A l’école, c’était toujours la même chose, au moins. Peut-être en pire, dirait la maîtresse, Aurora s’isolant plus que jamais. Néanmoins, ce n’était pas grave. Tout s’arrangerait l’année d’après.
Elle avait bien compris qu’elle passerait en primaire et irait dans une autre école, mais pas pourquoi son père avait rangé ses affaires dans une valise avant de la placer dans le coffre de la voiture.

« AURORA ! CALME TOI, VOYONS.
- NOOOOOOOON ! »

Furieuse et les larmes aux yeux, la fillette se débattait avec toute la force que contenait ses petites jambes et ses petits bras afin d’échapper à l’étreinte de son père. Chose impossible étant donné leur différence de carrure, elle tenta tout de ne même de ne pas se laisser pousser dans l’habitacle … Mais là encore, grâce à l’union de ses deux parents, ce fut peine perdue.
Attachée sur son siège-auto et les portières bloquées, Aurora comprenait finalement qu’ils partaient très loin, et pour de bon. Sa mère avait voulu l’embrasser et Colm était resté dans sa chambre. Malgré tout, la benjamine continua de hurler et pleurer de plus en plus fort. Entre quelques sanglots, elle réussit à appeler son frère, sachant qu’il ne pourrait rien faire quand bien même il l’entendait.

La voiture démarra malgré les plaintes qui semblaient ne plus pouvoir être arrêtées.

Jusqu’à ce que la fatigue et la résignation l’emportent sur les cordes vocales et la volonté.





Aurora, la tête vide, se tenait sur son petit muret. Elle ne pensait à rien et était terriblement fatiguée. Sa gorge lui faisait mal, aussi, et ses yeux lui brulaient. Ça n’allait pas, vraiment pas.
Derrière elle, le bruit de la porte de la maison qui s’ouvre ne la fit même pas réagir. Encore moins l’écho de voix de son père ou ses bras la prenant doucement. La petite fille se laissa faire tout simplement, telle une poupée de chiffon. Sa petite tête se posa contre l’épaule de son père et le monde tout autour d’elle se mit à trembler. Au dernier moment, elle revit la silhouette de sa grand-mère par la fenêtre, mais n’y accorda pas plus d’importance.

Ils se trouvaient près de la mer. Le sel et l’humidité de l’air chatouillaient le nez d’Aurora. Même si l’étendue d’eau était visible depuis la plupart des fenêtres de sa maison, la demoiselle n’avait pas eu tant d’occasions que ça d’y aller, ou tout du moins des occasions dont elle pourrait se souvenir. Il existait des photos d’elle, bébé, où ...

Le temps ne passait plus de la même façon pour elle. Après un moment qui sonnait autant comme une seconde ou comme une éternité, Aurora se vit déposée sur une banquette. Ses yeux levés vers les nuages gris, elle sentait qu’ils tanguaient. Elle perçut son père s’affairer de son côté, avant que finalement ne rugisse un moteur et que le paysage ne se mette à se mouvoir, des mouettes disparaissant car prises de vitesse.

Aurora cligna des yeux, reprenant enfin conscience des choses qui l’entouraient. Lentement, elle se redressa en position assise et regarda autour d’elle. Ils étaient sur un bateau.
Derrière elle, son père se trouvait à la barre et regardait droit devant lui, concentré dans sa tâche. Devant, l’horizon changeait à vive allure et les plaines vertes et grises s’ouvrirent vers une étendue plus sombre.
Sans gestes brusques, Aurora détendit ses muscles et se leva, puis commença à avancer vers la proue. Le vent s’engouffrait dans ses cheveux et quelques gerbes d’eaux vinrent la réveiller en éclaboussant son visage. Ses yeux clignèrent de nouveau et un sourire remplaça sa mine surprise.

La petite fille respira l’air marin à pleins poumons. Ça sentait si bon.



« Maman et Colm ne veulent plus nous voir ?
- Mais non, ma chérie. Colm est malade, il a besoin de voir un docteur très loin.
- Ah bon ? Pourquoi ?
- C’est difficile à dire aussi … C’est pour ça qu’il doit voir ce docteur.
- Est-ce qu’on se reverra ?
- … Bien sûr. »



Le soir-même, Aurora faisait connaissance avec ce qui allait être son nouveau mode de vie, et ce pendant une durée encore indéterminée. Si ça n’avait été qu’une fois, et avec le reste de sa famille comme d’habitude, elle n’aurait pas fait d’histoire … Mais là, elle ne savait pas quoi penser.
En rentrant, elle commença d’abord par enfin dire bonjour à sa grand-mère, puis fut invitée à aller se débarbouiller dans la salle de bain. Ce fut ensuite sans preuve d’enthousiasme et dans un grand silence qu’elle découvrit sa nouvelle chambre, à l’étage, puis qu’elle dût y ranger ses affaires avec l’aide de son père.

Lorsque sa grand-mère les appela, ce fut donc dans la même énergie, qu’elle descendit dîner. La vieille femme, elle ne la voyait que pour les fêtes religieuses et ses signes d’affections n’allaient pas plus loin que l’étreinte ou le tapotement de tête. Aurora n’avait rien contre elle, mais ne gardait pas non plus de souvenir particulier avec. Mis à part peut-être la sensation de ses mains osseuses qui la prenait ou ses joues creusées qu’elle embrassait.
Devant son bol, elle dessinait un tourbillon dans la soupe à l’aide de sa cuillère et y aurait bien continué d’y tremper son index si on ne lui avait pas déjà fait la leçon. De temps en temps, pour bien faire, elle portait la cuillère à sa bouche et expérimentait toutes les façons de manger. Elle appréciait aussi la sensation du fer lisse sur sa langue engourdie par le velouté chaud ou sur la paroi de ses joues …

Sa bulle éclata cependant lorsque la sonnerie du téléphone retentit. Levant automatiquement le nez, Aurora suivit le parcours de Birgit jusqu’au téléphone. C’était sa mère.
En même temps que son père, elle sortit de table et s’accrocha à ses jambes alors qu’il reprenait juste le combiné et saluait sa femme. Il eut à peine le temps d’échanger quelques mots que, face à l’impatience de la fillette et sa légère faiblesse, il se dit que lui passer le téléphone un court instant ne ferait pas de mal.

« Aurora veut te parler … Tiens, chérie, mais tu me la repasseras après, d’accord ? »

Sans même répondre, Aurora arracha presque l’appareil avec ses petites mains :

« Maman ! Tu es là ?
- Coucou, ma chérie … Tout se passe bien ?
- Quand est-ce qu’on rentre à la maison ? Où est Colm ?
- Colm est occupé pour le moment … Je suis désolée. On rentrera à la maison quand il ira mieux.
- Pourquoi ? Pourquoi Colm est malade ? Pourquoi vous devez aller loin ?
- Chérie … »

Scott poussa un soupir d’exaspération, n’osant pas jeter un œil à sa mère qui était retournée à sa place et devait sans doute les observer. Il voyait bien qu’Aurora ne lâcherait pas le morceau, d’autant plus que Léan, fatiguée par le voyage, ne devait pas non plus avoir assez de force pour débattre.
Préférant mettre un terme rapidement à l’échange, Scott prit sans prévenir le téléphone des mains de sa fille et la poussa vers la table à manger :

« Aurora, c’est bon, retourne manger !
- J’ai pas finiiiiii ! »

L’action n’avait vraisemblablement pas été appréciée par Aurora. Sa passivité précédente avait laissé la place à une nouvelle crise de colère. Hurlant presque, elle tentait de sauter pour rattraper le téléphone et essaya même de secouer la jambe de son père.

« Léan, je te rappellerai … »

Qu’il raccroche n’arrangea pas les choses. Les larmes aux yeux, Aurora voulut récupérer l’appareil pour téléphoner elle-même si c’était ça, même si elle ne connaissait pas le numéro ; la colère et la frustration guidant ses actes. Scott ne voulut cependant pas se laisser démonter et attrapa sa fille par la taille pour la remettre à sa place. Ses mouvements brusques ne s’arrêtèrent cependant pas pour autant, alors que Scott essayait de la remettre sur son siège, elle balança son bol de soupe d’un revers de la main.
A partir de là, tout alla très vite. Aurora n’eut pas le temps de comprendre qu’une claque vint s’abattre sur sa joue, sa surprise stoppant à la fois ses cris et ses gestes. Son père la lâcha doucement, sa mine déconfite tournée vers Birgit, la main encore levée et tremblante.

« C’est fini, oui ? Tu ne veux ni manger ni écouter ton père, alors tu montes dormir et sans faire d’histoire. »

Aurora tourna la tête vers la femme, clignant des yeux humides et effleurant doucement sa joue de ses petits doigts glacés. Après quelques longues secondes, sans mot dire, elle fit ce qu’on lui demandait : descendit de sa chaise et retourna à l’étage se plonger dans ses draps.
Sans trop y penser, elle regarda longtemps les étoiles de l’autre côté de la fenêtre.



Aurora était allongée en étoile sur le tapis de sa chambre, fixant le plafond. S’amusant parfois à remarquer le changement de luminosité de la pièce lorsqu’un nuage passait. Il y avait parfois aussi l’ombre d’un oiseau ou d’un insecte qui se projetait sur les murs.

Au bout d’un moment, la petite fille entendit des pas hâtifs dans les escaliers qui, dès qu’ils dépassèrent la dernière marche, se firent moins audibles. Comme si l’individu marchait consciemment sur la pointe des pieds. Cependant, la vieillesse de la maisonnette ne laissait planer aucun doute et grinçait à chaque pas aussi furtifs fut-il. Jusqu’à ce qu’ils s’arrêtent pour de bon.

« Qu’est-ce que tu fais ? »

Demanda Aurora à la petite silhouette aux cheveux roux foncés et bouclés qui se trouvait au pied de la porte et qui laissa alors échapper un hoquet de surprise. Repéré !, s’était-il sans doute dit.

« Euh, grand-mère a dit que tu étais là-haut et que je pouvais venir jouer ! »

Il ne bougea cependant pas d’un pouce.
La brunette se redressa pour mieux voir Maloni, son cousin. Il avait son âge et était très bruyant.

« D’accord. »

Il ne lui en fallut pas plus pour sauter à pieds joints dans la pièce et se mettre à tout inspecter avec un regard curieux. Aurora en profita pour se lever et monter sur son lit, se recroquevillant sur le bord pour regarder le garçonnet faire son petit explorateur.

« C’est chouette d’habiter chez grand-mère ! Tout ça c’est à toi ?
- Oui, et tu fais attention, hein ! »

D’autant plus qu’il venait de s’approcher de ses livres sur les animaux marins. Mais ça allait, même si le Cavendish était bruyant, il restait gentil. Elle se souvenait qu’à chaque fois qu’elle lui disait de partir, quand il faisait trop de bruit et embêtait Colm par exemple, il le faisait sans rechigner.
Alors que, installé sur le plancher, il ouvrait l'un des livres et en admirait les images de fonds abyssaux, Aurora tourna la tête vers la fenêtre. En contrebas, elle reconnaissait les aînés de Maloni, Shanon et Reginald, en compagnie de leur grand-mère se promenant dans le jardinet qu’elle entretenait.
Son attention ne resta pas plus longtemps focalisée vers l’extérieur, la voix de Maloni s’élevant pour chantonner une petite comptine dont elle n’arrivait pas à comprendre les mots. Elle écouta un moment, se balançant légèrement d’avant en arrière, avant de finalement demander en l’interrompant :

« Qu’est-ce que tu chantes ? »

Surpris, encore, le petit garçon tourna ses yeux vert dans sa direction :

« C’est une chanson de ma maman. C’est sur Naomh Breandán.
- C’est en irlandais ?
- Oui !
- Tu parles irlandais ?
- Avec ma maman ! »

Elle ne le savait pas. Ses parents à elle ne parlaient pas irlandais, mis à part quelques mots. Mais tout ça l’intéressait. Piquée dans sa curiosité, elle continua :

« C’est qui « niv brendon » ?
- Naomh Breandán ! C’est un marin de légende.
- Naomh Breandán … Un marin ?, répéta-t-elle.
- Oui, ma maman pourra te raconter l’histoire si tu veux ! Il a voyagé sur son bateau, et …
- D’accord ! »

La fillette glissa de son lit et vint atterrir sur le plancher, près de Maloni.

« Tu peux rechanter ? »

Il acquiesça avec beaucoup d’enthousiasme, puis reprit sa chanson depuis le début.
Aurora voulu aussi chanter, et il lui apprit autant qu’il put.



La fillette trépignait d’impatience, mal à l'aise dans ses chaussures et tapotant le bois de la table avec ses doigts. Elle suivait avec patience son père du regard. Il parlait au téléphone, parfois se taisait et écoutait, l’air grave. Pourtant, elle ne se posait pas plus de questions. On lui avait promis.

« Bon … »

Aux aguets, Aurora retint son souffle et se mit sur la pointe des pieds, serrant plus fort les bords de la table. Enfin ! Enfin ! Enfin ! La litanie sautillait dans sa tête alors qu’elle attrapait le combiné que son père lui tenait. Elle le posa contre son oreille et, n’entendant rien à l’autre bout du fil, prit une grande inspiration avant de se jeter à l’eau :

« Colm ? »

Elle perçut un hoquet, puis le retour au silence, avant qu’elle ne reconnaisse la voix de son frère.

« Bonjour, Aurora … »

Son sourire s’intensifia. Elle avait tellement de choses à lui dire et lui raconter. Ca faisait combien de temps, au juste ? D’un côté, elle savait qu’elle ne devait pas le submerger, non plus, mais quand même ! Bien sûr, elle aurait préféré le voir en vrai, mais …

« Est-ce que ça va ? Tu es où ? »

Nouveau temps de latence. Aurora ferma les yeux, imaginant son aîné en face d’elle. Il regardait le plafond, sans doute, se frottait les doigts et les bras, aussi. A la maison, avant qu’ils soient ne rencontrent le médecin, il le faisait beaucoup moins.

« Je suis au téléphone, Aurora … Qu’est-ce que tu veux ? »

Qu’est-ce qu’elle voulait ? Que tout revienne à la normal. Elle commençait à s’habituer à la vie chez sa grand-mère, au port, à ses cousins, surtout Maloni … Cependant, il lui manquait l’essentiel.

« Est-ce que toi tu sais quand tu rentres ? Personne ne veut me le dire. Tu savais que Tatie Lyna parlait irlandais ? Elle m’a appris pleins de choses, je suis sûre que ça peut te plaire ! »

Nouveau hoquet. Maintenant, elle pouvait les entendre, les frottements. Ça avait l’air de faire mal. Elle aussi  avait mal. L’enthousiasme qui avait animé sa voix se mua en peine difficilement dissimulable :

« Colm, je sais tu n’as plus trop envie de jouer avec moi … Mais je peux changer, je peux apprendre. Je t’écouterai. Tu sais que j’aime t’écouter … »

Les yeux toujours fermés, Aurora ne pouvait voir l’expression de son père dans son dos, encore moins celle de sa grand-mère adossée dans l’encadrement de la porte. Elle ne savait pas très bien combien de temps le silence avait duré, mais elle aurait attendu quoi qu’il en coûte.

« Aurora … Tu ne te souviens donc pas de ce qu’a dit la pédiatre ? »

Les yeux de la fillette s’ouvrirent pour mieux réfléchir, se questionnant avec sérieux sur la demande de son frère … Pourtant, elle ne voyait vraiment pas de quoi il parlait. Elle avait dit pleins de choses, la pédiatre, comme il l’appelait.

« De quoi ?
- … »

Aurora aurait attendu.

« Que … Rien. Nous nous retrouverons, Aurora. »



• • • 1999

Hu. Il n’arrivait définitivement pas à faire partir sa douleur au ventre. Pourquoi il était là, déjà ? Ah oui. Ce sera bien pour toi, tu verras ! Tu te feras des amis ! C’est la jungle, il faut ça ou tu resteras à jamais invisible. Et si il aimait ça, hein, être invisible … En tout cas, là maintenant, il aurait franchement aimé l’être. Au moins il aurait pu sortir tranquillement de la foule, ni vu ni connu, sans que personne ne pose de question … En vrai, il estimait réellement ses chances de pouvoir s’en sortir. Peut-être que, pour une fois, sa grande maladresse le laisserait tranquille le temps de s’enfuir ! Il n’avait noté son nom sur aucun pacte encore, alors … Allez ! C’était décidé. Pendant qu’ils faisaient leur speech, là, et …

« A-a-a-a-ahhh … P-pardon ! »

Et … voilà. En voulant se retourner pour mieux s’envoler, le grand idiot avait bousculé la jeune fille derrière lui, la faisant quasiment tomber. Alors qu’il l’aidait à se relever, il avait cette désagréable sensation dans la nuque, similaire à si des milliers de regards venaient de s’être tournés droit dans sa direction. Malheureusement, ce n’était bien entendu pas que le simple fruit de son imagination … Déglutissant, il entendit que les organisateurs de la journée leur adressaient carrément la parole :

« Il semble que nous avons des volontaires ! Eh vous, là, vous faites quoi comme ça !? »

Après s’être assuré que la brunette aux cheveux courts n’avaient rien de cassé, il se retourna mécaniquement, le visage sans aucun doute rouge de honte. Les mots restèrent coincés dans sa gorge, l’empêchant presque de respirer.

« Comment vous vous appelez, tous les deux ? »

Il tentait de focaliser son attention sur la fille qui lui adressait directement la parole, et pas aux autres étudiants autour de lui dont les yeux lui paraissaient comme des fusils en joue.

« Euh … Euh …
- Aurora. »

Ah ! Il tourna la tête un quart de seconde vers celle qu’il avait bousculé, surpris. Il ne saurait sûrement pas comment la remercier, mais son intervention venait de libérer l’étau qui enserrait ses cordes vocales.

« A-Alfie ! »

Pourquoi c’était si dur, hein. Le poids sur ses poumons s’envola un instant, mais Alfie ne crierait pas victoire trop vite. Il y était habitué, ils se retrouveraient plus tôt que tard. Enfin, bref … Il était donc piégé, plus aucune chance de faire marche arrière. Si tant est qu’il en avait vraiment eu une. Si le karma existait, il se demandait bien ce qu’il avait pu faire dans une de ses vies antérieures.

« Okay ! Bienvenue à l’université ! Allez, venez, approchez ! »

Une route toute tracée en leur honneur coupa le regroupement en deux, ce qui ne fit qu’alimenter un peu plus le malaise du jeune homme. Après une profonde inspiration, il réussit malgré tout à s’avancer, suivi de près par sa victime de maladresse. Aurora, qu’elle s’appelait, c’était bien ça ? Il n’était pas certain que ses parents ou ses amis seraient d’accord sur sa nouvelle façon de se faire des connaissances … Les envoyer tout droit dans le couloir de la mort.
Les deux « sacrifices » qu’il estimait qu’ils étaient arrivèrent donc au côté des animateurs. En tournant la tête en direction d’Aurora, le jeune homme fut incroyablement surpris par son self control. Elle ne semblait pas le moins du monde perturbée par la situation. Contrairement à lui, la grande asperge brune qui se serait bien caché dans une carapace s’il en avait possédé. Ce qui aurait été bien contre-productif.
La fille qui parlait depuis le début tapota avec force l’épaule d’Alfie, légèrement sur la pointe des pieds pour parer à la différence de taille, tout en s’adressant cette fois-ci au reste des étudiants en face d’eux :

« Aurora et Alfie se sont visiblement portés volontaires pour démarrer votre journée d’intégration ! Ils vont avoir l’honneur de sauter à l’eau les premiers ! On vous donnera la suite des opérations après, hein, n’allons pas gâcher la surprise ! »

Quoi. Il avait visiblement manqué un épisode. Machinalement, ne se rendant pas encore véritablement compte de ce qu’il se passait, il suivit le mouvement vers la plateforme où les multiples mains commençaient à le pousser.
Dans un ultime souffle de conscience, il se pencha légèrement vers l’épaule d’Aurora et lui souffla avec toute sa détresse :

« Désoléééé … »

L’intéressée arqua des sourcils et cligna des yeux. Puis bizarrement, elle se mit à sourire. Un sourire tout léger. Alfie cligna des yeux, lui aussi. Il les baissa ensuite vers sa main qu’elle venait de prendre, tout en douceur.

« Allez ! UN ! DEUX ! … »

Trois.

L’eau glacée pénétra ses vêtements et ses os. Sur l’instant, totalement immergé dans les profondeurs sombres, de nouvelles craintes vinrent marteler son esprit. Pourtant il tenait toujours la main d’Aurora et il la sentit le ramener à la surface.

« Tu vas bien ?
- O-oui ! Oui ! Je-je sais nager, je sais nager ! »

Battant des pieds et du bras comme un dément, les cheveux collés contre son visage jusqu’à l’aveugler, ses vêtements gorgés d’eau l’alourdissant, ses dents claquant, les visages les regardant en hauteur … Non, ça n’allait pas.
Ses doigts trop engourdis ne sentirent pas la pression que la jeune fille y mettait, mais au moins entendit-il son rire clair percer les vaguelettes qui, elles, s’échinaient plutôt à lui faire avaler la tasse.

« Et vous attendez quoi, vous autres, c’est à votre tour ! Allez, allez, allez ! GO, GO, GO ! »

D’autres remous vinrent vite les rejoindre : les premières années plongeaient un à un, tête la première, pour goûter aux joies de la baie de Tralee au petit matin. Cependant, les organisateurs de la journée ne leur laissèrent pas vraiment le temps d’en profiter. Alors qu’enfin Alfie commençait à s’habituer et à s’apaiser un minimum, inspiré d’une part par sa collègue brune mais aussi par les autres qui galéraient autant que lui, il leur fut demandé de remonter le plus rapidement possible.

En rang d’oignon, tous grelotant, le poids des tissus collant pesant beaucoup plus le pied à terre : ils devaient être beaux à voir aux yeux de leurs aînés. L’imagination de chacun commençait à turbiner pour essayer de deviner ce que ceux-ci allaient leur proposer de pire que ça …

« Bien, maintenant que vos corps sont revigorés, déshabillez-vous ! Ce ne sera pas facile de courir avec des vêtements mouillés ! On va les garder précieusement, ne vous en faites pas. »

Les hoquets de surprise, soupirs et autres marques d’objection furent cependant vite oubliés. On ne leur obligeait en rien, mais bon, tout le monde savait comment marchait une journée d’intégration.
Après avoir rangé ses habits comme tout le monde et selon les indications des organisateurs, Alfie chercha des yeux la fille de tout à l’heure … Aurora.
Cela ne prit pas longtemps. Elle était là, un peu en retrait et bras croisés, suivant des yeux l’agitation ambiante et prête à suivre l’allure du footing qu’on leur demandait de faire. Alfie s’approcha donc, décidant de se mettre à sa hauteur alors que le groupe commençait à partir. Avant qu’il ne lui adresse la parole, elle le regarda un instant sans rien dire, s’attardant un peu plus sur son tatouage d’oiseau qui lui couvrait l’entièreté de l’épaule. Bien que normal, c’était assez gênant, mais la bonne impression qu’elle lui faisait l’empêchait de faire genre et allonger ses enjambées pour partir loin, loin, loin :

« Hey ! Tu t’appelles Aurora, c’est ça ?
- Oui. Aurora Cavendish. Et toi, Alfie ? »

L’image de ces étudiants courant en sous-vêtements devait être magnifique pour les passants.

« Euh, oui. En vrai, je m’appelle Alphonse Phillips. Alfie, c’est, hm, tout le monde m’appelle comme ça.
- Tu veux que je t’appelle comment ?
- Euh … »

La question le surprit un instant, sans trop qu’il sache pourquoi. Pourtant la réponse n’était pas bien compliquée, non ?

« Alfie, ça suffira.
- Eh oh derrière, on traîne pas, hein ! La journée n’est pas finie ! »

Et était loin de l’être, pensaient-ils.

Ils étaient à l’université, maintenant.





• • • 2003

« Et donc, après la journée d’intégration, vous ne vous êtes plus lâchés ?
- Non ! »

Rappeler les bons souvenirs était quelque chose qu’elle n’avait plus pris le temps de faire depuis longtemps. Il lui arrivait, bien sûr, de toujours penser à lui. Mais de le faire en le partageant à quelqu’un de cette façon était inédit, et loin d’être désagréable.

« Je ne pensais pas me faire un ami aussi vite, ce n’est pas vraiment mon fort. Il m’a d’ailleurs avoué que lui non plus, haha … On passait donc vraiment beaucoup de temps ensemble, pour travailler ou juste comme ça, pour le plaisir. Et certains de nos camarades pensaient même que nous étions en couple … Mais non, il était mon meilleur ami. »

Aurora passa son doigt sur les lignes de la main de son interlocuteur. Elle aimait beaucoup ses mains qu’il avait tellement douces.

« Tu sais ce qu’il est devenu, en fait ?
- Non, pas vraiment. Il a disparu, sans laisser de traces. Au moins, mon frère étant mon frère, nous avions nos parents pour que je puisse trouver un moyen de le joindre. Mais là … Il doit être chez lui, en Angleterre … Ce serait marrant de le revoir, j’espère qu’il va bien. »

La main de l’homme prit doucement ses doigts entre les siens avec compassion. Elle lui rendit son sourire.





• • • 2000

« Alors Aurora, ta deuxième année commence bien ? Tu as l’air fatiguée ou c’est moi … ? »

Sorcha lança un regard à Colm et, bien qu’elle aurait préféré le contraire, ne fut pas surprise que celui-ci ne la regardait pas. Pas très loquace depuis qu’ils s’étaient installés à la table du café, l’aîné Cavendish continuait de fixer sa sœur, assise en face d’eux, triturant les sachets de sucre.

« Oh, ben, euh … Ah oui ? Non, ça va, les sciences, tu sais ! Mais tout va bien. Et, et vous ? Vous avez vu notre père ?
- Oui … J’ai aussi rencontré le reste de votre famille du coup. »

La discussion, à première vue banale, continua sur les raisons de la visite de Colm et de Sorcha, sa compagne. Pourtant, une légère tension persistait et Sorcha qui n’en avait pas l’habitude ne savait pas vraiment s’il fallait aller droit au but, ou laisser faire. Peut-être même que ce n’était que son imagination qui lui jouait des tours … Mais, il fallait avouer qu’Aurora semblait vraiment épuisée. Vieillie, assaillie de quelques tics nerveux, de lourdes valises pesaient sur ses yeux et elle avait beaucoup maigri aussi …

« Aurora. »

Finit par dire Colm, surprenant les deux jeunes femmes et faisant baisser la tête de l’interpelée comme s’il elle s’était attendue à un coup derrière les oreilles.

« Qu-qu… Euh, oui ?
- Tu agis bizarrement. Qu’est-ce qu’il t’arrive ? »

Silence.
Sorcha passa de Colm, impassible comme à son habitude, à Aurora, lèvres pincées et tremblotante.

« Je … Tout va bien. Je suis juste, hm, un peu fatiguée … Ne t’en fais pas. »

La femme aux cheveux frisée se pencha un peu plus sur la table, les mains jointes, prenant la voix la plus douce possible en s’adressant à sa future belle-sœur :

« Aurora, tu nous le dirais si quelque chose n’allait pas, hein ? »

Lentement, l’étudiante acquiesça, consentant à quitter le coin de table des yeux. Non, pour elle tout allait vraiment bien. Ils se débrouillaient plus que jamais, avec Alfie, ils n’avaient pas besoin d’être inquiétés. Surtout qu’ils avaient leur mariage à préparer et tellement d’autres choses … Ce n’était pas tous les jours qu’ils venaient à Tralee, alors pourquoi gâcher ça ?

« Tu nous appelles quand tu veux. »









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Aurora Cavendish
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Aurora Cavendish

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Histoire



• • • 2003

Bateau mouillé dans les eaux du port, Ben, le moniteur d’Aurora, reprit tranquillement la barre :

« Tu apprends vraiment vite, hein. Ton père ne pourra plus rien dire pour t’acheter ton propre bateau, haha ! Qu’il n’hésite pas à acheter chez nous, hein. On propose de beaux bébés. »

La jeune femme ne répondit que par un léger rire, étirant ses bras jusqu’au ciel où elle avait presque l’impression de pouvoir capturer les mouettes entre ses doigts fins.

« Ah, tiens, je crois que c’est mon frère. »

Interloquée, Aurora se retourna en quelques enjambées. Lorsqu’elle arriva aux côtés du marin, elle suivit la direction de son regard. Sur l’un des pontons, il y avait en effet une silhouette aux cheveux flamboyants qui attendait et leur faisait quelques signes.

« Celui qui travaille dans un musée près de Derrymore ?
- Hey, bonne mémoire, Cavendish ! Oui, c’est ça. »

Ben était un ami de la branche paternelle des Cavendish, comme de tous les gars du port plus ou moins. C’était un homme bien sympathique, sans prise de tête, et qui ne se gênait pas pour être familier avec tous ceux qu’il croisait. Il n’empêchait cependant qu’il prenait très au sérieux son travail.
Arrivés au niveau du ponton, Ben approcha le plus possible l’embarcation afin qu’Aurora puisse descendre sans mal.

« Mademoiselle Cavendish, je vous présente mon petit frère, Gareth Keegan !

La silhouette qu’elle avait vue appartenait donc à un homme de taille modeste, les cheveux roux et mi-longs avec le visage rond aux traits doux qui devaient biaiser l’idée que l’on pouvait avoir de son âge. Sans gêne aucune, arborant un sourire chaleureux, il s’approcha de la brunette et lui tendit la main :

« Enchanté !
- Aurora. »

Ses mains étaient vraiment douces.
Suite à leur poignée de main ferme, Aurora crû percevoir un éclair de malice dans son regard :

« Aurora Cavendish … Ca fait : Aurorca, c’est très drôle. »

Aurora cligna des yeux, d’anciennes choses se réveillant en elle dans un frisson étrange. Cela faisait combien de temps qu’elle n’avait pas entendu ça ?
Ben, lui, ne fut pas convaincu de la même façon :

« Gareth, tu me fais honte, là.
- Mais oui, Même juste avec les premières syllabes cela fait déjà Aurca ! »

Gareth sourit plus largement, et les deux en rirent doucement alors que Ben resta dubitatif. Décidant qu’il ferait mieux de rentrer au lieu d’attendre que la coque moisisse, il s’adressa aux joueurs de mots en haussant les épaules :

« Je retire tout. Bon. Ça vous va si je vous laisse et range le bateau ? Je reviens au plus vite. »

Les deux acquiescèrent, ne trouvant aucune raison pour que ce soit autrement, et restèrent donc là. Ils suivirent durant quelques minutes de silence le navire partant rejoindre son hangar qui se trouvait un peu plus loin.
Finalement, ce fut Gareth qui réengagea la conversation :

« Vous comptez travailler dans la pêche, ou … ?
- Non, je voulais être biologiste marine, mais pour le moment je suis en pause, en quelque sorte. Du coup, je profite de faire ce que je n’ai pas eu le temps …
- Oh, c’est sympa. Biologiste marine, hein … »

Il eut l’air penseur, levant le nez vers le ciel. Aurora suivit instinctivement son regard, mais revint à lui lorsqu’il reprit :

« Excusez-moi, Aurora, est-ce que cela vous gêne si je vous tutoie ?
- Oh, non.
- D’accord. Est-ce que tu aimes bien les musées ?
- Ca dépend, mais ça va. Ben m’a dit que vous travailliez dans un musée.
- Ah oui ? Je ne pensais pas être un sujet de conversation intéressant pour lui ! Enfin, j’y suis guide, plus précisément. Est-ce que ça te dirait que je te fasse y faire un tour, un de ces jours ? Je sens que ça pourrait te plaire. »

La jeune femme esquissa un sourire. Les frères Keegan étaient tous très gentils, mais Gareth avait quelque chose en plus. Quelque chose de différent qui, oui, lui plaisait beaucoup et lui donnait envie d’en apprendre plus sur lui. Un peu comme Alfie. Mais pas de la même façon, si elle y pensait bien.

« Ce serait avec plaisir, oui. »





« Je vois … Eh bien … »



« Eh bien ? Quoi donc ? »

Doucement, elle entendit le froissement des draps et sentit des bras entourer délicatement ses épaules. Il sentait bon. Elle aimait ce contact qu’elle trouvait réconfortant.

« J’ai envie de rester à tes côtés et te soutenir du mieux que je peux. »

Jamais, ô jamais elle n’en douterait. Il avait déjà tant fait, sans même sûrement s’en être rendu compte.

« Je t’aime, Aurora. »

Moi aussi, je t’aime, Gareth.





• • • 2014

Comme chaque matin, si l’on ne comptait (malheureusement) pas le dimanche, Harriet faisait le tour de la réserve, ses dossiers dans une main. Elle aimait particulièrement ce moment où il n’y avait encore personne. Juste elle et les animaux marins en convalescence. A priori.

« Hey, vous, là, HO ! HE ! Mais vous ! Qui vous a donné la permission d’être ici ? »

La vétérinaire, remontée comme un ressort, s’approcha en glapissant de la silhouette inconnue qui se permettait de se balader sur son territoire. Elle était plus grande qu’elle, certes, mais ce n’était pas non plus un fait incroyable et elle ne comptait pas se laisser impressionner pour si peu.
Réajustant les lunettes sur son nez, elle prit la mine la plus sévère qui lui était permis de faire en s’arrêtant comme un piquet face à cette femme à la queue de cheval brune.

« Bonjour, je suis Aurora Cavendish. »

Aurora Cav-quoi ? Le nom lui disait étrangement quelque chose, dans un coin de sa mémoire. Mais rien à faire, Harriet n’était guère du genre à baisser sa garde. Même lorsque l’autre lui tendit la main, elle laissa bien les siennes coincées sous ses aisselles.

« Je fais partie de l’équipe chargée de suivre la réinsertion marine de Whaly. »

Comment elle connaissait Whaly. Bon. Certes, éventuellement elle venait de le dire. Ça, au moins, la petite blonde s’en souvenait que c’était bientôt l’heure des préparatifs de la libération du jeune orque. Et ça lui fendait le cœur. Tellement qu’elle ne pouvait imaginer qu’une jeunette avec une queue de cheval pouvait faire partie de l’équipe de biologistes sur le coup.

« Ah ouii ? Quel est votre pedi-… votre expérience des orques, au juste, à vous ? »

C’était une véritable bataille de nerf. Ou, du moins, c’était ce que la vétérinaire pensait. Son interlocutrice ne semblait pas le moins du monde intimidée par son aura qu’elle pensait bien travaillée pourtant. Tous les stagiaires la craignaient, c’était pour dire. Ils préféraient tous courir dans les jupes de son collègue, là.
Sans perdre tout professionnalisme, point qu’elle concéda lui octroyer, la chercheuse commença donc à lui exposer son laboratoire d’affiliation, quelques points de son expérience et son étonnement que sa présence n’ait pas été prévenue. Avant cependant qu’Harriet ne reprenne le tour de parole, une voix grave vint les interrompre :

« Mademoiselle Hampton, on intimide les jeunes biologistes ? »

L’interpellée se retourna, reconnaissant Easton Pratt, le dirigeant du laboratoire d’Aurora Cavendish, justement. Derrière lui se trouvait aussi un jeune homme blond dont elle ne prêta guère plus d’attention. Ne perdant pas sa sévérité, même face à un supérieur dont elle avait l’habitude professionnellement, Harriet laissa au moins ses bras retrouver le long de son corps.

« Non, monsieur, nous faisions connaissance.
- C’est le bon esprit, surtout que vous allez devoir coopérer ! C’est Miss Cavendish qui est en charge du projet.
- P-pas vous ?

Là, elle ne pouvait nier sa surprise. Les choses allaient très vite dans ce laboratoire, il semblait. Peut-être était-ce pour ça que le nom de Cavendish lui disait quelque chose … Elle avait dû le lire, mais oublié, pensant à des choses plus importantes. Sans doute. Sûrement. Bon.

Easton Pratt ayant des choses à faire avec l’autre biologiste, il laissa donc les deux jeunes femmes là où elles en étaient. Pouvant reconnaître ses erreurs et étant tout de même pour la coopération, Harriet tendit enfin sa main qu’Aurora serra avec fermeté :

« Harriet Hampton. Vétérinaire en chef. Je vous avertis, je suis très pointilleuse. Je vous ai à l’œil, cette réinsertion doit bien se passer. Pour Whaly.
- Bien entendu, je ferai tout ce qu’il faut. »

C’était la première fois que la biologiste avait une affaire aussi sérieuse sur les épaules, impliquant en plus une véritable mission d’observation en mer, et ça la réjouissait énormément. Ce travail qu’elle avait réussi à atteindre, elle l’aimait vraiment et était heureuse dans son laboratoire. Depuis qu’elle avait repris l’université, tout s’était passé pour le mieux, portée par sa famille et ses amis.
Quand elle rentrerait, elle aurait tant à raconter. Mais pour l’heure, il fallait rester sérieux, comme à l’accoutumé.



• • • 2023

Dans le compartiment-bureau, Aurora rangeait les dernières photos prises des baleines et allait commencer à noter leur avancée lorsqu’elle entendit des bruits de pas dans les couloirs. Pourtant, personne ne vint frapper à la porte. Se décidant qu’elle n’avait sûrement pas rêvé, la femme s’y dirigea et l’ouvrit en grand, découvrant sans surprise un jeune homme brun. Aaron Grimes, le nouveau biologiste de leur équipe.

« Tu veux entrer ?
- Je … je peux ?
- Bien sûr, ce bureau est à nous tous, tu sais. »

Depuis qu’ils étaient partis en mer en mission pour suivre une migration de baleine, Aaron avait agi comme un enfant découvrant une toute nouvelle confiserie à la Willy Wonka. Ça lui rappelait un peu, à elle aussi, la première fois qu’elle avait eu droit à une excursion comme celle-là.

« C’est votre compagnon ? »

Aurora se tourna vers lui, regardant la photo qu’elle avait sortie de son sac un peu plus tôt.
Bien qu’ils appartenaient au même laboratoire, ils n’avaient pas beaucoup eu l’occasion de discuter. Même s’il gardait une certaine réserve étant donné qu’elle restait son aînée, le jeune homme était très spontané mais ne se vexerait pas si elle trouvait qu’il empiétait un peu trop sur sa vie privée. Ce qui n’était pas le cas.
Il avait normalement déjà vu Gareth, lui qui aimait passer quelques fois lui apporter quelques courses, mais sur la photo il avait l’air un peu plus jeune et barbu, en plus d’être accompagné d’une petite fille au sourire édenté.

« Oui, et ma fille, Gerald. Elle va avoir neuf ans cette année.
- Oh … Wow. »

Il avait une copine, aussi.
Après un moment de réflexion où il regarda Aurora tracer quelques notes sur ses cartes, le garçon reprit la parole :

« Dîtes moi, Madame Cavendish, est-ce que je peux vous demander quelque chose ? »

La brune arrangea une mèche de ses cheveux derrière son oreille et tourna de nouveau la tête vers lui, acquiesçant.

« Ce n’est pas parfois un peu dur, ce métier, à concilier avec une vie de famille ? »

Elle cligna légèrement des yeux, puis sourit :

« Ce métier, c’est mon rêve. Je l’aime beaucoup. »

Malgré les années, il n’avait jamais cessé de l’être.

« Et j’ai la chance d’avoir une famille formidable. Donc non, tout va bien pour moi. Tu es quelqu’un de passionné, Aaron, je le vois bien. Si tu te plais maintenant, il n’y aucune raison que cela cesse. Et si la personne que tu aimes est avec toi moralement, ça ira aussi. »



• • • 2001

Aurora ouvrit les yeux, comme sortant d’un long rêve. La petite coccinelle qui lui chatouillait l’annulaire s’envola lorsqu’elle se redressa de son banc. Lentement, elle marcha en trainant des pieds, tête basse vers les graviers du parc du centre. Tel un automate, son corps faisait de lui-même un chemin qu’il connaissait par cœur. Elle ne fit pas attention aux gens sur son passage, s’il y en eut.

Arrivée à un bureau où se trouvait une petite femme en blouse rose, la jeune irlandaise se pencha en avant et tenta d’être le plus audible possible :

« J’aimerais … savoir si Alphonse Phillips va bien. Il …
- Mademoiselle Cavendish … »

Aurora baissa les yeux vers la main qui venait de se poser sur la sienne.

« Je vous l’ai déjà dit, il est parti. Sa famille est venue le chercher. Il n’est plus ici.
- Ah. »

Fit-elle, tout simplement, comme déçue sans l’être. Elle cligna un peu des yeux et n’ajouta rien d’autre, peignant son interlocutrice de quelques traits d’inquiétude.

« Mademoiselle Cavendish, avez-vous besoin d’autre chose ? Que je vous emmène quelque part ? »

L’intéressée releva la tête pour attraper les yeux sombres de la secrétaire. Elle eut l’air de réfléchir, un instant, ou au moins d’attraper quelques pensées distraites, avant de simplement balbutier :

« Je … Je ne sais pas …
- Aurora ? »

Les deux têtes se tournèrent en un même geste vers la longue silhouette d’un jeune homme aux cheveux roux et bouclés. Une main dans le dos et le sourire gêné, ne s’attendant pas à ne pas avoir à la chercher dans les couloirs, il agita sa main libre en s’adressant à l’autre femme :

« Bonjour, je suis son cousin. »

Elle le reconnaissait, en effet, et se dit que sans doute serait-il plus à même de s’occuper de la brunette. La demoiselle Cavendish n’était pas là depuis longtemps, et les premières périodes étaient dures pour tout le monde dans leur centre de désintoxication. Il fallait la croire quand elle disait qu’elle en voyait des belles, et ce n’était ni facile pour les résidents, ni pour les membres de leur famille.
La secrétaire retourna donc à son ordinateur, suivant une dernière fois les deux jeunes gens s’en aller ensemble, main dans la main.

Ce n’était donc pas la première fois que Maloni venait rendre visite à sa cousine. Si leurs études respectives les avaient séparés des bancs scolaires, ils étaient tout de même resté proches en dehors. L’entrée à l’université avait été le pire au niveau de la séparation, alors quelle surprise d’apprendre que … voilà.
Par habitude, il lui parlait en irlandais. Sorte de secret (bien que gros) qu’ils partageaient. Même son frère, Colm, ne le parlait pas aussi couramment qu’eux.  

« Ça me fait rire, tu sais, quand je me rappelle quand on étaient petits … Tu me faisais très peur. Tu avais souvent l’air en colère. Je pensais que tu pouvais me taper. »

Fit-il donc, sur le ton de la conversation après un long moment de silence. Avant ou après l’avoir vu, il ne pouvait s’empêcher de penser à ce qu’il pourrait dire pour lui décrocher un sourire ou une quelconque réaction … Et malheureusement, cette fois-là n’avait pas marché non plus. Aurora continuait de fixer le bout de ses tennis blanches avec ses yeux cernés.

« Mais, tu sais … Je vais t’avouer que tu me fais un peu peur, maintenant aussi. Pas parce que tu as l’air en colère, mais … tu n’as plus l’air du tout. »

En vérité, sa phrase tenait plus de la pensée à voix haute. Peut-être n’aurait-il pas dû dire ça comme ça … Ce n’était pas sa faute, non plus, loin de là. Mais, après tout …

« Je suis fatiguée. »

Articula-t-elle dans un soupir.
Maloni ne répondit pas tout de suite, la regardant frotter ses yeux avec ses fins poignées. Doucement, il la prit par les épaules et la tourna dans sa direction.

« Je sais. »

Le garçon l’enlaça alors, posant sa tête sur son épaule. Elle était si mince, semblait si fragile à présent.
Les doigts qu’il sentit remonter le long de ses épaules et s’accrocher à la racine de ses cheveux le soulagèrent d’un poids, humidifiant ses yeux. Aurora jouait avec ses boucles dont elle aimait la sensation. Ils lui étaient sèches au toucher, mais s’enroulaient et rebondissaient naturellement sur ses phalanges.

« On est tous là. »


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Aether
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!!! AURORA. Je la valide sans cédille ni tiret, j'espère qu'elle ne m'en voudra pas trop. Mes phrases seront joliment tournées pour la peine.
Pour commencer je n'ai pas vu de fautes résistantes (ou je les ai oubliées, encore, et elles ne devaient donc pas être affreuses et par milliers) ni de problème niveau contexte ou autre. Tout est bon, c'est du tout cuit, rien à redire à ce niveau. Je pourrais te virer parce que ton pseudo et ton âge me font peur mais ce ne serait pas très professionnel. Éventuellement. DONC VOILA rien à ajouter sur les formalités elle remplit les conditions comme une championne. Aurora Cavendish ▬ « Between what I know and what there is » 3212372723

Et l'histoire. ÉTAIT BIEN VILE TOI. Du coup y'a juste un démarrage plus lent par rapport au rythme d'après, mais ce n'est pas super gênant je trouve. Ça faisait pas bâclé non plus BJ
Elle a visité son musée (nerd)

Par contre du coup elle a épousé Gareth ou. Parce qu'elle se présente avec son nom et tout, maiiis tu as juste mis son nom de jeune fille dans le haut de la fiche. Après elle peut se faire appeler comme elle veut et virer son mari de sa mort hein, c'est juste une petite curiosité de ma part êvê



ALLEZ EN ROUTE ENCORE AU PROCHAIN PORT.

Tu peux dès à présent recenser ton avatar, ton métier et demander une chambre pour t'en faire un petit nid douillet. Tu peux également poster une demande de RP ou créer ton sujet de liens. Ton numéro va t'être attribué sous peu dans l'idéal, et tu vas être intégrée à ton groupe dans l'instant. Tu arriveras dans la pièce Nord.

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