▬ Péché capital principal :
▬ Péché capital secondaire :

• une chose est sûre : elle ne rentre pas dans les canons de beauté humains, et de loin
• (ou alors tu es attiré par les femmes papillons de nuit et personne ne te juge, mais)
• visage rond et mangé par deux énormes yeux noirs assortis d’une pupille blanche. Elle voit très mal dans la lumière vive, bien mieux dans la pénombre.
• (flash-la et elle est aveugle pour dix bonnes minutes, à pousser des cris de bestiole sortie tout droit des enfers)
• (vraiment ; on dirait qu'elle a des cordes vocales hantées vu les bruits qu'elle est capable de faire)
• elle a une deuxième paire d’yeux, plus petite, juste au-dessus de la première – les deux paires son autonomes l’une de l’autre. Pratique.
• son visage est relativement plat, peu de relief, pas de nez, une petite bouche avec une langue exagérément longue et collante. Ew. Ça vend clairement pas du rêve pour les amateurs de french kiss.
• sa langue est brune, comme le reste de son corps ; le coloris passe d’un brun chaud à un brun quasi gris, mais ne se décline qu’en nuances semblables.
• elle n’a pas d’oreilles, mais des antennes à la place ; elles sont duveteuses, comme sa peau par ailleurs – qui n’en est pas vraiment. Elle secrète aussi une poudre brunâtre et brillante.
• ses cheveux sont très épais, bouclés, jamais bien coiffés parce que qui a le temps pour ça. Pas elle, clairement. Elle a du boulot. Du saucisson sur la planche.
• une poitrine à peine présente, une taille très mince, et des hanches très larges.
• il faut dire que Benzie n’a pas juste une paire de jambes, mais deux, et qu’il lui faut la place pour les ranger – mademoiselle n’est pas un centaure, mais son torse s’allonge bien plus vers l’arrière que la normale, et la deuxième paire est derrière l’autre. Le résultat n’est pas très pratique (au début, elle perdait souvent l’équilibre), mais elle a appris à répartir son poids et marche et court comme tout un chacun.
• une paire à droite, une paire à gauche. En rythme.
• du haut de son mètre 50 tout juste, elle ne pèse presque rien et tant mieux, parce qu’elle n’aimerait pas que ses ailes fassent juste joli, sagement rangées dans son dos.
• oui, elle peut voler. Mais elle a tendance à ne le faire qu’en cas de nécessité. Elle s’entraine pour ne pas perdre la main, cela dit.
• (et elles l’embêtent quand elle veut dormir, ARGH, c’est quoi ce manque d’ergonomie elle pleure)
• oui, parce qu’elle dort. Elle est même plus faible et de sale humeur quand elle ne dort pas.
• en parlant de ça, Benzie n’est pas Hercule. Fatalement. Mais elle connaît bien des manières d’immobiliser un abruti qui n’impliquent pas la force pure.
• du reste, ses mains ressemblent à celles d’un humain lambada – ça compense ses jambes insectoïdes et elles aussi très fines.
• difficile de se tromper, hein.
• c’est bien une Daemon.

• Benzie est pragmatique ; elle insiste là-dessus. Pratique. Logique. Elle n’aime pas qu’on lui raconte des trucs abracadabrants, et elle aime qu’on en vienne aux faits.
• pas la peine de tergiverser, elle déteste ça et n’hésite pas à recadrer si besoin est. Et s’il faut être un peu brutal pour tirer son interlocuteur des sentiers battus, alors elle l’est.
• l’avantage, c’est qu’elle ne se perd jamais en rêveries et ne laisse jamais filer le fil.
• le désavantage, c’est qu’on a tendance à vite la catégoriser comme sèche et pas drôle.
• soit. Elle peut vivre avec. Son boulot avant tout. Les vrais restent, les grognons dégagent.
• Benzie est une fille entière ; ou du moins, elle essaye de l’être. Elle se veut honnête, impartiale, juste. Pas besoin d’être drôle ou hypocrite pour être appréciée – ce dont elle se moque éperdument.
• blesser ses amis, ok, non. Mais les autres ? Ils ont qu’à être moins fragiles et susceptibles, hein.
• et elle refuse de se remettre en question. C’est toujours la faute des autres, jamais la sienne.
• Très mature, Benzie.
• elle screech et agite les ailes en dernier recours. Pas sa faute. Jamais. Elle refuse.
• même avec ses proches, elle a toujours ce côté cassant comme du bois mort ; trop franche. Ça n’aide pas. Et hausser les épaules ne suffit pas toujours à calmer le jeu ou réparer les sensibilités.
• tant pis. Ils font avec.
• et en plus de ça, elle adore donner des ordres. C’est sa passion dans la vie. Fais-ci, fais-ça, allez hop plus vite.
• c’est elle le boss. Elle aime ça à la FOLIE.
• mais étrangement, le contraire ne la dérange pas non plus. Tant qu’elle peut travailler et se rendre utile, elle prend.
• elle gobe les responsabilités à la vitesse de l’éclair – et se met trop de pression sur le dos en passant mais, allez. Elle a le dos solide, ça va le faire.
• (ça ne le fait pas toujours, mais plutôt mourir que l’admettre)
• elle aime aider les gens. Sentir qu’elle a bien fait. Et encore et encore. Sans ça, sa vie n’aurait rigoureusement aucun sens.
• ça lui donne un petit côté hyperactif en manque, mais que voulez-vous. Il n’y jamais assez d’heures dans une journée, et rester assise à fixer le vide lui donner envie de se rouler par terre en hurlant.
• elle sait s’amuser, quand elle veut ; hélas, c’est trop souvent une perte de temps à ses yeux.
• une vraie petite fourmi, Benzie. On ne l’arrête pas, malgré sa carrure toute fine.
• et elle a beau avoir un sang froid à toute épreuve, peser chacune de ses décisions et les prendre rapidement, ça ne l’empêche pas de hurler de temps en temps.
• si on lui vole une tâche, par exemple. C’éTaIt à eLlE. Grrrr.
• ça lui donne envie de manger des bureaux.
• (heureusement, elle sait se retenir, ça ferait pas très pro)
• et pour saupoudrer le tout, une confiance aveugle en la hiérarchie d’Asphodèle.
• elle se remettra elle en question avant de douter des ordres qu’on lui balance à la figure.

« Carl : Shhhh. Do you hear that ? That's the sound of forgiveness.
Paul : That's the sound of people drowning, Carl.
Carl : That is what forgiveness sounds like ; screaming and then silence. »

Llamas With Hats, episode 2

---

Bureaux administratifs, il y a 5 ans

« Euuuh, dites, j’ai trouvé quelq-… »

La porte, entrebâillée, s’ouvrit brutalement sur la chute d’un gros tronc de bois mort.
Qui, à bien y regarder, gémissait et agitait des ailes.

« Quelqu’un. Eh, ça va, tu t’es pas fait mal ? »

Pendant que la Daemon relevait sa camarade à terre (quatre jambes – facile de se les prendre les unes dans les autres), les employés et le nouvel arrivant fixaient ce remue-ménage, l’air de se demander qui allait se lever le premier pour s’y coller.
Finalement, une voix féminine partit du fond, avec dans le soupir l’aveu d’une journée chargée :

« Ok, par ici, on va s’occuper de… d’elle. »

Le nom, la maison, les explications, tout le tralala.
Et au milieu de tout ça, un nouveau-né complètement perdu qui ne savait même pas ce que c’était, des « bureaux ».

---

• Benzie a vu le jour en pleine campagne Asphodélienne, et a aussitôt été entrainée dans le trou d’un Daemon taupe au boulot. Oops.
• Cecelia, vraiment désolée (« je t’avais pas vue, désolée »), lui propose de l’emmener jusqu’aux bureaux après avoir vérifié que la nouvelle venue n’a effectivement ni vêtements, ni numéro, et pas la moindre idée de ce qu’elle fiche là.
• Le chemin est laborieux, Benzie ayant deux jambes de trop et Cecelia préférant creuser que marcher, mais elles y parviennent. Benzie se casse immédiatement la figure et est prise en charge par une gentille dame qui lui explique tout ce qu’il y a à savoir – et fait même une faute dans son prénom mais qui saura, même moi je savais pas que ça s’écrivait pas comme ça shhhh on arrête de se moquer wow.
• Larguée, elle ne le reste pas longtemps ; elle s’adapte vite à son environnement, et ses problèmes de locomotion mis à part, elle s’épanoui à Asphodèle comme une plante au soleil.
• Les premiers mois, elle reste cantonnée au quartier des Daemon. Pas par obligation, mais parce qu’elle veut d’abord découvrir ses semblables. Elle s’y fait ses premiers amis, y connaît ses premières disputes, et se rend vite compte de la différence.
• Tout le monde est différent, elle peine à trouver un dénominateur commun. En apparence comme en personnalité, elle ne retrouve pas deux fois la même personne.
• Benzie n’est pas du genre à se poser beaucoup de questions. Elle accepte les choses comme elles sont, et même si parfois elle aurait aimé qu’untel soit plus tolérant, moins susceptible, moins violent, elle fait avec.
• Benzie, 6 mois, devient une professionnelle du tri. Se forge des opinions bien ancrées dans son petit cœur.
• Benzie, 7 mois, décide enfin de partir à la conquête de la partie « humaine » d’Asphodèle – celle où Cecelia l’a emmenée à son arrivée. Sa naissance. Bref. Au début de sa vie.

• L’expérience l’embrouille gravement – parce qu’elle s’était habituée aux Daemon et que, wow, les humains ne sont pas du tout pareils. Et en même temps si. Mais non. Plus d’uniformité dans l’apparence, mais les mêmes problèmes qu’avec ses pairs.
• Elle se prend immédiatement la tête avec certains, se casse toutes les dents sur la notion de mort et de vie ailleurs, et retourne chez elle avec une tonne de questions en tête.
• Un ami, Luis, a la gentillesse d’y répondre. C’est un Daemon, 40 cm de plus qu’elle, policier, là depuis une bonne vingtaine d’années. Alors les humains, il les connaît. Il travaille avec eux en permanence.
• Il les aime bien. Essaye de tout lui expliquer en détails mais sans la perdre. Finit par la trainer dans son cercle d’amis après l’avoir vue ramper sous toutes les tables d’incompréhension.
• Et les amis de Luis sont adorables. Policiers pour la plupart, ils lui racontent leur vie, lui montrent leurs numéros si différents du sien – et Benzie a besoin de quelques semaines pour tout emmagasiner et tout traiter, mais ça rentre. Comme le reste.
• Un an après sa naissance, elle a l’impression d’avoir connu les humains et les Daemon depuis toujours. Les lieux, aussi. Tout lui semble naturel.
• Travailler, aussi. Elle s’essaye à plusieurs petits boulots une fois entièrement stable sur ses jambes, jongle avec ses pièces, les perd dans l’herbe, se frappe pour devenir un petit peu plus responsable et prend tout à cœur.
• Benzie adore travailler. Elle aime se rendre utile. Elle aime s’insérer dans le décor et avoir l’impression de faire avancer la machine.
• La vie en communauté lui plaît. Les autres, pas toujours. Mais Benzie est une professionnelle du tri, elle abandonne ceux qui ne l’aiment pas pour se concentrer sur le reste.
• On ne perd pas son temps avec des imbéciles, dixit Luis. Cecelia, quand elle la croise, lui dit d’être peut-être un tout petit plus gentille, mais. Pourquoi, hein. Si on ne l’aime pas comme elle est, elle ne compte pas faire d’efforts.
• Soupirs de Cecelia.
• Grognements de Benzie. Elle adore être utile, mais déteste avoir l’impression d’avoir tort.

• deux ans – elle se recense, répond aux questions de l’administration sans problème. La vie suit son cours. Asphodèle est sa maison, et elle la défend bec et ongle en prônant des valeurs de tolérance et d’intégration. Tout le monde doit vivre ici, autant s’entendre, pas se faire la guerre.
• Luis lui dit qu’elle ferait un bon flic. Benzie prend le compliment un chouïa trop à cœur, mais est dissuadée de passer le test sur le champ par une amie. Il vaut mieux attendre un peu, se faire davantage au métier. Si elle veut, ils peuvent lui expliquer quelques trucs.
• Tout en rangeant les aliments sur des étagères, Benzie intègre les principes du métier. Tout lui plaît. L’idée de pouvoir contribuer au calme et à la bonne gestion d’Asphodèle la rend extatique, qu’elle qu’en soit la forme.
• Quand elle voit des gens se battre, voire sortir des armes (pour se faire vertement réprimander dans la minute – et d’où ça sort, ça), elle ne se pose pas la question. Il faut que ça cesse. Elle ne comprend pas que certains puissent se sentir prisonniers ou à l’étroit. Et quand bien même, il faut respecter les règles.
• Voler, poignarder, mettre des coups, être irrespectueux, désobéir, frauder, à quoi bon ? Qu’est-ce que ça leur apporte, tout ça, à part le plaisir de mettre un sacré bazar dans la vie des autres ?
• Benzie hurle quand elle voit quelqu’un passer le ruban des hors limites. Découpe en morceaux les voleurs du regard. Admire tous les policiers qui passent dans les environs et le personnel administratif. Hoche gravement la tête quand elle aperçoit un des gardes traîner un nouvel arrivant inconscient. Faut vraiment pas être malin pour leur dire non. Ils ont une faux, quand même.
• La hiérarchie ne la laisse pas perplexe, elle ne la questionne pas. Les mesures prises non plus. Tout a une raison d’être, et Benzie fait confiance aux hauts gradés.
• Ils savent ce qu’ils font – mieux que les autres.
• Sans ça, que deviendrait Asphodèle ? Il y ferait moins bon vivre. Elle en est persuadée.

• 3 ans, 4 ans, 5 ans – Benzie est acceptée dans la police quatre mois avant l’annonce déconcertante d’Aether. Toujours aussi insignifiante dans l’engrenage des choses, elle se contente de faire son travail et de minimiser les dégâts.
• Tout finira par rentrer dans l’ordre, il faut juste patienter.
• Parce que quoi d’autre, sinon.