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Sumat'ika Rawa
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Sumat'ika Rawa

En bref

Pseudo : Nii'
Messages : 19




At the toll of the bells,
I'll rise to face legends divine ;
But where are
The guardians now ?
Our idolized sun has burned out,
His throne left to ash, and
His legacy soon to be mine.
Nom : //
Prénom : Sumat'ika Rawa.
Surnom : //
Sexe : Féminin.
Âge effectif : 15 ans.
Âge apparent : 15 ans.
Arrivé depuis : Vient d'arriver.
Date de naissance : 24/06/1475.
Date de mort : 28/07/1490.
Orientation sexuelle : Bisexuelle qui n'en sait rien.
Groupe : Commotus.
Nationalité : Inca ; Cuzco.
Langues parlées : Quechua.
Ancien métier : Aqlla.
Métier actuel : //
Casier Judiciaire


▬ Crimes commis :
▬ Circonstances du décès :
▬ Péché capital principal :
▬ Péché capital secondaire :
▬ Rapport à l'alcool :
▬ Rapport aux drogues :
▬ Addictions :
▬ Mauvaises attitudes récurrentes :
▬ A été victime :


Physique


Sumat'ika est belle. Sumat'ika est même plus que belle ; elle est ravissante. Elle est splendide. Resplendissante. Si jolie que tout le monde la regardait et la complimentait sans cesse, des mains habiles glissées dans ses cheveux pour les transformer en tresses somptueuses, des yeux émerveillés posés sur son chaque ligne de son visage — un visage si parfait, si symétrique qu'on pourrait le croire taillé dans la plus pure des roches par les mains d'Inti en personne.
Bon, soit. Elle aime exagérer. On ne l'encensait pas à ce point.
Mais toujours est-il qu'elle est magnifique ; et ça, c'est vrai. La perception de sa beauté était accentuée par ce que l'on en concevait dans son pays à son époque, bien sûr, mais elle n'en restera pas moins très agréable à regarder pour une majorité.
Ses traits sont doux. Pleins. Elle fait son âge, voire même un peu plus vieille, mais a des airs d'adolescente malgré tout ; quelque chose d'enfantin dans la courbe ronde de son menton et de sa mâchoire que son tout petit nez et ses grands yeux noirs n'aident pas à amoindrir. Sa peau marron est sombre et chaude, presque ocre ; ses yeux sont un peu plissés, et peuvent donner l'impression d'être bridés. A défaut d'inca ou quéchua — trop précis pour beaucoup —, elle a à tout le moins l'air d'une native amérindienne.
Toute petite du haut de son mètre quarante-sept durement atteint, Sumat'ika se trouve pourtant grande. Élégante. Allongée. Fine et délicate. Face aux moyennes d'autres pays et d'autres époques, bien sûr, c'est risible ; mais elle a vécu toute sa vie entourée de filles de son âge, et elle est restée parmi les plus grandes en bien des occasions.
Pas un kilo en trop dans son petit corps, mais des muscles, ça oui. Elle a les jambes solides, les hanches peu marquées mais habituées à la marche et à rester des heures dans la même position. Ses petits pieds et ses petites mains sont abimées par le travail des feuilles et des fils. Elle les a beaucoup utilisées, et ça se voit. Ses bras sont fins, sa poitrine très modeste. Globalement, elle a l'air en bonne santé ; ni trop chétive ni trop lourde, ni maladive ni tombée dans les excès.
Ses cheveux noirs, très longs, sont coiffés en tresses très serrées et tombent en cascade dans son dos et devant ses épaules. Pas de frange ; elle les sépare simplement de chaque côté de son visage, tantôt derrière ses oreilles tantôt devant, et les attachera en tresse plus large s'il faut les tenir loin de ses yeux et de ses bras. Ils n'ont jamais été coupés et lui arrivent facilement aux hanches, à présent — et s'ils continuent de pousser, tant mieux. Ils font sa fierté. Les avoir longs est pour elle une évidence. Ils sont épais, bien entretenus. On sent qu'on en a pris soin.
La demoiselle, enfin, se déplace et existe avec grâce. Elle a ce qu'on pourrait appeler une présence ; du charisme. Elle sait se porter, se tenir, marcher et parler comme savent le faire ceux qui ne se prennent pas pour n'importe qui. Elle se presse rarement mais ne traîne jamais ; a une petite voix très féminine qui porte loin et commande avec la douceur et la fermeté décidée d'une reine. Sumat'ika a une certaine prestance. De la classe. Elle a des airs de noble ou de figure d'autorité quelconque, à s'installer comme si elle était le centre du monde et le point d'intérêt le plus évident de la pièce. Elle aime qu'on la regarde. Ça se voit.

Côté vestimentaire, elle aime les bijoux. L'or ; ce qui brille. Elle a l'habitude des tissus riches et colorés et risque de ne pas trop apprécier le passage au noir et blanc. Il faut de la vie dans ses tenues — il faut que ce soit rouge, doré, bleu, violet, le tout richement décoré à la main.
Heureusement pour elle, il lui suffirait de fil et de patience pour refaire les motifs qu'elle a appris à tisser des années durant.
Tout n'est pas perdu.


Caractère


Sumat'ika n'est pas n'importe qui ; elle le sait, et ça se voit. On lui sent une sorte d'importance. Quelque chose de presque royal à la façon dont elle se tient, parle, bouge, s'installe, se pose, occupe l'espace. De la dignité. Ce que certains appelleraient de la classe.  Elle a de l'autorité naturelle : même sans parler, elle n'a l'air ni timide ni stupide. C'est une demoiselle, avec une majuscule et tout ce que ça implique.
De l'ego, sans surprise, elle en a. Plus que nécessaire, même. Presque trop. Ceci dit, il ne se manifeste pas à outrance ; elle n'aime pas qu'on lui manque de respect, bien sûr, et s'attend à ce qu'on lui prête des attentions, à ce qu'on ne la bouscule pas, à ce qu'on lui parle avec un minimum de déférence, mais ce sont autant de choses qu'elle juge — à raison — parfaitement standard. C'est comme ça qu'on l'a élevée. Elle n'imagine pas un quelconque paysan venir traiter une aqlla comme un chien — c'est juste impensable. Un fils de roi s'insurgerait de voir une sans-le-sou venir lui tirer les oreilles ; il en va naturellement de même pour Sumat'ika. En dehors de ce qu'elle juge être un code de conduite basique, elle n'ira pourtant pas se hisser sur un piédestal à la moindre occasion. Sa beauté, son intelligence, sa force de caractère et toutes les autres qualités dont elle pourrait se vanter restent sous-entendues ; tissées en toile de fond, là où tout le monde peut les voir sans qu'il y ait besoin de les leur jeter à la figure. Elle n'aime pas dire "moi je" ou énumérer ses qualités. Ce serait bien futile, sachant qu'elles se voient, et un peu trop égocentrique à son goût — or la demoiselle aime à se penser humble, quoi qu'elle ne le soit pas pour un sou.
Le fait qu'elle se sache plus belle et plus forte que la plupart de ses consœurs ne lui arrange pas les chevilles, c'est sûr. Le fait que ça ait été vrai non plus. Il y a une fondation à son égocentrisme, tellement bien bâtie qu'elle en est devenue inébranlable. Sumat'ika se sent insultée si on lui dit qu'elle est laide ou stupide, incapable de rien, mais n'y croit pas. Elle se sent juste mise au défi. Si on lui manque de respect, la faute vient de l'autre. Elle n'a pas à se remettre en question. Elle n'a rien fait de mal, sinon être apparemment trop parfaite et avoir attisé la jalousie d'un autre. Ça ne lui fait ni chaud ni froid. Se faire critiquer peut alors même devenir un compliment ; elle a attiré l'attention de l'autre et sa perfection l'a vexé au point qu'il se sente obligé de l'insulter. Elle est ravie. Le temps de se vexer elle-même, bien sûr — mais tout de même. Elle comprend.
Si elle aime tout ramener à elle et pense que le monde tourne autour d'un Soleil qui l'a tellement aimée qu'il l'a faite resplendissante (n'est-ce pas), Sumat'ika n'est pas égoïste pour autant. Elle aime donner. Partager. Préparer à manger, participer à de grands repas, de grandes cérémonies, donner d'elle-même pour le bien du peuple. S'il fallait se priver pour sauver quelqu'un d'autre, elle le ferait sans hésiter. Si marcher pieds nus peut permettre à un autre d'avoir des chaussures pour un temps, alors elle les lui prêtera. C'est à la fois une énième façon de nourrir son ego (je suis gentille, j'aime les autres, je fais ce qu'il faut) qu'un réel désir de bien faire. Elle n'aime pas voir les bonnes gens souffrir. Ceux qui font le mal peuvent pourrir au fond d'un fossé pour ce que ça lui importe — mais ceux qui sont bon, ceux qui donnent, ceux qui se préoccupent des autres, elle veut les aider et les soulager un peu de leur fardeau. Sans rien attendre en retour, non plus. Les sourires sont souvent une récompense suffisante à sa peine.
Travailleuse, la jeune fille n'hésite jamais à travailler ou à mettre la main à la pâte. Elle est obéissante et fait ce qu'on lui dit, pourvu que cela vienne d'une autorité qu'elle reconnaît. Elle aura tendance à se plier aux injonctions des personnes plus âgées qu'elles, par respect, pourvu qu'elles soient justes et ne s'amusent pas à l'ennuyer — quelqu'un de grossier n'attirera que son mépris, et elle l'a brûlant.
Ses quinze ans ne l'empêchent  pas d'être mature et adulte à bien des niveaux. Elle a presque l'âge du mariage, et si les choses s'étaient passées autrement, elle aurait sûrement été promise d'ici un an ou deux ; elle s'y attendait et y était préparée. De fait, son attitude se rapprochera souvent plus de celle d'une jeune adulte que d'une enfant. Il n'y a guère que son tempérament vif et enflammé qui lui donnent des airs d'adolescente.
De son vivant, elle n'a jamais fait de crise de nerfs ; depuis ses dix ans, elle ne se souvient pas la dernière fois où elle s'est mise en colère. Elle se devait d'être silencieuse, respectueuse, appliquée, et si son caractère bien trempé était apprécié pour la force qu'il démontrait — une jeune fille qui n'a peur de rien, qui peut survivre à tout — elle se serait mal vu hurler ou rouler par terre. Ç’aurait juste été ridicule. Elle avait une mission à accomplir et comptait bien le faire à la lettre.
Mais à Asphodèle, c'est différent. Elle n'est plus sous la tutelle de personne ; n'a plus de but dans la vie. N'a plus de vie tout court, d'ailleurs. Ce n'est pas la mort à laquelle elle s'attendait, pas le réveil qu'elle espérait, pas le monde qu'on lui avait promis étant petite, et ça va lui faire un choc. Les crises de larmes et de colère risquent d'être plus fréquentes, quoi qu'en privé surtout — elle déteste avoir l'air ridicule ou fragile. Elle ne l'est pas.
Ce serait se tromper que de la croire faible juste parce qu'elle est jeune et hautaine. Ce n'est pas une princesse sortie tout droit d'une tour d'ivoire ; comme toute personne née dans un contexte difficile, elle a été habituée à la mort et aux violences lointaines d'un pays en expansion perpétuelle. Les violences la choqueront moins que d'autre. Moins vite, aussi. Elle n'a que peu de pitié pour ceux qu'elle méprise ou hait et a la rancune très, très tenace. Elle pardonne facilement mais une seule fois. A la deuxième trahison, c'est fini. Elle ne se fera plus avoir.
Son amour est grand comme l'océan et sa haine au moins aussi profonde. Sumat'ika est un volcan toujours prêt à entrer en éruption. Terriblement douée pour détourner la tête et ignorer avec grâce, mais des fourmis plein les bras et les jambes. On ne l'a pas habituée à gérer l'adversité. Les insultes. Indépendante, oui, mais perdue dès qu'elle n'a pas des règles à suivre, des habitudes, un but à atteindre. Pragmatique mais vite impressionnée par tout ce qui lui semble exotique ; étranger. Les cheveux blonds, les gens très grands, les structures étranges des bâtiments. Elle est curieuse. Pleine de vie. Calme et élégante, vite gênée, mais prête à passer la nuit debout pour défendre ce en quoi elle croit. Elle ne plaisante pas avec ça.
Ses amis sont des trésors, tout comme les personnes qu'elle admire pour une raison ou une autre. Elle est ingénue mais pas totalement naïve ; entend les mensonges mais ne comprend pas forcément pourquoi on lui en dirait, et ne remet de fait pas en question assez vite ce qu'on lui raconte. Elle aime qu'on s'occupe d'elle et s'occuper des autres. La frustration la laisse misérable et quand elle se sent perdue, elle a envie de pleurer.
Mais elle n'est pas mauvaise, et elle n'est pas méchante ; juste dure et trop rigide, parfois, là où la souplesse serait de mise. Vite braquée. Impressionnée.
Elle pensait son monde immense mais là, elle n'a plus d'emprise sur rien. Évidemment, que ça fait peur.

Et quand elle a peur, elle mord. Fort.


Histoire


Quand Sumat'ika nait, ses parents ne savent pas qu'elle sera la dernière. Sa mère est encore jeune ; son père aussi. Ils ont déjà eu neuf enfants ensemble mais jusque-là, seuls trois ont survécu. Le plus jeune, K'uyukusi, vient d'avoir deux ans. Pour fêter ça, on lui a donné un nom ; on l'a félicité, on a bu et mangé. C'est un peu sa vraie naissance. A deux ans, on se dit qu'il a plus de chances de survivre jusqu'à l'âge adulte. C'est bon signe.
Pour elle, c'est la même chose. Deux ans d'incertitude à la regarder de loin, sans lui donner de nom, sans trop lui parler, sans s'y attacher, avant qu'enfin on ne lui rende ses sourires ; qu'elle ne reçoive un prénom.
Pour une enfant aussi active et sûre d'elle, ce sera Sumat'ika Rawa. Une jolie petite fleur, belle comme le soleil.
Ils ne la pressentent pas destinée à de grandes choses, non, mais ils sont sûrs qu'elle vivra. Elle n'a pas l'air de celles qui se laisseront faire.

Ils lui font confiance.

Sumat'ika n'est pas du genre à décevoir les autres, alors elle grandit. Atteint les cinq ans ; les huit ans. Son frère et elle sont les seuls à encore partager la maison familiale — les deux aînés sont mariés et ont des enfants —, alors ils sont beaucoup sollicités.
Avec eux, la fille de la seconde femme de leur père. Chaska est plus timide que sa sœur, malgré son année de plus, mais n'est ni moins travailleuse ni moins méritante : sa mère, qui n'aura jamais réussi à avoir plus d'enfants qu'elle, l'aime et la couvre d'attentions. Parce qu'elle enlace aussi Sumat'ika et s'entend très bien avec sa propre mère, elle ne fait que peu de distinctions entre elles. Sa famille est sa famille ; ils sont un peu riches, plutôt heureux et ne manquent de rien. Elle n'en demande pas plus.
Quand sa mère meurt des suites d'une longue fièvre, l'année de ses huit ans, elle pleure mais ne reste pas triste longtemps. Elle lui serre les mains et lui dit au-revoir. A bientôt ; à dans une autre vie, peut-être. Elle sait que les esprits et les dieux prendront soin d'elle dans le monde d'en-bas. Son père le lui a promis. Ses frères le lui ont promis. Ils ne mentent jamais ; elle les croit.
La mort fait partie intégrante de la vie. Elle doit bien faire avec.

Alors c'est ce qu'elle fait. Poings serrés, yeux levés vers le ciel, elle respire et avance.

A dix ans, la beauté de la petite fille est devenue remarquable. On la distingue sans mal de ses amies et de ses cousines aux visages moins raffinés ; elle y trouve une grande fierté. Ça ne l'empêche pas de s'abimer les mains au travail, comme les autres, mais grâce à son joli minois on lui porte plus d'attentions. Ses parents en sont contents, tant qu'à faire. Elle n'aura aucun mal à trouver un mari et s'il le faut, elle pourrait peut-être même aller à la capitale. Elle aurait du succès, là-bas. C'est certain.
Genoux dans la terre, cheveux en natte serrée dans son dos, elle ramasse des fleurs. Assise à une table, des fils entre chaque doigts, elle apprend à tisser. Pieds nus dans les champs, elle cherche les herbes dont sa famille va avoir besoin. Le village est animé ; tous les mois, il y a un prétexte pour faire la fête. Elle regarde les adultes rire plus qu'elle ne participe, mais l'ambiance la fait sourire jusqu'aux oreilles. Ses amies lui tressent des fleurs dans les cheveux, alors elle leur rend la pareille. La joie la rend ivre plus que les odeurs d'alcool ; tout va bien dans le meilleur des mondes et elle, elle croirait se sentir pousser des ailes.

Mais Sumat'ika Rawa a dix ans. Elle est jolie ; vraiment très, très jolie. Elle rayonne, son rire est doux comme le chant des oiseaux et ses pieds frappent le sol comme on jouerait du tambour. Elle est charismatique. Elle attire l'attention.

Alors, un jour, on l'emmène.

Elle entend le représentant du royaume s'entretenir avec son père avant de n'être mise au courant elle-même, mais elle sait. Assise par terre, elle entrelace et plie ses doigts nerveusement. Ses amies ne sont pas là ; elle pourra leur dire au-revoir, mais elle aimerait avoir quelqu'un près d'elle au moment où elle aura la confirmation. Juste une main à tenir. Pas beaucoup plus.
L'excitation ne balaie pas entièrement la peur de l'inconnu. Elle sait que si on l'emmène à Cuzco, elle ne reverra jamais ses parents. Sait aussi que c'est comme ça — il faut bien grandir un jour — mais n'est pas sûre d'être tout à fait prête. Et puis K'uyukusi va lui manquer, si elle s'en va. Chaska aussi.
Mais c'est comme ça, tu sais.
C'est ce qu'elle dit à son frère quand il l'enlace fort, avant qu'elle et une autre fille du village ne doivent faire ce qu'elles ont de bagages et partir pour la longue route qui les mènera à la capitale de l'Empire. C'est comme ça ; et puis elle sera bien, là-bas. C'est un grand honneur. Elle ne comprend pas tout, elle n'est pas tranquille, les routes lui font peur, l'homme qui les accompagne aussi, mais c'est comme ça. Elle est honorée. Elle est contente. Elle est ravie. Son père l'est aussi. C'est comme ça. C'est comme ça.
Quand elle attrape la main de sa nouvelle amie et sent les cailloux s'enfoncer sous ses chaussures, elle respire fort et vite et sent ses dents claquer.

C'est comme ça.

A force de se les répéter, les mots n'ont plus aucun sens. Yeux levés vers les nuages et les montagnes, elle adresse une pensée aux apus qui protègent ses terres et sa famille.
A trop avoir peur pour eux, elle finit par oublier qu'elle a aussi peur pour elle-même.

Il faut qu'elle arrive à la capitale pour que, enfin, le souffle ne lui revienne.

Cuzco est magnifique. Il y a de la vie partout ; c'est grand, c'est joli, c'est travaillé — des gens riches y vivent, des gens importants, des maisons comme jamais elle n'en a vues, des temples et des bâtiments immenses qui lui remplissent les yeux d'étoiles et lui nouent le ventre d'excitation. Son éducation et ce qui lui reste de politesse sur l'instant l'empêchent de partir s'aventurer à travers les rues, mais l'impulsion est là. Elle lui prend le corps, lui donne envie de danser et de sauter sur place, de tourner.
Même une fois devant le grand bâtiment destiné aux aqllakuna, elle ne perd pas de sa superbe. Son sourire reste là, collé sur son visage, emplie de la sensation — non, de la certitude — qu'elle est là pour une raison, une bonne raison, et que c'est la meilleure chose qui aurait pu lui arriver de toute sa vie.
C'est comme être frappée par la foudre. Cette certitude lui attrape les bras et l'emmène avec elle, assise tête baissée, soumise, puis mains nouées à celles de filles comme elle qu'elle ne connaît pas encore mais meurt d'envie d'apprendre par cœur. Elle la fait tisser mieux que quiconque, la fait sourire lorsqu'elle prépare des plats, de la bière. La fait rire poliment, bras le long du corps, lorsqu'on la complimente et qu'on est agréablement surpris de la voir si docile, si agile et pleine de vie.
C'est elle qui la fait avancer, un pas après l'autre, sans jamais se lasser, pendant cinq ans.

« Ce que je fais est utile. Ce que je fais est bien. J'ai de la chance d'être ici et je ne regrette rien. »

La vie dans l'Aqlla Wasi est tranquille. Elle est coupée du monde, mais la présence des autres filles lui suffit ; et puis entre ces murs, elle ne risque rien. Sa pureté est importante pour sa vie future. Elle ne sait pas ce qu'il adviendra d'elle, mais elle sait que ce sera important. Elle n'est pas n'importe qui. Elle le sait. Elle le sent.
Se répéter qu'après quinze ans elle vivra des jours heureux, peut-être mariée, peut-être prêtresse du soleil, l'aide à oublier l'ennui et l'anxiété des jours pluvieux. Elle aime en apprendre plus sur son royaume et sa religion et est ravie de pouvoir lire et écrire, en plus de maintenant parler un quechua irréprochable, mais cette idée de perfection qu'on lui impose (et qu'elle s'impose) la pousse plusieurs fois au bord de la crise de nerfs. Chaque erreur est sanctionnée et quand elles ne le sont pas, la simple idée d'avoir commis un impair la punit pire qu'un coup de bâton. Elle veut être une femme parfaite, une fille parfaite, une prêtresse parfaite, une cuisinière parfaite, une tisseuse parfaite — tout ce qu'elle fait doit briller, on doit reconnaître ses motifs entre mille, elle doit être assez jolie, assez douce et habile pour que le Sapa Inca lui-même la repère dans une foule d'autres filles toutes vêtues de la même façon.

Elle veut être différente. Se distinguer. Vivre quelque chose de grandiose ; une épopée comme seuls les hommes en vivent, loin aux frontières, là où la guerre fait toujours rage. Elle veut briller. Elle a un feu dans la poitrine qui ne demande qu'à la consumer toute entière, et devoir rester assise à attendre d'être assez la ronge de l'intérieur.
Elle est née le jour de l'Inti Raymi. Fille du soleil ; de l'or au bout des doigts, sur les lèvres et dans la voix. Chaque fois qu'elle se voit dans un miroir, tout son être tremble d'une excitation à peine contenue. Fille du soleil. Elle ne peut que le penser, mais elle le pense pour mille.

Chacun a un destin. Le sien, elle l'entend. On ne l'a pas faite si parfaite pour la regarder mourir de maladie à dix-sept ans.

Allongée sous un drap, elle contemple le mur. Son envie d'obéir et d'être tout ce que l'on peut attendre d'elle se heurte à son besoin de grandeur. Même en étant la concubine de l'empereur, elle ne sera qu'une parmi tant d'autres. Elle ne sait pas si ça lui conviendrait. N'est pas sûre d'avoir le droit de se poser la question, non plus.
Elle n'a que quinze ans, après tout. Bientôt quinze ans. C'est normal de s'inquiéter. De se demander. Quand elle saura enfin ce pour quoi elle est faite, la lumière se fera ; elle sera apaisée, heureuse. On le lui a dit et elle le croit.
Une partie d'elle-même persiste à souffler qu'elle mérite mieux, qu'elle mérite tout, mais elle la fait taire et l'étouffe sous plus de motifs et plus de leçons.

Tais-toi.

L'été entre 1489 et 1490 est désastreux. Beaucoup de plants sont morts ; à travers le Royaume, la plupart des récoltes sont mauvaises. Le soleil s'est absenté. Rien ne pousse.
Tête basse, Sumat'ika se perd en prières. Elle pense que si quelqu'un peut parler à Inti en dehors de l'empereur, alors c'est sûrement elle. Elle arrange les offrandes en pensant à son père, à ses frères, à sa sœur — à ses amies, aux enfants qu'elles auront sans doute d'ici quelques années, peut-être même déjà pour les plus vieilles. Elle veut qu'ils vivent heureux ; espère que ça suffira, sans trop y croire.
Inti est en colère. Elle ne sait pas pourquoi, mais il l'est. Ça se voit. Ça se sent. L'évidence la prend à la gorge et la laisse plus triste et démunie que si elle avait été abandonné par son propre parent.
La plus grande et la plus belle des étoiles la laisse seule, même en plein jour. Il ne la regarde plus. Elle a froid.

L'hiver approche à grands pas.



Sumat'ika Rawa ▬ « A saint in a valley of sin » 190806072533734047
     
Sumat'ika Rawa ▬ « A saint in a valley of sin » 190806072535255657
« Requiescat in pace »
Pseudo : Nii' !!
Âge : Suma' est la momie.
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Autres : Je vais arrêter de faire la blague du "je veux ceci", mais elle est tellement bien. B'(




Sumat'ika Rawa ▬ « A saint in a valley of sin » 25ce1a6971e636d9566287170cbaeb37
« But summer's scent still lingers in your hair ;
Despite the ache, there's magic everywhere.
Out the window run rebellion,
Rapt with all you find for seeking something new.
Play in the ponds like summer's wind ;
Dance with the trees melding with mist,
Beyond their flower field like you're moonlight kissed »

I surrender heart and soul:

Aether
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