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Lawrence Hashem
- B 00 072002 45 03 C -

Lawrence Hashem

En bref

Masculin
Pseudo : Sköll.
Messages : 43




It's like a bottle of Jack
straight to the head

One shot
two shots
copper tone red.
Nom : Hashem.
Prénom : Lawrence.
Surnom : Law, Laz, Lauren, Laurie.
Sexe :
Âge effectif : 32 ans.
Âge apparent : 28 ans.
Arrivé depuis : A2 M1 J4.
Date de naissance : 20/05/1970.
Date de mort : 12/07/2002.
Orientation sexuelle : Homo S.
Groupe : Commotus.
Nationalité : Etats-unien.
Langues parlées : Anglais, arabe.
Ancien métier : Manutentionnaire, petits jobs divers.
Métier actuel : Assistant à la bibliothèque.

Casier Judiciaire


▬ Crimes commis :
▬ Circonstances du décès :
▬ Péché capital principal :
▬ Péché capital secondaire :
▬ Rapport à l'alcool :
▬ Rapport aux drogues :
▬ Addictions :
▬ Mauvaises attitudes récurrentes :
▬ A été victime :


Physique



• 1m77.
• Cheveux longs, très noirs, épais, parcourus de dreadlocks et généralement tressés à gauche au-dessus de l’oreille (façon half-hawk mais sans raser parce que c’est chiant).
• Ils sont souvent attachés parce qu’avoir les cheveux dans les yeux quand il fait quelque chose ça le fait criser. Bandanas et bonnets très fréquents pour les mêmes raisons.
• Des yeux en amande. Bien arabes. Noirs. Veloutés avec tout un tas d’éclairs dedans. Souvent plissés ou en train d’incendier un truc du regard, mais aussi très ouverts et expressifs, y compris quand il est content.
• L’intense mélange de ses origines lui donne la peau café au lait, relativement foncée. Il est bien métis, et ne seraient les origines arabes qui transparaissent un peu dans ses traits, on pourrait légitimement se demander de quoi.
• Elancé, leste, souple, visiblement nerveux. Il n’est pas incroyablement grand, mais il est musclé et c’est un vrai paquet de nerfs.
• C’est la colère qui va le faire taper dans un mur et faire un trou dedans, ça se sent.
(• Il aura mal après most likely mais worth it.)
• Il est énergique, très vite tendu comme un ressort en compression maximale, mais ça ne se voit pas en permanence. Quand tout va bien, il a même l’air extra-détendu, relax, il fait des blagues, il garde les mains dans les poches, il se presse pas.
• Et puis y a un truc qui le trigger ou un gosse qui passe à fond en mobylette sans casque. Et là.
• Il fait des sauts de tension en permanence à la vitesse d’un élastique qui claque. On se demande comment il se froisse pas un muscle à chaque fois.
• Et une fois qu’il est stressé et de mauvaise humeur ben. On ne le tient plus, et il ne reste pas en place deux secondes.
• A savoir qu’il est souvent stressé. Ça ne le rend généralement pas désagréable, mais c’est présent. Il râle beaucoup, pas méchamment, et bougonne beaucoup aussi parce qu’au bout d’un moment même lui se rend compte que c’est chiant. Il s’énerve tout seul dans son coin assez régulièrement.
• Beau visage, traits fins, très expressif. Dans ses sourires, ses œillades, quand il taquine, quand il s’énerve. Ses expressions corporelles ne sont pas en reste, et quand il ressent quelque chose, c’est difficile à rater. Il extériorise.
• Il ment bien, cela dit, quand il veut. Il est capable de refermer toutes les fenêtres très vite. Même si ce simple fait peut aussi en dire long sur ce qu’il ressent.
• Il a tendance à tripoter les choses machinalement, attacher et détacher ses cheveux, sortir une cigarette, ranger – il a toujours un truc à faire normalement, être inoccupé ça le stresse inconsciemment.
• Tendance à choper ses proches et les câliner inconsciemment. Leur faire des tresses. Des drea- oups, sorry.
• Les autres, il les touche pas trop. Il reste alerte en toute situation, généralement.
• Percé aux oreilles et à la langue. Tatouage tribal haut du bras gauche et sur l’épaule, dague tatouée à l’intérieur du poignet droit. Il a aussi un petit koala à l’intérieur du biceps gauche, avec XCIV et XCVII empilés en-dessous en petit caractères d’imprimerie.
• Ce tas de bracelets qu’il a aux poignets – Laurie tu vas t’accrocher partout mon garçon.
• Laurie passion sweatshirt-treillis-bandana.


Caractère



• Donc Laurie, il a l’air chill, mais il l’est pas. Du tout.
• En deux mots, c’est le mec qui s’occupe de tout. Ou qui veut s’occuper de tout.
• Il a une allure de grand frère sympa au premier abord. Gentil, détente, cool et marrant à ses heures perdues. Fêtard et joueur, il sourit et taquine pas mal.
• Mais qu’est-ce qu’il est stressé.
• Il y a toujours un truc à faire, un truc à respecter, le planning Karen et « Les enfants on descend du parapet ». Et même quand y a rien, il pense à tout ce qui pourrait mal se passer en son absence et il hyperventile.
• Il n’aime pas les surprises et voudrait que tout file toujours droit. (spoiler : c’est jamais le cas)
• rEsPONsaBiLItéS.
• Exigeant. A tendance à fliquer. A vouloir tout diriger et te dire ce que tu dois faire. Mais vas-tu l’écouter bon sang il sait mieux que toi.
• De manière générale on dit souvent qu’il est sérieux. Chiant. Relou. LawRenCE t’ES pAs MoN PèRe.
• Bon, c’est pas totalement de sa faute non plus, mais le résultat est là.
• C’est une grosse mère poule qui s’assume pas.
Ohana means family et donc si tu touches à son ohana sur la tête de sa mère il te nique ta race.
• Pas fondamentalement violent, mais il est pas difficile à démarrer, ça c’est clair.
• Il se fout facilement (et trop) la pression, aussi.
• Champion de mensonge par omission toutes catégories confondues. L’habitude des mômes à gérer.
• Il a du mal à faire des concessions. Il essaie de tout gérer tout seul.
• Pas qu’il sache pas demander de l’aide s’il le faut ; il le fait. Mais il compartimente. Il y a ceux qui aident et ceux dont il s’occupe.
• Il compartimente un peu trop, peut-être.
• Il déteste l’impuissance. Ou se sentir inutile. Ça le fait tourner en rond et stresser. Il veut aider laissez-le faire.
• C’est pas une tête mais il a le sens pratique, ça. Il est débrouillard et trouve toujours une combine. Un truc. Just ask. Il va trouver. (Et au pire la machine à laver il l’achève et trouve quelqu’un pour la réparer c’est cool.)

• Bon en gros il veut pas l’avouer mais il est un peu hypersensible, hein.
• Il prend tout (trop) à cœur, est facilement vexé, facilement énervé ; ça monte vite, et ça explose vite.
Susceptible et rancunier comme personne. Il râle tout le temps et peut faire la gueule pendant des semaines, c’est impressionnant.
• Et il boude si bien.
• Lawrence, c’est les ronronnements de locomotive énervée en fond sonore perpétuel, et quelques cris de ptérodactyle de temps en temps.
• (il est facile à taquiner et personne ne se gêne)
• Mais même s’il est méfiant de nature, il a aussi le cœur sur la main. Ça, personne ne peut le nier.
• C’est un mec bien, loyal, travailleur, dynamique toujours là pour les autres. Il se repose rarement, et jamais il ne te refusera un coup de main.
• Pas vraiment tolérant, on va pas se mentir, mais il ne fait pas dans la provocation gratuite non plus. Il garde ses avis pour lui, généralement. Il a mieux à faire que de se prendre la tête pour rien.
• Se remettre en question, c’est difficile, mais il peut. C’est pas non plus le dernier à aller s’excuser.
• La communication c’est important d’accord.

• Et malgré l’application qu’il met à râler tout le temps et à attendre 2h de répit solitaire comme le messie, Law n’est pas fait pour rester seul. Il aime les autres et ne se sent bien que dans un continuum social fourni.
• Besoin d’amour et besoin d’en donner pour être bien. Et un tas, et tout le temps, même si c’est pour le montrer en allant ranger derrière sa fratrie ou s’assurer qu’ils n’ont rien oublié, qu’ils vont bien, qu’ils ont tout ce qu’il faut.
• Emotionnellement pudique, mais pas timide, il n’hésitera d’ailleurs pas à le faire savoir.
• Par contre, il a tendance à être indulgent avec les gens qu’il aime ; c’est un point à améliorer.
• Mais Lawrence n’est pas parfait, ça se saurait.
• Il a un côté grand enfant quand il a pas à surveiller les mômes de tout l’immeuble. Jamais le dernier à aller faire des conneries ou dévaler des escaliers en caddie (emprunté, le caddie).
• Il peut switch d’un seul coup du PEGI13 au PEGI18, aussi.
• Sa morale est un peu plus souple qu’il n’aime à le faire croire ; la vie c’est difficile, et il est d’avis d’en tirer le maximum en évitant le plus de chausse-trappes possibles.
• Mais il sait aussi que dans la vie, on a pas toujours ce qu’on veut.


Histoire





« Look what they've done to my song, Ma
Well, it's the only thing I could do half right
And it's turning out all wrong »
M.S.



Virginie, USA, 1996.


« Lauren, t’es pas en train de fumer dans la salle de bain hein ? »

Combien de fois il allait devoir lui dire d’aller se faire foutre, déjà ?

« Ouvre la porte. S’il te plaît. Tu m’en veux quand même pas à ce point. »

Je t’en veux tellement que si tu te tailles pas tout de suite, je te refais le portrait aussi.
Dos au battant, Lawrence regardait ses mains trembler sur ses genoux comme si elles appartenaient à quelqu’un d’autre. Amener la clope à ses lèvres un peu trop vite lui fit effleurer sa mâchoire tuméfiée et lui tira une grimace. Il tapait pas comme une gonzesse, ce fucking wigger. Il avait quoi, 17 ans ?
Putain de merde.

Je te déteste.


Les doigts de Malik n’avaient laissé aucune marque sur sa joue, mais la brûlure était plus intense que toutes ses autres contusions. Et ses oreilles résonnaient encore des horreurs qu’ils s’étaient dites. Les cernes sous les yeux de Malik. La colère dans son regard - la peine, aussi. Et lui il s’était laissé tirer en arrière. Il l’avait laissé là.

Je ne veux plus te voir.

Putain de-
ce que ça pouvait faire mal. Regard fixe, il se mordit les phalanges jusqu’au sang pour ravaler les larmes.
J’aurais pas dû le laisser là-bas. Il allait se faire du mal. Il s’en faisait déjà.
Oui mais lui n’aurait pas dû lui parler comme ça. Il avait eu peur, il s’était emporté, mais-

Et reviens pas.

Law appuya le front contre ses genoux et étouffa un gémissement contre son jean.
Merde, merde, merde.

Oh merde, Donna.


Des coups timides effleurèrent à nouveau la porte, et Law serra les dents à s’en faire mal. Abe savait qu’il était en train de pleurer et ne voulait pas que Davin et Judy le voient, est-ce qu’il pouvait pas lui foutre la paix deux sec-

« Laurie ? »

Un soupir étranglé lui échappa. L’arrière de son crâne alla s’appuyer contre le battant, et il ferma les yeux.
Respire.

« … Qu’est-ce qu’il y a, Davy. Demanda-t-il d’une voix qui ne tremblait pas.
- … Tu l’as mise où déjà, la prescription pour Judy ?
- Troisième tiroir sous les ordonnances et les clés de rechange. »

Sous le trousseau de Selim qui portait encore le porte-clé licorne à la con de Nabs.
Merde, merde, merde, merde.
La douleur revint pulser dans sa poitrine, et Law serra les dents pour résister à toute envie de hurler.

« … Abe fait des signes bizarres eeet je crois qu’il veut rester dormir.
- Il peut, c’est bon. »

Qu’est-ce que j’aurais pu faire ?
A quel moment il avait pu se rater à ce point pour en arriver là.
Law, faut que tu viennes.
Comme dans un rêve, il revit Nabila debout à sa porte, tremblante sur ses jambes frêles.
Il s’est passé un truc.

« Je te laisse une assiette ?
- Oui s’il te plaît. »

Et il entendait la question muette de son frère comme s’il la gravait dans la porte à coups d’ongles. Tout le monde la lui posait, cette putain de question.
Law, quand est-ce que Maloo revient à la maison ?


Mais Malik reviendra pas.






1970-1977


• Kacey Sessoms n’était pas le genre de femme à attendre sagement à sa fenêtre qu’un quelconque prince vienne l’arracher au foyer familial où, à l’âge de dix-sept ans, elle s’ennuie à mourir. De ladite fenêtre, elle voyait régulièrement passer Aaron Hashem et ses amis faire des tours de quartier – sourires crânes, blousons en cuir et deux-roues vrombissants.
• Kacey ne perd pas de temps avant de passer en mode sniper, demander l’avis de ses sœurs, puis enfiler ses cuissardes pour aller grimper sur le siège arrière.
• Ils sont jeunes, ils sont fous, ils s’installent ensemble et se marient dans la foulée à la vitesse de la lumière, mais pas avant d'avoir eu leur premier enfant.
• Après Qasim en 1969, Lawrence suit en 1970. Kacey ne se savait pas rêver de la vie de famille, mais elle flotte sur un petit nuage. Tout du moins pour quelque temps.
• Car au bout de quelques années, le rêve s’effrite peu à peu alors qu’ils réalisent que peut-être – peut-être – ils étaient un peu trop jeunes et un peu trop pressés. Le petit côté esprit libre d’Aaron commence à agacer Kacey – et la moto c’est surtout sexy quand on a pas de factures à payer. Lui se sent entravé par le carcan familial, malgré toute sa bonne volonté.
• Lorsqu’en 1975 il réalise que sa femme a une liaison, l’atmosphère commence à alterner entre la tension cassante et le lourd brouillard d’une pré-indifférence. Il se met à déserter le domicile familial dès que possible. Kacey, elle, file chez son Jules dès que l’envie lui prend. Elle a toujours fait à sa guise, et sa maison l’oppresse, lui met son échec en pleine figure.
• En 1976, tous deux ont simplement décidé de s’éviter au maximum. Ils alternent pour s’occuper des enfants. Au pire du pire, si l’un dort déjà à l’appartement, l’autre passe la nuit sur le canapé – mais Kacey passe de plus en plus de temps chez son amant de toute façon. Ce qui devait arriver arrive donc, elle tombe enceinte de ce dernier et accouche de jumeaux sur les derniers mois de l’année.
• Lawrence a déjà découvert le concept du bébé à la naissance de son cousin du côté maternel – Malik – et l’expérience lui a plu au point que Kacey charge Qasim de le surveiller pour ne pas avoir de kidnapping sur les bras.
• Lawrence Hashem repose cet enfant tout de suite.
• Que leur mère ne ramène pas leurs frère et sœur (Davin et Amethyst) tout neufs à la maison parce qu’elle préfère les élever chez Samuel met un temps avant de devenir clair dans l’esprit des garçons. Si Qas est jaloux de son attention qui se détourne, Law est plutôt déçu. Mais pour l’instant, c’est pas tellement plus bizarre que sa tante Donna et son cousin qui partagent la vie d’une autre famille. Alors le problème n’a pas l’air évident.
• En revanche, son père, lui, voit très bien le problème.
• La question du divorce est jetée sur le tapis pour la première fois à ce moment-là, à l’insu des deux garçons. Et sera laissée en suspens également à leur insu, après un concert de cris et des pleurs de la part de Kacey. Elle ne veut pas infliger ça à ses fils, et le baby blues la met dans un état tel que parler avec elle est impossible.
• Aaron est un type bien, droit, honnête, avec une conscience aiguë des bonnes conduites à tenir. Il les aime très fort tous les trois. Sans doute n’aurait-il pas cru lui-même que la perte de Kacey et l’effritement de ses espérances, il serait si mal configuré pour les gérer.
• Intentionnellement ou non, il s’éloigne à son tour, petit à petit.
• Avec ses deux parents en roue libre dans la nature, Lawrence se rabat donc très vite affectivement sur le reste de sa famille. Des cousins de son âge, il en a plein. Des frères et sœurs aussi, maintenant. Dès qu’il a l’âge de filer en douce à la suite de Qasim pour retrouver le peuple, bien rapide celui qui saurait l’empêcher dévaler la rampe d’escalier.
• Ou ouvrir la porte, pourquoi se priver. Quand le chat n’est pas là les souris dansent – et le chat est souvent absent ou occupé, chez les Hashem. A moins que Kacey ne décide d’inviter ses sœurs sur un coup de tête. Alors Naaji et Raheem, les cousins, viennent rouler sur le tapis pour jouer à la console, ou Law et Qasim s’entassent dans le canapé avec Malik – tout petit, baveux (non) et câlinable, tout ce que Law aime – Qasim nettement moins mais il peut lui dessiner sur les joues et ça c’est drôl-
• Bon jusqu’à ce que Kacey le claque sur les oreilles en glapissant.
• Intense eyerolls de Laurie (un tel flegme à sept ans, mon garçon, ça devrait être interdit) jusqu’à ce que Donna empaquète son petit garçon tout barbouillé pour rentrer chez elle.


1978-1982


• En 1978, la situation familiale se dégrade encore lorsque Sherry, la jeune tante de Law, meurt d’une overdose dans l’immeuble d’à-côté. Kacey est folle de ses sœurs, et perdre Sherry est une épreuve terrible.
• Laurie et Qasim sont jeunes ; on ne leur dit pas tout. Mais ils ont les oreilles qui traînent quand Aaron chuchote entre les portes. Kacey crie et pleure. Elle va et vient entre l’appartement de Donna et le leur – et dès que possible, Law file sur ses talons pour aller se mettre dans un coin du canapé de sa tante et câliner son cousin.
• Il aimait bien Sherry. Il est triste de la savoir partie.
• Kacey dégringole un peu la pente et en 1979, elle finit par déposer les jumeaux dans leur appartement familial. C’est plus pratique, selon elle, d’avoir tous les enfants au même endroit. Mieux pour leur développement, tout ça. Samuel a des horaires compliqués. Mouais.
• L’occasion de plusieurs mois de grosses disputes avec Aaron, qui évidemment ne prend pas très bien la chose. Law et Qasim s’en moquent, les bébés c’est marrant, ils foutent de la purée partout dans la cuisine tous les quatre. (Kacey hurle, Aaron hurle, et bientôt Lawrence aussi parce que Q a s i m c’e s t s a l e)
• Finalement, les jumeaux ne repartent jamais. Aaron est un ange.
• Plus ou moins.
• Aaron a surtout des principes de vie bien ancrés dans son crâne par les claques autoritaires de ses parents. Et maintenant que le côté « vivre halal » paternel est définitivement passé dans le domaine des miracles qu’Allah seul saurait réaliser, il n’a plus qu’à se rabattre sur les directives de vie de sa mère. Sois un type bien, traite ton prochain avec respect et prends soin des femmes, de tes enfants et de ceux des autres.
• Le tout assorti d’un bon coup de journal sur la tête, parce que Vega Montgomery n’avait jamais juré que par ce catalyseur pour faire rentrer quoi que ce soit dans le crâne de ses empotés de fils.
• (spoiler : ça a marché)
• Qasim et Lawrence apprennent donc très tôt ces mêmes principes de la bouche de leur père. Pas par la même méthode – parce qu’il a un peu de pitié, contrairement à grand-mère Vega – mais par un rabâchage si fréquent que la seule raison pour laquelle ça a fini par échapper à Qasim est la consistance prise par son cerveau à l’adolescence – par de nombreux aspects semblable à du ciment.
• De son côté, Lawrence a tendance à compenser tout ce que fait Qasim en faisant exactement l’inverse, du coup il retient à s’en faire fumer le cerveau et applique en ressortant des placards les techniques de sa grand-mère (à savoir les coups de journaux). (parce qu’on est pas tous faibles dans la famille AaRoN)
• Le respect est donc une valeur primordiale. Non négociable.
• Et donc les jumeaux vivent désormais avec eux, même si c’est un peu trop demander à Aaron de s’en occuper. Il engage la voisine comme baby-sitter quand Kacey est absente. La jeune femme est adorable et a déjà trois monstresses elle-même, alors deux de plus ou de moins… (woman wtf) (Aaron sérieux épouse-la)
• Un peu plus tard, la tension explose dans un autre coin de la famille, entre Donna et son fiancé, lequel se fait jeter à la porte manu militari – on n’entend pas les cris depuis l’immeuble d’à-côté mais presque.
• Emilio ayant très bon caractère, après avoir insulté les mères de tous les habitants autour de chez Donna, il décide de venir frapper chez les Hashem.
• Pas de chance, la patience déjà très relative d’Aaron est passée par la fenêtre il y a des mois de cela, en compagnie de sa relation avec Kacey. Alors sa tête de salopard violent, il a une idée très précise de ce qu’il veut en faire, et Emilio n’a pas à le chercher plus de cinq minutes pour que ça se termine en règlement de comptes dans les règles sur le palier.
• Qasim referme poliment la porte pour leur laisser un peu d’intimité, chope son frère en faisant « hop hop hop Law, va chercher la trousse à pharmacie frangin allez. » et va voir qui est encore vivant lorsque le bruit se calme – sur l’injonction claire et sonore de foutre la paix à Donna et son môme.
• Et sinon, c’était qui ?
Personne, gamin. Qasim aligne des pansements couverts d’animaux multicolores – inutiles, mais jolis – sur la tête de son père en riant bêtement, et Law fait la moue.
• Ledit « Personne », étrangement, ne reviendra jamais sonner à la porte – et Law n’entendra plus son nom qu’au milieu d’épithètes délicats dans la bouche de ses parents. Les détails, il en entendra parler plus tard.
• A savoir qu’ils ne lui plairont pas.

• Ça l’énerve, il fait des connexions trop rapides et se met à regarder d’un mauvais œil le père de Malik (qui vit toujours à moitié chez sa femme dans le plus grand des calmes) (est-ce qu’il verse une pension alimentaire au moins, celui-là ?) et tout homme susceptible de s’approcher de Donna.
• Keandra, la femme en question, ça va. Il la croise quand sa fille va d’un appartement à l’autre. C’est pas sa faute, ni celle de la demi-sœur de Malik non plus.
• Malik qui en passant le couvre de cœurs en papier et qu’il WRESTLE D’AMOUR JUSQU’A LA MORT (mais il peut pas l’épouser) (ça se fait pas, c’est son père qui l’a dit).
• Peu après le bazar avec Emilio, sa tante a accouché d’un autre bébé, Selim, et pendant un moment, c’est le retour des couinements niais dans tous les coins de l’arbre généalogique. Le retour des kidnappings aussi – Lawrence no – parce qu’un bébé c’est adorable et faire des tas avec c’est le must dans la vie.
• Aaron et Kacey s’éloignent toujours petit à petit de leur foyer, au fil des ans, mais Law ne regarde pas dans leur direction. Il est occupé avec Davin et Amy, occupé avec ses cousins, à courir partout, jeter des trucs sur Qasim, aider à faire à manger, à lancer des machines, à préparer les plus jeunes pour l’école.
• Parlons-en, de l’école. On le pousse à travers les grilles du collège sans se soucier de ses grognements. Law n’est pas idiot, mais clairement, les cours, il s’en moque comme de l’an quarante. C’est ses parents qui ont à cœur qu’il y aille, alors qu’il estime avoir plus important et urgent à faire ailleurs.
• Et il se rend rapidement compte que Qasim, le meilleur exemple au monde, passe sa vie à sécher avec Raheem, leur cousin. Et pour une fois Laurie décide de faire pareil, fout ses pompes sur les tables et sort par la fenêtre avec ses potes à la première occasion. Escalade les grilles pour faire l’école buissonnière avec Naaji, le cousin numéro deux.
• Naaji est à peu près la seule personne de son âge qui ne prend jamais la tête de Law et ça, c’est un avantage stratégique non négligeable. Il se ressemblent beaucoup, trouvent leurs frères respectifs attardés et sont pour ainsi dire inséparables depuis l’âge de sept ans.
• Et à partir de 1981, passent quelque chose comme 70% de leur temps dans la rue.
• Lawrence ferait plus pour éviter ses parents et les cours, honnêtement, mais on a besoin de lui à la maison.
• Et ça ne s’arrange pas au fil des ans.

• Quand Donna fait sa première tentative de suicide, Law a douze ans.
• Sa mère débarque en catastrophe un soir avec Malik et Selim pour les leur coller dans les bras, et même Aaron sent que ce n’est pas le moment de protester. Les détails fusent, flous, évasifs, Kacey file à l’hôpital. Malik n’est pas bien vieux, et Selim encore tout petit, alors personne n’insiste sur le moment.
• Sur le moment, oui, mais une fois que leur mère rappelle pour leur assurer que Donna va s’en sortir, ce n’est plus tout à fait la même histoire.
• Laurie n’aime pas qu’on lui cache des choses. Ses cousins restent un moment, il se rend bien compte que ce qui est arrivé est grave, il est pas con. Vu que ça passe par-dessus la tête de son aîné qui préfère courir dans les escaliers en poussant des cris de dinosaure avec les jumeaux, c’est lui qui harcèle ses parents, et lui que Kacey finit par asseoir sur une chaise pour lui expliquer lorsque les questions se font trop pressantes.
• Elle est triste, tu sais. Elle est fatiguée. Elle est…
• Pas bien difficile de voir que Kacey elle-même ne comprend pas bien. Qu’elle a peur. Qu’elle en perd le sommeil.
• Pour Laurie, ça n’a pas l’air si compliqué. Elle a besoin d’aide, d’accord.
• Laurie qui commence donc à slider devant la porte de sa tante tous les quatre matins au lieu d’aller en cours. Salut, ça va ? Eh, on a fait du gâteau, vous en voulez ? Tu veux que j’emmène les garçons à l’école ? Il pose des sacs de courses dans l’entrée de la part d’Aaron, embrasse sa tante, l’assoit sur le canapé, remplit le frigo. Entasse les jumeaux sur leurs cousins – de toute façon Amy et Davin se roulent par terre en les réclamant au bout de deux jours de sevrage alors-
• Bon, vu que dès qu’il fout un pied dans l’appartement il a Malik accroché à la taille et Selim à la jambe ça lui fait son sport de la journée au passage.
• Il s’étale devant la tv avec les gosses et raccompagne Malicia à l’étage si tout le monde s’est endormi en tas quinze couettes avant que Keandra ne soit descendue.
• Ses cousins sont des boules d’amour collantes comme de la glue malgré tout ce qui se passe et c’est impressionnant. Un jour Law a la révélation du siècle en zappant sur un documentaire sur les koalas alors que les deux lui sont entassés dessus. Il les fixe et fixe l’écran. Pareil. Les mêmes.
• Il fait donc remarquer à sa tante qu’elle a des gènes de marsupial en lui reposant ses deux joeys dessus. Il aime la faire rire.
• Elle est beaucoup plus jolie comme ça.
• La semaine d’après y a des peluches koala dans le sac de courses. Donna a un côté battant qui le touche, à cet âge. Sa mère à lui n’est pas comme ça. Elle mérite mieux que de devoir toujours se débrouiller toute seule.

• Ouais mais la vie est pas toujours juste, Lawrence. 


1983-1985


• Quelque part par-là, Aaron décide d’aller chercher son gamin et le traîner avec lui jusqu’au garage d’un ami, où il garde sa moto, pour lui apprendre deux-trois trucs techniques. Law a treize ans, et est devenu expert dans l’art de planter les talons dans le bitume dès qu’un adulte lui dit quoi que ce soit, mais Aaron finit par le persuader. Il a pourtant toujours été plus proche de Qasim, question d’accessibilité.
• Law admire son père, et lui en veut à la fois. Il se laisse difficilement convaincre. Il est peut-être un peu jaloux de son frère, quelque part, mais pas prêt à faire des concessions pour autant.
• Ni à cet âge-là, ni plus tard, il ne fera vraiment d’efforts pour comprendre ses parents. Il développe une certaine méfiance, une certaine distance envers eux au fil du temps. Enfouit l’amour, enfouit l’admiration et le besoin qu’il a d’eux. Il ne veut pas être déçu.
• Mais pendant quelque temps, Aaron est là, et passe un peu de temps avec lui. Leurs grands-parents maternels s’occupent de Donna et des cousins. Les choses se calment un peu.

• Il y a donc largement le temps de s’inquiéter pour le reste. Et Laurie, s’inquiéter pour tout et n’importe quoi, ça a toujours été sa spécialité.
• Sa tension commence réellement à faire des sinusoïdes lorsque Malik se découvre une passion pour les tartes et passe sa vie chez eux pour faire la cuisine. Laurie s’étouffe parfois parce que WtF t’As HuiT aNs tu touches pas au four WOW. Il retire ses doigts des trucs dangereux et le ceinture en surveillant le temps de cuisson. Vigilance constante.
• Bon y a toujours les jumeaux qui font des saltos par-dessus le canapé derrière eux donc c’est pas toujours gagné. Et Qasim qui fait des bruits de ptérodactyle en glissant sur les rampes.
• En plus, rapidement, Maloo ramasse dans son panier à animaux hyperactifs la petite voisine pakistanaise du dessus – celle dont les parents hurlent si fort un jour sur trois qu’on les entend du bas de la cage d’escalier – en plus de sa demi-sœur et de son meilleur ami.
• Law râle, ou pas, ça dépend des jours. Tout le monde a déjà commencé à s’y habituer.
• Il vaut mieux parce que ça ne va pas en s’arrangeant. En plus de la quasi-totalité des affaires relatives à la maison, c’est lui et Qasim qui se chargent des courses, maintenant. Leurs parents, à force de se rejeter la corvée pendant des années, puis d’oublier, se sont habitués à les laisser faire.
• En conséquence de quoi leur appart devient également un véritable squat à demi-portions dès que Law a le dos tourné.
• Malik en profite pour intensifier son invasion de la cuisine. Les jumeaux câlinent Selim en ronronnant. Amy ramène les voisines qui sont devenues ses meilleures copines. Nabila se vautre sur le canapé avec Malicia, et Davin se planque dans une chambre avec un bouquin quand ça devient trop bruyant. Ça piaille, ça crie, ça fout des miettes partout, ça martyrise la console, et ça s’éparpille avec des cris de rongeurs paniqués dès que Lawrence se retourne en criant et en balançant des coussins.
• Le frère de Nabila mange des céréales dans un coin et Qasim met littéralement des mois à comprendre qui c’est.
• Law est content quand il débarque dans le salon et qu’il n’y a que Daniel à jouer gentiment à l’Atari – Malik se retrouvant instantanément vissé à sa hanche à lui. On dirait que tous les gosses paumés du quartier se sont passé l’adresse, limite. (c’est la faute de Malik, il le sait)
• Enfin bon, en même temps. Lawrence râle déjà beaucoup, mais quand il croise Nabila esseulée dans un coin, il la kidnappe parce qu’il y a des pâtes bolognaise à la maison.
• Elle et Malicia se retrouvent aussi entassées dans son caddie à une vitesse. Le supermarché c’est la foire, hein. Elles mettent des boîtes de céréales roses dans son caddie, il les retire, il se retourne et elles ont réapparu avec des tas de guimauve multicolore.
• Young ladies will you STOP.
• Evidemment, Qasim les adore et fait l’imbécile en empilant encore plus de machins sucrés dans le caddie – you motherfucker are a LADY TOO. GET LOS-

• En parlant de courses, tout cela est loin de l’empêcher de déposer des choses à Donna, quand il passe.
• Il a toujours été très évident que Lawrence adorait ses deux cousins, mais ça devient de plus en plus flagrant au fil des années. En particulier Malik, puisqu’il passe son temps à s’arrêter dans ce qu’il fait pour le câliner parce qu’iL L’aIMe IL EST PARFAIT OK.
• Le reste du temps il grogne (puisque c’est devenu son mode de base) mais personne n’est dupe. Il le pose sur le côté quand il a besoin de toutes ses mains et toutes ses jambes pour faire un truc.
• Un jour il doit quand même s’accroupir et attraper son cousin par les épaules pour lui réexpliquer, sérieusement cette fois, qu’il ne peut pas continuer à dire qu’il veut l’épouser tout le temps. Oui il l’aime, mais ça ne se dit pas. Ça ne se fait pas. En famille, entre garçons, etc. Et puis il est trop jeune.
• Et Laurie, loin d’être naïf, ne précise pas qu’il ne veut également pas le voir prendre ce genre d’habitude par crainte pour sa sécurité.
• Malik est buté, hein. Law finit par laisser couler. Alright joey. Dis juste rien. Ça suffira. Ça finira par lui passer.
• Lawrence Hashem, curieusement pas dérangé personnellement par la très haram question de l’homosexualité à 14 ans, c’est louche ça mon garçon.
• #lunettesnoires Lawrence.

• C’est vers cette période-là aussi qu’un jour, les gamins Hashem se retournent et leurs parents ne sont plus là. Laurie qui demande à Qasim depuis combien de temps il a pas vu leur père, Qas qui ne sait pas lui répondre, qui croyait que maman était passée y a trois jours – mais non.
• Davin joue au basket dans la rue avec ses copains, Amy et les petites voisines n’en savent pas plus.
• Kacey manque aux jumeaux, et même Aaron, même s’ils le mentionnent moins. Law a bien noté qu’ils passent plus de temps ailleurs, avec leurs amis, une fois l’école terminée. Il grince des dents et les cajole plus fort.
• Et ni lui ni son frère ne vont chercher leurs parents parce que à quoi bon – et ils ont autre chose à foutre.
• Enfin l’« autre chose à foutre » de Qas c’est faire de la mobylette devant les minettes du quartier avec la sono à fond mais ça.
• Où il a trouvé cette mob cet abruti d’ailleurs. Il travaille à peine. Un jour Lawrence attrape son frère pour lui foutre le nez dans les finances et lui demander d’allonger la thune s’il en gagne parce que lui il peut pas encore bosser à plein temps.
• Mais il a une confiance très relative en Qasim, et très vite il sèche les cours et file chez les connaissances et la famille de ses amis, en particulier ceux qui possèdent un commerce, pour leur donner des coups de main sur à peu près tout et n’importe quoi – moyennant argent de poche, et quitte à mentir sur son âge au besoin.
• Eh, l’argent ça tombe pas du ciel, hein. Que son prof de maths gère ses histoires de kilos de pastèques et de baignoires qui fuient tout seul.
• Mais entre les heures de cours auxquelles il essaie d’aller quand même, l’appart’, les comptes, la famille, les mômes d’à-côté, les potes, les courses, l’école des jumeaux à gérer et le temps qu’il passe à se demander où est Qasim au nom d’Allah, au final, Law court absolument partout h24.
• Il se fout une pression de MALADE pour compenser et être sûr que tout roule. Il est surmené et sur les nerfs en permanence mais c’est bon ça roule il peut le faire pas de problème.
• Il gère.

• Et ça rate pas, un jour Qasim rentre à une heure indécente en faisant des bonds de kangourou et trouve son frère en PLS contre le canapé avec 40 de fièvre.
• Laurie wtf.

• Le saut forcé et brutal qu’il fait conséquemment dans l’inactivité n’arrange rien et comme en plus il est têtu comme une mule son frère doit le balancer sur son épaule pour le traîner chez un médecin.
• Après ça on a droit à deux semaines glorieuses durant lesquelles Qasim se montre utile pour une fois dans sa vie – inch’allah.
• Enfin à peu près.
• Pour être précis, quelques jours d’intense galère vu qu’il connaît pas les plannings et les listes de choses à faire ou à acheter, vite remplacée par une semaine de joyeuse improvisation. Tout en jetant toujours des paquets de semoule à la tête de Lawrence à chaque fois qu’il se lève pour essayer de rattraper le coup – non Lawrence Hashem tu BOUGES PAS.
• Où Law apprend qu’entendre son frère dire « t’inquiète je gère » lui donne sérieusement de l’anxiété et pas pour rien.
• Où ils frôlent le suicide spontané du four et de la machine à laver une ou deux fois.
• Où le système immunitaire de Law – solide s’il en est – finit par contribuer à l’effort de guerre lorsqu’il lui fout une claque pour le remettre d’aplomb, parce qu’il en peut plus de regarder Qasim galérer.
• Après ça, il s’efforcera d’apprendre à gérer son temps plus efficacement pour éviter les burn-out.
• A lâcher du lest sur certains détails aussi.
• Genre confier plus souvent les gosses à la voisine. Recommencer à traîner avec ses potes – les gamins savent qu’il est pas loin, ils peuvent aller le chercher dans la rue au besoin, c’est bon.
• Avec Naaji, ils chopent une guitare dans un magasin de musique en banqueroute et se la partagent une semaine sur deux. Enfin un truc qui plaît aux gosses, tiens, il retient la combine.
• Il devient plus laxiste sur les repas aussi. Genre quand il a 15 ans et Nabs dans son caddie au supermarché, qu'elle frôle l’apoplexie devant le paquet de saucisses qu’il a à la main en criant « MAIS C'EST DU PORC C'EST PAS HALAL » et qu'il répond « FUCK ALLAH J'AI LA FLEMME DE CUISINER CE SOIR ».
• Laurie n’a aucun respect pour Allah et son père aurait honte de lui.
• Mais ça, il s’en fout, et Nabila, il la balance dans la rue à bord de son caddie.
• (ils piquent donc des caddies et se font engueuler)
• (il part offrir des fleurs au caissier et/ou au vigile pour se faire pardonner) (non) (mais il pourrait)
• Oui parce que quelque part en été 85, Law se rend compte que les garçons, c’est cool. Voire un peu plus que cool.
• Pas qu’il se soit posé la question avant, pour être honnête. Il avait pas le temps comme on l’a vu, toujours autre chose à faire que laisser traîner ses yeux. Un tas de problèmes à gérer constamment. Ses amis pouvaient se rouler des pelles derrière l’établissement à leur guise, lui avait mieux à faire et aucun mal à les ignorer.
• Lorsque cela devient justement très difficile à ignorer, au point de lui foirer son emploi du temps, le jeune homme s’accorde donc une petite journée de crise existentielle avant de partir très professionnellement faire une descente dans le premier repaire gay du coin, et emballer le premier garçon mignon et à l’air inoffensif qui se présente. Ain’t nobody got time for that shit.
• Après, ça va mieux.


1986


• Donc après ça, Laurie se retrouve à devoir gérer le dating game en plus du reste, mais curieusement il y arrive plutôt bien. Il est entraîné, maintenant. Même avec Qasim de plus en plus souvent aux abonnés absents.
• Régulièrement, il doit aller s’essuyer les pieds sur la porte de Samuel Parks pour rappeler à sa mère qu’elle a quand même quatre enfants à charge théoriquement, et que l’argent ça tombe toujours pas du ciel.
• Kacey allonge sans problème, elle passe régulièrement en coup de vent, il la croise en général en ramenant les jumeaux de l’école. Aaron, lui, est plutôt du genre à débarquer une fois tous les 36 du mois en faisant comme s’il s’occupait de tout. Law les ignore.
• Peu importe.
• Il rencontre deux-trois garçons, rapidement, sans les ramener ou que ça mène quelque part. Par contre, un jour où il fait une virée avec un certain Owen Jakeman – mignon, mais qu’il ne connaît pas encore plus que ça – Law a besoin de passer par l’appart et – sans surprise – les gosses sont là.
• Owen qui n’est apparemment pas fan des enfants. Nabila fait sa Nabila depuis le canapé, Malik fait son koala collant. Il apprécie pas. Son attitude fait un 180 degrés prodigieux.
• Et au premier geste un peu brutal, Lawrence cherche même pas à savoir. Le mec comprend probablement pas ce qui lui arrive tellement il se fait éjecter de l’appart à la vitesse du son.
• La porte claque sur un départ de feu en arabe, ils s’engueulent proprement en descendant l’escalier et Qasim, qui entrait fort opportunément dans l’immeuble, a l’occasion de voir le type en dévaler le dernier pan. Lorsqu’il demande s’il doit en faire quelque chose, Laurie lui répond de le laisser là – ou plutôt dehors, à l’intérieur c’est crade.

• C’est que Lawrence est passé en mode « tolérance zéro ».
• Il avait 9 ans, lorsqu’Emilio a frappé à la porte. Mais maintenant il en a 15, et pas l’intention de rester les mains dans les poches. Et les crises d’allergie de son cousin à toute forme de rudoiement physique n’ont pas aidé à calmer son zèle naturel.
• Pour Law, dès qu’il est dans les parages, les gamins sont censés se trouver dans un périmètre de sécurité sous sa responsabilité. Et si tu rentres dans ledit périmètre en étant violent, sous influence, ou porteur d’un quelconque risque, Laurie te passe par-dessus la rambarde.
• Métaphoriquement ou pas.
• Tu t’approches pas de sa fratrie. Tu t’approches pas de Malik ou Selim. Ou de Nabila. Ou de Malicia. Tu les regardes même pas.
• Malik le pavlov suffisamment pour qu’il apprenne à rester calme, mais ça ne l’empêche pas de bouillir intérieurement.
• Il frotte ses crampons sur les meubles en grognant. Il est pas violent il intimide, nuance. Il pose les limites. On peut pas toujours s’en sortir avec un gentil sourire dans la vie, et ça l’inquiète que ses cousins ou les jumeaux puissent le penser. Il préfèrerait qu’ils soient capables de se défendre au besoin.
• Il devrait pouvoir apprécier la chance qu’il a que Davin, Amy et les Sessoms soient un tas de chatons et pas une bande de Qasim et Raheem en puissance mais eh.
• Il est inquiet.
• Et son frère et son cousin n’y sont pas étrangers, justement. Laurie commence à comprendre, à force de disputes entre Naaji et Raheem, dans quoi traînent de plus en plus leurs deux aînés et ça ne lui plaît pas du tout.
• Mais allez essayer de raisonner avec Qasim.
• Du coup Law rejoint Naaji dans le sport consistant à marcher sur les pieds de leurs frères pour qu’ils ne viennent pas essuyer leurs bottes sales à la maison. A défaut de pouvoir les empêcher d’aller mettre leur nez dans les combines louches du coin – casses, stups, recel, peu importe, Laurie ne veut vraiment pas savoir – qu’au moins ça ne retombe sur personne.
• Il commence à slalomer au quotidien dans le tas de trucs louches qui s’amoncelle pour en préserver les autres au maximum. Que les plus jeunes n’en entendent limite jamais parler.
• Il ne veut pas de risques sous son toit, et minimiser ceux qui peuvent leur retomber dessus dehors.
• Law n’a d’ailleurs précisé à personne non plus qu’il était orienté garçons, à part son meilleur ami. Il reste discret. Il est pas fou et il se méfie de tout et tout le monde.
• De son côté, Malicia n’a pas choisi la bonne période pour faire sa crise, et depuis l’hôpital et les histoires qu’il a entendu sur elle, Laurie commence à hésiter à la catégoriser du côté « embrouilles » de la force. Il retient les mutilations pour rien. Le psy et l’argent balancé par les fenêtres. Les problèmes injustifiés, ça le fait grogner, il aime pas ça.
• Malik lui feule dessus quand il lève les yeux au ciel ou continue de l’appeler Malicia, ce qui le fait rouler des yeux encore plus, et il finit donc par tout simplement ignorer le sujet pour éviter les conflits.
• Tout ce qu’il en retient, c’est que la fille est instable. Il s’en méfie. Vire plus distant.
• Ça reste la sœur des Sessoms donc il tolère sa présence malgré tout, mais-
• L’optimisme de son cousin le hérisse tout en le réconfortant à moitié. Il s’inquiète deux fois plus et essaie de protéger tout le monde, en préférant mentir par omission ou leur cacher des choses plutôt que se prendre la tête sur des détails.
• Le fait qu’il ait rencontré Cruz cette année-là n’aide pas les choses.

• Ça commence avec Naaji qui essaie de lui apprendre à se défendre au parkour depuis des années.
• Désespère et s’obstine tour à tour parce que « damn frangin tu galères hein ». Ça progresse pas vite, tout ça. Laurie grogne, grimpe sur ses murs, saute par-dessus ses escaliers de secours et lui fait manger ses saltos de singe frimeur. Au bout d’un moment, ça devient surtout histoire d’explorer un peu partout avec lui plutôt que de faire démonstration de ses grosses compétences.
• Et donc un jour ils se font une descente d’escalier de l’enfer à deux sur un vélo dans un coin un peu paumé du quartier parce que why not, you only live once – et fatalement se pètent magistralement la gueule.
• C’est là que Cruz débarque pour leur aboyer dessus. Ils sont en tas l’un sur l’autre en bas des marches ces abrutis et qu’est-ce qu’ils foutent dans son district hein puta madre – meilleure première impression du monde, absolument.
• Ah ils vivent dans le coin.
• Ah c’est la famille à Raheem ‘sta bien merci Sheryl.
• Nah, pas de problème les mecs.
• Il avait pas reconnu, les deux autres crétins ont pas le style Bob Marley eux hein, comment il pouvait savoir. Pourraient pas tous avoir la même tête, histoire de ?
• Et donc ils font la connaissance de cette espèce de latino nerveux et fanfaron et de sa meilleure amie taciturne, Sheryl. Sheryl leur dit quelque chose – on la voit souvent traîner au coin des rues, et pas pour faire le tapin vu sa dégaine – mais le mec, c’est une autre histoire. Pas leur cercle, clairement.
• Ils sont sympa, ceci dit. Kind of. Leurs potes aussi. Au premier abord.

• Cruz c’est totalement l’archétype du « FONCE D’ABORD RÉFLÉCHIS eNSUIte »
• Cruz c’est aussi les cartons remplis de sacs plastiques non identifiables et les sacs de sport alourdis d’on ne sait quoi transportés d’un coin à un autre du quartier à des heures païennes. Les sauts de diable hors des coins où on ne l’attend pas, quand on ne l’attend pas, et « Oye ¿Qué onda carnal? » comme si de rien n’était.
• Cruz c’est enfin un mec marrant et particulièrement sexy, et Law a un weak spot très peu assumé pour les bad boys.
• Alors ils deviennent amis. Traînent un peu ensemble, entre autres à l’atelier que le latino et Sheryl squattent pour faire leurs trucs louches tranquillement et où ils entreposent leur bazar. C’est cosy, kinda. Cruz lui file les adresses de pas mal de gens qu’il ne connaît pas – des commerces légaux – et qui cherchent à embaucher.
• C’est qu’à 16 ans, Lawrence débarque chez Parks pour écraser un formulaire d’autorisation parentale sur le visage de sa mère, parce qu’il a la ferme intention d’arrêter le lycée pas plus tard qu’à l’instant même.
• Kacey glapit par principe, lui sert tout un discours sur l’importance des études qu’il écoute – entend, pas écoute – sans desserrer les dents, et elle finit par lui signer son papier à grands coups de soupirs de désespoir.
• Et il file trouver un vrai job dans la semaine, enfin. Ça lui donne la sensation de pouvoir faire tourner les choses correctement.
• Ce qui n’est pas non plus totalement faux.

• EN TOUT CAS en tout cas, maintenant il a de l’argent en rab et ça c’est le top.
• Il met de côté ET balance des cadeaux dans la tête de tout le monde parce qu’il peut.
• Ça arrive pas trop tard pour calmer un peu les jumeaux qui viennent d’avoir dix ans et sont littéralement intenables. Crise d’ado en avance, peut-être, allez savoir – en tout cas ils griffent les murs et contredisent absolument tout en permanence juste pour le plaisir de.
• Non les enfants on aura pas de chat.
• Amy, va rendre ce perroquet au voisin du dessous.

• Law pousse son petit frère sur tout objet possédant des roues pour l’encourager à aller lui foutre la paix et faire son casse-cou avec ses amis dehors plutôt que d’essayer de démonter tous les meubles du salon.
• (Pour ensuite angoisser à l’idée qu’il se casse un bras as Allah intended.)
• La cuisine est toujours squattée par Maloo passion tartes, et parfois Laurie l’attrape pour grogner pendant des heures dans son sweat trop grand.
• Mais malgré tout cela, ils arrivent encore à s’entasser à quinze dans l’appart régulièrement sans catastrophe nucléaire, ce qui est plutôt agréable. Il joue un peu de guitare les samedis soir quand tout le monde est étalé dans les coussins au milieu du salon.
• Ou Naaji prend la guitare et lui fait danser Maloo.
• Mine de rien, Law s’arrange pour avoir très régulièrement ses cousins sous les yeux. Les inviter. Aller les voir. Faire des choses ensemble.
• Et il faut bien, parce que parfois il a l’impression que sa tante lâche un peu la rampe. Malik est discret sur le sujet, mais ça n’empêche pas son aîné de s’inquiéter.
• Ce qui vaut à Selim trois gâteaux d’anniversaire au lieu d’un seul, en 1986. Et un Monster Truck télécommandé insupportable qui fait plein de bruit et de lumière en roulant sur les gens et en rentrant dans les murs. Peace.


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Lawrence Hashem

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1987


• A partir de sa rencontre avec Cruz et l’arrêt de ses études, Lawrence se pose moins souvent à la maison. Sorti dès qu’il a un moment de libre ou que la voisine garde les jumeaux.
• Avec Naaji, puis seul, lorsque celui-ci commence à se distancer un peu de Cruz et Sheryl. Parce qu’il se méfie d’eux et de leurs fréquentations – ils traînent avec Raheem, donc forcément le petit frère a des choses à dire sur la question.
• Ce que Law comprend à 100%. Il s’y attendait. Cruz Álvarez n’est pas du tout le type que son code moral l’autorise à fréquenter ou même apprécier. C’est la rambarde, qu’il aurait dû rencontrer, le gars, pas les bières offertes et les roues arrière à vélo, mais-
• Mais.
• Il est amoureux, voilà. Ça lui est tombé dessus un beau matin et ça part pas. C’est débile mais c’est comme ça.
• Chose qu’il va élégamment faire comprendre à Cruz en envahissant son établi un jour qu’ils sont seuls en lui demandant si sa grosse cylindrée aurait pas besoin d’une petite vidange.
• (Bon non. Pas exactement.)
• Mais ça fait des semaines et des semaines qu’il le fixe en tournant sur sa chaise, fait attention à tous les détails possibles et lui envoie des signaux plus ou moins discrets en rongeant son frein et en se demandant si ça passe.
• Et donc au bout d’un moment où il est plus ou moins sûr que ça peut passer, faire du rentre-dedans à son espace vital pendant qu’il travaille lui semble la meilleure tactique possible. T’es trop sérieux, hein. Hein.
• Et en effet ça passe. Ça passe même plutôt pas mal d’ailleurs.
• Fucking Cruz qui l’a laissé galérer parce que « c’était mignon », ce sale bâtard allez.

• Sortir avec Cruz ne contribue évidemment pas à redresser le type de fréquentations de Law à cette époque.
• Même s’il refuse tout net de coller les pieds dans des combines ouvertement illégales. Ne va pas traîner avec eux lorsqu’ils sont occupés avec leur barda. Aussi souvent que Cruz le tire par le bras.
• Et lorsqu’il accepte de bricoler les bécanes de Raheem, sorties d’on ne sait où et disparaissant aussi vite, pour arrondir les fins de mois, il ne pose pas de questions et ne s’attarde pas. Il accepte une fois d’en déplacer deux d’un spot à un autre, mais pas plus.
• Fréquenter du voyou ok, finir en taule, non merci. Et puis il a déjà suffisamment à faire à récupérer Qasim au poste tous les quatre matins.
• Pas la peine d’espérer la moindre aide parentale sur ce coup-là. Aaron est porté disparu. Law entend parfois des nouvelles lorsqu’il va prendre un café chez sa grand-mère maternelle, mais rien de très précis.
• Le problème c’est qu’il fume aussi des trucs pas très halals, le frangin. Law s’est déjà disputé avec lui plusieurs fois, depuis qu’il l’a appris, mais rien n’y fait. Et Qasim est de moins en moins là, toujours fourré ailleurs avec Raheem, chez des copines, chez des copains.
• Law n’aime pas ça. Ça le blesse, ça l’inquiète, et il n’a aucune prise sur son frère.
• Ça le rend encore plus intransigeant envers ses cadets à la maison.
• Il décompresse en allant râler à l’atelier. Ça fait marrer Cruz, qui lui jette ses clés de moto à la tête en lui ordonnant d’aller faire un tour, et qui parfois va même jusqu’à vérifier où traîne Qas et avec qui.
• Cruz est pas méchant, dans le fond. Si Law n’envisage pas de le ramener chez lui, c’est pour un tas d’autres raisons.
• D’abord à cause du speed et du « nan mais c’est pour me booster t’inquiète » qui lui donne remarquablement envie de lui écraser ses crampons dans la figure même si ça changerait rien.
• Ensuite, parce que Cruz est un nid à problèmes au sens le plus strict du terme – très doué pour se foutre dans les emmerdes, le mec.
• Orienté famille, orienté business, facile à provoquer, et clairement pas fréquentable. Il a la mauvaise habitude de porter sur les nerfs de tout un tas de gens.
• Son ex continue de lui envoyer des paquets cadeau de menaces par voie postale, aussi.
• Sans compter que Cruz est du genre à n’en faire qu’à sa tête et à n’écouter rigoureusement personne. Souvent Laurie se dit que ça ne passera pas à tous les coups et que Naaji a raison de se méfier.
• Mais il l’aime, ce crétin, qu’est-ce qu’il peut y faire.

• Alors il se fait embarquer, malgré toutes ses bonnes résolutions, faut pas se mentir. Cruz est comme lui, à connaître tout le monde, à tout le temps filer des coups de main à droite à gauche.
• Les années que Law passe avec Cruz sont assez chargées en péripéties, mais ils réussissent néanmoins à ne semer personne six pieds sous terre, ce qui n’est pas rien.
• Pas toujours, loin, cela dit.
• Comme le jour où tout le monde se hurle dessus dans l’arrière-cour parce qu’un des mecs est en train de faire un sérieux bad trip et que la majorité des autres refuse de l’emmener à l’hosto.
• Sur le coup on arrive à lui éviter de s’étouffer dans son vomi, ce qui est déjà pas simple avec les énervés pas toujours clean derrière, mais ça empêche pas le type de claquer du contrecoup le lendemain.
• Law a un souvenir très précis de Cruz qui gueule en espagnol sur les putains de connards qui ont pas la décence de claquer sur leur canapé à domicile comme tout le monde au lieu de venir faire chier.
Ça, ça refroidit.


1988


• Lawrence a à peine 18 ans lorsqu’un soir, on vient frapper à la porte, des coups rudes et insistants. On aime pas ce genre de bruit, dans le coin, et les jumeaux, Selim et Malik sont entassés dans le salon. Laurie hésite même à ouvrir tout court, mais finit par décrocher son cousin de sa taille pour déverrouiller la porte. Et tomber sur Aaron Hashem.
• Sorti d’on-ne-sait-où, pour des motifs obscurs, à une heure impossible. L’équilibre précaire et des justifications creuses plein la bouche. Récupérer des affaires, marmonne-t-il, quand il arrive à lier les mots entre eux.
• Qasim n’est pas là pour faire le tampon entre Law et son père que, bras croisés, il n’autorisera pas à mettre un pied dans l’appartement.
• Ils font la même taille, maintenant.
• Aaron est blessé, ça se voit, mais la culpabilité l’a toujours empêché de réagir comme il faut. Law envoie Davin chercher ses affaires sans bouger de l’encadrure.
• T’as bu. Tu rentres pas. C’est tout.
• T’es pas chez toi, ici.

• Et il le pense.

• Law a par ailleurs d’autres soucis que son fantôme de père, notamment un Cruz et un Raheem à empêcher de se faire tuer. Et c’est pas facile.
• Son mec et son cousin, sans mentionner Qasim, sont encore dans la partie basse du panier. Y a facilement mieux, mais y a aussi bien plus dangereux au-dessus d’eux.
• Tout un tas de bâtards dont on entend parler sans les voir, et dont Lawrence n’a vraiment pas envie de connaître les noms. Il s’en passe très bien, merci. Ça ne manque pas à sa vie.
• Parmi eux, il y a Heath Macías. Heath est, de réputation, un gros morceau pas marrant. Et Law n’aurait probablement jamais entendu parler de lui si l’ex agressif de Cruz ne s’appelait pas Owen Macías et n’était pas son frère cadet.
• Les emmerdes se pointent le jour où il tombe sur Raheem et Cruz en train de planifier un coup pour piquer un stock aux frères Macías, parce que Cruz en a marre de la rancune de son ex et que tous les deux en ont aussi leur claque de se faire marcher dessus. C’est que leur ego racle pas le fond du caniveau non plus.
• Et ces deux cons sont très fiers d’eux, ce qui donne à Laurie l’envie irrépressible de les étrangler.
• Il prend Cruz à partie dès que Raheem a vidé les lieux pour essayer de lui mettre trois grammes de plomb dans la tête. Entre autres parce que se faire descendre juste pour faire chier son ex, sérieusement il a pas trouvé plus attardé comme plan de fin de vie ?
• Ça fait marrer Cruz. Cruz n’arrête jamais de fanfaronner.
• Quoi, t’es jaloux ?
• C’est absolument pas la question et putain ce qu’il l’énerve.
• Me prends pas pour un con, Álvarez.
• Il le sent pas. Du tout. C’est jouer avec le feu juste pour le plaisir de crâner, il va se faire tuer et ça-
• Impossible de raisonner avec ces deux têtes brûlées, tu parles. Lorsqu’il s’en rend compte, Law tape dans les murs pendant une semaine avant de finir par décider de les accompagner.
• Il déteste ça. Vraiment. Il y va pire qu’à reculons. Mais il ne veut pas laisser Cruz seul ; s’il arrivait quelque chose au latino, il se le pardonnerait pas.
• Et contre tout attente, sur le coup, il n’arrive rien. Lawrence frôle un bon milliard de fois la crise cardiaque en faisant le guet pendant que les deux cons embarquent leur bazar, et il en a les mains qui tremblent pendant une semaine, mais ils s’en sortent suspicieusement bien – ils vident les lieux très vite, et Law rentre chez lui avec l’angoisse à la gorge mais du soulagement dans l’estomac.
• Sur le coup.

• Parce que dans la nuit du lendemain, Cruz quitte la ville (et probablement la Virginie) en catastrophe, sans un mot à qui que ce soit. Juste avant qu’Owen et toute la clique ne lui tombent dessus chez lui pour le dézinguer.
• Lorsque Law l’apprend, au premières lueurs du jour, le latino est déjà loin.
• Personne ne sait vraiment comment leur boss l’a su. Une histoire de moyens d’accès individuels ou d’un truc qu’il aurait perdu ou whatever. Les rumeurs vont bon train. Ce qui est sûr, c’est que Raheem et Law n’ont pas été grillés – après une bonne semaine passée à tourner en rond en envisageant de se barrer à son tour, le cousin Hashem en est certain.
• Pour sa part, la première angoisse passée, Lawrence est beaucoup trop occupé avec son cœur en miettes pour faire le décompte. Il s’en fout, de pourquoi le mec s’est fait gauler.
• Il s’en balance, de la raison pour laquelle il a dû se casser. Il s’est barré et c’est tout.
• En lui laissant sa bécane sur le parking en bas de l’immeuble, avec un mot doux à la Cruz Álvarez coincé sous la selle.
• Ce fils de pute. CE FILS DE PUTE.
• Il le HAIT. Il veut le tuer. Il va le tuer.
• Ah oui, ça fait mal, hein.
• Difficile pour le quartier d’ignorer que Law a la rancune sévère lorsqu’il passe les semaines suivantes à hurler sur les potes de Cruz dans toutes les langues. Tempêter à l’extérieur pour ne pas inquiéter les jumeaux ne compense pas son humeur massacrante à la maison, et l’excuse trouvée par Qasim (une histoire d’argent) ne marche pas avec tout le monde.
• Il va se battre avec Sheryl pour savoir où est parti Cruz (ça ne marche pas), s’engueule avec Raheem, tape dans la moto, et ensuite il s’enferme et pleure et ça va pas mieux.
• Ce qu’il peut le détester, ce salopard.

• Mais au final, la meilleure arme de Lawrence reste le quotidien. Les jumeaux dont il faut s’occuper tout le temps. Malik accroché à lui avec sa tête de koala inquiet, Selim et Nabila dans ses pattes à le regarder bizarrement.
• Amy est accrochée à sa taille en permanence et Davin manque de faire cramer la cuisine en voulant faire un gâteau, alors il arrête vite de faire la tête. D’autant que ça va vraiment mieux, grâce à tout ce tas de petits monstres.
• Fuck you, Álvarez.
• Il a plus important à faire.

• Et plus important, c’est malheureusement pas toujours une bonne chose. En fin d’année, Donna essaie de se tuer pour la seconde fois.
• Même s’il n’en touche pas un mot, Lawrence s’en veut. Ça lui fait un choc ; il ne s’y attendait pas. Il était moins présent, ces derniers temps.
• Sa tante s’en sort, mais ça a un goût angoissant de partie remise.
• Kacey pleure dans la salle d’attente de l’hôpital. Law a l’estomac noué de la voir serrer Davin dans ses bras en travers des sièges en plastique. Amy fume dehors en refusant son affection, jusqu’à ce que son aîné descende écraser son mégot.
• Aaron n’est pas là. Qasim non plus.
• Malgré la présence de leur oncle et des grands-parents, les couloirs de l’hôpital paraissent terriblement froids. Il serre ses cousins contre lui à la première occasion, les ramène à la maison, laisse encore John et Ruth s’occuper de leur fille.
• Malik a compris, il le sait. Mais c’est difficile de tirer quelque chose de lui, alors Law s’inquiète et ronge son frein en silence.


1989


• La meilleure technique que connaît Law pour gérer la culpabilité et les échecs à la pelle, c’est de mettre les bouchées doubles.
• Avoir à nouveau plus de temps pour Naaji lui fait du bien. Comparé à l'activité permanente et effrénée des dernières années, on dirait presque des vacances, en vrai.
• Mais on se sent un peu seul, parfois.
• Et donc. C'est comme ça qu'il rencontre Abe.
• Dans une boîte gay du coin où il passe de temps en temps. Rarement.
• Le type fait son malin au coin du bar. Pas tape-à-l'œil. Savamment décoiffé. Grands yeux noirs à tomber par terre et sourire en coin qui va bien avec.
• Typical fuckboy, alright.
• Il demande pas spécialement plus anyway.
• Pas sûr de qui a repéré l'autre en premier, mais après un petit moment à jouer à qui fera l'œillade la moins discrète sur une échelle de 1 à 10 (Abe en est à un bon 9), Law lui envoie glisser un verre jusqu'à sa moitié du bar.
• Il s'avère qu'Absalom est amateur de rhum. Quelle coïncidence.
C'est ça. Beau parleur, va.
• Pas amateur que de rhum, le latino, ça il s’en rend compte très vite. Dans le fond de la boîte, et puis contre le cuir de sa bagnole.
• Plus que la belle (et grande) gueule d’Abe et ses clins d’œil tout droit tirés du cinquième mantra du vice, c’est le fait qu’il vive seul qui fait que Law accepte sans trop de difficultés de le revoir.
• Parce que non, il est toujours pas à l’aise avec l’idée de ramener quelqu’un chez lui. Donc sortir avec Abe de temps en temps et squatter son appart, c’est un peu le plan. Eventuellement. Si l’envie lui prend.
• Sauuuuf que ça ne se passe pas exactement comme prévu.

• Déjà parce que dès la première fois ils s’amusent trop et rentrent tous les deux totalement torchés, ce qui rend Abe totalement incapable de se rappeler où il habite.
• Le gars est mais INUTILE.
• GOD.

• Du coup Law le fout sous une couverture sur le canapé du salon en râlant comme il sait si bien le faire et part se manger sa propre porte de chambre dans le noir.
• Le lendemain matin, gueule de bois à l’appui, il le retrouve en train de prendre joyeusement le petit-déj avec les jumeaux. Niveau plan foiré on fait pas mieux. Abe traîne, reste manger, et Law finit par partir bosser en traînant ce sale boute-en-train de service par le bras. Affaire close.
• Pense-t-il.
• Le surlendemain, il met un temps à réagir au fait que le mec qui vient de passer dans le salon dans son dos alors qu’il est en pleine vaisselle est nettement plus grand que Davin.
• Wait, qu’est-ce qu’il fout encore là.
• Paraît-il que l’appartement des Hashem et la compagnie plaisent beaucoup plus à Absalom que son petit confort solitaire. Tiens. Donc.
• Abe est du genre à prendre un bras quand tu lui offres une phalange. Pas méchamment, mais ça explique pourquoi d’un seul coup, chaque fois que Law lève les yeux, il le retrouve étalé sur le canapé en train de jouer à la NES avec les mômes.
• Il finit par accepter sa présence comme celle de n’importe qui. Il ne sortent pas ensemble en soi, d’ailleurs. Ne couchent même pas ensemble tant que ça, seulement parfois, quand ils atterrissent chez Abe en fin de soirée.

• Leur relation ne passe pas au stade supérieur avant ce fameux soir où ils sont seuls et où au fil d’une conversation (probablement pas très intellectuelle), Abe met en doute sa capacité de concentration autant que ses talents en préparation de pizza.
• Ça, il a bien compris comment le faire démarrer au quart de tour, le latino. Il maîtrise déjà la pratique à un niveau de compétition – et donc il ne faut pas cinq minutes à Laurie pour clamer que merde à la fin, il va voir ce qu’il va voir.
Sauf que Lawrence est loin d’égaler les compétences de Malik en préparation de pizza, voire même en cuisine tout court.
• Et que pour bien s’assurer qu’il n’y arrive pas, Abe décide de lui grimper dessus en plein milieu parce que pourquoi se priver.
Weak Laurie. (bear your sins now)
• Donc la pizza crame EVIDEMMENT.
(t’as perdu, lol)
• Law fait des bruits de mangouste en colère et fout la tête d’Abe dedans – maintenant elle est faite il la mange. Cramée ou pas cramée. En plus c’est sa faute.
• Si.
• 100%.
• Absalom Huerta retire tes mains de là.
• (Absalom Huerta ne retirera donc plus jamais ses mains de là, faut le savoir.)

• Au bout de deux jours à regarder son frère suplex Abe plus souvent que d’habitude entre le canapé et la cuisine, Davin finit par demander à quel moment ils se sont mariés dans son dos et Law se retrouve bien obligé de lui dire qu’ils sortent ensemble.
• En même temps, vu comment Abe le colle en faisant des cœurs partout, bon. (voire le tripote) (raison pour laquelle il se fait frapper, d’ailleurs)
• Amy pousse de hauts cris dans le fond parce qu’elle pensait que ça faisait genre. 1 mois.
• (Law mangouste, prise 157)
• Un jour Kacey passe dans le fond et trouve le nouvel ami de son fils cHarMANt (enfin un qui a de meilleurs goûts capillaires que Naaji) (elle adore son neveu ce n’est pas le problème).
• Bref.
• Abe reste là et vit sa meilleure vie.

• « C’est pas très halal ça Lawrence Hashem. »
• FUCK YOU ALLAH IS GAY.

• Cette année-là, un gros accident se produit dans l’immeuble des Sessoms. Ceux-ci ne sont pas blessés, mais la femme de leur père y perd la vie.
• Law la connaissait à peine, de son côté, et ça fait un moment que Malicia l’évite, donc il n’est pas directement concerné. Mais ça reste la famille, proche ou pas, et de toute manière, la peine de Donna, Malik et Selim fait mal à regarder.

[ Marvin est en roue libre et potentiellement à la rue ça plaît pas à Law. ALLÔ on laisse pas les frangins des cousins dans la merde wtf. ]

•  Sa tendance à vouloir s’occuper de tout ne faisant que s’accroître au fil des ans, c’est pas facile tous les jours.
• Surtout quand les plus jeunes commencent à répliquer.
• Law, t’exagères. Law t’es lourd, Law, t’es pas mon père. Laaaw, relax.
• C'est ça.

• C'est dangereux dehors, faut pas être un génie ou être sorti avec Cruz Álvarez pour voir ça.
• Même si Abe n’en parle pas, Law sait qu’il s’en est déjà pris dans la gueule, par exemple. Vu son caractère, c’est pas non plus surprenant. Et il n’est pas le seul : pas besoin d’être homo, pas besoin d’être trans, ou de chercher les emmerdes.
• Alors tant pis si les gosses (plus si gosses que ça, il le sait bien) râlent, tirent la gueule ou s’enfuient par les fenêtres ; il est chiant, et il le restera. Il les enfermera pas, mais il veut qu’ils sachent. Qu’ils puissent se défendre. Qu’ils soient pas inconscients.
• C’est pas demander la lune, quand même.



1990


• Ben si c’est pas la lune, ça y ressemble vachement.
• Law ne sait pas bien où est allé se fourrer Malicia après le fiasco de l’année dernière, mais ça n’a pas l’air très glorieux. Pas plus reluisant que ce qu’il croit comprendre sur la façon qu’a le père de Malik de soutenir ses enfants.
• Bien, tout ça.
• Paraît-il que la gamine est chez les Shaheen. En tout cas, c’est ce que Laurie croit comprendre entre deux soirées arrosées passées à dévaler les rues avec Nabila dans un caddie volé.
• C’est qu’elle grandit la petite. Peut-être parce que c’est une des rares qui ne soit pas de sa famille stricto sensu, Law a tendance à s’amuser plus facilement avec elle.
• Ils risquent de se rompre le cou à chaque soirée organisée chez les Hashem, mais bon. C’est la vie.

[ Probablement inquiet parce que Nabs commence à yoloter aussi ]

• Et comme personne n’épargne son pauvre cœur, Malik finit par lui laisser Selim à garder le soir pour filer passer la nuit chez son copain et- what the fuck Malik Sessoms.
• What the fu-

• Apprendre que Malik aime les garçons ne dérange pas Lawrence en soi, évidemment. Par contre, son taux d’inquiétude remonte en flèche : parce que son cousin est sociable. Qu’il est toujours fourré partout. Qu’il ne sait pas tenir sa langue.
• La liste de tout ce qu’il pourrait lui arriver et de tous les gens qui se feraient une joie de participer lui trotte dans la tête régulièrement, lui colle des nœuds d’angoisse à l’estomac. Mais enfermer Malik ? La blague.
• Alors Law ravale et lui balance des boîtes de préservatifs en râlant au moins pour qu’il fasse attention à pas choper de saleté. A minima.
• S’il te plaît.
• S’il lui arrivait quelque chose, il ne s’en remettrait pas.

[ Je ne vois pas comment Marvin et Luis peuvent se balader dans le quartier sans avoir de gros problèmes avec les dealers du coin + quand Luis rencontre Maloo ce qu’ils font doit forcément filtrer ou quelqu’un doit s’en douter, et Lawrence deviendrait franchement hostile à Marvin s’il entendait parler de tout ça ]

• En début d’année, Qasim se ramène un beau matin avec sa tête de chien penaud et lui déclare tout bêtement qu’il est emmerdé parce que sa copine du moment est tombée enceinte et que c’était pas prévu.
• Lawrence fait des bruits de dinosaure en colère comme n’importe qui aurait pu s’y attendre. Ben oui c’est une bonne idée ça, il a une situation tellement favorable le frangin. Ce qui l’énerve le plus, c’est que la fille, il l’a vue quelques fois, et franchement.
• Franchement, Qas ?
Cette nana a un grain, et probablement une narine dans la poudre en prime, il est pas con ça se voit.
• Ouii maiiis blablabla.
Ça a jamais tourné vite, dans la petite tête de Qasim. Elle veut pas lâcher le bébé, elle dit que c’est un meurtre, en plus elle a raison, et il va pas la forcer àà- tu vois.
• Law secoue son frère qui fait l’étoile de mer, ledit frère continue à faire l’étoile de mer, ça l’énerve mais à un point, tout le monde a droit à des sifflements de bouilloire folle pendant plusieurs semaines, et puis ça se calme et il se contentera par la suite de grogner sur Aimee (la copine en question) quand elle le croisera et lui adressera la parole.
• Il le sent pas bien, ce coup-là, sérieusement.
• Mais eh. Qasim.
• Cela dit, avec un peu de chance, être papa ça lui mettra peut-être un peu de plomb dans la tête.
• Peut-être pas une si mauvaise idée, au fond.

• Et puis, il y a pire comme problèmes ; notamment Donna qui, courant 90, leur refait une tentative de suicide.
• Difficile d’avoir des détails, mais à priori cette fois, ce n’est pas passé loin. De son côté de la rue, Law commence à se demander s’il n’y aurait pas quelque chose à faire, autre que faire appel à sa famille. Les grands-parents font de leur mieux, Malik aussi, mais ça n’a pas l’air d’être suffisant pour la soulager.
• Parlons-en, de Malik. Il a rompu avec son copain, redouble d’énergie, à se demander ce qui se trame sous ses airs de pile électrique et ses grands gestes qui clament que tout va bien.
• Law a peur qu’il se force beaucoup trop à donner le change. Il aimerait bien le voir craquer, parfois. S’appuyer sur les autres. Lâcher un peu de lest.
• Mais le putain de caractère, dans cette famille, tu vois-

• Et en parlant de caractère de merde, donc, Lawrence fait sa part du boulot cette année-là, puisqu’il rompt avec Absalom peu après la rentrée.
• Ce n’est même pas parce qu’ils ne s’entendent plus, ou qu’Abe en a marre que son copain râle ou soit sur le dos de tout le monde (et pourtant il en aurait le droit). Disons que Lawrence et Abe n’ont pas les mêmes priorités dans la vie.
• Laurie élève des gosses, ça lui tient à cœur, alors il n’est pas tendre pour les frasques du latino.
• Quand tu es déterminé à ne pas permettre n’importe quoi, il y a un tas de bêtises – pas méchantes, mais pas adaptées à un jeune public – qui ne passent pas.
• Genre le jour où ton copain te réinterprète le célèbre « I’ve been expecting you, Mister Bond. ».
• Dans le plus simple appareil, au milieu de l’appart, alors que t’ouvres la porte pour faire rentrer tes ados.
Well.
• (10 ans plus tard, Amy en rit encore)
• Donc oui, Abe est drôle, mais Law est stressé. Et si le latino, pas prise de tête, s’excuse vite, il ne met en général pas dix minutes à recommencer à faire le pitre. Ou à le tripoter sans prévenir. Et cætera.
• Il se prend pas la tête, ce qui est aux antipodes de la façon qu’a Law de gérer à peu près tout. Alors quand ça finit par lui poser problème trop et trop souvent, c’est évidemment lui qui décide de rompre.
• Ça pince un peu, mais Abe ne le prend curieusement pas trop mal. Il voit à quel point ça tient à cœur à Lawrence, il entend les arguments. S’il n’est pas d’accord, il le cache vraiment bien. Ça pourrait presque être vexant.
• Sauf qu’on comprend très vite pourquoi il le prend assez bien, étant donné que quelques jours plus tard, Law relève la tête et qu’il est à nouveau là.
• What the f-
• Il accompagnait les jumeaux aux courses apparemment. What. Ok. Laurie cligne des yeux en le regardant se réinstaller dans le salon comme si de rien n’était, puis repartir à la tombée de la nuit.
• Ils ne sont plus ensemble, et c’est très clair, mais Abe aime visiblement le quartier et la compagnie, puisqu’il reste toujours plus ou moins présent dans le coin. Ils restent donc amis, proches même, et Law n’a pas l’habitude.
• C’est un peu déstabilisant, un peu triste au début, mais au fond, c’est agréable.

• C’est aussi pratique pour les autres que Abe soit souvent collé aux basques de Lawrence: il fait par exemple très bien la cheerleader rassurante dans le fond, le jour où ce dernier débarque faire une scène muette mais mémorable à Manuel Guerrero pour avoir osé toucher à Malik (et pas dans le sens violent du terme) parce que what the fuck man-
• qUiNZe aNs.
• QUINZE.



1991-1992


• Pendant ce temps le temps passe, comme dirait l’autre. Les jumeaux grandissent, réussissent dans tout ce qu’ils font. Ils aiment l’école, et ça ne manque jamais d’étonner leur frère.
• Amy est très vite devenue mature pour son âge, malgré sa malice naturelle, et ils ont de longues discussions dans le salon dès que l’occasion s’y prête. Parfois Law la regarde, ou Davin, lire en silence, et sa tête dresse sans relâche toute la liste des possibilités.
• Ils sont intelligents. Tous les deux. Ils méritent plus que ça.
• Il leur faut juste des opportunités, et lui s'en veut de ne pas pouvoir leur offrir davantage.
• Très vite, Law considère l'idée d'aller discuter avec leur père à ce sujet. Aller s’adresser directement à Kacey ne le ravit pas, et il doute qu’elle soit d’une grande aide, par-dessus le marché.
• Il cherche le temps, entre les réunions en famille ou entre amis, les gosses qui courent partout, les copains qui ont besoin d’un coup de main… Mais pas le temps de se plaindre non plus. Pas vraiment.
• Faut se rendre compte de la chance qu’il a, aussi.
• Ses amis et sa famille – ceux qui comptent, en tout cas – sont toujours dans le coin. Abe, Naaji, Nabila, Selim, Malik.
• Malik qui continue de s’accrocher à lui en babillant à la première occasion, et Malik qui est toujours le premier qu’on appelle en soirée quand Law est en train de démolir le lave-vaisselle et qu’il faut faire redescendre sa tension.
• Malik qu’il continue de faire danser sans y voir de problème.
• Ça lui a fait bizarre, de le voir grandir si vite. Les premières blagues sexuelles lui ont arraché un tas de glapissements étranglés consignés pour toujours dans les annales. Mais ça reste gentil, et comme c’est aussi permanent, Law a fini par s’y faire. A force de le voir découper des phallus dans la pâte à pizza. Il en est venu à trouver ça drôle, derrière ses grognements maudissant Abe et sa mauvaise influence (comme s’il avait quelque chose à voir là-dedans, Lawrence).
•  Seulement, c’est drôle, mais pas que. Les blagues n’en sont pas toujours, et le fait qu’il connaissait son cousin avant même qu’il sache s’exprimer autrement que via des bulles de bave ne change rien. Law n’a jamais été imperméable au charme.
• Donc ça lui fait bizarre à plus d’un titre.
• Parfois, quand il le serre d’un peu trop près. Quand il passe tellement de temps à moitié vautré sur lui qu’il en a les genoux engourdis ; qu’il fait un peu trop chaud.
• Parfois, après quelques bières, quand ses yeux l’accrochent au détour d’une chanson et que ses mouvements et son sourire et ses œillades le font vibrer.
• Seulement parfois.
• Don’t be unholy, Hashem.
• Il laisse filer. C’est pas bien grave. Ça arrive. Ça passera. Ça ne veut rien dire.

• IL EST UN PEU INQUIET QUAND MEME mais au moins Malik choisit bien ses relations pas COMME NABIL-

[ Michael ]

• En juin, Law rentre en caddie dans un pauvre type qui ne lui a rien fait au supermarché et passe cinq grosses minutes à l’engueuler comme une poissonnière avant d’enfin être interrompu par Qasim débarquant d’une allée transversale avec Judith dans les bras.
• Lawrence est doué en premières impressions et Jaheim (le gars qui n’avait rien fait) est sous le charme tout de suite. D’ailleurs c’est ce qu’il dira toujours en racontant leur rencontre.
• (just kidding, il l’a vraiment pris pour un connard et Laurie en prendra pour son grade à chaque fois que l’histoire sera racontée)
• (deserved)
• Judy – la fille toute neuve de Qasim donc, née à la fin de l’année précédente au soulagement de tout le monde (dont Law qui doutait sérieusement qu’Aimee ait la capacité de mener une grossesse à terme) sauf de sa mère –  coupe court aux amabilités en se mettant à pleurer façon sirène d’alerte tornade.
• C’est pratique, les enfants, quand même.
• Bon, comme Law n’est pas un rustre à ce point et qu’il a bien noté qu’il connait de vue le gars qu’il vient de molester (c’est le frère du patron d’un bar connu) (connu pour sa tolérance aussi tant qu’on y est), il entreprend d’aller s’excuser le soir même.
• Et puisque Jaheim est plutôt canon, et cool, et marrant, et pas rancunier, il lui propose de se faire pardonner en lui offrant un verre au passage, parce que pourquoi rater une occasion.
• Cela collera rapidement entre lui et le caribéen, et ils se reverront quelques fois avant de sortir ensemble. Jaheim n’est pas du coin, il habite chez son frère le temps de finir une formation ; mais c’est un gars sympathique, positif, et débrouillard, qui ne ménage pas ses efforts. Il trouve rapidement sa place chez les Hashem.
• Chose qui n’est pas non plus désagréable, étant donné le surcroît de travail avec lequel Law et les jumeaux se retrouvent sur les bras à partir du moment où Qasim se rend compte qu’être papa ben c’est la galère.
• Aimee n’a manifestement aucune fichtre idée de comment est censé se manipuler un bébé, raison pour laquelle, passés les premiers mois, Judy se retrouve collée dans les bras de la belle-famille tous les deux jours, puis encore plus fréquemment et pour des périodes de plus en plus longues comme c’est pratique.
• Law siffle sur les jeunes parents, mais après quelques occurrences et visites chez eux, il commence à être légitimement inquiet pour sa nièce, et préfère la laisser à la maison pour aller se prendre la tête avec Aimee.
• (entreprise louable s’il en est mais qui ne sert strictement à rien)
• Pendant ce temps, Qas joue les filles de l’air, et Law s’attache à Judy, évidemment, comme tout le monde. La demoiselle se retrouve donc de plus en plus souvent chez lui.
• Pas étonnant alors que, lorsque Judy attrape une méningite à cause de la négligence de sa grosse dinde de mère, Davin (celui qui s’en occupait le plus) tombe malade à son tour.
• Et pas la forme bénigne de la méningite, sinon ça ne serait pas drôle.
• C’est branle-bas le combat à la maison, et l’hôpital en express.
• Law est fou de rage, malade d’inquiétude, et quand enfin on apprend que Judy et Davin sont hors de danger, il ne se gêne pas pour aller dire ses quatre vérités à Qasim et Aimee.
• Vient ensuite le problème de la facture, que le jeune homme assène à son frère dans toutes les langues possibles ; mais aussi penaud que soit ce dernier, cela ne change rien au fait que lui et sa copine sont sur la paille.
• Law prend un job en plus pour un temps, et après des semaines houleuses ponctuées par les crises de larmes d’Aimee et les portes claquées par Qasim, il est décidé d’un accord plus ou moins commun qu’il vaut mieux pour Judith qu’elle reste chez son oncle.
• Au moins pour un temps.
• Personne ne précise combien.

• Lawrence est toujours en colère, et les finances vont mal, mais au moins il a du soutien. Il a sa famille, et il a Jaheim.
• Et puis au fond, tout le monde est heureux que Davin et Judith aillent bien : c’est le principal.
• L’esprit pratique et le bon sens de Law lui ordonnent malgré tout avec un bel ensemble d’aller sonner les cloches de Kacey, dès que le danger est passé pour les deux jeunes. Il le fait le lendemain même, avec la colère chevillée au corps.
• C’est qu’à l’hôpital, il a passé un demi-milliard d’appel à sa mère pour la prévenir.
• Elle n’en a pris aucun.
• Et lorsqu’elle lui ouvre la porte, il ne lui faut pas trois secondes pour réaliser pourquoi.
• Kacey boit. Manifestement trop. Manifestement depuis un moment.
• Pas étonnant qu’elle ait complètement arrêté de venir depuis plusieurs années, vu la tête qu’elle a. Law est vaguement écœuré. Déçu, aussi. Ça lui retourne l’estomac de penser qu’elle les a laissé tomber pour finir comme ça – autant que la voir dans cet état lui serre le cœur.
• Elle avait peut-être ses raisons. Ça ne change rien. Rien du tout.
• Il lui raconte l’histoire de la méningite. Elle pleure.
• Pas de trace de Samuel.
• Lawrence est trop fatigué pour poser des questions. Il parle. Il la soutient à peine. Il a des mots durs et des mots las. Rien ne passe entre eux deux. Il prend le chèque mais n’en parle pas à Qasim. Ni à Naaji, ni à Malik.
• Il fait un peu la tête, mais quand ne la fait-il pas.
• Jaheim sait, lui, très vite. Law a du mal à lui cacher quoi que ce soit.
• Le caribéen l’attrape parfois sans prévenir, passe outre ses grognements, le câline, l’emmène au cinéma.
• Son soutien l’empêche de craquer dans les moments difficiles en le soulageant un peu. Il est présent, il est attentionné, il le force à s’asseoir et à respirer.
Laisse.
• Law n’a pas l’habitude qu’on l’aide aussi spontanément, ni de pouvoir s’appuyer sur quelqu’un.
• Ça le rend un peu faible, parfois. C’est réconfortant, ça lui fait chaud au cœur, c’est un peu effrayant aussi.
• Mais en même temps, il ne sait pas bien comment il ferait autrement. Les plus jeunes ont pas besoin de savoir. Ils ont tous déjà suffisamment de choses à gérer.

• Lorsqu’il découvre que sa petite sœur se fait récemment offrir de plus en plus de cadeaux chers sortis de nulle part, qu’elle revend ensuite à prix d’or pour renflouer le compte commun, Lawrence la prend entre quatre yeux immédiatement.
• Il est sérieux. Si elle se met en danger de quelque façon que ce soit, si elle se fait du mal ou se force à quoi que ce soit-
• Elle jure que non, et il la croit.
• De toute façon, vu le caractère d’Amy, il n’arrive plus à l’obliger à quoi que ce soit. Il se contente de secouer Nabila lorsque celle-ci s’aventure à mal lui parler.
• Et en parlant de Nabila, fin 1992, c’est Selim qui arrive en déclarant haut et fort 1) qu’il veut épouser la concernée, et 2) qu’au fait son père lui a demandé de devenir musulman, Laurie s’il te plaît est-ce que tu pourrais-
• Oh lord.

• Lawrence constate que cette requête fait rire un peu trop de monde pour le bien des apparences concernant sa relation personnelle avec Allah.
• (qui est gay, de toute façon) (ça va, on va pas en faire tout un plat)
• En attendant, le cousin est mortellement sérieux, et c’est adorable.
• Law et les jumeaux adorent Selim, pour tout un tas de raisons incluant la tête qu’il fait en disant cela.
• Lawrence le taquine, mais Davin l’encourage sentencieusement pendant qu’Amy marche sur les pieds de son aîné sans pitié aucune.
• Oh, eh, ça va.
• De toute façon, Nabila aussi est folle de Selim. Ça se voit. S’il la veut, il l’aura. Et il le mérite.
• Un peu comme ses frères et sœurs, son cousin mérite beaucoup. Il a beaucoup de cœur. C’est un bon gamin.

• L’autre cousin aussi est un bon gars, mais Lawrence se retrouve de plus en plus souvent dans l’obligation de le descendre de ses genoux et d’ignorer ses sous-entendus et invitations tendancieuses.
• Pas que ça lui fasse vraiment de l’effet.
• (ou juste un peu)
• Mais ce serait problématique, que ce soit le cas, à plus d’un titre. Son inconscient préfère éviter tout dérangement non nécessaire.
• Et puis, ça ne plairait pas à Jaheim, qui déjà, sans se montrer ouvertement jaloux ou incommodé, commence à les regarder bizarrement.
• Quelque part, il a le droit, même si Law s’étranglerait avec son âme si qui que ce soit s’avisait de sous-entendre quoi que ce soit d’un tant soit peu haram entre lui et son cousin.
• Ça va pas.
• Il le connaît depuis qu’il est grand comme ça.
N’importe quoi.
• Malheureusement, ce n’est pas le seul sujet sur lequel quelques tensions émergent avec Jaheim au fil du temps.
• Jay est tout l’inverse d’Abe, et c’est le manque de projection de Lawrence, en particulier sur des questions d’engagement à deux, qui le tracasse. Et une fois n’est pas coutume, c’est Laurie qui évite le sujet autant que faire se peut.
• Pour le coup, et sur beaucoup de sujets, c’est le caribéen qui est patient, dans leur couple, plutôt que l’inverse. Un peu rabat-joie, même, sur les bords. Ça change, et ça fait râler l’incriminé.
• Mais bon, ce n’est pas comme si Lawrence avait jamais véritablement mérité la médaille de la gestion calme et composée non plus.
• Alors le jour où Nabila débarque à sa porte en faisant la sirène d’évacuation-

[ Nabs est haram ]


1993


• Après plus d’un an de relation avec son copain, Lawrence se retrouve devant des nécessités qui jusqu’à présent affectaient tout le monde sauf lui, à savoir entre autres : envoyer ce dernier prendre des vacances de temps à autre pour pouvoir lui-même décompresser et s’amuser un peu nom de Dieu.
• C’est que quand Law décide de faire une montagne de quelque chose, il le fait bien, n’est-ce pas.
• Jaheim en rigole de bon cœur pendant que son ptérodactyle de compagnie grogne partout et le pousse dans le vestibule. Alleeeez rentre chez tes parents, laisse-moi rouler dans les caddies sans honte please vaaaaaaaa.
• Le jeune homme en profite donc pour ressortir, faire davantage de bêtises, voir davantage ses amis, et apprécie que ce soit pile à cette période que Malik et Selim décident de se remettre à squatter assidûment son canapé en compagnie des leurs.
• Il reprend la mauvaise habitude de coller son cousin d’un peu trop près, que ce soit en les regardant jouer à la NES ou sans réelle raison. Il lui fait des prises de catch de deux heures lorsque Malik s’amuse trop à grimper aux fenêtres et aux rampes d’escalier.
• Après le stress des derniers mois, Law a envie de décompresser. Première soirée sans prise de tête ni copain raisonnable aux fourneaux, et il fait le malin. Il y a du monde, beaucoup de musique (les voisins ont été prévenus), et il est de très bonne humeur.
• AHA QUI EST-CE QUI PEUT BOIRE TROP LA HEIN DeLanCEy.
• Très intelligent, Hashem.
• Or, quand Lawrence boit trop, les souris dansent, hein.
• Et quand Lawrence boit trop le rapport de la soirée devient en général particulièrement flou. Remarquablement plein de black-out. Il a l’habitude. C’est pas si grave, il est chez lui, qu’est-ce qui peut se passer de grave à part foutre la main sur la plaque chaude, au pire.
• Ça va vite, il est accaparé de partout, a son cousin collé à la hanche depuis une bonne heure, et tout le monde s’amuse bien.
• Malik, vire de ces genoux, il a des trucs à faire. Ailleurs.
• C’est qu’il fait chaud un peu là hein. Encore deux minutes et il se met à miauler, le cousin. Ça lui fout un sacré nœud à l’estomac et ça, ça ne va pas du tout. Malik, quoi.
• Beg you que dalle Sessoms. Il le fout sur le tapis et lui ruine ses cheveux. Va manger de la tarte, joey.
• Il part régler deux trois problèmes techniques sur les consoles, se perd en chemin, sort une pizza du four, et oublie pour qui il a été chercher l’ardoise et le feutre avec lesquels il se retrouve dans les mains en arrivant sur le palier.
• Paaas à Davin. Ok. Soit. Demi-tour.
• Il croise Abe dans l’entrée, occupé à remettre son manteau, manifestement sur le départ. Ça le fait grogner, ce qui fait rire le latino, qui le claque dans le dos en rigolant et lui dit d’aller boire de l’eau.
• Il boit pas d’eau.
• Par contre il croise un copain qui lui fout un cocktail dans les mains.

• Il se souvient que quelqu’un s’est méchamment cassé la gueule plus tard dans la soirée. Qu’il a fallu aller vérifier qu’il allait bien.
• Bon c’est flou, comme d’habitude.
• C’est son meilleur ami qui s’en est occupé, à priori. C’est lui aussi qui l’a collé de force sur le canapé avec de l’eau glacée dans les mains en le menaçant de lui mettre la tête dedans s’il ne la buvait pas sans faire d’histoires. Il se souvient avoir dit à quelqu’un d’arrêter de loucher sur Amy, et d’avoir cherché Nabila un bon moment sans la trouver.
• Une histoire de merguez dans des préservatifs dans des pots de fleur, et de Rashid qui croyait dur comme fer que Jaheim était une femme. N’importe quoi, clairement, tout le monde était bourré à ce moment-là. Il se souvient de Malik en train de faire le con avec une histoire de feutre. D’une discussion super sérieuse sur les positions yeah great.
• L’ordre est pas clair, though.
• Et le lendemain, le mal de dos qu’il se tape après sa nuit sur le canapé n’est rien en comparaison de son mal de crâne.
• Hinhin, bien joué Delancey.

• Ça l’empêche pas de réitérer après le retour de Jaheim, cela dit. Tout l’été se passe comme ça.
• A un barbecue monstrueux en juillet, il se retrouve embarqué dans une discussion alien sur Allah et les merguez avec Nabila, et Selim, et Malik, et Abe qui peut pas s’empêcher de faire le malin cinq minutes, et tout le monde en conclut que les merguez c’est super haram et ils ont bien raison.
• Nabila et Malik prennent un malin plaisir à l’enquiquiner, ça marche, il fait sa fête au four qui refuse de fonctionner, et au final il improvise un grill avec Qasim sur le rebord des fenêtres pour compléter le barbec’ en bas de l’immeuble.
• Chose dont le frangin restera outrancièrement fier jusqu’à la fin de ses jours.

[ Marvin ?? is he around and how ]

• Lawrence fait bien de profiter, parce qu’il va s’avérer qu’il s’en est passé, des trucs intéressants, à cette soirée.

• Il lui faut, malgré tout, plus d’un mois, pour saisir une nuance dans les blagues d’Absalom. Et comprendre qu’il couche avec Malik.
• Ça lui fait l’effet d’une gifle. Sèche. Ou d’un coup de poignard – quelque part entre les deux.
• D’autant plus qu’ils le savent. Qu'on touche pas à la famille. On touche pas aux ex. Est-ce que lui il-
• Ça devrait étonner personne, pourtant, il sait bien comment ils sont. A se taper n’importe qui et à se foutre de l’avis, des états d’âme et des inquiétudes de tout le monde. Pourquoi ce serait différent parce que ça vient de lui, hein. Tu croyais quoi, Laurie.
• En tout cas, ça fait bien plus mal que ça le devrait.
• Alors en plus d’être blessé et en colère, il se sent coupable.
• Malheureusement, tout le monde sait que Lawrence prend trop à cœur, a du mal à faire la part des choses, et surtout, gère très mal la colère et le ressentiment.
• Mais puisqu’on s’en fout, hein-
• Le seul point positif, c’est que tout le monde s’attend à le voir aboyer sur une connaissance qui oserait toucher à Malik, fait établi en vertu duquel il peut très facilement aller directement engueuler Abe sur le thème « T’as couché avec mon cousin salopard les MST- ».
• On se carapace comme on peut, mais pour le coup, le latino n’accueille pas l’agression avec tellement de légèreté.
• Ils se prennent la tête, chose rare, et Laurie repart encore plus en colère contre le monde entier et lui-même au passage.
• Ça le prend à la gorge, et le résultat, c’est qu’il est incapable de regarder Malik dans les yeux. Il lui en veut, il s’en veut, il est en colère, déçu, blessé, mais il ne peut pas s’énerver contre son cousin, alors il se claquemure dans le silence.
• Law ne s’est jamais disputé franchement avec Malik. Le seul moyen qu’il a d’extérioriser quand quelque chose ne va pas, c’est de l’ignorer – en un mot, lui faire la gueule. Et de toute façon, il n’arrive pas à lui adresser la parole.
• Et il est conscient de le blesser, et que c’est injuste à plus d’un titre, et il se sent coupable.
• Il aime Jaheim, et il emmerde Abe, et il s’en veut d'en vouloir bien trop à Malik pour l'infraction commise.
• Mais moins que ce qu'il en veut à Absalom d'avoir touché à Malik en particulier.
• Et ça c'est un peu difficile à expliquer.

• Quand on le braque, Law est difficile à débloquer. Et là, il en a pas mal sur le cœur, et ça part difficilement tout seul. Devoir ignorer Malik n’aide pas.
• Ça prend un peu de temps. Plusieurs discussions unilatérales avec Naaji, passé expert dans la traduction des grognements de son cousin. Pas mal de vannes de la part des jumeaux, qu’il prend mal, puis de moins en moins mal.
• Le regard d’Abe qui lui dit "je sais à quel point tu l'aimes, mais tu dois le laisser vivre".
• Il est majeur, Law. Il est assez grand pour savoir ce qu'il veut. Prendre soin de lui tout seul.
• Il sait, mais ça fait toujours mal.

• Et puis un jour, Amy se plante au milieu du salon et lui annonce qu’elle est enceinte, et il se retrouve trop occupé à s’étouffer sur son indignation pour faire la gueule à qui que ce soit.
• Oh putain Rashid Shaheen il va prendre cher.
• Le type a osé toucher Amy.
Amy.
• Bye Lawrence.
• IL FAIT DES BRUITS DE PTERODACTYLE QUAND IL LA VOIT FUMER A QUEL MOMENT ON CROIT QU’IL VA LE PRENDRE CALMEMEN-
• Law monte donc faire la peur de sa vie à Rashid en allant lui tempêter sa colère dessus, Amy hurle sur son frère parce que non mais ça va pas Lawrence Hashem ?? et t’es pas mon père et cætera AH BAH OUI IL SERAIT CONTENT SAMUEL LA – Davin va préparer du thé avec Malik et sort l’armoire à pharmacie au cas où quelqu’un finirait par glisser dans les escaliers, Rashid pousse de hauts cris aussi sur le thème COMMENT ÇA L’AVORTEMENT ÇA VA PAS LA TÊTE, pour couronner le tout Nabila hurle aussi sans que personne sache pourquoi, et au final Rashid survit, Amy va avorter, et tout le monde a super mal à la tête.

• Et, plus important, Law ne fait plus la gueule à Malik.
• Petit con, joey, sérieusement.





Lawrence Hashem
- B 00 072002 45 03 C -

Lawrence Hashem

En bref

Masculin
Pseudo : Sköll.
Messages : 43









1994


• Donna meurt en mars.
• D’une overdose, sans personne pour la rattraper ou lui dire au revoir.
• Il est tard, il fait déjà sombre, et lorsque Lawrence va ouvrir aux coups frappés à la porte, il tombe sur ses deux cousins sous le choc. Sur Malik qui fond en larmes – une vision qui l’affole tant, l’espace d’un instant, qu’il peine à comprendre ce que le jeune homme essaie d’expliquer. Même s’il sait. Quelque part, il sait.
• Et dès qu’il a compris, il les pousse tous les deux dans les bras des jumeaux, dévale l’escalier, appelle les secours.
• Parce qu’il n’y a plus personne d’autre pour le faire.
• C’est trop tard, évidemment – et c’est horrible, de se dire que ça s’est terminé là, comme ça. Que c’est tout. Qu’elle n’est plus là. Qu’elle était toute seule.
• Law prend la suite en main sans qu’il y ait discussion. Selim et Malik restent chez lui, au chaud, avec les jumeaux pour les étouffer d’amour. Il ne leur demande pas leur avis. Il se rend chez ses grands-parents pour les mettre au courant, et les aider à organiser l’enterrement.
• Ce n’est pas lui qui va l’annoncer à Kacey. Il sait que ça va démolir le peu qu’il reste d’elle, et n’a pas le courage d’y faire face.
• Il a le cœur serré par des réminiscences de mots durs qui filtraient parfois entre ses dents quand elle pensait à sa sœur.
• « Ça lui arrivera de toute façon ».
• « Elle est comme Sherry »
• Je sais que t’étais triste de la perdre, mais c’était pas une raison.

• Quand il essaie de se souvenir de la dernière conversation qu’il a eue avec Donna, Law n’y arrive pas. Il se sent coupable. Tout le monde se sent coupable. Il serre ses cousins fort et ne sait pas à qui en vouloir.

• Bon dieu Donna. T’as pas fait ça.

• Selim et Malik restent chez eux un moment après l’enterrement. Il faut parfois se serrer un peu, mais tout le monde s’en fiche. Aucun des Hashem n’a vraiment envie de les laisser rentrer chez eux. Trop occupés à essayer de leur remonter un peu le moral par tous les moyens, et à contester toute forme de culpabilité.
• Parce que c’était la faute de personne.
• Ça n’atteint pas Malik, en tout cas, et ça se voit. Ce qui inquiète Law plus que le reste. Il les laisse rentrer chez eux à reculons, mortellement inquiet. Selim n’a que quatorze ans, et Malik…
• Pendant un moment, peu importe ses horaires, Law passe les voir tous les jours. Ses frères et sœurs ne sont pas en reste.
• Parce que tout le monde les aime et s’en fait à leur sujet. Voir le moral de Maloo s’améliorer d’un seul coup est une souffrance avant de devenir un soulagement, petit à petit, alors que la vague semble s’éloigner. Il faut du temps pour guérir ces blessures-là.
• Mais elles guérissent. Ça va aller.

[ le terrain vague ]
[ Donc Selim meurt à cause de Nabila je ne sais pas comment, Nabs appelle Law au secours dans la nuit ahah fUn TiMEs. Du coup now ils sont en PLS à deux, Law veut prévenir Malik mais Nabila panique eet à priori s’il dit quoi que ce soit elle balance toutes les conneries qu’il a fait avec Raheem MoRe GoOD tiMEs. Il doit ramper un coup et s’énerver un coup avant de se résigner, et ensuite ils planquent le corps quelque part et il la détestgtbf ]

AND WAY DOWN WE GO


• Law doit affronter Malik le lendemain matin, la gorge écorchée et les yeux lourds, et un instant il doute de pouvoir y arriver. Il l’écoute, à moitié présent, lui sort des réponses toutes faites – il a peut-être dormi chez ses amis, t’as été voir ? Il peut pas être loin, il… – et l’empêche de monter chez Nabila avec un prétexte d’une banalité à pleurer.
• De toute façon, il doute qu’elle soit là.
• Incapable de trouver son frère, Malik remue tout le quartier. Law est dans un état second. S’il fait l’erreur de penser, il est pas sûr de rester debout – alors il avale une poignée de cachets et se joint aux recherches.
• Impossible de retrouver Selim. Personne ne l’a vu. Personne ne sait. Malik est impossible à calmer. Même Law peine à l’arrêter deux minutes pour lui faire boire quelque chose, tandis que le meilleur ami du jeune homme appelle les flics.
• Et c’est lui, en réalité, qui a la gorge sèche, mais il ne fait aucun commentaire. Balance ses plateformes dans les genoux des amis qui oseraient protester.
• Pas que la police se montre très utile, au final.

[ il va s’engueuler fort avec Efrem j’y crois pas autrement. Donna + Selim + tout ce qu’il aimait pas avant ça va le faire exploser right away si le padre est là ]
[ pour Marvin, mêmes remarques que précédemment ]


• Law serre les dents. Balaie d’un geste l’inquiétude de Jay qui lui dit qu’il a vraiment une sale tête et-
• Et rien. Il emboîte le pas à son cousin, parce que merde, on va pas abandonner comme ça. On va retrouver Selim, et cætera.
• Retrouver Selim, ah ah.

• Il a la nausée. Une envie de vomir qui augmente à chaque minute passée à chercher l’adolescent tout en sachant très bien où il est, et à chaque sourire qu’il force entre ses yeux et ses lèvres.

• Une semaine s’écoule, puis un mois, tout le monde perd espoir à vue d’œil, et les choses ne font qu’empirer.
• Et c'est horrible de voir pleurer Malik, sans rien pouvoir dire.
• Le jeune homme ne rentre pas chez lui, et Laurie passe son temps à répondre à ses étreintes, tout en sachant que ça ne le réconfortera pas. Il a du mal à le regarder dans les yeux. Encaisse chaque sanglot comme un coup de couteau dans la poitrine. Ça fait horriblement mal, et ça ne s’arrête jamais.
• Law n’a jamais autant fumé de sa vie que le mois qui suit la mort de Selim. Il a les doigts qui tremblent sur ses roulées, parfois, quand on regarde ailleurs. Il pleure aussi son cousin, mais seul : personne n’a besoin de le voir craquer. Mais surtout, il ne s’en sent pas le droit.
• T’as pas le droit.
• C’est aussi ta faute, tu sais.

• Toute son énergie passe dans des efforts pour rester présent et donner le change. N’en vouloir à personne et avancer, parce que sinon aucun d’entre eux ne s’en sortira. De se dire que c’est comme ça. T’as pas le choix.
• Mais voir Malik s’éteindre chaque jour un peu plus le tue à petit feu.
• Il se déteste un peu plus chaque jour qui passe.
• Et chaque jour qui passe, c’est aussi Nabila qu’il déteste un peu plus.
• Puisque le sommeil le fuit comme la peste, il a des heures et des heures pour penser et repenser à la mort de Selim, à Nabila, Cruz, Raheem et Heath, à ce qu’il aurait pu faire mieux. Différemment.
• Mais peu importe le temps qu’il y passe, pour une fois, aucune solution ne s’impose. Il tourne en rond.
• Et il ne sait pas comment il va réussir à faire semblant et à se taire. Ne se sent pas la force d’y arriver seul. Alors il essaie de rendre la peur des représailles plus forte que la peine.
• Pense à Owen. Pense aux jumeaux. Raheem a des gosses, putain.
• De se dire que c'est trop dangereux, et que pour Selim, il peut plus rien faire. C'est trop tard.
• C'est lâche, Lawrence.
• Le dégoût lui donne une envie de hurler qu’il passe chaque minute à ravaler.
• Il monte voir Nabila, un jour où se taire devient insupportable, pour tenter de la raisonner – mais elle ne veut rien savoir. Et pourtant, lui est perdu au point presque de la supplier. De lui proposer n’importe quoi en échange.
• Ça peut pas se passer comme ça.
• Et pourtant si. Ça se passe comme ça.
• Après cela, la jeune femme reste introuvable. Et malgré son ressentiment, Law a trop peur que Raheem tente de la faire taire pour aller lui reprocher, à lui, d’avoir trop parlé.
• Parfois il se dit qu’elle ne parlerait pas. Elle le ferait pas. Qu’elle est pas sérieuse.
• Elle peut pas être sérieuse. C'est Nabila. Il la connaît depuis qu’elle est haute comme ça. C'est une fille bien. Elle aime Malik. Elle aime les jumeaux.
• Elle est instable.
• Parfois il se demande si ce n'est pas son corps à elle que la police va retrouver au bord du canal.

• Law arrive à vivre comme ça tant bien que mal, entre les non-dits qui le rongent, le deuil de sa famille, et l’affaiblissement de Malik, jusqu’en décembre. Mais en décembre, malheureusement, Jaheim le quitte et le vase déborde.
• Ou plutôt, Jay lui propose de faire une pause, et lui, lui propose d’aller voir ailleurs.
• Ça ne partait pas d’une mauvaise intention, pourtant. Jay est raisonnable. Empathique. Au départ, il ne faisait que s’inquiéter pour lui. Est-ce que tu manges, qu’est-ce qui ne va pas, etc. Il accepte parfaitement que sa famille ait besoin de temps pour se remettre, et il est là pour le soutenir, mais-
• Sans que les mots soient prononcés, Law comprend très bien ce qu’il veut dire. Il l’a déjà entendu.
• Tu ne peux pas laisser les problèmes des autres te couler, Lawrence. Tu n’es pas responsable d’eux. Ils ont des parents. Ils ont une famille.
• Tu vas te rendre malade. Tu (on) peux pas vivre comme ç-

• Et aussi tempéré que soit l’avis, à ce moment-là, il ne passe pas. Du tout.
• Lawrence, sur la défensive dès les premiers mots prononcés, se braque. Immédiatement. Plus assez de ressources pour faire dans la nuance.
• Jaheim le connaît, s’en aperçoit et bat en retraite immédiatement. Il l’aime. Il ne veut pas le perdre.
• Ils peuvent en parler.
• Non, c’est bon, c’était assez clair.
• Sors, Jay.
• Je veux plus te voir.

• Ils se disputent. Jaheim s’en va. Lawrence claque la porte en guise d’adieu.
• Décision sans appel qui le plonge immédiatement dans une détresse terrible. Il ne sait même pas qui, du caribéen ou de lui-même, lui brise le cœur à ce moment-là. Peut-être que c’est juste le deuil. La culpabilité. Peut-être que c’est juste sa vie dans son ensemble qui ne tient pas la route.
• Et c’est de sa faute. Au moins en grande partie.
• Parce qu’il aurait lui faire de la place. Lui octroyer celle qu’il méritait – plutôt que de passer sa vie à courir après tous les gamins du quartier.
• Alors que t’es même pas capable de rattraper ceux qui se défenestrent.
• Il s'en veut horriblement. Il aurait dû faire mieux. Sur tous les points, tant qu’à faire.
• Y a rien qui va, Laurie, hein.


• La culpabilité fait qu’aucune des tentatives de sa famille pour le réconforter n’atteint son but ; elles ont même l’effet inverse. C’est pire avec Malik, puisque quand il le regarde dans les yeux, il a envie de hurler.
• Et Jaheim lui manque atrocement. Il se referme sur lui-même. Ne décroche plus un mot, ou à peine, pendant plusieurs semaines. Comme un animal qui lèche ses plaies – comme si ça allait réparer quoi que ce soit.
• La solitude le bouffe, Selim le hante, il se déteste. Il a peur, aussi.
• Ça le rend distant. Cassant, même, parfois.
• Rarement au meilleur moment.
• Un soir, après une journée difficile au boulot et une semaine de maux de tête à coucher dehors, il envoie chier absolument tout le monde sur le moindre motif. Aboie sur Amy, se dispute avec Davin, et quand Judy se met à pleurer, il sent qu’il va craquer et part foutre ses bottes pour aller passer la nuit chez Abe.
• Il est même agressif avec Malik. Parce qu’il a mal. Qu’il ne veut plus avoir à l’affronter. Et quand le jeune homme essaie de le retenir, son humeur fait une véritable volte-face et d’un seul coup, il se retrouve à lui répondre que merde à la fin, s’il veut aller se taper son ex plutôt que de rester là à emmerder tout le monde c’est son problème.
• Tout le monde peut pas se taper tout le quartier hein.
• Il est pratique Abe, il sait bien.
• C'est pas juste, Laurie.
• T'as pas le droit de lui dire ça.

• Le savoir n’empêche pas les reproches et les mots cruels de sortir. Ça n’empêche pas Malik de s’énerver et répliquer, et le ton de monter. Même s’il le pense pas. Pas vraiment.
• Eh, il veut qu'il le traite comme un adulte ou bien ? Eh bien voilà, c'est fait, content ?
• Il se donne envie de vomir.
• Et intentionnellement ou pas, Maloo sait quoi répondre pour lui faire fermer sa gueule. A commencer par « je fais ce que je veux de ma vie Lawrence Hashem, c’est pas ton problème ».
• On est pas à toi.
• Ça l'atteint plus fort que ça ne devrait, même s’il le mérite. Bam, en plein cœur, mange-toi ça.
• D'accord.
C’est lui qui a tort, pas de problème. Il vire, de toute façon. Pas besoin de lui. Surtout pour ce qu'il arrive à faire.
• Il n’a rien à répondre, et claque la porte en silence.
• Et s’en vouloir terriblement n’empêche pas qu’à l’instant, il préfèrerait mourir que revenir sur ses pas.
• Il est tellement en colère.
• Tellement en colère que c’est Abe qui prend, à l’instant où il ouvre la porte. Law n’est pas tendre avec la clenche, ni avec lui quand il l’embrasse, ou le pousse contre son matelas. Presque violent, presque à en chercher à se battre.
• Abe l’arrête en catastrophe, le maîtrise, le serre fort – Lauren arrête, tu pleures là, stop, doucement-
• Sauf qu’il ne peut rien lui expliquer ; alors il n’y a rien qu’Abe puisse dire, rien qu’il puisse faire, qui puisse aider. Juste le laisser craquer, hurler dans son t-shirt, et lui griffer le dos, et pleurer.
• Hurle et pleure, ça passera.
• Ça passe pas.
• Au mieux ça le vide, lui plonge la tête dans le brouillard, et le lendemain quand il rentre Malik n'est plus là.
• Cool.
• Parfait.

• En temps normal, Lawrence serait très vite allé s’excuser, une fois rassuré de savoir Malik chez son meilleur ami, et pas perdu dans la nature. Seulement voilà, cette fois, il se sent coupable, et ne sait pas comment l’affronter.
• Et puis, s’il ne veut pas rester, il va pas le forcer.
• Cet état d’esprit, qui ne lui ressemble pas, lui vaut une tonne de protestations de la part de Naaji et Abe, venus le secouer et lui dire en face quel con il est de ne pas au moins essayer.
• Vous allez pas rester fâchés pour toujours, c’est stupide.

• Stupide, c’est ça. Ils en ont de bonnes. Lui, quand il pense aller parler à Maloo, n’arrive pas à imaginer quoi dire, et il se sent mal.
• Mais, harcelé, il essaie quand même. Il appelle, une fois, deux fois, sans réponse.
• Chose qu’il prend mal. Peut-être qu’il le mérite. Il sait pas. La colère est toujours là, la peine aussi, et il serre les dents sur les deux.

• La seule fois où il passe au disquaire, Douglas lui fait savoir que Malik n’est pas là. Pas son service. Law ne connaît pas ses horaires, tu m’étonnes.
• Le gérant lui apprend que son cousin dort chez les Greer, ouais, il sait.
• Tu peux repasser, hein.
• Il pourrait. Mais il le fera pas. Ça lui a déjà demandé pas mal de courage de foutre ses pompes dans la boutique, et maintenant qu’il est là, il a la nausée.
• Il peut pas aller chez Daniel non plus. Il remercie juste Doug et rentre.

• Merde, merde, merde.


1995-1996


• Lawrence passe un moment fermé comme une huître, à ne parler à personne, aller se coucher dès qu’il rentre du boulot – et après ça, quelques semaines supplémentaires à déprimer et à s’en vouloir.
• Les jumeaux sont inquiets, mais ils savent qu’il va revenir sur les rails. Ils le connaissent. Ils sont plus inquiets pour Malik que pour lui.
• Et en cela, ils ont raison. Il y a quelque chose chez Law qui l’empêche de rester dans le vague très longtemps.
• Le quotidien finit par reprendre le dessus. 1995 s’installe dans une ambiance morose.
• Malik ne revient pas. Il passe juste un soir, en début d’année, pour récupérer ses affaires – et Law le laisse faire sans chercher à le retenir.
Parle-lui, bon sang. Sauf que desserrer les dents, il y arrive pas. Qu’est-ce qu’il lui dirait, de toute façon. Des mots vagues qui ne risquent rien ? Des excuses ? Du vent, tout ça. Malik est mieux ailleurs que chez lui.
• Pourtant, il a juste envie de l’attraper, de le serrer fort et de le ramener à la maison.
• Mais eh. On a pas toujours ce qu’on veut.

• Un beau jour, fin janvier, Law se rend compte que Qasim pioche dans leur ancien compte commun depuis un bon moment, vraisemblablement pour s’acheter de la came.
• Il voit rouge, et descend lui dire ses quatre vérités en pleine rue.
• Qas est irritable. Il nie, et puis il ne nie plus, mais ne fait pas marche arrière, et ils se crient dessus devant témoins.
• Son aîné lui balance qu’il en a marre, qu’il se casse, qu’il ne veut plus le voir, et passe à deux doigts de disparaître en emmenant Judith avec lui.
• Or, Qasim n’est plus avec Aimee. Il vit on-ne-sait-où depuis des mois, se drogue de plus en plus, bosse pour Raheem à plein temps. Law se rend compte que pour Judy, il vient de frôler la catastrophe.
• Et jamais il ne s’est disputé comme ça avec son frère. Ça lui fout un sacré coup. Mais il en a marre de courir après lui. Depuis le temps, il ne sait même plus pourquoi lui en vouloir.
• Il aimerait bien que ça s’arrête.

• Sauf que pas le choix. Il a encore des choses à faire, il a encore sa famille, alors il avance.
• Law a l’avantage d’être résilient. Il remonte la pente, reprend sa vie. Même si les regrets et les fantômes ne le lâchent pas, il fait avec.
• Qui va le faire, si c’est pas lui, hein.
• Et puis, rapidement, les nouvelles de Malik lui volent ses propres problèmes au profit de l’inquiétude.
• C’est de la famille de Daniel qu’il en reçoit d’abord, puisque son cousin ne veut plus lui adresser la parole. Elles sont sporadiques. Vagues.
• Malik a de nouveaux amis. Ça pourrait être bien, ouais. Mais de ce qu’il entend, non.
• Daniel s’inquiète. Pas qu’il ne s’inquiète pas facilement, mais apparemment, Maloo prendrait de mauvaises habitudes. A traîner avec les gars des squats, un peu plus loin dans le quartier. A aller faire le con là-bas.
• Ça ne lui ressemble pas.
• Law sent un frisson désagréable lui courir la nuque lorsqu’il l’apprend. Il repense à Cruz, et à tout un tas d’épisodes désagréables auquel il ne voulait plus avoir à assister.
• L’inquiétude lui referme ses mâchoires dessus comme un piège sur un loup.
• Du coup, Malik peut lui faire la gueule autant qu’il veut, ça ne l’empêche pas d’aller voir s’il va bien.
• Law connaît le quartier comme sa poche. Ça lui prend deux minutes, Naaji sur ses talons, pour leur tomber dessus. Et puis, son nouveau copain, là, le grand blond avec une tête de chien d’attaque, il se voit de loin.
• Quinn, donc, il ne faut pas deux secondes à Lawrence pour avoir envie de l’éclater sur le carreau.
• Et en dix de plus, il réalise à quel point Daniel a raison. En 19 ans, jamais il n’a vu Malik comme ça, ou entendu ce ton qu’il a maintenant à la bouche.
• Ça lui fait mal à entendre. Malik est sur la défensive, acerbe, Law est toujours Law, et Quinn part au quart de tour.
• Ça ne peut pas bien se passer, et heureusement que leurs amis respectifs sont là pour les tirer en arrière.

• Donc maintenant, en plus d’être triste de sa brouille avec son cousin, Lawrence est légitimement anxieux.
• Et le quartier n’est pas si grand, alors on ne le laisser pas l’oublier.
• Malgré les réflexes qu’il a encore, qui l’empêchent en temps normal de montrer la moindre violence devant Malik, il en viendra aux mains avec Quinn une autre fois. Ils ne peuvent pas se voir, tout le monde est averti maintenant.
• Ça a changé, hein.
• A la maison, on apprend à parler de Malik à voix basse. Parce que rien qu’entendre son nom tend Lawrence à s’en faire un claquage immédiat.
• Non mais tout va bien, pas de problème.
• Malik lui en veut et ne veut plus le voir, Qasim lui en veut et a disparu, Jaheim lui en veut et n’est plus là, Nabila s’en fout et s’est barrée.
Fun. Pas grave. Il va s’y faire. Faire avec. Pas le choix.
• Il a envie de casser des trucs.
• Tout ça lui donne l’air bien agressif, mais personne n’est dupe. Les gens connaissent Lawrence. C’est un mec transparent. Malik lui manque, et il se fait un sang d’encre.
• Il lui en veut, quelque part.
• Il s’en veut aussi, mais ça, il commence à avoir l’habitude.
• Il aimerait revenir en arrière.

• Avec le quotidien qui le happe, son entourage qui se clairsème, et les changements dans ses habitudes, Law a parfois l’impression qu’il ne va plus jamais entendre parler de tous ceux qui ont quitté le champ de son radar. 1994 a été trop brutale, et à plus d’un titre. L’horizon lui semble vide.
• Il n’a pas à aller chercher les nouvelles très loin, pourtant.
• C’est sporadique, mais ça arrive. J’ai vu ton cousin traîner avec ces gars-là. Malik avait l’air crevé, au disquaire, la semaine dernière. Il est plus chez toi, Sessoms ? Etc, etc. Au fil du temps, les bribes qu’il entend s’assombrissent.
• Il y a Daniel Greer, qui est malade d’inquiétude, et il y a le reste du quartier. Même s’il ne traîne plus avec eux, Lawrence connaît encore les groupes qu’il fréquentait lorsqu’il sortait avec Cruz. Les infos circulent.
• Malik part de chez Daniel. Malik quitte le disquaire.
• Eh, Laz, il serait pas un peu… ton cousin, là ?
• Malik se drogue.
• Entendre ça de la part de n’importe qui lui aurait fait hausser les épaules, mais c’est Sheryl, qui le lui dit.
• Et quand quelqu’un se came dans son secteur, Sheryl le sait.
• Pourtant, sur le moment, Law n’y croit pas. Ça lui fait un effet douche froide. Il secoue la tête. C’est pas possible. Ses nouveaux potes branleurs, ok, lui, non.
• Pas Maloo. Pas après Donna. Pas après tout le reste.
• Qu’il y ait une certaine logique dans la chose ne l’empêche pas de nier en bloc. Non, non, non.
• La claque, il se la prendra le jour où il décidera quand même d’aller récupérer son cousin, et le trouvera collé à son demi-frère et son nouveau groupe.
• Ohh, si.
• Putain Lawrence à quel point tu peux être con.

• Il ne pose même pas la question, parce que ça se voit. Il revoit Donna. La peur balaie son calme et se change en colère, lorsque Malik recule et s’entête, et la main d’Abe serrée sur son bras lui fait savoir qu’il parle trop fort.
• C’est déjà trop tard au premier mot prononcé, bien avant que le ton monte, bien avant que Walsh s’interpose, et ouvre sa gueule, et que son sang à lui ne fasse qu’un tour.
• S’emporter à ce moment-là est le pire truc à faire, mais Law le fait quand même. Il a juste envie d’en mettre une à ce fils de pute et de le virer de là, il s’en fout – et une fois qu’ils se sont sautés à la gorge, il faut deux de leurs copains de chaque côté pour les séparer.
• Lawrence est hors de lui. La douleur là où Walsh l’a atteint ne l’empêche pas de crier, il la sent même pas, et Abe doit le ceinturer pour ne pas qu’il y retourne. Il est aussi fou de rage contre Malik et son attitude à la con, et une seule remarque de sa part suffit à réorienter le feu.
• « Oh, ça suffit, toi. Quand on sait pas s’occuper de soi à part pour se foutre en l’air on se la ferme, hein. »
• « T’as rien appris en vingt ans à enjamber ta mère sur le palier ? »
• « Elle serait fière Donna dis donc. »

• Oh putain je voulais pas dire ça.

• Trop tard, hein.
• La gifle lui résonne dans les tympans et la cage thoracique. Le temps d’une seconde, le silence qui suit est assourdissant.
• Mais Malik a toujours quelque chose à dire pour le combler et ne s’en prive pas – ça au moins, ça change pas. L’effet douche froide est réussi et Lawrence la ferme, en effet. Casse-toi. Reviens pas. Sérieusement. Jamais.
• Il a un goût de sang dans la bouche. Ok, je le mérite. Mais ça fait mal putain. Et il ne veut pas partir. Il est pas venu pour ça. Tu peux pas le laisser là.
• Il peut pas le forcer non plus.
• Naaji et Abe ont même pas à le traîner plus loin. Tout est suffisamment clair.
• Il a du mal à respirer.

• Le retour à la maison est dur. Il faut qu’il s’enferme une bonne heure à pleurer un coup et se traiter de tous les noms pour retrouver son calme.
• Il se déteste de ne pas avoir vu le coup venir ; et encore plus d’avoir laissé faire.
• Tu vois que ce que t’as sous le nez, hein.
• Ah ça, pour râler sur leurs horaires et leur manque de sérieux et avec qui ils couchent, t’es là, mais sinon ?
• Tu vois rien de ce qui importe vraiment. A quoi tu sers, sérieux.

• Malheureusement, il est ni con ni aveugle au point de ne pas réaliser que c’est la disparition de Selim qui a tout précipité. Ça et ses réactions de merde.
• Ta faute, donc.
• Il ne sait vraiment plus quoi faire.
• Bravo Lawrence, bien joué.

• Absalom ne repart pas de chez eux. Les jumeaux échangent des regards sans rien dire. Law ne fait pas de commentaire : il s’occupe de Judith, il aide Davin à faire ses cartons. Son frère a trouvé un travail qui lui plaît et emménage avec sa petite-amie de longue date.
• Il a du mal à le laisser partir, mais donne bien le change.
• Quelque part, ça fait du bien aussi de voir que de bonnes choses arrivent encore.
• Abe les aide, et Law ne fait toujours aucun commentaire. Il ignore les regards insistants de sa sœur, et colle sa nièce dans les bras du latino.
• Il comprend pourquoi ce qui n’a pas marché avec Jaheim roule tout seul avec Abe. Abe est chez lui, ici.
• Et depuis le temps, il le connaît. Il vient l’embêter un peu le soir, dans le salon, quand le reste du monde dort déjà. Il lui ressort des trucs perdus depuis un milliard d’années. Des films vieux de cinq cent ans. La guitare qu’il laissait mourir dans un coin.
• Abe a ses méthodes pour le débloquer.
• Depuis sa dispute avec Malik, Law est maussade. Presque trop calme. Comme s’il avait peur de s’énerver. De dire un mot plus haut que l’autre.
• Il en a assez de se disputer avec tout le monde. Ça lui fait mal au cœur, il se sent coupable d’à peu près tout. Se sent mal vis-à-vis d’à peu près tout le monde.
• Tu peux pas aimer les autres aussi fort, Lawrence. A en hurler et à en vouloir mourir.
• C'était pas ton rôle. Et tu t'en sortiras pas.

• Abe lui pousse la guitare dans les mains, et il la rejette en maugréant. Il joue plus, de toute façon. Plus le temps. Plus envie.
• Abe hausse les épaules, pas contrariant. Il sait jouer, lui.
• Typical fuckboy, alright.
• Law le regarde faire en réalisant combien ce serait horrible s’il partait. L’idée lui coupe l’oxygène.
• Pourquoi t’es resté.
• Hein.
• Il aurait pu partir mille fois, pourtant. Law s’est jamais excusé assez. Il l’a jamais remercié assez. Entendre ça le fait rire, et pourtant, c’est vrai. Pourquoi, hein. Y avait tellement mieux ailleurs.
• Il en sait rien et au fond peu importe. Tant qu’il repart pas. Que lui peut lui retirer la guitare des mains, et prendre sa place entre ses bras, et l’embrasser, et lui dire de rester.
• Il sait pas bien ce qu’il ferait, s’il était plus là.

• L’année s’écoule à une vitesse surprenante. L’été passe avec l’air de ne pas vouloir s’attarder. Law traverse les vacances scolaires avec à l’estomac l’impression qu’une catastrophe peut survenir à tout moment.
• Ça fait bizarre. Il était plus confiant, avant.
• Il est sans nouvelle de Malik depuis des mois.
• Qasim est en taule depuis juillet. Ils ne savent pas encore s’il aura droit à une probation.
• Au moins Law sait où il est, et qu’il est vivant.
• C’est triste d’en arriver à se dire ça. Mais il prend ce qu’il a.
• Des mauvaises nouvelles, il en attend tous les jours.

• Les beaux jours ont consommé leur fin, lorsque des coups frénétiques à la porte la lui font ouvrir sur une Nabila en pleine panique. Law ne l’a pas vue depuis des mois. Elle aurait aussi bien pu être morte. Elle balbutie des trucs incohérents, et le nom de Malik, et son cœur à lui s’arrête l’espace d’une seconde.
• Et puis suit une histoire confuse sur Malicia et leur squat et la police, et il repart en trombe. La jeune femme n’a pas le temps de finir qu’il a déjà enfilé son blouson et crié à Amy de rattraper Naaji qui vient de descendre l’escalier parce qu’il a besoin de lui maintenant.
• Il a eu – a toujours – tellement peur l’espace d’un instant.
• Si peur.
• La dernière fois que tu t’es mise à pleurer sur le pas de ma porte, quelqu’un était mort.


• Le sentiment d’impuissance envolé face à l’urgence, Law est en bas de l’immeuble dans la demi-heure, son meilleur ami et un autre copain sur les talons.
• Apparemment, les flics ont vidé les lieux depuis un moment.
• Les colocataires ? Rien à foutre. Deux-trois insultes en arabe et un coup de pied contre la porte font bien le job. Brigade des stups’, ah ah, on se marre, ok maintenant dégage.
• De toute façon, il ne demande qu’à passer par la fenêtre le premier qui ferait la connerie de s’interposer.
• L’état dans lequel il récupère son cousin le rend proprement dingue, et heureusement qu’il est trop occupé à le rattraper, et le tenir debout, et récupérer ses affaires, pour aller faire leur fête aux mecs d’à-côté.
• Malik n’a pas les idées claires, il est au bout du rouleau, et il n’arrête pas de s’excuser, et de pleurer, et de passer de l’agressivité au désespoir, et honnêtement, ça fait un peu peur. Alors les premiers jours, il accapare toute l’attention de son cousin, qui met tout le reste de côté et ne le lâche plus.
• Et il faut, parce qu’ils sont durs, les premiers jours.
• Ça fait un moment qu’on ne le reconnaissait plus, et là, c’est la totale. Tout en même temps. Ils sont loin derrière, l’optimisme et la bienveillance.
• Et le reste du temps, il pleure.
• Lawrence passe son temps à le guetter, à anticiper les crises de manque, à l’éloigner quand il bascule, lui rappeler quelle heure il est, le pousser à manger, le serrer contre lui.
• L’attraper, lui entasser un plaid sur le dos, lui dire que non Maloo, c’est pas grave. Oui, tu es désolé, mais c’est pas grave. On t’en veut pas. Non tu n’es pas un poids. On t’aime, donc c’est rien. C’est bon maintenant, ça va aller.
• Lui dire tout ça, une fois, deux fois, mille fois. Le serrer fort, étouffer les larmes.
• S'excuser pour toutes les horreurs qu'il lui a dites, et pour avoir agi comme un sale con.
• Recommencer.
• Parfois Law a l’impression que ça ne va pas s’arrêter, et ça lui fait peur.
• Quand il lui tombe dessus, Raheem hausse les épaules : « Mais si, t’inquiète, il va redescendre. ». Il fait la grimace quand Law insiste, et lui file une bouteille d’eau.
• Merci, vraiment.
• Il n’y a pas grand-chose de plus à faire pour Malik, malheureusement. Et c’est effrayant.
• Il l’écoute parler pendant ce qui semble des heures, quand il part à la dérive et que les mots ne semblent pas l’atteindre. Selim est partout, dans tout ce qu’il dit. Selim, et des excuses par paquets de dix. Law n’a pas l’impression de pouvoir le consoler ; mais il essaye quand même, parce que quoi d’autre.
• Il le lâche pas. Il écoute, et ça lui retourne le cœur. Mais il écoute.
• Il a l’impression d’avoir entre les mains le puzzle d’un objet très fragile, qui ne demande qu’à éclater en morceaux.
• L’état dans lequel il s’est mis.
• Ça le met tellement en colère. Contre Malik, contre ses amis, contre lui-même.
• Il passe ses journées avec lui, littéralement. Le laisser seul lui fait peur, de toute façon.

• Abe va être jaloux, au rythme auquel il lui rappelle qu’il l’aime.

• Comme si. Abe s’inquiète aussi. Tout le monde s’inquiète. Parce que tout le monde l’adore, et qu’il n’y a pas de raison que ça change. Il a toujours été aimé. Sauf qu’on dirait que ça ne traverse plus son petit crâne amoché et ça…
Ça c’est terrible.

• C’est rien. C’est pas grave.
• Une fois, deux fois, mille fois.

• Il s’attendait pas à ce qu’il l’embrasse. Pas entre deux crises de larmes, pas tout court d’ailleurs.
• Il s’attendait pas à l’entendre dire « je t’aime ». Pas comme ça. Pas Malik.
• C’était stupide.
• Pourquoi est-ce qu’il ne s’y attendait pas ?
• Sur le moment, il ne sait pas quoi lui dire. Alors il ne dit pas grand-chose. Le minimum. L’essentiel. Le temps que la vague passe.
• Je peux pas te détester, dis pas n’importe quoi.

• Ça devrait pas le faire pleurer comme ça. C’est pas juste. Vraiment pas.
• Il a le cœur serré.
• Il s’en veut.
• L’étreint plus fort.

• Et en janvier, quand les choses semblent se calmer, quand Malik a enfin l’air de tenir mieux sur ses pieds, Law met énormément de temps avant de commencer à être rassuré. Ne serait-ce qu’un peu.
• Arrêter de le guetter du coin de l’œil reste difficile.
• Il a eu peur. Le voir comme ça lui a fait prendre conscience de ce qu’il a laissé arriver. Et si, et si, et si.
• Et si Nabila n'avait pas frappé ce jour-là, hein ?



1997


• Tout doucement, la vie reprend son cours.
• Un cours presque normal. On y croit vite. Comme aux sourires de Malik.
• Sans doute qu’il a l’air un peu trop joyeux. Law est suffisamment conscient maintenant de combien il sait donner le change ; et pourtant, il s’autorise à espérer un peu.
• Parce que chaque fois que ça ne va pas, il a l’impression d’être sur le pont d’un bateau en train de couler. Doit se faire violence pour ne pas lui briser les os en le serrant trop fort, sans prévenir.
• Juste un peu, c’est tout ce dont il a besoin. Tant qu’il ne risque plus de le perdre, ça va.
• C’est pas toujours parfait, mais c’est de mieux en mieux. Petit à petit.
• C’est normal, que tout ne soit pas exactement comme avant.
• Le revoir rire, ou sortir, ou cuisiner, rien que plaisanter, lui serre la gorge. Du chagrin et du bonheur entremêlés.
• Surtout du bonheur. Il voudrait. Il espère. Cristallise chaque image comme un objet précieux.
• Il pourrait passer des heures à juste rester là, pas loin. Respirer le même air, habiter la même pièce, écouter sa voix.
• Ce que tu m’as manqué.

• Malik lui a dit des choses terribles, en pleine confusion. Laurie se demande souvent dans quelle mesure c’est encore là, à tourner dans sa tête.
• Ce genre de peur, il ne l’avait jamais ressenti auparavant. Un peu lorsqu’il savait Malik hors de sa portée, à se faire du mal sans qu’il puisse rien faire, mais là, il a les faits sous les yeux.
• C’est pas quelque chose qu’il peut maîtriser. Ni les crampons, ni les mots ne vont jusque-là.
• Alors il faut que ça aille.

• Et ça va. C’est plus calme. Il y a des hauts et des bas. Mais ça va mieux.
• Law apprécie juste de pouvoir s’en faire de moins en moins, petit à petit. Laisser filer l’angoisse qui lui verrouille les poumons.
• Il n’a pas oublié ce que lui a dit Malik en l’embrassant, il y a des mois de cela. Il a compris. C’est rangé quelque part, à l’abri dans un coin. Pour plus tard. Quand ça ira mieux. Il a du mal à se donner le courage d’ouvrir cette boîte-là.
• Parce qu’il se sent coupable de l’avoir ignoré aussi longtemps. Il lui a fait du mal, il le sait.
• Encore une fois.
• Bien sûr que je t’aime.
• Ça lui arrache le cœur de devoir mettre un « mais » derrière, le jour où Maloo l’embrasse à nouveau et le lui redit. Juste pour qu’il sache. Que c’est comme ça. Ça fait mal, pourtant.
• Y penser, rien qu’un peu, lui donne l’impression de mettre un pied dans l’eau. C’est confus. C’est fort. C’est compliqué. Ou peut-être que c’est très simple, au contraire, et que tout ce qu’il a de chevillé au corps, c’est de la culpabilité.
• Et pourtant, ce que moi, j’ai pu t’aimer.
• Il sent que le rejet lui fait mal, et pourtant il a l’air d’accepter. Sans repousser ses étreintes, sans se mettre en colère. Il ne part pas. Ne donne pas l’air de vouloir changer quoi que ce soit.
• Alors Lawrence se dit que ça va aller, finalement. Qu'ils doivent pouvoir y arriver.
• Il y a encore plein de choses à faire et à voir, et d'idioties à raconter entre deux personnes qui l'aiment, au coin du canapé. Un sacré chemin à parcourir.
• Law a passé sa vie à le sous-estimer, alors il n’est plus très sûr de rien. Mais c’est quelqu’un d’incroyable, qu’il a entre les bras, alors-
• Laisse-le vivre.
• Alors il recommence à lui faire davantage confiance. A le laisser seul un peu plus longtemps.

• Il s’en voudra beaucoup, plus tard.

• Pas qu’il y ait eu des signes avant-coureurs ; ou en tout cas, aucun qu’il ait pu déceler. La semaine avait été calme. La nuit normale.
• Peut-être que Malik l’avait serré un peu trop fort contre lui ce matin-là, un peu trop longtemps, avant de le laisser partir.
• Mais rien qui l’alerte, qui l’empêche de prendre sa liste de courses, de lui ébouriffer les cheveux, de sortir en faisant tournoyer ses clés.

• Il se dira qu’il aurait dû rentrer plus tôt.
• Tout le monde se dit ça.

• Et pourtant il passe un temps interminable à râler au supermarché, entre Amy et Abe qui n’en peuvent plus de se retenir de rire, parce qu’il sait pas ce que Malik fout dans ses tartes, mais c’est quoi cette liste put-
• Il a rien compris, ça a permis à Abe de faire son malin au rayon pâtisserie, et pour ça, son cousin va l’entendre.
• Pas que l’entendre grogner ait jamais impressionné Malik. Il passe sa vie à ça.
• Quand enfin ils arrivent, Law part devant, pendant qu’Abe et Amy se chamaillent en bas de l’escalier sur les pronostics du dessert du soir. Sacré traînards, ceux-là, la belle vie hein. Alors que lui, il a plein de trucs à faire.
• Un frisson douloureux lui file le long de la colonne vertébrale en rentrant dans l’appartement. Dans ces moments-là, on prend n’importe quoi pour un pressentiment.
• Le silence.
• Impossible de se souvenir comment il a réussi à ouvrir la porte de la salle de bain.
• Juste qu’il savait, même avant de sortir Malik de l’eau.
• Et que c’était trop tard.

• Rétrospectivement, c'est fou qu'il soit resté aussi lucide.

• Il lui reste des flashs, l’eau partout sur le carrelage, les chocs contre ses genoux, ses doigts inertes contre l’émail. La froideur de sa peau.
• Les gestes de secours appris par cœur et répétés par automatisme. Même en sachant pertinemment que c'était fini. Il aurait pu se tromper. Il l'a fait, il le sait.
• C'est flou, maintenant.
• Il reste les mains d’Abe qui le tirent en arrière et la voix d’Amy, cassée, qui vient de très loin.
• L’émail qui glisse.
• Les secours qui mettent une éternité à arriver.
• Qu’il attend là, à regarder Abe s’affairer, sans réaliser ce qui se passe. Il fait froid, un froid atroce, et il ne peut pas s’arrêter de trembler.
• Même quand les secours sont là et qu’on sort son cousin de la salle de bain, et que la réalité lui revient en pleine figure sans pitié, violente.
• D’un seul coup, il ne reste plus que la sensation de l’émail qui glisse sous ses mains. Plus que l’eau qui clapote.
• Il a envie de mourir.
• Les oreilles bouchées. Pas assez d'air. Le sol qui n'est plus tout à fait là.
• Et cette chose ignoble qui rampe dans sa poitrine et qui grimpe et qui s'en va pas-
• Abe se retourne soudain, avec une expression bizarre.
• « ... Lauren ? »
• Tout s’éteint d’un seul coup, et il fait une crise de nerfs.


• Personne n'a vraiment voulu lui en parler, et il ne se souvient de rien. Il se rappelle à peine d'avoir eu conscience qu’Abe était là.
• Tout ce qu'il sait c'est que Malik est parti et qu'il ne reviendra pas.
• Et les seules traces qui en restent, c’est le pêne arraché de la porte, la clenche sur laquelle il s’est blessé, les griffures sur sa peau.
• La tonne de calmants qu'on lui a mise en pleine tête.
• Et le vide.
• Oh, le vide.


• Les jours suivants, Law alterne les échanges d’un calme terrifiant avec les autorités légales et médicales et sa famille et les services funéraires, et les crises d'angoisse soudaines et violentes sans signes avant-coureurs.
• Absalom ne le laisse plus approcher Judith. La salle de bain est condamnée. Amy refuse pourtant d’aller s’installer chez Davin avec leur nièce.
• Une seule pensée vers Malik, ou Selim, suffit pour faire lâcher la rampe à Laurie. Et il y pense tout le temps. Alors souvent, il n’est pas vraiment là.
• Il n’a jamais autant pleuré de sa vie.
• Ça fait peur à tout le monde.


• Et tout le monde s’en doutait, mais le jour de l’enterrement, Law fait marche arrière à la dernière minute. Il n’y va pas. C’est absolument limpide dans sa tête, quasi aveuglant. Il ne peut juste pas.
• Il y arrivera pas.

• Les semaines qui suivent ne sont pas très claires. Il pleure beaucoup et n’arrive pas à faire son deuil.
• La lettre, il l’a lue une seule fois, avant de la balancer hors de sa vue. Il en aurait hurlé.
• Il le hait. Si fort.
• Tu sais pas ce que tu dis, hein.
• Mais qu’il se barre
, si ça vaut aussi peu la peine ici. Si les gens qui l’aiment ne suffisent pas.
• J’aurais pu faire n’importe quoi hein, à quoi ça servait ?
• T’écoutais pas, à tous les coups, comme d’habitude.

• Il l'aime si fort et il lui manque si fort et il se hait à un point tel qu'il voudrait juste que ça s'arrête. Sec, net, comme on casse un verre.
• Il n’arrive pas à atténuer la douleur.

• Atteindre la fin de l’été est très difficile. Même une fois le choc passé, rationaliser ce qui s’est passé ne fait que ramener Law sur la conclusion que l’élément qui a tout fait basculer, c’est Selim. Impossible de ne pas l'avoir en tête, là, à l’étouffer.
• Ça dure, et ça dure, et ça l'épuise.
• « C’est pas ta faute. »
• Tu sais pas. Tu savais pas.

• Il n’arrive plus à penser aux bons moments. Un rien lui suffit pour se rappeler qu’il ne reviendra jamais.
• Que c’est de sa faute.
• Absalom et les jumeaux n’en peuvent plus de se heurter aux portes en ayant peur qu’elles ne se rouvrent pas.

•  A la fin de l’été, Lawrence saute sur Malicia Byrd pour lui faire regretter d’être née, sans anticiper la possibilité que cette petite conne puisse riposter.
• Ce qu’elle fait. Au couteau.
• Il avait légitimement de quoi lui faire peur, vu combien il était en colère : pas que ça ait jamais vraiment collé entre eux, mais depuis qu’on lui avait appris qu’elle dealait, et qu’elle avait entraîné Malik là-dedans, il aurait pu la tuer de ses propres mains.
• Alors lorsqu’il la croise, c’est la colère et le deuil qui parlent en premier et font que la gamine atterrit contre un mur. Enfin-
• C’est plus une gamine. Depuis un bail. Elle savait ce qu’elle faisait, putain.
• Elle a drogué Mal- ça ne passe pas. Ça le rend malade. C’était son frère, comment elle a pu faire ça.
• Law ne se gêne pas pour lui cracher ses quatre vérités et plus encore, un très beau tableau de tout ce qu’elle mériterait pour ce qu’elle a fait ; aucune compassion, nulle part. Pas de la sienne, en tout cas.
• Et comme il la croyait pas non plus timbrée au point de répliquer à l’arme blanche – clever you – Law n’est pas prêt, se fait poignarder comme un amateur, la laisser filer, et passe ensuite un temps interminable à cracher tout son répertoire d’injures en arabe sur le pauvre frangin Shaheen qui ne lui a rien fait.
• Et qui, accessoirement, n’a jamais demandé à ce que les amis de sa sœur viennent s’entretuer à deux pas de chez lui.
• Les amis de sa sœur, cette blague.
• Heureusement pour Rashid, Law n’est pas au top de sa forme, et Marvin ne l’a pas raté, alors quand il commence à juste insulter dans le vide en voyant des étoiles, il est enfin possible de le pousser jusqu’au centre médical le plus proche et de l’y laisser méditer sur ses erreurs.

• Passer par l’hôpital le calme un peu, juste un peu. L’ambiance aseptisée, le médecin qui le regarde bizarrement et lui ajoute une boîte de cachets sur le tas. L’officier de police aussi, qui lui demande de bien vouloir se calmer deux minutes. Comme si.
• Ça met du temps rien qu’à se calmer, encore plus à aller mieux.
• Enfin. « Mieux ». Un rien suffit encore à le ramener en arrière et lui remplir la tête de souvenirs. Les mêmes reproches, en boucle. Malik, Selim.
• Il se veut beaucoup de mal, dans ces moments-là.
• Et puis les mois passent. Les saisons passent. Il se retrouve à vivre à nouveau, reprendre ses activités, faire à manger, déménager des gens, aller donner des coups de main, tout ça sans vraiment s’en rendre compte.
• Même si le vide est toujours là. Accroché à ses côtes.
• Il aimerait bien remonter la pente. Il a juste envie d’oublier, puisqu’il ne voit vraiment pas comment faire d’autre. Puisqu’il ne peut pas juste s’arrêter là.
• Il déteste cette façon de penser.
• T’as pas le droit.
• Et de toute façon, il ne veut pas.
• Ça fait partie de lui, c’est comme ça.

• Mais le silence, dieux de dieux.
• Il en peut plus du silence.

• Law s’excuse auprès de Rashid en septembre. Il est pas fier de lui sur ce coup-là.
• Nabila et Malicia se sont enfuies on ne sait où, et personne n’a de nouvelles.
• Lui n’en entendra plus jamais parler.
• Naaji organise une fête pour annoncer son mariage avec sa copine. Law la connaît mal ; il a l’impression d’avoir raté pas mal de choses ces derniers temps.
• Son meilleur ami le tire gentiment par la nuque chaque fois que, au cours de la soirée, son regard part dans le vague.
• Il pense à déménager.
• En octobre, c’est Walsh qu’il retrouve à traîner pas loin de chez lui. Un putain de fantôme. Une très, très mauvaise surprise.

• Merde, pas toi.
• Malik lui a parlé de Quinn, et même si Lawrence ne lui pardonne rien, il comprend. Un peu.
• Et aimer Maloo a tendance à rendre moins connard, mais peu importe. Law ne veut ni le voir, ni lui parler, ni quoi que ce soit. Pas de bol, parce que le gars est entêté.
• Casse-toi.
• Comment il lui annonce, hein ?
• Comme à tout le monde, Lawrence. Tu devrais être entraîné, depuis le temps.
• Ça ne rend pas les choses moins dures. Ni pour lui, ni pour Quinn.
• Il a toujours ses affaires, que Malik avait insisté pour sortir du squat. Se rappeler à quel point il y tenait lui fait un mal de chien.
• J’ai des trucs à toi.
• Reprends-les.
• Barre-toi.

• C’est tout ce qu’il demande. Il veut pas compatir. Ni partager. Il veut pas le voir pleurer, il veut pas avoir à gérer ça, il peut pas.
• Merde, il peut vraiment pas faire ça, pas comme ça, pas maintenant. Ça ne va pas du tout.
• Pleure pas, putain.
• Moi aussi il me manque. Moi aussi je l’aimais.

• Casse-toi de ce quartier, Walsh. Que je te recroise pas dans le coin.


• Davin se marie en décembre. Lui et Lynette vont avoir un bébé.
• Lawrence ne déménage pas.
• C’est peut-être une mauvaise idée ; parce qu’autour de lui, il ne voit que le vide.
• Mais il y a trop de souvenirs qui s’attardent là. De bons souvenirs, même s’il n’arrive pas encore à les revoir. Il ne peut pas juste laisser tout ça là. 


1998-2001








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Bien.

bIeN

TOut vA tReS bIeN jE suIS heUReUx tEL MalIk DeuX sEcoNDeS aVant La NOyADe

H A H A

(sinon tout est ok d'un point de vue technique OF COURSE, mais je te hais et j'ai besoin d'une cure de bonheur donc vous allez me la payer bien gentiment sinon je passe mes nerfs sur Nabsrgetnrhf)

Tu peux dès à présent recenser ton avatar, ton métier et demander une chambre pour t'en faire un petit nid douillet. Tu peux également poster une demande de RP ou créer ton sujet de liens. Ton numéro va t'être attribué sous peu, dès que j'aurai ressuscité, et tu vas être intégré à ton groupe dans l'instant. Tu es arrivé dans la pièce Est.

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