02|06|23


Deux minutes.
C’était rien du tout, deux minutes.

« ... C’est Margrjet, Vela. Pas Alex. C’était pas Alex. »

Vélaug se réveilla en hurlant, les deux mains plaquées sur la bouche. La poitrine écrasée par un poids invisible et un tel souffle aux poumons qu’elle se mit immédiatement à suffoquer. Les larmes envahirent sa gorge et ses joues, et la lumière blanche lui éclata les yeux.
Elle avait froid.
De la base de la nuque au bout des extrémités. Si froid que ça lui donnait envie de chialer – à part que ça c’était déjà fait. La jeune femme croisa les manches sur ses yeux, s’arracha les paumes des ongles, la poitrine agitée de soubresauts violents, et sanglota un bon moment entre deux râles d’angoisse avant de réussir à respirer.
Et c’était blanc, fait chier, ça sentait pas le désinfectant, mais elle avait pas les idées assez claires pour savoir si c’était l’hosto ou pas. Le sol lui pétait le dos, en tout cas. Mais pour le reste son crâne était juste plein de flotte jusqu’à ras-bord, incapable de raisonner.
Même lorsqu’elle réussit à avaler, rouler sur le côté dans un geste frénétique – quelque chose n’allait pas, ou plutôt rien n’allait – l’ensemble resta embrouillé. Elle trébucha dans le mouvement, se cogna les genoux contre le sol blanc et se releva en titubant. Chercha une sortie, quelque chose, quelqu’un, des yeux, ne vit rien.
La panique lui submergea le cerveau.

« EH, OUVREZ PUTAIN. » Sa voix, éraillée, se brisa comme si elle n’avait pas parlé depuis des années.

Ses doigts glissèrent sur les murs lisses, dans un bruit noyé sous celui de son cœur qui lui cognait aux oreilles comme un malade. La pièce tournait, les images se tordaient devant ses yeux. Elle avait envie de gerber. Elle frappa contre la cloison une fois, puis une autre, plus fort, à s’en ouvrir les paumes ou les phalanges, et se mit à hurler des insultes sans discontinuer.

« LAISSE-MOI SORTIR FILS DE PUTE. »

Et elle pouvait bien taper à en perdre une main, rien à foutre, pour ce que ça manquerait.