Maksym se sentait humilié ; s’il n’était pas déjà mort, il aurait réclamé le trépas avec beaucoup d’ardeur. De quel droit Link, mais en moins vert, s’arrogeait le droit de l’assommer en juif et de le traîner il ne savait même pas où ? Sans son accord ? Il n’avait même pas eu le temps de se défendre ! Ok, la scène était un peu embrouillée, avec le recul, mais il se souvenait avoir demandé un combat entre hommes. Pas une agression pure et simple. C’était de la triche. Le nez dans le matelas, il poussa un grognement sonore.
La mort commençait bien, hein ! Au moins autant que sa vie. A croire qu’il avait rapporté la poisse dans une sacoche. Quand le jeune homme se décida enfin à cesser de faire l’étoile de mer inversée et s’asseoir, il crut mourir en entendant une voix inconnue lui demander s’il allait bien.

Le cadavre à nouveau décédé se retourna trop vite, dégringola du lit et insulta son pauvre coccyx qui n’avait rien demandé. La douleur fut telle qu’il décréta mourir une troisième fois. Ça faisait beaucoup pour une journée. Est-ce qu’ils étaient toujours aujourd’hui, au moins ? Ça allait faire trois mois qu’il promenait une montre cassée à son poignet.

Maksym fixa le jeune homme avec l’amabilité d’un chien qu’on vient de castrer. Le rouge aux joues, il lui cracha presque à la figure :

« J’ai l’air d’aller bien, peut-être ? Y’a pas idée d’entrer comme ça sans frapper ! »

Merde quoi, c’était vrai ! Rien que pour préserver la dignité des gens. Il aurait pu être en train de… Ben, pas de faire grand-chose, mais quand même. S’évader à coups de lampe. Se cogner la tête aux murs en se lamentant. Faire le poirier sur le lit. N’importe quoi.
Toujours à terre, il observa les vêtements de l’intrus avec intérêt et dégoût. Pouah, mais c’était quoi ce machin horrible ? Choix vestimentaire personnel, ou uniforme affreux ? Son cœur se serra à l’idée qu’on lui demande d’enfiler la même horreur. Hors de questions qu’il quitte son blouson et son jean. Plutôt crever que ressembler à un taulard fringué en Pierrot.

Merci, mais non merci.

Je penserai à frapper, gnagnagna – y’avait plutôt intérêt, ouais. De toute façon, il comptait pas revenir là, plutôt crever une quatrième fois. Les yeux plissés, il se redressa lentement sans quitter l’autre type des yeux. Il avait pas l’air dangereux, mais le lutin de la pièce blanche non plus et il l’avait bien défoncé quand même. Putain, ce salopard. Y penser mit Maksym immédiatement hors de lui, son âme fit un tour de piste et lui rentra violemment dedans.

Il allait le retrouver et lui régler son compte. Si ça se trouve, l’autre là savait où il était.
Ou alors ils étaient de mèche. Peu importe.

Il allait lui faire manger son petit couteau à ce –

« Mais maintenant que vous êtes réveillé, vous allez pouvoir me suivre ! On doit vous donner une chambre et des vêtements. C'est mieux, quand même. »

Euh what. Maks resta le regarder comme s’il venait de lui annoncer qu’il s’était réincarné en courgette. Vous donner une chambre, des vêtements ? Oh putain. Non. Il comprenait. Il toisa l’abruti de bas en haut, les bottes bien plantées au sol, avec tout ce que son visage put rassembler de mépris.

Violent, le coup de kalach.

« Wait wait. J’enfile pas un truc comme ça, moi, fit-il en désignant les fringues de son pseudo-geôlier, et tu peux pas m’y forcer. Donc non merci, laisse-moi juste me barrer. »

Il allait faire un pas en avant, décidé à se frayer un chemin en tank s’il le fallait, mais une pensée le cloua à nouveau au sol.

« Non, en fait. Où est le type qui m’a amené là ? Je dois le défoncer. Pas la peine de le protéger, je finirai par le retrouver. »

Même sans ton aide. Et c’était pas parce qu’il avait aucune idée d’où il était ni du plan des lieux qu’il allait se laisser faire. Même dans un putain de labyrinthe, il l’aurait suivi à l’odeur.
Vu qu’il était mort, hein, autant s’occuper le trépas, ça l’aurait fait chier de mourir d’ennui.

Ahaha ce qu’il était drôle.