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Firmin Ollivier
- D 00 052025 00 07 D -

Firmin Ollivier

En bref

Masculin
Pseudo : Dayday
Messages : 39



Unleash your imagination
Two stars, one constellation
Bright lights just
to guide the way
Can you see what I see in you ?
Nom : Ollivier.
Prénom : Firmin.
Surnom : Fi' ; Frimin ; Frimousse ; shtappls.
Sexe : Masculin.
Âge effectif : Partant sur ses 21 ans.
Âge apparent : 21 ans.
Arrivé depuis : Vient d'arriver.
Date de naissance : 19/08/2004.
Date de mort : 24/05/2025.
Orientation sexuelle : Bi à tendances hétéro.
Groupe : Commotus.
Nationalité : Français.
Langues parlées : Français (langue maternelle), bon niveau en anglais et espagnol, des petites connaissances dans quelques autres langues européennes.
Ancien métier : Étudiant en troisième année de LLCE. Après sa licence, il comptait partir à l'étranger pour améliorer son anglais, mais aussi (surtout) faire des stages dans le milieu du spectacle.
Métier actuel : Potentiel acteur sans troupe de théâtre fixe pour le moment. Mais bon ...
Casier Judiciaire


▬ Crimes commis :
▬ Circonstances du décès :
▬ Péché capital principal :
▬ Péché capital secondaire :
▬ Rapport à l'alcool :
▬ Rapport aux drogues :
▬ Addictions :
▬ Mauvaises attitudes récurrentes :
▬ A été victime :


Physique


A le voir, comme ça, Firmin n’a pas l’air bien d’exceptionnel. C’est un garçon au physique quelconque, un occidental faisant son âge d’un mètre soixante-seize et à la corpulence moyenne. Sinon, il a un visage plutôt fin, mais ce n’est pas non plus avec ses yeux marron ou ses cheveux châtain mi-longs qu’il va impressionner qui que ce soit. Malgré tout, Firmin est loin d’être inoubliable … Pour le meilleur comme pour le pire.
Difficile de passer inaperçu quand on fait autant de bruit que lui, et son exubérance se traduit aussi bien à travers son attitude ou quelques autres éléments visibles. Cheveux déstructurés comme coiffés à la dynamite, vêtements aux couleurs vives, toujours un grand sourire aux lèvres … Firmin respire et expire la joie de vivre de toutes les pores de son corps.
On ne peut cependant lui amputer un certain charisme si on ne prend pas en compte sa tendance aux mauvaises blagues et autres dad jokes. Après tout, son corps restant quand même un outil indispensable pour sa passion du théâtre, il en prend soin par des exercices quotidiens et des bonnes habitudes. Sa posture est naturellement droite et triomphante, attestant de sa confiance en lui et pouvant ainsi inspirer par la même la confiance chez les autres.
Niveau vestimentaire, au quotidien il peut se cantonner aux éternels t-shirt, jean et baskets de ville. Un style simple, décontracté, que monsieur tout le monde porte avec aisance … Il n’empêche que Firmin adore aussi les accessoires et les costumes. Les larges chapeaux à plume, les moustaches élégantes, les barbes, les cannes, les éventails colorés, les grosses lunettes … C’est vraiment son truc, et un plaisir sans nom lorsqu’il se perd dans les coulisses d’un théâtre.


Caractère


De grands rires improbables et il n’y a plus de doute à avoir : Firmin est dans la place.
Malgré son passage à la vingtaine, la plupart des gens le qualifieront le plus souvent de « grand gamin ». Après tout, oui, il est souvent de bonne humeur, aime s’amuser et noyer les gens d’ondes positives. Noyer, oui, littéralement.

Depuis petit déjà, le théâtre s’est révélé être une passion pour lui et devenir acteur son ambition d’avenir. Il ne le cache pas, il aime ça. Firmin est un être à multiples facettes sur les planches et devant la caméra. Mais ce n’est pas pour autant qu’il ne sait pas qui il est vraiment.
Derrière le masque se trouve un jeune homme enthousiaste et plein d’entrain à en rendre malade le peuple. C’est le genre qui exagère, qui en fait trop, bruyant, qui te sort des blagues d’une débilité sans nom … En gros, le genre que l’on catégoriserait tout de suite d’acteur de pacotille, surjouant, qui se croit le plus talentueux et se la pète prodigieusement alors, qu’au fond, il est dénué de talent.

Sauf que ce serait aller un peu trop vite en besogne. Firmin veut bien faire et reste un ami fidèle pour ceux qui arrivent à le supporter un minimum. Il est présent dans toute sorte de situation et n’ira pas se voiler la face en évitant les plus sérieuses. Certes, il se laisse parfois aller par son instinct, les mots bien souvent plus vifs que sa pensée. Du coup, il agit d’abord et réfléchit ensuite ; ce qui fait que, des fois, il peut avoir l’air hautain ou faire des choses s’avérant désobligeantes … Mais il n’est pas méchant, et s’il se rend compte qu’il vous a blessé, il tentera de se faire pardonner. Il est plein de bonne volonté et veut faire plaisir aux autres. En tant qu’acteur, ce n’est pas tant le fait de briller qui l’intéresse, mais de divertir les spectateurs, les emporter dans quelque chose qui les changera de leur quotidien.
Vrai passionné, il prend très à cœurs ses rôles et travaille beaucoup sur eux. C’est quelqu’un de motivé ; bien au courant que, pour réussir, il ne suffit pas d’attendre que la nourriture lui tombe cuite dans le bec. Surtout pour le métier d’acteur qu’il souhaite tant embrasser. Il sait ce qu’il veut et possède les capacités pour prendre les choses en main ; ni trop vantard, ni trop humble.

Firmin n’est pas un clown triste. Derrière ses grands sourires, il n’y a aucune blessure profonde qui se cache. C’est vraiment un garçon relativement normal et honnête. Il ne vous cachera pas qu’il vous aime bien si c’est la vérité, surtout qu’il a en horreur la solitude et le silence. Là est peut-être la seule raison pour laquelle il se sent obligé de parler à chaque blanc. En effet, quand il était plus jeune, un malencontreux accident a failli lui faire perdre l’ouïe. Heureusement, ce ne fut pas le cas, endommageant seulement à peine son audition. Depuis, il fait attention à ses oreilles, ne les expose pas à de trop grands décibels (comme en soirées, par exemple) sans ses filtres auditifs. Il évite aussi du mieux que possible l’utilisation d’écouteurs. De plus, ça l’a sensibilisé aux petits dangers de la vie et, sans non plus virer paranoïaque pour ne pas la gâcher, il reste donc prudent la plupart du temps. Quand il y pense.


Résumé d’histoire


Firmin Ollivier est un jeune homme sans histoire particulière. Il a vécu dans sa famille composée de sa mère, son père et son grand-frère Denys avec qui il est très proche. Petit, il aurait bien pu perdre l’ouïe à cause d’un malencontreux accident mais tout s’est bien fini. Ceci dit, l’événement n’a pas empêché son frère de se sentir coupable et, même si le temps a passé, il continue de se sentir responsable tout au fond de lui.
Dans tous les cas, cela n’a pas eu un grand impact sur leur vie dans les faits.

Firmin et Denys ont pour rêve depuis tout jeune de travailler dans le cinéma. Firmin en face des caméras comme acteur, et Denys derrière en tant que scénariste et metteur en scène ; ce qui a dû beaucoup jouer sur l’évolution de leur relation ainsi que de leur cercle d’ami. De base, ils s’aiment beaucoup et n’hésitent pas à se parler et partager des choses mais, avec les même centre d’intérêts, ils se sont aussi partager les groupes d’amis, formant un bon cercle de connaissances avec qui ils ont vécus pas mal d’années et se sont amusés à faire quelques court-métrages amateurs.
Le temps passant, avec les études, les responsabilités et de fil en aiguille, le noyau dur de leur « team » s’est pourtant relâché et ils ne se voient plus aussi souvent, même si quelques contacts sont gardés par SMS.

Firmin et ses plus proches amis arrivent en dernière année de Licence, il va être temps pour eux de quitter le navire comme d’autres ; le fils Ollivier très motivé pour voyager et apprendre à l'étranger.
Tout ce que cela implique inspire alors à un Denys un poil mélancolique d’organiser une réunion pour « fêter » ce départ.
Après les examens, ils passeront avec leur fidèle groupe d’amis une semaine de camping où ils rattraperont un peu de ce temps qui a filé, en profitant pour mettre en place un dernier court-métrage ensemble. Scénario surprise préparé par Denys.

Malheureusement, tout ne se passera pas exactement comme prévu.


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« Requiescat in pace »
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Firmin Ollivier
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Firmin Ollivier

En bref

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Histoire


Assis en tailleur sur le lit, le petit Firmin faisait des cocottes en papier avec l’emballage des cadeaux de son grand frère. Bien trop content de ce qu’on lui avait offert pour ses neuf ans, Denys les avait empilés en vrac sur le sol de sa chambre et n’avait pas attendu bien longtemps avant de tout tester avec l’enthousiasme des garçons de cet âge. Ses parents lui avaient pourtant demandé d’attendre, mais comme s’il était possible de résister à ce bel ampli qu’ils lui avaient offert ? Ça ne devait pas être bien compliqué, de toute façon. Il savait lire et puis il était grand, maintenant !

« D’ys, donne un chiffre !
— Cinquante-quatre, lâcha au hasard l’intéressé.
—  Heeeeeeein ? Okay. Undeuxtroisquatre… »

Le benjamin se mit à réciter les chiffres à toute vitesse tout en accordant le rythme de ses doigts à son débit de parole, ne pensant même pas à respirer. Malgré les deux ans qui les séparaient, Firmin se sentait lui aussi comme un grand garçon.
Les deux frères avaient toujours été très proches et les gens qui ne les connaissaient pas supposaient plus volontiers qu’ils fussent dans la même classe que le lien filial. Pour une fois, cependant, chacun ne faisait que peu attention à l’autre, occupés à leurs affaires. Certes, Denys écoutait toujours Firmin sauter quelques chiffres d’une oreille, mais il  ne se rendit pas tout de suite compte qu’il s’était un peu trop approché de son matériel … Ce alors qu’il bidouillait les branchements de l’appareil.

Un son énorme explosa des enceintes de l’ampli, résonnant dans la pièce avec une force telle que la maison en aurait presque tremblé. Des cris suivirent instantanément la détonation de décibels … et les pas paniqués de leurs parents montant les escaliers n’étouffèrent pas les pleurs de culpabilité.



« J’entends riiiien.
— Attends, attends, j’en ai une autre … Je suis sûre qu’elle va te plaire, celle-là ! »

Son livre sur la tête faisant office de casque de fortune et les jambes repliées contre lui, Benjamin exagéra sa grimace pour tenter de faire comprendre à son ami que, non, il sentait au plus profond de lui que la blague n’allait pas lui plaire. Et à raison. Le jeune homme ne savait pas trop où diable Firmin allait les récupérer, mais … Enfin. Si ; bien sûr que si. Mais quand même.

« Alors, quelle est la différence entre une couturière et une anglaise ? »

Ça commençait déjà très mal.
Au départ, la date des partiels de fin d’année approchant, les deux amis s’étaient rejoints dans leur coin de pelouse auto-attitré du campus dans le but de réviser. Mais, bien entendu, au fil de leur discussion en attendant la troisième roue de leur tricycle, ils en étaient arrivés au stade où Firmin se devait de partager ses dernières perles.

Comme si le contact visuel lui était primordial, le « Bourreau-de-l’humour » Ollivier bascula en avant pour sortir de sa position assise. Il se tint alors en équilibre sur ses genoux et ses mains tout en tordant son cou afin de trouver le regard pourtant récalcitrant de son public réduit. Avec cette pose, sans doute ridicule aux yeux de tous les passants, il finit quand même par balancer :

« La couturière s’pique les doigts et l’anglaise speaks inglish. »


Aucun rire de la part du rouquin. On ne pouvait cependant pas en dire autant de son camarade, la tête à moitié dans l’herbe après avoir lâché sa position d’acrobate. Ses caquètements l’empêchaient presque de respirer, ce qui était bien le dernier des soucis de Benjamin. D’un parce qu’il était habitué, et de deux parce qu’une blague pareille ne méritait aucune magnanimité.

« Hey, les gars ! »

Heureusement que Marylou arrivait toujours au bon moment. La jeune fille, immanquable avec ses fines lunettes de soleil et sa coupe raide d’un côté et tressée de l’autre, eut le don au simple son de sa voix de calmer le fou rire malade de son ami.

« Vous bossez bien, dites donc.
— Toujours. » Répondit-il d’ailleurs, un semblant de sérieux dans son grand sourire, se remettant bien assis et agitant sa tignasse d’une main pour en décoller les brins d’herbe qui s’y étaient accrochés.

« Help meeee. » Couina à son tour Benjamin, faisant comme si Firmin ne pouvait l’entendre juste par la force protectrice de son bouquin dissimulant sa bouche.

Episode de la vie des plus normal pour Firmin Ollivier, Marylou Garnier et Benjamin O’Reilly : étudiants en troisième année de LLCE Anglais. Enfin, plus pour très longtemps. A ce moment-là, il ne leur restait que quelques jours avant leur première session d’examens. Pourtant, déjà d’autres choses prenaient de la place dans leurs esprits volubiles.
Tout s’accélérait pour eux ; soudainement il leur avait fallu mettre en place un projet, quelque chose de concret à insérer dans leur dossier et qui devrait, en passant, représenter le socle sur lequel tiendrait leur avenir. Rien que ça. Les choses changeaient, ils grandissaient, et bientôt ils ne seraient plus ensemble pour s’épauler. Cependant, cette partie de l’histoire, ils n’en parlaient pas encore. Préférant apprécier l’instant présent et, surtout, ne pas se projeter plus loin que cette sortie camping organisée dès la fin des examens par les frères Ollivier.

« Alors, mon oncle nous emmène, c’est bon. Donc avec moi et Ben, il reste deux places si besoin. Et pas de soucis pour prendre le matos de ton frangin aussi. »

Pendant qu’elle parlait, Marylou s’installa dans l’herbe en face des deux garçons, s’y laissant presque tomber avec la grâce d’un éléphant qui n’en avait rien à faire. De l’autre côté, Firmin claqua dans ses mains de satisfaction :

« Cool. J’vais en reparler à D’ys et puis on verra, pas de souciiiis ~!  »

L’excitation débordant de son vase de bonne humeur, souvent très grand mais tout de même souvent très plein, l’étudiant se pencha avec la souplesse d’un roseau du côté de Benjamin, poussant gentiment son épaule avec sa joue :

« Ça va être trop cool ! HAHAHA !
— Oui oui, enfin faut pas oublier les exams ! J’ai pas tellement envie de passer aux rattrapages. »

Chose qui n’était d’ailleurs pas encore arrivé et ce pour aucun d’entre eux. Benjamin ne voulait bien entendu pas paraitre rabat-joie et ne montra non plus aucun signe particulier d’irritation, tapotant simplement la tête de Firmin avec son livre. Cependant, celui-ci fut atrocement blessé par l’attitude glacée de son ami et retourna violemment à sa place initiale, portant sa main droite à son cœur meurtri et le dos de la gauche sur son front.

« Mais moi non plus ! Hooo, c’est bon, c’est bon ! Héhéhé. »

Back on tracks. C’était souvent tout ce qu’il fallait. Firmin n’avait pas de problèmes pour se concentrer, bien au contraire, et savait rapidement retrouver son sérieux. Après, il n’y avait pas à dire : il avait hâte d’arriver à la fin des partiels.

Benjamin senti un bout de gomme de crayon lui titiller l’épaule. Lorsque ses yeux roulèrent en direction de la source de tourment, il ne fut bien entendu pas étonné de trouver Firmin allongé dans l’herbe, armé de son sourire le plus grand :

« Eh, eh, tu n’oublieras pas ton maillot de bain … ‘jamin. »



« Alors. »

Pivotant sur sa chaise de bureau dans un grincement joyeux, Denys mâchouillait son crayon et se grattait la tête. Une feuille de papier lui faisait face, déjà annotée de son écriture nerveuse, et n’attendait plus que la suite du récapitulatif.

« Lionel emmène Romain, Marylou et Ben … C’est bon, personne d’autre ?
— Nooop. »

Installé comme une équerre sur le lit de son frère, perpendiculaire au sommier, Firmin lisait son livre la tête en bas et les jambes plaquées contre le mur.

« Okay … Bon, on a le temps pour l’organisation. T’façon, ça tu t’en occuperas, hein ?
— Ouais, ouais. »

Et, sur l’écran d’ordinateur, le haut du crâne de Romain était visible en vidéo-conférence. De son côté de la ville, il était lui-même aussi occupé à bidouiller des trucs.

« J’ai parlé à Sandrine aussi, elle vient avec Lisa et peuvent récupérer Jay et Rosie.
— Est-ce que …, commença Firmin en posant son livre sur le côté, piqué par la curiosité.
— … Oui, oui.
— Wooooh ! Il était temps ! »

La petite ambiance studieuse venait soudainement de voler en éclat face à la nouvelle. Romain, dans son exclamation de surprise, avait quasiment manqué de se cogner à sa lampe de chevet en relevant la tête trop brusquement. Sans doute que, s’il avait pu, Firmin aurait fait voler des cotillons de cônes surprises. Malheureusement, par faute de moyens, il se contenta de quelques pirouettes pour descendre du lit et rejoindre son aîné, s’accrochant à son cou le sourire jusqu’aux oreilles.

« Ouaaais … Mais, j’sais pas … ça va faire bizarre maintenant de les voir toutes les deux … Non ?
— Oooh, nooostaaaalgiiiii-…
— Shhh, rabroua Denys, la moue aux lèvres et poussant la joue de Firmin de l’index.
— Bah, on verra bien. T’es tout sentimental là, hahaha ! »

Le garçon remercia la compassion de son meilleur ami en faisant mine de retourner à ses notes pour y dessiner des cercles ; et ce même s’il avait toujours les bras de son petit frère autour de son cou, indécrochable. Les deux autres étaient pourtant vraisemblablement bien lancés :

« Tiens, mais t’as oublié de parler de quelqu’un, noooon ?
— Mais ouiii, alors ! Elle vient, ta copine ? »

Et voilà. Et voilà. Après, il n’avait rien à cacher ; l’oubli n’avait pas été volontaire. Cette petite excursion était prévue depuis un petit moment maintenant et ses deux comparses avaient répondu présents tout le long de la mise en place de l’initiative.

« Arrêtez de l’appeler comme ça … Mais, ouais, elle vient. Avec un ami.
— OOOOoooooh …. » Firent-ils en chœur. Denys leva les yeux aux plafonds, habitué à leurs réactions exagérées lorsque ça touchait ce genre de sujet. Cependant, ce n’était pas le moment de perdre son sérieux et donner le temps à leurs esprits de s’imaginer n’importe quoi :

« Alors donc, ils viennent avec nous, Fi’. Je compte sur toi pour être sage !
— Eh !
— Mais, cet ami, là, tu l’as déjà vu ?
— Oui oui, euh … Quelques fois. Bon ! »

Il chassa d’une main les souvenirs et son frère qui faisait semblant de chouiner :

« Mais pourquoi tu dis rieeeen !
— Parce que y’a rien à dire ! Allez, on se remet au boulot c’est pas trop demandé, les mecs.
— Okaaay.
— Compris, chef ! »



Les choses finirent, sans surprise, par s’enchaîner très rapidement.
Révisions, Partiels et hop. Jour J. C’était leur occasion de souffler mais aussi de s’assurer que tout le monde pourrait venir. De plus, ils ne seraient pas embêtés par les touristes et autres vacanciers, au moins. Un petit moment privilégié entre amis très proches, contents de se retrouver en petit comité pour, peut-être, la dernière fois avant longtemps.

La seule personne qui n’était pas familière au groupe, c’était Claude Brunel : une amie d’enfance de Denys. Le statut de leur relation était assez confus aux yeux de tous, mais l’on ne pouvait nier qu’ils s’appréciaient beaucoup. Etant elle-même dans une situation un peu difficile, il lui avait donc proposé de venir et c’était d’ailleurs elle qu’ils attendaient.
Assis sur le siège arrière de leur voiture, Firmin chantonnait et pianotait sur son téléphone portable, discutant avec Marylou et Benjamin eux-mêmes chez Romain le temps qu’il charge ses affaires dans leur propre véhicule. Claude, il ne l’avait vu que très peu souvent, très furtivement, et n’en savait que ce que son frère voulait bien lui dire. Même si les deux garçons restaient très proches (et c’était peu de le dire), ils n’étaient pas non plus collés l’un à l’autre vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il leur arrivait ainsi d’avoir quelques aventures différentes. Ce qui lui allait. Ce n’était pas ses affaires et rencontrer des gens était parmi ses activités préférées.
Elle venait donc elle aussi accompagnée de quelqu’un d’encore plus mystérieux, dont le garçon avait entendu parler une fois ou deux au fil d’une conversation et de petites mésaventures. Mais sans plus, encore une fois.

Denys, lui, était dehors, adossé au véhicule à regarder le ciel et sa montre de temps en temps. L’heure faisait écho avec l’horizon qui se colorait peu à peu de rose ainsi que le parking toujours vide du centre commercial qu’ils squattaient. Mais il fallait au moins ça pour le bout de route qui les attendait.
Lorsque finalement il aperçut des silhouettes venir dans leur direction, le brun reconnu sans hésitation celle filiforme de son amie, tenant par la main un garçon typé asiatique. Denys se redressa alors, tapotant le toit de la voiture afin d’alerter Firmin, mais ne sut pas plus comment poursuivre. Les rejoindre pour les aider à porter leurs sacs ? Attendre ? Au moins Firmin ne prit pas autant de temps pour réfléchir, lui, sortant directement de sa place pour faire de grands gestes de salutations.

« Heyyy heyy. Allez allez ! On vous attend depuis des heuuures ! »

Le jeune homme qui suivait Claude esquissa un vague mouvement de recul, mais celle-ci ne le laissa pas faire, lui lançant un regard suivi d’un sourire avant d’allonger sa foulée pour rejoindre au plus vite les deux frères. Plutôt grande, cela ne lui prit pas bien longtemps.

« Salut salut, désolée de l’attente.
— Hof, Firmin exagère, comme d’hab’.
— Hein ! Je suis sûr que les autres y sont déjà arrivés, là ! »

Sa blaguounette n’ayant visiblement pas l’air de trouver son public, Firmin pivota vers les deux nouveaux arrivants et leur tendit ses bras pour se présenter en bonnes et dues formes :

« Haha, mais oui, je rigole ! Salut ! Firmin ze naïm !
— Salut. »

Claude semblait si froide, au premier abord. Un public qui s’annonçait difficile. Pourtant, ce fut tout en douceur qu’elle lâcha la main de son ami et la fit glisser dans son dos pour l’encourager à s’avancer. Encore un peu et elle sentait qu’il était prêt à ses cacher dans ses jambes. Pour donner l’exemple, elle prit la main de Firmin et la secoua fermement, un petit sourire au coin des lèvres. Quelle poigne. Firmin ne pouvait qu’imaginait ce qui pouvait plaire à son frère, héhéhé …
Enfin, l’autre garçon, lèvres pincées, jeta un coup d’œil timide en direction de Denys avant de finalement s’avancer et prendre à son tour la main de Firmin, bien qu’il la fixait bizarrement comme si de drôles de boutons la parsemaient. Ou quoique ce soit d’autre de bien assez extraordinaire.

« Éric … Luan ? »

Firmin battit des paupières face à la mine incertaine du fameux Éric … avant de finalement comprendre et d’éclater de rire. La réaction inattendue le fit se rétracter, mais une main connue le prit par l’épaule :

« C’est de l’anglais, c’est juste pour dire qu’il se présente.
— Ah ! Désolé …
— Ho ho ho, c’est pas grave ! Je dirais même pas que c’était de l’anglais vu comment j’l’ai prononcé ! »

HM HM HM. Le fils Ollivier savait reconnaître lorsqu’il mettait les pieds dans le plat. Après tout, il avait eu pas moins de vingt belles années pour se perfectionner dans cet art ! Même pas besoin de tourner la tête vers Denys pour sentir ses ondes de jugement. Mais, hey, il arrangerait les choses ! Ni une ni deux, il frappa quelques coups avec les paumes de ses mains et attrapa Éric par le cou. Tel un lapin apeuré, il lâcha un glapissement mais se laissa malgré tout conduire par la poigne de son chasseur :

« Allez, viens Éric, on va repartir sur de bonnes bases toi et moi et devenir super copains ! »

De son autre main libre, Firmin ouvrit le coffre de leur voiture et rangea habilement les affaires de son jeune camarade. Laissant à son frère le soin de s’occuper comme un grand de sa « cop-… Claude, il mena son "otage" à l’arrière de la voiture où il entra à la suite avec souplesse.
Maintenant en tête à tête, ils pouvaient faire plus amples connaissances :

« Alors, dis-moi, qu’est-ce que tu fais dans la vie ?

Hébété, incertain, perdu, … beaucoup d’adjectifs pouvaient désigner le pauvre Éric. L’analogie du lapin avait l’air on ne pouvait plus adéquate à la manière dont il cherchait sa figure de confort à travers la vitre arrière du véhicule. Firmin commençait à s’inquiéter. On l’avait bien prévenu que le garçon était particulier, mais pas non plus qu’il était sujet à des crises d’angoisse ou ce genre de trucs ? Heureusement, il fut soulager de l’entendre s’éclaircir la gorge avant de lui répondre, bien qu’il semblait toujours converser avec le siège qui lui faisait face :

« Dans la vie … ? Euh … Je … Je vis …
— Hahahaha ! Ouais, c’est vrai que c’est plutôt pas mal. Enfin, tu vois, moi je suis en LLCE anglais, et je fais du théâtre aussi ! Pour devenir acteur ! »

Sans s’en être rendu compte, Firmin s’était approché un petit peu trop près de l’espace personnel d’Éric, et celui-ci n’eut aucune honte à le lui faire savoir en plaquant ses mains contre son visage et en le poussant de son côté de la voiture.

« Pardon … C’est quoi el-el-cé-euh ? »

Ça va, pas de quoi le prendre mal. Il était vrai que Firmin était quelqu’un de particulièrement tactile et agité … Même ses plus proches amis n’hésitaient plus à le pousser ou à embêter ses joues pour lui faire comprendre qu’il était, encore une fois, un poil envahissant. Plutôt qu’à ça, Firmin se raccrochait au fait que, malgré tout, Éric voulait bien continuer la conversation.
Ramenant et bloquant ses bras sous ses aisselles pour être certain qu’il ne les perde pas, le jeune homme expliqua tranquillement et sans perdre son entrain :

« C’est ce que j’étudie à l’université ! Langues, Littératures et Civilisations Etrangères, énuméra-t-il en hochant la tête autant de fois que de mots. Je fais ça pour m’améliorer en anglais, contrairement à ce que je t’ai montré tout à l’heure je parle plutôt bien quand même.
— D’accord … L’anglais …, Éric eut l’air de réfléchir avec précaution. Ma cousine regardait Dora, quand elle était petite. Pour l’anglais. J’ai un peu appris aussi avec elle maiiis … Ça fait longtemps.
— Ah, Dora l’exploratrice !? La meilleure des professeurs d’anglais, acquiesça Firmin avec profonde considération. Et alors, à ton tour, tu fais quoi, toi ?
— Jeee … je … »

Éric leva la tête vers le plafond, puis la tourna en tous sens comme pour chercher ses mots. Finalement, il revint du côté de Firmin, fixant un des boutons de sa chemise.

« Je fais rien. Des foiiis, je reste à la maison, je garde le magasin avec Maman … Et puis je sors avec Claude … Euh …
— OOOH, ah oui ? Tu sors donc avec elle ? »

Son interlocuteur sembla surpris de sa réaction, sur le coup. Peut-être s’était-il montré trop violent ? Pourtant, ça répondait à son interrogation majeure … Et puis si Éric était le genre de Claude, il comprenait mieux pourquoi Denys n’avait aucune chance. Pauvre frangin. Il lui tapoterait gentiment la tête lorsqu’il aurait le temps pour lui manifester son empathie.

« Euh, oui. Elle, euh, on se promène. Et on parle. Et … »

… Bon. Peut-être que Firmin avait mis la charrue avant les bœufs. Tout ça n’était toujours pas clair, et son doute n’aurait-il pas l’occasion de lever le voile de mystère avant un moment étant donné que Claude venait justement d’ouvrir la porte avant côté passager, suivie de Denys côté conducteur. La jeune fille passa la tête entre l’espace des deux sièges, fixant d’un œil inquisiteur le dernier des Ollivier pourtant plus sage qu’une image.

« Tout va bien ? » Demanda-t-elle, s’adressant plus particulièrement à son protégé. On aurait dit une lionne s’occupant de sa progéniture, ce que ses cheveux aux pointes bouclées châtain fauve ne faisaient qu’accentuer.

« Il me fait peur … mais il est gentil …
— Wouhouuuuu, yeaaah ! Denys, Denys ! Je suis gentil ! »

C’était la fête ! Firmin tenait à cœur que cette sortie se passe pour le mieux et, s’il ne s’inquiétait pas pour ses amis qu’il connaissait que trop bien, il savait que ça n’était pas forcément toujours facile de s’intégrer. Surtout que Claude, comme Éric, n’avait pas l’air spécialement expansif. Ce qui n’était pas gênant, bien entendu, mais ça aurait été triste qu’ils ne s’entendent pas ! D’autant plus que le voyage promettait d’être long avant de rejoindre les autres membres de leur groupe au contact potentiellement plus facile.

« Mais oui Frimousse, bien sûr que t’es gentil. Allez, on est parti ?
— Pas trop tôt ! Lionel aurait eu le temps de faire le tour de Fra-…
— Là, t’es un méchant garçon.
— Ehh, tsh tsh. »

Plantant furtivement son index dans le crâne de son frère, Firmin fit mine de se retourner vers quelqu’un qui savait mieux l’apprécier. C’était en tout cas ce qu’il voulait faire comprendre à son aîné.

« Dis-moi, Éric, est-ce que tu connais quelques blagues ?
— Euh … Non.
— HEHEHE ! Super ! Moi j’en connais PLEIN, tu vas voir … »

Alors que la voiture démarrait et qu’ils se mettaient finalement en route, le benjamin prit quelques secondes pour réfléchir à ce qu’il allait bien pouvoir raconter. Son répertoire était immense, il fallait démarrer avec quelque chose d’épique.

« Alors ! Quelle est l’étoile la plus sale ? »

Par exemple.
Les sourcils de son compagnon de siège arrière se froncèrent et une moue contrariée peignait son visage d’ordinaire chamboulé. Il ne faisait pas semblant de réfléchir, au moins. Denys lui, connaissait très bien la chute. Il était toujours le premier à tester les nouvelles blagues Carambar de son frère, et il lui arrivait même de savoir y répondre ! Trop habitué. C’était bien son frangin.

« L’étoile d’araignée ! »

Silence. Ou, du moins, rien d’autre que les bruits du moteur et de la ville à l’extérieur, étouffés par les vitres fermées.

« Ton frère en a beaucoup, des comme ça ? bougonna Claude, la joue posée contre son poing dont le bras prenait appui sur la portière.
— Si tu savais.
— Éric, n’hésite pas s’il t’embête.
— Je ne suis pas embêté … Mais … Je n’ai pas compris. »

Ah, bah !

« C’est un jeu de mot ! L’étoile … Une étoile … Sale … Et dans une maison sale y’a des toiles d’araignée … Les … toiles … Tu vois … ?
- … Hiiiiiin … Oui ! D’accord. »

Cependant, pas plus de réaction de sa part. Firmin assuma tout de même que son explication n’avait pas été trop foireuse. Ce n’était pourtant pas pour autant qu’il allait abandonner.

« Bon, essayons autre chose : que font deux brosses à dent le 14 Juillet ? »

De nouveau, Éric prit la question très au sérieux et chercha tant bien que mal une réponse convenable.

« Des feux dentifrice ! »

Et sans surprise, malheureusement, nouveau silence.

« Faudrait vraiment que je pense à rajouter un effet sonore badum tss dans cette voiture …, plaisanta Denys pour lui-même.
— Huuu, je suis tellement nul, bouhouhou … »

Il n’y avait plus qu’à se mettre en PLS. Exagérant ses faux sanglots, Firmin cacha son visage submergé de honte imaginaire. Détresse qui ne laissa cependant pas Éric insensible, se tournant concerné vers lui et prenant son bras :

« Ahhh, mais non ! Pourquoi tu pleures ! Je suis désolé ! »

L’acteur en herbe dissimula bien sa surprise derrière son grand sourire qui se voulait rassurant, tapotant les bras du prince charmant qui tenaient toujours le sien.

« Ce n’est pas ta faute, voyons. M’enfin, tu sais, je suis un conquérant, on m’abat pas pour si peu ! Je vais t’initier aux blagues. Tu veux ?
— Euuuh … D’accord ? »

Éric se réinstalla à sa place, regardant son professeur auto-proclamé avec une légère curiosité et inquiétude mélangée à de la perplexité.

« J’allume la radio, Fi’.
— Fais, fais ! Vous ne nous entendrez pas comploter et vous ne saurez pas mes secrets. A la fin, Éric sera le ROI de l’humour.
— J’ai hâte de voir ça … », rétorqua Claude.

Mais son cynisme fut vite avalé par la voix d’un Freddie Mercury au meilleur de sa forme.
Ils verraient bien.



Ou pas.
Déjà parce que comploter était un bien grand mot. Son volume et celui de la radio ne se battaient guère, Denys ne l’ayant pas mis tellement fort, comme à son habitude. Et ensuite parce que Éric avait fini par se fatiguer. Même s’il ne l’avait pas exprimé explicitement, ses paupières papillonnantes et ses bâillements le firent à sa place. Firmin lui accorda ainsi un peu de répit, à ce pauvre garçon. Son compagnon et disciple finalement endormi, le fils Ollivier meubla avec joie le voyage des deux autres à l’avant jusqu’à ce qu’il finisse à son tour par être frappé par le sommeil.

Le reste du voyage se passa sans encombre.
A un moment, Denys décida d’occuper un peu son frère (et profiter pour se reposer en même temps) en lui laissant le volant. Certes, il avait parfois tendance à aller un peu vite mais il comptait au moins sur Claude pour surveiller le compteur de vitesse. De toute façon, il n’aurait pas pu continuer éternellement et c’était les deux seuls à avoir le permis. Après, bon, Firmin n’était pas non plus totalement un danger public. Il savait rester prudent quand il le voulait. Heureusement, car bientôt son grand frère chéri ne serait plus là pour le surveiller … Et d’y penser, ça faisait bizarre pour Denys. Nostalgie comme dirait l’autre, alors qu’il n’était pas si vieux.
Ah …



« Va un peu moins vite … Fi’, serre un peu plus dans ce virage …
— Heureusement que y’avait personne, héhéhé ! »

Leur covoiturage avait fini par monter en altitude et s’approcher de leur point de rendez-vous. Ils y étaient presque, mais les autoroutes droites avaient vite laissé la place aux sinueuses routes de montagne. Chose dont Firmin n’avait pas tant l’habitude. Éric s’accrochait à sa ceinture et serrait des dents. Il voulait avoir confiance, mais …

« Denys, tu es sûr que tu ne veux pas reprendre le volant ?
— Roooh, Clauuuude ! Mes feelings, tu y penses ! Je suis juste pas habitué. On est bientôt arrivé en plus, ça va aller ! Éric, tu crois en moi, toi, j’espère !? »

Pris au dépourvu, le garçon sursauta et bégaya quelques mots incompréhensibles. En vérité, les voyages en voiture n’étaient guère une habitude pour lui tout court.

« Hein ?
— Regarde la route. »

Les mains de Denys prirent le taureau par les cornes, ou plutôt le Firmin par les joues, l’obligeant à tourner son regard vers le pare-brise plutôt qu’à l’arrière. Encore une fois, heureusement qu’il n’y avait personne. L’optimisme de son frère gagnait un point.
Puis un deuxième, car, comme annoncé, ils atteignirent le lieu de rendez-vous à peine une trentaine de minutes plus tard : un espace de parking naturel où était déjà garée une vieille automobile que les deux frères reconnurent sans peine. Ce n’était pas un endroit spécialement connu pour sa côte touristique, mais l’on pouvait tout de même y trouver un  kiosque ainsi qu’un panneau avec la carte des environs, annotée des zones dédiées au camping et aux randonnées.

« Firmiiiiiiiiin !
— Marylouuuuuuuuuuuu ! »

La silhouette de Firmin s’élança sans discernement dans les bras de son amie qui le rattrapa en riant. Ses jambes autour de sa taille, elle aurait réussi à le porter quelques secondes avant de succomber si Benjamin ne s’était pas tenu derrière pour les soutenir.

« Salut, Firmin !
- HEY MISTER LIO ! »

Le garçon frappa la main levée de Lionel, l’oncle de Marylou, qui passa tranquillement à côté du petit groupe beaucoup trop occupé aux retrouvailles avant de rejoindre le reste de la troupe et leur proposer son aide. Voilà quelqu’un qui avait le mérite d’avoir le sens de priorités, mais Firmin aussi en avait ! Sans pour autant quitter son super perchoir, son amie si forte malgré les centimètres qui pouvaient les séparer, il tourna la tête et pointa du doigt leur voiture que l’on commençait à ouvrir de toutes parts :

« A la batmobile ! Faut que je vous présente ! »

Sans se faire plus prier, Marylou s’avança, Benjamin sur ses pas en cas de besoin. Cela ne faisait pas longtemps qu’ils étaient arrivés, eux, s’étant sûrement suivis à quelques kilomètres près. Le temps était en tout cas passé très vite et l’après-midi touchait déjà presque à sa fin ! Heureusement, avec l’été, ils avaient encore pas mal d’heures de soleil devant eux pour s’installer.

Les jeunes gens avaient donc décidé de passer leur petit séjour dans la nature, en forêt plus précisément, dans un coin qu’on leur avait conseillé et où ils purent même louer une petite cabane et un espace de camping. En tout cas, il faisait beau et les lieux respiraient la tranquillité. L’air était sec, sans pour autant qu’il ne fasse trop chaud. Parfait, en somme. Peut-être pourraient-ils même faire un tour au lac plus tard. Enfin, voilà, que d’excitation !

« Hey hey hey ! Éric, Claude ! »

La tête de la blonde se redressa du coffre, son sac dans les bras alors qu’Éric attendait juste derrière en portant quelques cartons qu’on avait dû lui donner. Pendant ce temps, Lionel venait tout juste de partir dans la direction opposée. En le désignant d’une main et en s’accrochant toujours au cou de sa porteuse, Firmin commença à faire les présentations :

« Il a déjà dû le dire, mais ce mec là c’est Lionel ! C’est l’oncle super cool de Marylou qui est juste-là !
— Saluuut !
— Elle est super sympa, donc n’hésitez pas. Et puis comme vous voyez, elle est supeeeeer musclée. Je suis sûr que Benjamin pourrait se mettre sur tes épaules que tu cillerais même pas.
— C’est à voir …, esquissa l’intéressé dans un léger sourire.
— Héhéhéhé ! Donc lui, avec son côté super mystérieuuuux … C’est Benjamin. Lui aussi il est cool. Mais je ne choisis pas mes amis n’importe comment, hein.
— Bonjour ! »

Claude et Éric répondirent ensemble aux salutations polies.
Firmin se laissa tomber en arrière, sans trop de violence pour ne pas surprendre Marylou, puis se rattrapa sur les mains avant de faire la roue et se redresser. Comme si de rien n’était, il ouvrit grand les bras vers le ciel à la manière des agents dans les aéroports et conclut :

« Donc, Claude, Éric, Marylou, Benjamin. Si vous oubliez les prénoms, ce sera pas bien grave, je vais souvent les hurler, donc voilà. »

Comme des grands, les quatre finirent de s’échanger les politesses à coup d’enchantement partagés et ils purent tous ensemble finir de décharger la voiture avec Denys qui termina de la fermer. Il n’y avait pas grand-chose, non plus, donc un deuxième voyage n’était pas nécessaire.
Ce fut donc en file-indienne que le groupe s’engouffra dans un des sentiers afin de rejoindre Lionel et Romain qui les attendaient à la cabane. Cela dû bien prendre une vingtaine de minutes, avec un peu de pente montante.

Reconnaissant la tignasse folichonne et le dos bronzé de son ami au débardeur rouge, Firmin prit subitement la voix d’un présentateur télévisé, prenant à part les spectateurs derrière lui :

« Comme vous pouvez le constater, nous atteignons une zone habitée de notre excursion. Vous pouvez admirez, ici, dans son habitat naturel, un très valeureux Romain sauvage. Mais ne vous inquiétez pas, il ne vous fera sûrement aucun mal si vous lui jetez des marshmallows dans les chev-AHHHHH NON AU SECOURS HAHAHAHARRETE. »

Imitant les bruits d’une bête mécontente, Romain chatouillait dans les côtes le Firmin pris au piège par ses affaires qu’il ne voulait (et ne devait) pas lâcher. Cependant, gentleman, le fils Carrere le libéra assez rapidement – non sans le décoiffer encore plus qu’il ne l’était déjà – et alla dire bonjour à ceux qu’il n’avait pas encore vu.

« Content de vous rencontrer ! Je suis Romain. Ça a été le voyage avec … ?, demanda-t-il sous le ton de la confidence.
— Claude. Ça aurait pu être pire, j’imagine. », répondit-elle en haussant les yeux et les épaules, ce à quoi Romain rit franchement.

Ils continuèrent d’échanger un peu en présentation alors que Firmin – ignorant par ailleurs les piques taquines – et les autres les laissaient pour se libérer de leur charge. Ils investirent ainsi la large table de pique-nique à disposition dans le « jardin » de leur habitation. Denys haussa d’ailleurs un sourcil en faisant le tour de la zone du regard, comme à la recherche de quelque chose :

« Les autres ne sont pas encore là ?
— Bouh ! »

A peine l’interrogation prononcée qu’une demoiselle de petite taille et aux cheveux noirs coupés court sortit de derrière un buisson, comme remontée sur un puissant ressort, suivie de quelques grognements.

« Héhé ! Surpriiise !
— Tu aurais pu le faire languir un petit peu pluuuus, rooooh. »

Derrière Roseline Jeannin apparurent un à un les autres membres manquant de leur regroupement, soit dans l’ordre : Jayden Husson, Sandrine Pinson et Lisa Keller. Si le premier avait l’air faussement contrarié, les deux autres gloussaient dans le fond.
En tout cas, Denys était content de les voir. Même s’ils étaient tous ses plus proches amis, leurs chemins divergents avaient fait qu’ils ne pouvaient plus tant se voir. Cette semaine serait sans aucun doute la dernière avant un bon moment, notamment pour son frère d’ailleurs, ainsi que Marylou et Benjamin.
Bref, le brun ouvrit grand les bras pour les saluer un à un tout sourire, vite accompagné par Firmin tout aussi content. Par ailleurs, comme d’habitude, celui-ci ne tarda pas à de nouveau mettre les pieds dans le plat :

« Félicitatioooons, d’ailleurs ! Ça fait depuis combien de temps et tout ? »

Gênées, et bien qu’elles ne perdirent pas leurs sourires, Lisa et Sandrine échangèrent un regard, s’éloignant l’une de l’autre presque imperceptiblement. Ce fut Sandrine qui parla la première, la voix un peu basse et la main passant nerveusement dans ses cheveux frisés :

« Oh, tu sais … deux mois ? Ou plus, peut-être ? Mais on ne veut pas que ça change quoi que ce soit dans le groupe, hein. Enfin …
— Nous ne sommes pas encore très à l’aise avec ça, Fri’ … »

Dans la même lancée, de façon naturelle, le jeune homme se faufila entre ses deux camarades et les pris par les épaules. Sans changer le ton de sa voix, il continua tout en les faisant avancer :

« Pas de soucis. Eh, faut que je vous présente avec vos nouveaux futurs amis ! Jayjay, Rosie, venez aussi !
— WESH, CAP’TAINE », répondit Roseline avec entrain.

Les animaux de la forêt n’avaient qu’à bien se tenir, car leur petit quotidien tranquille allait remuer de façon considérable, cette semaine.

Dans la bonne humeur ambiante et contagieuse, tout le monde finit de se saluer et de se présenter rapidement avant de finalement s’installer autour de la table de pique-nique. Bien que serrés sur les bancs, ils ne s’en plaignaient pas et regardaient en chœur dans la direction de Denys, debout pour l’occasion, l’organisateur officiel de leur escapade.

« Bien. C’est très cool d’être réunis comme ça, je suis super content et j’espère que vous aussi !
— Les discours de Denys sont toujours tellement solennels, rigola Rosie.
— Eh, shhh, il a répété toute la soirée pour ça ! Et toute la semaine, en fait … Et tou-…
— Merci du soutien, Fi’. »

Sardine encadré entre le rouquin et la teinte couleur violine, Firmin leva le pouce en l’air et fit un clin d’œil à son frère, faisant mine d’être tout autant giga content  que sûr et certain d’avoir vraiment soutenu son aîné. Ce fut le cas, cependant, Denys prenant le temps d’expirer un bon coup et de se dire qu’il se prenait vraiment trop la tête alors qu’il n’y avait pas de raison. Avec ce nouveau regain d’énergie, il continua :

« Bon, nous sommes là pendant une semaine ! Tout d’abord, les trucs un peu techniques. Je vous ai prévenu qu’il y avait des chances qu’on dorme à la belle étoile, mais il y a un peu de place dans la cabane si certains veulent. »

Chacun se regarda, personne ne dit rien. Firmin savait déjà tout ça, mais il faisait l’étudiant modèle en écoutant docilement. Ça ne le dérangeait pas de dormir dehors, au contraire. Et il doutait que les autres pensent autrement. Moins certain pour Claude et Éric, du coup, mais ça l’aurait tout de même un peu étonné. Au pire, il y avait quatre lits à l’intérieur et la cabane était assez grande pour que tout le monde se trouve une place par terre s’il y avait un problème comme de la pluie ou quoi.
Ne voyant aucune manifestation de son côté, Denys reprit :

« Sinon bah elle est surtout pour nos affaires, quoi. Eeeet … comme vous avez pu le voir, on a pris notre matos … »

Alliant la parole au geste, le garçon attrapa son sac à dos et en sortit quelques rames de papier reliées. En fait, il n’y avait bien que ça là-dedans. Il les agita, l’air fier de lui :

« On est là pour profiter des vacances, mais quand même ! Je me suis dit que ce serait encore plus drôle si on se faisait un petit projet de court-métrage comme ça, à l’arrache, sans prétention.
— Depuis quand on a dit qu’on était là pour se reposer ? Moi j’ai compris qu’on allait s’amuser ! »

L’intervention de Lisa et les commentaires enthousiastes qui suivirent rassurèrent encore plus Denys. Certes, il doutait que ça aurait pu se passer autrement, mais ça lui mettait tout de même du baume au cœur. Ça lui faisait tellement du bien de les retrouver ; réunis ainsi, comme avant.

« Alors, monsieur le metteur en scène, où est le scénario ? »

Son sourire s’élargit et, prestement, il rangea son trésor de documents à l’abri :

« Héhéhé, c’est ça le truc. Scénario surprise. Je vous ai préparé un truc que vous allez découvrir petit à petit. Donc ne vous en faites pas trop, ça viendra quand ça viendra. Enfin … vous en pensez quoi ? »

Romain et Firmin étaient au courant du projet, pas du scénario. Denys tenait vraiment à son concept et avait tenu face aux piques d’impatience. De toute façon, ils l’avaient soutenu, et les autres firent de même. Echangeant encore une fois quelques regards, ce fut Jayden qui réagit au nom de tous. Nonchalant, une pointe de défi accepté dans la voix :

« Ben, tu veux qu’on dise quoi ? C’est parti ? »

Denys sentit ses oreilles virer au rouge. Excité, il frappa dans ses mains :

« Bien, super ! Bon, journée libre déjà. On s’installe, on se promène ! Je règle quelques trucs pour le court de mon côté et je vous attrape quand il faut. Profitez de votre tranquillité en attendant, héhé. C’est okay ? »

Il y avait quelque chose de machiavélique dans sa façon de s’exprimer, comme s’il fallait s’inquiéter de ses pouvoirs divins de metteur en scène en herbe. Cependant Denys avait aussi ce pouvoir de vite refaire tomber le masque. A sa question, tout le monde mis à part Claude, Éric et Benjamin (naturellement plus réservé) répondit en chœur dans une grande exclamation. Mais personne ne craignait vraiment pour la suite des opérations.



Bras tendus sur le bois de la table de pique-nique, Firmin regardait tout le monde se lever et partir se dégourdir les jambes. La séance de réunion était officiellement levée, pourtant l’excitation ne l’avait nullement quitté. Gigotant des hanches de gauche à droite, il venait cogner les côtes de Benjamin et Marylou qui l’encadraient toujours :

« Alors alors alors … ? Emballés ?
— Tellement ! On se croirait à Noël. Mais je n'en attendais pas moins, hein. »

Firmin rit de la blague de la jeune femme. Il avait réussi à tenir pour ne rien dévoiler de la surprise à ses deux meilleurs amis. Étant donné qu'ils se croisaient quasiment tous les jours à l'université et que sa langue avait une forte tendance à s'agiter, ce fut assez compliqué. Alors même que, de leur côté, ils ne l’embêtèrent pas pour lui faire cracher un quelconque morceau. Mais bon, c'était Firmin. La perspective était si cool qu'il avait trépigné d'impatience pour trois. Malgré tout, il avait promis son silence à son frère donc, quoi qu’il en dise, bien sûr qu'il avait tenu.

« Vu que tu ne connais rien du scénario non plus, tu n’as pas pu y toucher. Je peux avoir confiance, soupira Benjamin de soulagement avec le sourire qui allait avec.
— Hin hin. Méchant. »

Heureusement pour le garçon, sa torture à base de chatouilles fut interrompue par Sandrine et Lisa, revenues à la table de pique-nique. Appuyée sur sa jambe elle-même posée contre le banc en face d'eux, Lisa les invita avec nonchalance :

« Hey, vous comptez rester là ou vous voulez descendre au lac avec nous ? »

Les trois jeunes adultes ne se firent pas prier face à la proposition alléchante. Sans attendre, Marylou étira ses bras et se glissa de l'autre côté de leur banc pour en sortir :

« Ouais, c'est une bonne idée !
— Yeaaah ! », renchérit Firmin, suivant son amie en tenant bien fermement la main de l'autre, obligé de les suivre. De toute façon, il n'avait pas non plus d'objection.

Le nouveau groupe improvisé alla ainsi rejoindre le sentier quand, passant devant la cabane dont le perron était encore occupé par Éric, Claude et Romain, Firmin en profita pour leur faire signe :

« Oh, eh ! Qui veut venir avec nous voir le lac ? »

Les trois têtes se tournèrent dans sa direction, mais ce fut Romain qui réagit le premier, sans surprise :

« Je suis l'ombre de Denys, je ne le quitte pas. Amusez-vous bien ! »

Sandrine répondit dans le dos de Firmin qu'ils n'y manqueraient pas, alors qu'ils prenaient de l'avance sur lui. Le garçon n'était cependant pas tout à fait satisfait, fixant toujours avec insistance les deux énergumènes qui n'avaient pas répondu à son appel.
A priori, vu la tête de Claude, ses bras croisées et pas prête à bouger, ça devait être non. Cependant, du côté du brun, c'était une autre affaire. Il jouait avec ses doigts et ses yeux virevoltaient avec hésitations entre son amie et le fils Ollivier.

« Éric ? », visa celui-ci pour l'encourager, un large sourire dévoilant ses dents blanches. Le retour de l'allégorie du lapin et du prédateur.
L'interpellé sursauta, puis regarda une dernière fois Claude qui haussa un sourcil avant de jeter un dernier regard circonspect à Firmin. Ça va, ils étaient là pour prendre l’air tous les deux.

« A plus tard. »

Victoire ! Enfin. Ce n'en était pas tant une, vu qu'il n'y aurait pas eu défaite s'il n'était pas venu. Pourtant, Firmin ne pouvait s'empêcher d'être content, ouvrant grand ses bras pour accueillir Éric qui le rejoignait. Ce dernier ne s'y jeta malheureusement pas, mais il était persuadé que l'esprit y était.

« Wouhouuu ! Je vais le surveiller, t'en fais pas ! », Fit alors le jeune homme avec un clin d’œil pour Claude avant de retourner à petites foulées dans le sentier, suivi de près par le jeune asiatique.
Il avait quoi ? Dix-huit ans, peut-être ? Seize ? C'était vrai qu’il ne faisait pas bien âgé, même si au fond ce n'était pas important. Firmin se sentait à l'aise avec tous les publics et puis, arrivé à un moment, on ne faisait plus du tout attention. Par exemple, Lisa avait vingt-six ans mais se fondait parfaitement dans leur groupe. De même pour Lionel qui était bien plus vieux que ça, sans aucun doute. Ce qui comptait était que tout le monde se sente bien et à l'aise.

Rattrapant vite le reste de la troupe, Firmin et Éric furent à assez bonne distance pour entendre les plaintes de Benjamin :

« So, il n'y a que nous qui ne faisons rien ?
— On ne fait pas « rien ». BEN ! OP-TI-MIS-ME, objecta Sandrine en se mettant à la hauteur du rouquin. On se la coule douce, c'est tout.
— C'est tellement pareil. »

Après son soupir ponctué des rires de ses amies, le garçon tourna la tête derrière-lui, faisant un signe aux deux retardataires avant d'essayer de percevoir le toit de la cabane toujours visible à ce moment-là.
Okay, que Romain, Lionel et Denys soient occupés allait de soi, pour commencer ; les deux premiers étant rattachés au matériel électronique. Mention aussi pour Roseline qui, dans sa qualité de maquilleuse et costumière, devait tout de même être mise un minimum au parfum.
Mais alors, les autres ? Jayden avait peut être juste eu envie de lui coller aux baskets, ceci dit. Elle et lui étaient très proches, se prenant en fait chacun pour le grand frère et la petite sœur de l'autre. Roseline faisant bien entendu office de grand frère. Ensuite, même si Benjamin ne savait bien entendu pas ce qu'il en était de Claude, il comprenait parfaitement qu'elle puisse préférer être avec celui dont elle se sentait le plus proche aussi.
Enfin, ils venaient d'arriver comme le soulignait Firmin :

« Ils vont nous rejoiiindre plus tard, ça va aller ! On sera juste preum's en mode CONQUÉRANTS. On va chercher les bons coins et tout. »

Avec ses longues jambes, le jeune homme prit les devants et commença à marcher à reculons pour continuer :

« Denys veut qu'on s'amuse ensemble, c'est super important pour lui. »

Ne voulant pas tomber, après, il refit un tour sur lui-même et enfonça ses mains dans ses poches.

« Il se rend tellement malade pour tout ça, mais j’ai hâte de voir son scénar’ moi ! Il sera sans aucun doute super cool. »

Éric nota le changement dans sa voix, et dans sa façon d’être aussi. Légèrement moins … énergique ? De ce qu’il comprenait, il avait l’air de s’en faire pour son frère. C’était si …

« Tu es gentil, Firmin, laissa échapper le garçon. Bien qu’il n'avait bien entendu pas tous les morceaux de la situation, il pensait tout de même pouvoir en arriver à cette conclusion-là.
— Ehhhh ! Je savais que tu me comprendraiiiis », geignit l'intéressé tout en se précipitant sur lui, le prenant par surprise par la même occasion. Ce n'était pas tous les jours qu'on était aussi tactile avec lui, et le pauvre ne savait pas comment réagir.

« Hey, leave him alone, dude. »

Heureusement, un bras (Benjamin) vint attraper celui de son chasseur et le tira à ses côtés jusqu'à offrir une distance de sécurité acceptable entre eux. Deux gardes du corps vinrent même s'ajouter à l'équation. Un sourire se dessina sur les lèvres d'Éric en réponse aux leurs, rassurants :

« S'il t'embête trop, il ne faut pas hésiter à le frapper ! Mais sinon tu peux aussi nous appeler, on s'en occupera avec plaisir, assura Sandrine en tâtant des muscles de ses bras.
— Eeeeehh !, objecta le nouvel ennemi numéro un de ces bois.
— Merci ...
— Quoi !? Tu ne devrais pas les remercieeeer !, continua-t-il dramatiquement en accrochant plus fermement le bras de Benjamin.
— Si, si ! », Se crût bon d’insister Éric, amusé.

Les rires continuèrent à faire écho dans la montagne, alors qu'ils continuaient de descendre prudemment le sentier. A un moment, Marylou vint briser la glace des fausses bouderies de son ami pour s'installer sur son dos, qu'il l'aide à continuer sur le chemin quelque peu accidenté. Ce qui n'était peut-être pas une bonne idée, mais qui aurait les capacités de les arrêter ?
Les regardant prendre de l'avance, s'attendant à tout instant à ce qu'ils se prennent une racine et dévalent la colline, Lisa fit la proposition de parier sur le thème du scénario de leur Grand Maître Producteur.

« Bah, vu le cadre vous devez avoir des propositions ?
— Peut-être … un film d’horreur … »

Le groupe parlant assez fort pour que Marylou et Firmin puissent tout de même entendre, la monture de la première ne tarda pas à réagir :

« Allez les filles, montrez-nous vos talents en hurlement horrifiés !
— JE pense, qu’en hurlement horrifié, tu es celui qui a le plus aigüe, mon cher », rétorqua Sandrine au garçon en contrebas.

Eh bah, bien sûr. Il n'allait pas laisser passer cette chance de montrer ses talents, hein.
Après avoir demandé à son amie sur son dos de bien se boucher les oreilles, Firmin s'éclaircit la gorge, puis inspira un grand coup pour mieux offrir à ces messieurs-dames une épique performance de ses cordes vocales. Les oiseaux qui s'envolèrent d'un coup s'en souviendraient sûrement, de même pour les branches des conifères.
Firmin avait pourtant poussé le bouchon un peu loin, à priori. Pris d'une soudaine quinte de toux, il perdit l'équilibre et roula dans la boue avec Marylou qui ne put que lâcher un hoquet de surprise pendant l'action.
Le groupe en amont ne perdit pas de temps pour s'assurer qu'ils allaient bien. Seuls Lisa et Éric restèrent sur leurs positions ; l'une au cas où il fallait retourner au camp chercher une trousse de secours, l'autre ayant pris du temps pour se ressaisir de la surprise et ne sachant du coup plus quoi faire à part s'inquiéter.

« Hey, rien de cassé ?
— ON PEUT PAS VOUS LAISSER, VOUS, HEIN ? »

Voyant que les deux riaient à moitié malgré leurs bras et jambes entremêlés, Benjamin et Sandrine ne prirent plus la peine de s'en faire et levèrent la tête vers le bout dégagé de falaise où Roseline agitait les bras, Jayden à ses côtés. C'était de lui qu'était venue la voix.

« TOUT VA BIEN ?, continua-t-il avec les mains autour de sa bouche.
— VOUS EN FAITES PAS, ILS FONT LES VACHES COMME D'HABITUDE, lui répondit Sandrine en l'imitant.
— AH ! OKAY ! »

C'était à croire que la montagne leur appartenait.
Ce fut au tour de Roseline de faire porter sa voix, cette fois pour faire passer un message plus orienté. Sans doute la raison première de leur arrêt par là.

« AU FAIT, BENJAMIN EST APPELÉ A L'ACCUEIL. BEN-JA-MIN.
— Ah bah, laissa échapper l’intéressé.
— Noooooon ! »

Des mains vinrent aussitôt s'accrocher à sa cheville pour l'empêcher de remonter. Pourtant pas plus impressionné que si elles étaient sorties de terre, le garçon continua son avancée en traînant la patte. Les doigts de Firmin finirent malheureusement par glisser sur le jean et retombèrent mollement dans les feuilles écrasées, telles son cœur.
La silhouette du rouquin passait en contrejour et plus jamais (à peu de chose près) il ne le reverrait.

« Ça va aller Frimousse, soit fort. »

Ses membres se murent du mieux qu'ils purent pour enlacer sa meilleure amie qui le rassurait en lui caressant les cheveux, les tâchant d'un peu de boue aussi au passage mais ce n'était vraiment pas le plus important.
Face au spectacle saugrenu, Sandrine ne sut que soupirer, les mains sur les hanches.

« Bon bah nous deux on continue d'aller au lac, hein !, chantonna Lisa de son côté, reprenant la route après avoir convaincu Éric de ne pas faire attention à eux.
— Hey, me laissez pas !
— Et toi, ne nous laisse pas, NOUS ! », Entonnèrent en chœur les deux grands gamins toujours au sol en attrapant chacun une jambe à Sandrine.

De nouveaux éclats de bonne humeur firent trembler les feuillages, et ça ne les aurait pas étonnés que des randonneurs puissent les entendre de l'autre côté de la montagne. Ce n'était pas interdit ! Ils pouvaient bien faire ça.
Rire était le signe qu'ils étaient vivants, après tout.



La nuit arriva plus vite que prévue. La notion du temps lorsque l'on s'amuse était terrible.
Avant que le soleil ne se couche totalement, le groupe qui avait profité de sa balade autour du lac s'en retourna à la cabane où ils retrouvèrent Denys, Romain, Claude et Lionel autour d'un feu. Le premier avait l'air particulièrement crevé, mais garda tout de même l’œil ouvert et le sourire alors qu'il discutait avec tout le monde. Firmin l'aida dans l'animation mais, avant qu'il ne se décide à faire le one man show comique, Romain sortit sa guitare comme diversion. Opération qui fut un succès.
Il ne manquait vraiment plus que les trois autres qui avaient « disparus, pfiout » selon l'aîné Ollivier. D'ici leur retour, s'ils se plaignaient qu'il n'y avait plus de marshmallows, ce serait complètement de leur faute.
Enfin, c'était ce que Firmin comptait leur dire pour les entendre pleurer avant de sortir quelques brochettes de ses manches. Sans chocolat, bien entendu, ça ne serait pas très propre, autrement. Un peu indécent aussi, mais.

Claude ne parlait toujours pas particulièrement, mais Firmin était certain qu'elle ne s'ennuyait pas. Même pas besoin de l'espérer, non, elle avait l'air bien tranquille et n'avait demandé aucun compte à Éric. Le garçon, lui, s'était totalement ouvert et lâchait quelques rires sonores que le jeune homme jalousait un peu. Mais un jour ! Un jour ! Il rirait d'une de ses blagues. Promesse.

« Hey, hey, Éric !
— Oui ? Tu as trouvé quelque chose ?, fit-il tout candide.
— Bien sûr ! Alors ...
— Attends !, l'interrompit soudainement Marylou. Vous avez entendu ? »

Chacun se regarda en silence, n'ayant visiblement rien remarqué. Marylou qui fixait le sol tourna alors brusquement la tête derrière elle.
Malgré les crépitements des flammes, ils perçurent cette fois-ci le craquement des feuillages. Même s'il faisait toujours sombre entre les troncs, une ombre approchait lentement et ...

« Bouh. »

Deux hurlements aigus percèrent la foule.

« Panda rouuux ! PANDA ROUUUX !, tonnèrent en chœur les deux débiles en l'enlaçant au niveau du torse, forçant leur meilleur ami à lever les bras.
— Yeah, yeah. On se calme, mon maquillage, s'il vous plaît !
— Ça va aller, il va pas dégouliner pour si peu. Au pire, je m'en ré-occupe avec plaisir, héhéhé. »

Éric suivit la scène, les yeux en soucoupe, tentant de comprendre ce qu'il se passait en même temps qu'il calmait les battements de son cœur. Sa main placée devant sa bouche pour réprimer son cri à lui revint à sa place alors que les trois manquants s'inséraient à leur tour dans le cercle.

« Surprise ! », clama Denys non sans une certaine fierté.

Comme des groupies autour de leur pop star préférée, Firmin et Marylou ne quittaient pas les bras de Benjamin qui, du coup, avait du mal à faire griller sa brochette de marshmallows.

« On se croirait vraiment de retour au lycée, c'est mignon. », reprit l'aîné Ollivier en posant sa tête dans ses mains, vite renchérit par ceux qui comprenaient son allusion. Pour les autres, Marylou prit les devants et raconta leur modeste bout d'histoire :

« On a rencontré Benjamin au lycée, il arrivait tout juste en France et était dans sa période gothique. Du coup, avec Firmin, on l'appelait Panda rouuuux. »

Cela faisait résonner plein de bons souvenirs en eux. Enfin, il avait fallu l'apprivoiser, le panda en question, et ça n'a pas été facile. A le voir comme il était aujourd'hui, cette idée laisserait coi n'importe qui venant de le rencontrer.
Arriver dans un nouveau pays alors qu'il n'en avait pas envie, perdre ses amis et puis son train de vie n'avait pas été facile pour lui. Être moqué pour son apparence et stigmatisé par son accent n'aidèrent pas non plus. Et ça ne se passait pas non plus très bien à la maison. Firmin et Marylou n'en avaient tellement rien eut à faire de tout ça, ces adorables brutes de décoffrage.

« Il arrivait en France ?, demanda timidement Éric.
— Je suis né en Angleterre. Mon père est irlandais, et ma mère française. »

La bouche du garçon s'entrouvrit, comme venant d'être frappé par une illumination, et lâcha naïvement :

« Ah, c'est pour ça que quand tu parles c'est pas pareil.
— Ehhhh, oui ? Oui, c'est ça.
— Il est tout léger ton accent, maintenant. J'y fais même plus attention. »

Lui non plus, à vrai dire. Les mots et expressions de sa langue maternelle s’immisçaient parfois sans qu'il ne s'en rende compte. Ses pensées aussi se mélangeaient entre les deux langues

« J'ai dit quelque chose de mal ?
— Non, non. Ne t'en fais pas », répondit-il en souriant, rassurant ainsi Éric.

Habitué dans son rôle de metteur en scène, Denys se mit à frapper dans ses mains pour reprendre l'attention de sa troupe :

« Enfin, ce n'est pas juste pour le plaisir qu'on l'a maquillé. C'est le moment de vous dévoiler un peu le plot que je vous propose. Et vos rôles ... »

Le soupçon de mystère (alors même qu'il ne pensait pas que c'était si mystérieux, non plus) eut un super effet, tous les regards se tournant alors dans sa direction. L'ambiance de la forêt était tellement magique.
Ça lui rappelait les séries qu'il regardait à la télévision, du genre de Chair de Poule. Mais l'histoire qu'il allait leur raconter n'avait rien d'effrayant. A priori.

S'approchant doucement du feu, Denys commença :

« Tout commence avec des amis partis pour un camping en forêt ... Jayden, Lisa, Marylou et Firmin ...
Yes !, souffla l'intéressé.
— ... Un soir, comme ce soir, ils se font surprendre par Benjamin. Un esprit de la forêt en rite initiatique pour passer à l'âge adulte. Pour son peuple, cela consiste au devoir de capturer un humain et le sacrifier ... »

Firmin s'agitait tout seul sur son bout de tronc, réagissant sans doute avec un peu trop d'excitation au résumé de son frère. C'était tout lui, ça, incapable de tenir en place. Étrangement, la trame du scénario lui inspirait quelque chose ... Mais l'idée lui échappait des doigts.
Quand Denys eut fini de présenter ses grandes lignes, il retourna s’asseoir :
« Enfin. Voilà. Pour le moment. Du coup, on peut commencer ça dès demain si vous voulez et -...
— DEMAIN ? Mais pourquoi pas ce soir ?, objecta intempestivement son frère.
— Euh ...
— Ben oui, on est chaud-là. Ben est déjà maquillé et tout !, en rajouta Jayden.
— Euh ...
— C'est vrai D'ys, en plus tu l'as dit toi-même "un soir, comme ce soir". C'est un signe. »

Le coup final porté par Romain finit de nourrir les flammes de la rébellion. A les voir, avec leur enthousiasme, comment refuser ?
Denys se tourna tout de même vers Claude et Éric. Peut-être que, eux, préfèreraient se reposer un peu après ce long voyage ? Et entendre Firmin hurler entre les cuts ne les aiderait nullement à s'endormir.

« Mais vous, ça ne vous dérange pas ?
— Non ?, répondit la première, presque surprise.
— Non ! »

Firmin lâcha sa prise sur Benjamin, serra les poings et les leva vers le ciel en signe de victoire.

« Bon, ben, vous avez gagné. C'est parti. »





Firmin Ollivier
- D 00 052025 00 07 D -

Firmin Ollivier

En bref

Masculin
Pseudo : Dayday
Messages : 39



Histoire


Toute la nuit.
Ils avaient répété toute la nuit.

Firmin cligna des yeux. Le premier spectacle dont il eut droit fut le ciel bleu et dégagé au-dessus de la cime des arbres. Leurs feuillages épais et protecteurs empêchaient d'aveugler trop prématurément les étudiants.
Essuyant distraitement le filet de bave sur le coin de sa bouche, il redressa son dos endolori d'avoir dormi à même le sol ; dans son sac de couchage, quand même, bien qu'il ne se souvenait même pas s'être mis dedans.
Toujours à moitié dans les vapes, le garçon remarqua que, même s’il n’était pas le seul à s’en être passé, quelques tentes avaient malgré tout été mises en place. Dans tous les cas, seul le piaillement des oiseaux remplissait le silence de leur camp. Était-il le premier à s'être levé ? Il en aurait bientôt le cœur net.

Grommelant dans sa barbe, Firmin sortit de sa chrysalide en faisant attention à ne pas réveiller ses voisins les souches. Il ne savait pas l'heure qu'il était, mais ça sentait la grasse mat' ... et le café.
Le pas léger, il se rendit les yeux à demi-clos jusqu'à la baraque où se trouvait donc déjà Lionel. Frais et dispo. Aurait-il lui aussi la même forme à son âge ?

« Ah bah, t'es le premier.
— B'jouuuuuur, réussit-il à lâcher, non sans peine, mais arborant tout de même un sourire bien large.
— ... Plus ou moins. »

L'oncle de Marylou se mit à rire et proposa une tasse de lait chaud à l'ami de sa nièce. Il ne se considérait pas comme spécialement vieux mais, dans ce genre de situation, précisément, ça le titillait un peu.
Lionel, frère cadet de son père, avait toujours été très proche de la fille Garnier. Avec elle, il avait donc vu grandir quelques-uns de ses amis (les Ollivier, notamment) et ses passions pour le cinéma ainsi que l'audiovisuel tombant à pic, on ne tarda à faire appel à lui. Au final, voilà qu'il faisait les chaperons pour leurs films, voire des fois l’acteur ... Il aimait ça, après. C’était amusant.

Finissant sa tranche de pain de mie, le sommeil ayant fini de quitter ses yeux, Firmin alla chercher une petite radio dans ses affaires ainsi que ses baskets qu'il enfila sans les mains.

« On les réveille pas ?, s'enquit tout de même Lionel en regardant les silhouettes gisant toujours de l'autre côté de la fenêtre.
— Hof, ils vont sûrement pas tarder. Je vais faire un footing, moi.
— Ok. Si tu te casses une jambe, tu sais quoi faire, plaisanta le quadragénaire.
— Krkrkrkrkr, ricana-t-il. Tu veux pas venir avec moiiii ?
— Hein ? Tu m'as vu ?
— Ben, et alors !
— Bonne balade, Firmin. »

Bien, entendu !
Ressortant de la cabane, le garçon eut un dernier regard pour ses camarades. C'était marrant de les voir dormir. Mignon aussi, comme certains s'accrochaient à d'autres. Il savait cependant qu'il n'était pas mieux. Utiliser tout le monde comme oreiller était son rêve. Mais comment choisir, franchement ?
Voyant que Roseline se réveillait, les cheveux aussi en pétard que les siens, Firmin lui mima un bonjour enjoué avant de repartir à petites foulées dans le sentier de la veille.

Lorsqu'il sentit qu'il était à distance suffisante pour n'embêter personne, il alluma la radio et chercha la station qui allait rythmer un peu son footing.

... De-de-de-deep in the night, I'm looking for som-... *BZZT* ...-d’hui, dans l’actualité, nous rencontr-... *BZZT* ... I just want to tell you how I'm feeling ... Ah ! Gotta make you understand ! Never gonna give you up, never gonna let you down ...

Pour le sport, il préférait ne pas laisser  des trucs comme Rire et Chansons, même s'il ne doutait pas que ça ferait travailler ses abdos. Enfin, encore que ça dépendait. Ses goûts simples n'étaient pas toujours satisfaits par certains sketchs ; et il sentait aussi, qu'en live, ça devait mieux passer. Pas facile la transition entre les médias.

Bref, Firmin descendit ainsi jusqu'au lac dont il fit le tour à foulée soutenue, motivé par sa musique pop. L'ambiance et même les sensations étaient bien différentes de ses courses au parc. A croire que ses poumons n'étaient pas habitués à autant d'air frais.

Boucle bouclée, le dernier pas du garçon se fit plus large et il aurait bien failli se laisser tomber s'il l'avait voulu. A la place, reprenant son équilibre au dernier moment, sa radio portable lui échappa malencontreusement des mains :

« Ou-ouah, oh, mince ! »

L'appareil rebondit au sol, coupant en même temps le sifflet de l'artiste français à la mode du moment. Oups. La gaffe.
Les piles avaient sauté. Très vite, et espérant qu'il ne l'avait pas trop bousillée, Firmin ramassa l'appareil et tenta de l'arranger.

« ...rtes pluies sont à prévoir dans le centre de la France, certaines régions sont en alerte ... »

Pendant un quart de seconde, le soulagement de savoir la radio toujours en état de fonctionner prit le pas sur sa raison. Cependant, l'information finit tout de même par déclencher un déclic dans son cerveau. De la pluie ?

« FIRMIIIIIIIN ! »

Un cri de surprise s'échappa de sa bouche, la radio manquant cette fois de quasiment tomber à l'eau. Bien heureusement, ses réflexes se mirent enfin efficacement en action et sauvèrent la situation. Mettant de côté l'annonce météo (qui aurait pu y croire de toute façon, il faisait si beau !), l'interpellé éteignit son appareil et se retourna pour voir la silhouette de Marylou, tenant Benjamin d'une main et le saluant de l'autre.

« Bonjour les princesses, bien dormi ? »

Vu qu'ils s’étaient rapprochés, il se fit la remarque du changement de leurs habits et tout. La fille Garnier devait même avoir son maillot. De. Bain.

« Ehhhhh ! Vous allez vous baigner ?
— Tout le monde va descendre. On mange et on continue le tournage ici. Tu vas être le dernieeer ! »

Un cri de frustration fut clamé en direction du ciel. C'était tellement injuste, lui qui s'était réveillé avant tout le monde ! Minus Lionel.
Sans perdre une seconde de plus, Firmin laissa sa fidèle radio entre les mains de ses amis et reprit son chemin dans le sens inverse. Malheureusement pour lui, la montée était raide et, dans sa précipitation, le garçon perdit un peu trop rapidement le contrôle de son souffle.
Respirant fortement, celui qui avait l'air bien fin maintenant fut obligé d'assurer à tous ses camarades croisés sur la route qu'il n'allait pas mourir sur place, promis-juré ! Il reviendrait vite.

Ou pas.

A demi-affalé sur un gros rocher, Firmin reprenait son souffle et se remettait des vertiges qui lui étaient venus. Des petites comètes et étoiles avaient commencé à virevolter dans son champ de vision. C'était clairement le moment de s'arrêter, hein. Il n'était pas fou, non plus.
La vitesse, l'altitude, l'air trop frais ... étaient peut être les facteurs qui expliquaient ceci et cela. Huuu.
Denys tendit une nouvelle bouteille d'eau à son frère et lui tapotait gentiment le dos, attendant qu'il retrouve l'usage de la parole.

« J'aimerais être une chèvre des montagnes, elles n'auraient pas de problème à remonter ça tranquille, elles !
— Tu serais tellement mignonne en chèvre des montagnes. »

Les deux rirent.
Tout le monde les attendait en bas, maintenant. Eh, tant pis. Ça ferait un souvenir de vacance pour sa pomme.
Denys, lui, voyant son cadet en mauvaise posture et malgré ses remarques assurées, avait préféré rester à ses côtés. L’inverse aurait été complètement surnaturel. Pour le coup, il aurait semblé légitime de faire des tests pour savoir si l’aîné Ollivier n’avait pas été échangé par un alien pendant la nuit.

« Ça va, t'es pas trop fatigué ?, demanda un Firmin plus décontracté.
— T'as vu à quelle heure on s'est levés ? Il est bientôt treize heures !
— Ah ouais. Le temps passe trop vite. Heureusement que c'est l'été. »

Heureux de voir qu'il allait mieux, les deux garçons se relevèrent, le premier aidant le second et le laissant s'accrocher à ses épaules, juste au cas où. La petite pause l'avait rétabli, cependant, et si Firmin gardait son bras sur son frère, c'était surtout pour le côté plaisant du contact.

« Tout se passe bien pour le moment, non ?, lui demanda-t-il.
— Ouais. Merci, d'ailleurs. »

On voyait Firmin super excité et volubile quant à l'impatience qu'il avait pour cette semaine, mais Denys n'en ressentait pas moins, si ce n'était plus. Il ne le répéterait sans doute jamais, mais il était si heureux d'être là et d'avoir retrouvé tout le monde. Le lycée et le début de sa licence était une période qui lui était très chère.

« Ouuuh, je t'aime, frangiiiin ... », lâcha gratuitement Firmin.

L'intéressé cligna des yeux. Même si son cadet était un jeune homme très affectueux, fallait se le dire, il n'était pas non plus à souvent dire ce genre de choses. Il ne doutait pas de sa sincérité, mais la surprise le fit tout d'abord réagir avec humour :

« Tu me feras le plaisir de prendre ta casquette aussi, hein. »

Il ne faudrait pas que le soleil fasse encore plus de mal à son pauvre cerveau, hm ?
Firmin rit, et il sentit son acolyte cogner doucement contre sa tempe avec sa tête.

« Je t'aime aussi. »

Comment allait-il faire quand il partirait, hein ?
Et par "il", Denys se désignait lui-même.



« Hey, les gars. »

Ses trois amis arrêtèrent de se balancer de l’eau et se tournèrent vers elle, un peu surpris. Accroupie dans le lac, son corps y était submergée jusqu’au menton.

« Je crois qu’il est encore là. »

Jayden, Firmin et Marylou se regardèrent puis fixèrent la berge entourée d'arbres. La caméra suivit la leur mouvement jusqu'à ... Rien. Que de la nature. Aucun signe du rouquin fou de la veille ?
Et pourtant, Jayden réagit avec une nonchalance qui détonnait fortement avec la nervosité de Lisa. Après tout, ce n'était pas lui qui avait failli se faire attaquer, elle imaginait ?

« Ben, invitons-le.
— HEIN ? T’as bu trop de vase ou quoi ? »

La jeune femme s'était levée dans son mécontentement, mais ses amis ne la prirent visiblement pas au sérieux, Jayden mettant sa main devant la bouche pour s'empêcher de rire trop fort.

« C’est quoi cette réplique.
— T’as vraiment bu trop de vase, fit Lisa en retournant s'immerger.
— Ce mot commence à devenir drôle. », nota à son tour Marylou qui n'était plus dans son rôle, vite suivie par Firmin qui se mit à chantonner le fameux mot magique.

Le côté tournage de la scène se laissa aller à quelques rires, ce qui n'était pas rare. Ils arrivaient tous cependant à toujours vite reprendre leur sérieux.
Denys ne doutait pas des capacités mnésiques de ses camarades, mais apprendre un texte surprise en à peine une journée restait mission impossible. Il favorisait donc l'improvisation pour ses scènes, ce qui donnait parfois des situations comme celles-ci. Mais il trouvait aussi que c'était ce qui faisait le charme de la chose, et chacun n'hésitait pas à donner des idées pour améliorer ou débloquer les soucis potentiels. Ce travail était le leur tout entier. Lui, son rôle restait surtout de tout faire tenir ensemble, donner le dernier et mot, puis leur rappeler la situation des personnages et leurs intentions.

La scène reprit un peu avant là où ils l'avaient laissée, avec Lisa qui indiquait à son groupe qu'elle se sentait observée. Elle s'attendit donc que Jayden sorte une nouvelle bêtise mais, au lieu de ça, il laissa tout le monde en plan et retourna jusqu'à la terre ferme en levant bien haut les genoux, laissant quelques vagues sur son passage.

« Mais où tu vas ? »

Il ne répondit pas, une mine déterminée peinte sur son visage. Les trois autres ne purent donc que le fixer, interloqués.
Romain lança un coup d’œil à Denys, au cas où, alors qu'il s'occupait du travelling de la caméra. Celui-ci lui fit signe de continuer et de faire un plan large entre Jayden et les bois qui lui faisaient face.
Son bermuda gorgé d'eau alourdissant ses pas fut à peine un obstacle lorsqu'il sortit du lac, les mains sur les hanches tel un conquérant, parlant très fort :

« Heeeey, le rouquin, on sait que tu es là ! »

Aucune réponse.
Juste le vent et les regards dans le dos de Jayden.
Romain se tourna une nouvelle fois vers Denys qui lui dit de continuer de filmer, sans bouger.

« Donc pas la peine de te cacher. On t’invite. »

La voix du garçon s'était un peu radoucie, reprenant le ton de la conversation. De façon très claire, autant pour le potentiel observateur caché dans les buissons que la caméra, il sortit un paquet de chips d'un de leur sac et l'agita devant lui avant de l'ouvrir et le poser au sol en signe de paix.
Après ça, il revint tranquillement vers ses amis qui n'avaient pas bougé d'un pouce.

« Jayden, fit Firmin, l’air grave tout en posant ses mains sur les épaules du garçon. Je suis désolé.
— Quoi ?
— Je ne voulais pas te faire boire trop de vase. »

Et clap. Parfait.
Denys se leva et frappa dans ses mains :

« Super ! Beau boulot. On va changer de plan pour Ben, maintenant. »

Lionel récupéra le trépied de la caméra de Romain et le laissa partir à la suite de son meilleur ami. Les deux s’engouffrèrent ainsi dans le coin de forêt où se trouvait leur très cher esprit, ou plutôt Benjamin.
Accroupi dans l'herbe, il leva la tête quand il les entendit approcher. Denys se mit à sa hauteur, face à lui, alors que leur technicien s'installait dans l'angle dont ils avaient discuté auparavant, lui permettant d'avoir en joue à la fois son sujet et le lac.

« Alors, remise en situation. Hier soir, tu es parti chasser ton premier humain. Tu es tombé sur Lisa. Sauf qu’il s’avère qu’elle n’était pas seule, et ses amis ont réussi à t’immobiliser. Tu n’avais pas l’air de les inquiéter, c’était vexant. En fait, ces humains te prennent pour un mec inoffensif, juste un peu seul. Et là, c’est pareil, ça recommence. Tu étais parti, amer de ton échec, et te voilà revenu ce matin. Celui aux cheveux courts t’a invité à les rejoindre. Maintenant, tu ne sais pas quoi faire. »

Benjamin hoche lentement la tête, les sourcils légèrement froncés par la concentration qu’il s’imposait. Denys lui expliqua ensuite que l'esprit ne voyait plus d'intérêt à se cacher et donc qu'il allait bien vouloir sortir et les observer plus directement. Puis ce qui arrivera arrivera.

Sortant des fourrées, Denys fut content de retrouver les autres qui l'attendaient. Roseline, Sandrine, Claude et Éric avaient leurs pieds trempés dans l'eau et profitaient de la pause pour discuter avec ceux qui barbotaient. Autrement, ils étaient très sages et n'osaient faire aucun remous.
Lionel, quant à lui, prenait très à cœur son rôle de technicien en second et vérifiait son matériel, bien installé sur sa chaise pliante.
Quand l'aîné Ollivier reprit sa place, il avisa ses trois acteurs :

« C’est reparti ! Vous, vous restez là, vous faites semblant de dire des trucs, ce que vous voulez. »

L’heure de reprendre. Les mains de Denys claquèrent entre elles avec enthousiasme :

« ACTION ! »



La dynamique de tournage, la bonne ambiance et la volonté de chacun firent que tout semblait se passer super bien. L'histoire du court-métrage avançant plutôt à bon rythme, la fin de journée s'annonça plus tranquille et ils la passèrent ensemble, la caméra soigneusement rangée.
Le groupe d'amis ne comptait certainement pas veiller aussi tard que la veille. Pas question de faire la grasse-matinée le lendemain encore ! Ils utiliseront justement ce temps pour faire quelques prises matinales. Ils testaient vraiment de tout. Mais ça ne serait qu’une fois, après ça ils seraient autorisés à dormir autant qu’ils le souhaitaient.
Tout le monde était d'accord avec ça. Denys avait vraiment les acteurs les plus motivés.

Firmin et Benjamin sortirent de la cabane, une haleine de menthe entre les dents, et les premières personnes qu'ils croisèrent furent quelques joueurs de poker installés à la table de pique-nique. La bataille de tension avait l'air bien rude entre Roseline et Romain qui ne se quittaient pas des yeux, à l’affût de la moindre goutte de sueur sur leur front. Lionel et Jayden, eux, s'amusaient du spectacle en cachant leur grand sourire derrière leurs cartes. Ce fut eux seulement qui les remarquèrent, d'ailleurs, et leur firent un signe discret de la main alors qu'ils allaient monter leur tente.
Marylou les attendait près des braises encore rougeoyantes du feu éteint, formant encore faiblement quelques marques rougeoyantes à la manière de lucioles.

« Et toi, Marylou, tu sais comment on appelle la femelle du condor ?
— La tente ! Car c'est là qu'on dort. Ce soir. »

La jeune fille offrit un grand sourire à ses camarades, et plus particulièrement à Firmin dont la mine se décomposa d’un coup. Non sans fierté, elle se redressa sur ses jambes et s'étira, parée pour passer à l'action :

« Tu nous as entendu, c'est ça ?, demanda le garçon, outré.
— Non, je l'ai prévenue par la pensée. »

Ah ben, il comprenait mieux !
Même s'ils s'affairaient à déballer leurs tentes, les trois ne s’arrêtèrent pas de parler et plaisanter, ce à quoi la tablée à quelques mètres fut obligée de faire quelques signes sonores pour leur demander de baisser légèrement leur volume. Denys s'était écroulé sur ses trucs à l'intérieur et les autres ...
Le trio jeta un œil aux deux tentes alignées un peu plus loin.

« Ils dorment déjà ?, chuchota Marylou.
— Y'a qu'un moyen de le savoir. »

En fait, non, il y en avait d'autres mais ce fut le seul auquel Firmin pensa sur le coup. S'approchant sans attendre qu'on lui donne la permission, il commença à appeler tout doucement :

« Claude ?... Éric ?... »

Aucune réponse. Il frappa sur la toile de leur tente et essaya même de la gigoter un chouïa, mais elle était bien trop légère pour que deux personnes s'y trouvent.
De la même façon, il se faufila en catimini vers l'autre habitation, s’accordant à prendre encore moins de pincette dans ses manières :

« Liiiiisaaaa ? Ssssandouuuuliiiiineuuuuh ... »

Définitivement, il n'y avait personne là-dessous. Mais, dans ce cas, où se trouvait tout ce beau monde ? Prenant l'air sérieux des meilleurs détectives, mais pleurant en silence son manque de joli chapeau et de pipe à bulles de savon, Firmin voulut demander l'avis de ses fidèles acolytes ... Mais voilà déjà que Benjamin agitait son bras et disparaissait sous la toile vert pomme.

« Eh, moi en tout cas j'ai sommeil.
— Quooooi ? Déjà ?
— Bonne nuiiit. »

Le zip de l'entrée se refermant ne laissa la possibilité à aucune discussion. Firmin en oubliait déjà le grand mystère des enfants disparus et Marylou vint le réconforter en posant sa main sur son bras.
En vrai, Benjamin lui avait déjà dit qu'il comptait se coucher très vite. Il ne voudrait pas que le maquillage ne soit plus nécessaire à cause des valises qu'il risquait de se trainer.

« Laisse le, va, le pauvre panda. Ça te dit qu'on aille se promener, nous ?
— Oh, ouais ! »

Car lui, il n'avait pas sommeil. Firmin sentait qu'il avait encore beaucoup d'énergie à revendre, tout comme son amie d'enfance avec qui il alla sautiller entre les arbres, main dans la main. Ils auraient bien fait la course si Marylou n'avait pas une si mauvaise vue la nuit et que, du coup, c'était lui que le sort incombait d’être le guide. Le seul qui tenait LA lampe torche ! Heureusement que la fille Garnier était confiante.
Se remettant de leur peu de liberté dans le noir, ils se mirent aussitôt à chanter :

« C'est un fameux trois-mâts, fin comme un oiseauuuu !
— HISSE ET HOOOOO ! »

SANTIAAAANOOOOO ...
Qu'ils soient en pyjama et tongs leur importait peu. Qu'ils soient seuls dans les bois et ne savaient pas où ils allaient non plus. Enfin, si.

« Si Dieu veut, toujours droit de-e-vant, nous irons jusqu'àaa Saaan Fraaaanciiiiscooo ! »

Leur allure finit par ralentir pour leur permettre de reprendre leur souffle. Cependant, ils arrivèrent à un endroit où les arbres se faisaient plus éparses, un bout de clairière où ils purent s'arrêter et avaient droit à une vue incroyable sur l'horizon et le ciel étoilé.
Marylou soupira et laissa tomber son corps vers l'arrière, entraînant Firmin dont elle tenait toujours fermement la main dans sa chute. Les éclats de rire des deux amis mirent un point final à leur mélodie.
Si la jeune fille resta le dos au sol, Firmin se redressa et admira l'horizon où se profilait la cîme des arbres et les montagnes, sur fond d'un rideau nuit dégagé.

« Il y a beaucoup d'étoiles ? »

Le garçon leva la tête et plissa les yeux. Il reconnut la ceinture d'Orion, mais voilà bien tout ce qu'il avait retenu des cours d'astronomie. De toute façon, toute potentielle constellation était masquée par beaucoup d'autres qu'un ciel de banlieue parisienne ne pourrait jamais dévoiler.

« Oh, oui. On dirait ... Tu sais, vraiment comme dans les livres ou quand tu fais de la peinture avec une brosse à dent. »

Marylou eut l'air satisfaite, à en croire son sourire. Ses iris recouvert d'un mince voile restèrent là à observer ce qu'elles voulaient bien ne pas filtrer.

« Tu en vois combien, toi ?
— Je ne sais pas si je les vois toutes », conclut-elle après réflexion.

Rétinite pigmentaire, répétait-elle souvent quand on posait des questions sur ses yeux ou quand elle devait justifier ses lunettes de soleil. Ça sonnait comme une comptine alors que c'était un mot bien compliqué. Mais chacun y était habitué et ne faisait donc plus d'histoire à ce sujet.
C'était drôle aussi, parce que lui avait bien faillit perde l'ouïe un jour. Maintenant, il faisait attention et ne devrait plus avoir de problème mais ...

Le silence serait insupportable. Il pensait.

« Je pars pour de longs mois en laissant Margot, hisse et oooh ... Santianoooo ... »

Jambes tendues, Firmin se tenait avec la paume de ses mains et sifflotait pour le simple plaisir de faire du bruit.
Marylou l'écouta gentiment avant de finalement demander :

« Tu penses à l'année prochaine ?
— Non ? »

Il fut surpris, mais ne lui tint pas rigueur de l'avoir interrompu. Assez brusquement, elle s'était elle aussi redressée pour prendre une position assise.

« Moi non plus ! Comme quand je serai aveugle, je n'y pense pas non plus. »

Les sourcils de Firmin se froncèrent. Il ne pouvait s’empêcher de devoir répéter ce qu'il pensait :

« Ça arrivera peut-être pas ...
— Oh si ! »

Bon.
Son mur de certitude sur la question n'était pas assez solide pour tenir et lui renvoyer la balle. Bien sûr que c'était possible que ça arrive, et valait mieux en être conscient plutôt que de se voiler la face. Les retombées n'en serait que plus douloureuse.
Firmin baissa la tête.

« Ça fait peur. »

Pourtant Marylou ne perdait ni sourire, ni joie de vivre. Elle frappa le bras de son ami avec son coude pour le secouer un peu.

« Tu es comme moi. A ma place, tu n'aurais pas peur. Ou pas trop. Tu trouves toujours à quoi te raccrocher. Genre ... »

Ses doigts vinrent chatouiller le garçon Ollivier dans les côtes, laissant quelques larmes agrémenter ses hoquets et suppliques. Mais comme s'il allait se laisser faire ! Dès qu'il sentit une ouverture, il rendit de plus belles les tortures de la demoiselle.
Pensant cependant que respirer pourrait leur être profitables (peut-être), ils signèrent une trêve temporaire et reprirent leur souffle, le nez vers le haut.

« On va gérer, tous. Même si ce n'est plus pareil un moment, on se retrouvera pour faire la fête, c'est obligé.
— Bien d'accord ! »

En effet, lui et Marylou se ressemblaient. Il se connaissait et s'il savait qu'un jour il perdrait la vue, eh bien ses projets évolueraient en conséquence. Les choses ne se perdent pas comme ça.
Et si lui était au clair avec ça, cependant, il savait pertinemment que c'était différent pour son frère.

« J'espère que cette semaine va vraiment aider D'ys. »

Son amie eut de nouveau l'air pensif, mais elle n'eut pas l’occasion de rajouter quoi que ce soit. Firmin s'étant encore assis, il remarqua quelque chose de nouveau, au loin :

« Wow, c'est bizarre ça.
— Quoi ? »

Sans grande surprise, elle ne remarqua rien du tout, même après s'être redressée et fixant la même direction que lui. Pourtant, la masse sombre était bien là et avançait dans leur direction.

« On dirait qu'il va pleuvoir, y'a un énorme nuage qui approche.
— Vaut mieux prévenir les autres, alors. »

Sans plus se poser de question, leur escapade se termina là-dessus. Avec un peu plus de prudence, Firmin et Marylou reprirent la route vers leur campement tout en continuant d'entonner quelques vieilles chansons. Ce n'était qu'un nuage, après tout.

« Hey ! »

La voix un peu enraillée n'était pas une de celle que Firmin avait l'habitude d'entendre aussi fortement.

« Claude ? Éric ? Vous étiez cachés là ? »

Les susnommés rejoignirent les deux autres, chacun tenant la main de l'autre comme s'ils s'étaient rendus en classe. Éric avait l'air un peu en retrait, regardant ailleurs et surtout du côté des branches sombres, comme s'il était en quête d'un hibou ou d'un écureuil ?

« Hm, vous avez vu ? On dirait qu'il va pleuvoir, fit simplement Claude.
— Ah oui ! On allait prévenir les autres. »

Ils continuèrent donc de rejoindre le camp ensemble, Claude et Éric les suivant de près.

Tout le monde rentra à l'intérieur, ce soir-là. La pluie que Firmin avait annoncée s'avéra plus violente que le nuage le laissait présager.



Et au matin, elle ne s'était pas non plus arrêtée.

De temps en temps, son intensité diminuait, mais les épais nuages assombrissaient toujours le ciel. Sandrine fut obligée d'assurer à Denys qu'elle n'était pas du genre à tomber malade facilement, de même pour Lionel, afin qu'il les laisse faire leurs prises. Qu'ils ne se soient pas levés tôt pour rien, quoi, et puis la météo rajouterait un plus à l'ambiance. Il fallait penser comme ça.

A l'intérieur de la cabane, Lisa essuyait les cheveux crépus de son amie avec une serviette alors que les autres s'occupaient avec des jeux de société. Seul Denys n'arrivait pas à se détendre et ne cessait de penser à la pluie. Il finit donc par prendre la radio et attendit que le sujet de la météo ne tombe.
Ce qui ne manqua pas, fatalement. Et pas pour porter de bonnes nouvelles. Les régions voisines étaient en alerte forte pluie, sans grande surprise, et ils ne savaient pas vraiment quand est-ce que ça allait s'arrêter. Les présentateurs, entre quelques blagues, parlaient aussi de passer en alerte orange selon l'évolution des vents.
L'aîné Ollivier fixa le vide un instant, puis se releva et frappa mollement dans ses mains à destination de ses amis :

« Vous avez entendu ? »

Oh, bien sûr. Le nez de Firmin se retroussa, n'aimant vraiment pas la mine de son frangin.

« Je crois que nos vacances s'arrêtent ici. »

Celui-ci fut sourd aux quelques bavardages surpris et circonspects. Ce présage de tempête tombait si mal ! Pourquoi maintenant, hein ? Les plus réservés ne dirent rien, tant la nouvelle était tombée avec brusquerie.
Même Firmin garda les lèvres cousues, se relevant de son siège pour essayer de rejoindre Denys qui leur tournait le dos, prêt à aller dans la pièce d'à côté pour montrer son sérieux :

« On devrait commencer à ranger nos affaires, il ne faudrait pas qu'on se fasse piéger par la tempête.
— Quoi ? On arrête, comme ça, pour un peu de pluie ? »

Denys sentit une boule se former dans son ventre alors qu'il refaisait face à son frère. Il voulait garder le ton de la plaisanterie en lui répondant, mais c'était plus facile à dire qu'à faire :

« T'appelle ça un peu de pluie, toi ? T'as pas entendu la radio ?
— Si ! Mais et alors ?

Denys fronça les sourcils et ses doigts se serrèrent dans ses paumes sans qu'il ne puisse les contrôler. Rester là n'était plus une bonne idée, il fallait donc partir ... Non ? Il était de son devoir de faire en sorte que tout le monde soit en sécurité, et une vieille petite cabane dans la forêt n'était pas le plus impressionnant des bunkers. Si le lac débordait et qu'ils étaient piégés, par exemple, ils feraient quoi ?

« C'est trop dangereux !
— Tu le penses comme ça ? Vraiment ? »

Les poings de Denys tremblaient autant que sa lèvre inférieure. Il était tiraillé entre sa déception, sa colère mais aussi son envie de bien faire. Il comprenait pourquoi Firmin venait l'embêter avec ça, malheureusement. Ils se connaissaient trop bien.

« On est sûr de rien, ces alertes ça peut vouloir rien dire ! Si c'est vraiment dangereux, on va pas pouvoir reprendre la route, non ? Alors autant rester ici. »

Ses mots lui donnaient envie de pleurer.
Denys déglutit et releva la tête vers la vingtaine d'yeux qui n'attendaient que le fin mot de leur histoire. C'était lui le metteur en scène, tout le monde comprendrait s'il préférait arrêter. Mais il fallait que ce soit son choix dûment éclairé, voilà ce que voulait lui faire comprendre son frère. Et tout ça, le court métrage, ces vacances, ses amis ... Ils étaient si importants à ses yeux, il ne voulait pas les perdre si vite. Il ne voulait pas que ça s'arrête.
Ils le savaient tous.

« T'as gagné, Fri'. »

Ses sourcils sérieux disparurent aussitôt pour laisser place à sa candeur habituelle alors qu'il vint lui sauter dessus. Denys lui tapota le dos gentiment, tout en s'adressant à ceux qu'il venait tout bonnement de prendre en otage pour son bon plaisir :

« Si certain préfèrent partir ...
— Tu rêves ! », fit Roseline en riant.

Aucune objection.



Sandrine avait encore insisté et obtenu gain de cause. Ils le rendraient fou. Tous.

Les gouttes ruisselant dans ses cheveux sombres formaient comme des perles entre ses boucles serrées. Lentement, elle avançait en direction de la silhouette du rouquin, abrité quant à lui sur le perron de ce qu'il appelait son nouveau chez lui.

« Tu te caches parce que tu n'as pas réussi à capturer d'humain ? », demanda-t-elle naturellement avec un grand sourire amusé.

Benjamin ne répondit pas à sa camarade. Il la connaissait, mais sans plus. Assez en tout cas pour savoir qu'elle n'attendait sûrement pas spécialement de réponse.

« Allez, je ne le dirai pas au roi. Je vais t'aider et on fera notre sacrifice ensemble. »

Il n'aurait pas pu fuir longtemps. Bien entendu que quelqu'un aurait été appelé pour le chercher, mais il n'aurait pas imaginé que ce soit une autre nouvelle recrue comme lui. Ça ne devait pas être bien grave, alors.

« Non. »

Le nez de Sandrine se retroussa ; elle s'approcha, comme pour tendre l'oreille et mieux percevoir ce qu'il avait soufflé entre ses dents. A la caméra, son visage était un peu caché, un peu inquiétant.

« Si c'est ça devenir adulte, je ne veux pas. »

Tant de choses s'étaient passées ces derniers jours. L'esprit devait être devenu fou, il ne réfléchissait plus très bien.

« Ces humains ... sont m-... »

Un flash lumineux vint interrompre Benjamin. Il fallut quelques secondes, assez pour que chacun se regarde, pour que le tonnerre ne gronde dans un vacarme assourdissant. Éric en cria même de surprise. Et puis comme inspirée par ce fameux gong, la pluie éclata de plus belle.
Ils durent arrêter là.




La trombe d'eau fut si violente qu'il fallut une troisième serviette pour suffisamment sécher Sandrine. Les gouttes se fracassaient avec force sur la toiture et, vu le bruit que ça faisait, c'était à se demander si ce n'était pas de la grêle qui tombait là-dehors.
Firmin, fidèle à lui-même, n'était pas bien inquiet et faisait de son mieux pour réchauffer la salle avec un peu de bonne humeur. Assis entre Jayden et Marylou, il cherchait quelques bonnes blagues de son répertoire. Les autres n'avaient rien de morose non plus, imaginant tous que ça passerait sans soucis. Les plus silencieux étaient cependant sa meilleure amie et son frère. Ce dernier tentait de cacher son inquiétude qui pointait le bout de son nez, mais ce fut un échec critique.

« Et vous savez qu'il ne faut pas dire "Mon Amiral" ? Mais plutôt "Mon copain rouspète". »

Trop de blague ne faisait plus rire, c'est pour ça aussi qu'il évitait de trop souvent les dévoiler ... D'autant plus que son registre n'était malheureusement pas infini. Ça lui arrivait aussi de se répéter, et on le lui disait, mais ce ne fut pas le cas cette fois-ci.

« Quand tu bosses pas tu passes ta vie sur des sites de blague ou quoi ?, demanda Roseline les bras croisés.
— Un magicien ne révèle jamais ses secrets ! »





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Vous êtes officiellement validé ♥️

NON JE RIGOLE. Ses blagues m'ont fait du mal, je refuse de le valid/ARBRE/
comment ça, mes motifs de refus sont de plus en plus obscurs

Son histoire était gentille et mignonne et lolilol joie et genre toi tu LE TUES
GENRE NON ?? JE POSE MON VETO JE LE FAIS REVIVRE RINAFOUTRE J'INTERDIS A CETTE HISTOIRE D'ÊTRE CANON OKAY QUE DALLE NOPE



Sinon j'adopte Romain, parce que je sens que c'est le meilleur d'entre tous. Je le sens bien. Je prends Romain. Et je le mets avec Benja/TITANIC/ Ou Jayden x Benjamin. Je ne sais pas encore, j'y réfléchis. /: (si je ne ship pas des trucs étranges ce n'est plus vraiment moi, on est d'accord) (et l'idée du fun de ces jeunes gens me donne de l'anxiété, mais je ne juge pas les passionnés de cinéma hEIN) (ILS ONT JAMAIS REGARDE GRAVE ENCOUNTERS 2 OU BLAIRWITCH ??) (ILS AURAIENT DÛ SE DOUTER QUE CA FINIRAIT MAL CETTE HISTOI/PLEURE/)

Plus sérieusement hahahabhfed.
Rien à redire sur l'ensemble de la fiche, tout est ok bro. J'ai vu quelques fautes mais je ne les ai pas notées, même si je dis à CHAQUE FOIS que je les relèverai en lisant lors de la prochaine validation. J'ai juste "Hey, rien de casser ?" et " mais Denys n'en ressentait pas moi, si ce n'était plus", si tu veux changer celles-là, mais doit pas y en avoir trois milliards de toute façon donc no problemo.
Les descriptions sont suffisamment complètes et j'ai tout ce qu'il me faut dans le casier ; le reste est rempli aussi, donc je ne te fais pas plus atteeeendre  Firmin Ollivier ▬ « We can't wait one minute more » 3005761276  Firmin Ollivier ▬ « We can't wait one minute more » 3212372723

C'est parti les kiwis.

Tu peux dès à présent recenser ton avatar, ton métier et demander une chambre pour t'en faire un petit nid douillet. Tu peux également poster une demande de RP ou créer ton sujet de liens. Ton numéro va t'être attribué sous peu, si j'ai la foi et la passion, et tu vas être intégré à ton groupe dans l'instant. Tu arriveras dans la pièce Sud.

But where is Brian ?

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