Warren roula sur le côté avec un grognement de chien blessé.
Il avait ouvert les yeux, puis les avait refermés en se disant que ça allait passer. Qu’il allait arrêter d’halluciner le plafond blanc et que sa tête et son ventre allaient arrêter de lui envoyer des signaux de gueule de bois – parce qu’il n’avait définitivement pas bu à ce point. Il s’en serait souvenu. Il se souvenait toujours de tout, il avait une mémoire excellente.
Il avait arrêté de se creuser la tête en s’apercevant qu’il avait plusieurs trous noirs, histoire de sauver la face. De garder le contrôle de la situation. C’était glissant, ok, mais il avait connu pire. Pas la peine de sauter direct aux scénarios catastrophes.

Inspire. Expire. Observe.

Il se redressa avec précaution, encore un peu étourdi, et laissa ses yeux glisser le long des murs – blancs, comme le plafond. La pièce dans laquelle il se trouvait ne devait pas être immense, mais l’uniformité des surfaces agissait comme un trompe l’œil. Il avait l’impression de flotter au milieu de nulle part.
Le silence était assourdissant. Il soupira et donna un coup de fouet à ses jambes, puisqu’il était hors de question de passer la nuit ici. Et puis quoi encore. Soit on l’avait jeté là, soit il y était rentré seul, mais une seule certitude : il y avait une sortie. Une porte qu’il ne pouvait pas voir, certainement parce qu’elle était de la même couleur que le reste et qu’il voyait encore un peu flou. Il allait la trouver, défoncer le battant s’il le fallait, et se tirer d’ici à toute vitesse.

Il n’aimait pas s’affoler, mais ça ressemblait drôlement à un kidnapping. Bizarre, granted, et ça ne lui donnait pas envie de voir la gueule du type derrière tout ça.
Une pièce toute blanche, ça faisait un peu savant fou. Ou instrument de torture original. Salle d’attente d’asile, quelque chose comme ça.

Un frisson lui parcourut l’échine quand ses doigts effleurèrent la surface lisse d’un mur, à sa gauche.
Perdu mais pas sans ressources. Allez, Warren.