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Vélaug Yljudóttir
- B 10 122013 42 14 D -

Vélaug Yljudóttir

En bref

Féminin
Pseudo : Sköll.
Messages : 14




Punch my face,
do it 'cause I like the pain
Every time you curse my name
I know you want the satisfaction,
it's not gonna happen
Knock me out,
kick me when I'm on the ground
It's only gonna let you down
Come the lightning
and the thunder
You're the one who'll suffer
Nom : Yljudóttir.
Prénom : Vélaug [« ié-l-euil-rh »]
Surnom : Vél, Vela, Velý.
Sexe :
Âge effectif : 19 ans.
Âge apparent : 19 ans.
Arrivé depuis : A2 M6 J23.
Date de naissance : 26/09/1994.
Date de mort : 03/12/2013.
Orientation sexuelle : Aro A.
Groupe : Commotus.
Nationalité : Islandaise.
Langues parlées : Islandais.
Ancien métier : Aucun.
Métier actuel : Fleuriste.

Casier Judiciaire


▬ Crimes commis :
▬ Circonstances du décès :
▬ Péché capital principal :
▬ Péché capital secondaire :
▬ Rapport à l'alcool :
▬ Rapport aux drogues :
▬ Addictions :
▬ Mauvaises attitudes récurrentes :
▬ A été victime :


Physique



• 1m69.
• Mèches courtes d’un blond pâle, coupées sans finesse, parfois mal recoupées par-dessus, décolorées et re-décolorées, mal re-colorées à la teinture grisâtre, terne, translucide.
• Ses yeux tirent sur le bleu glacier, trop clairs eux aussi, cerclés de gris. Elle ne supporte pas la lumière trop intense – mais elle préfère fixer le sol, plisser les yeux ou ne pas sortir du tout que de mettre des lunettes noires.
• Sa peau est blafarde comme si elle avait jamais vu le soleil de sa vie.
• Mince et sèche comme un bout de bois, un peu dégingandée, épaules étroites, genoux presque cagneux, l’air cassable plus que pliable, mais pas fragile.
• On voit qu’elle est sortie d’une adolescence un peu maladive en rassemblant tout ce qu’elle pouvait produire de muscles et de structures pour tout encâbler avec des nerfs, tout compacter, et faire en sorte que ça bouge plus.
• Boyish. Elle a pas de formes, pas de hanches du tout, pas de poitrine, pas les traits spécialement féminins, seule une certaine finesse dans le visage et le long de la mâchoire peut donner un coup de main au premier regard.
• Super lambda, elle passe inaperçu, on se retourne pas sur son passage, de loin on la remarque même pas. Elle est pas particulièrement jolie non plus, et son regard de chien malade de la rage aide rien.
• N’a pas l’air sur le qui-vive comme ça, elle a plutôt ce flegme blasé de l’adolescent en colère. Mais de près, chaque mouvement trop brusque la fait tressaillir nerveusement et montrer les dents.
• Elle fait la gueule mais tout le temps. Littéralement. L’angry face c’est sa base. Elle a l’air de pouvoir bouffer des meubles rien qu’avec les dents et recracher les clous.
• Voire même bouffer le pistolet à clous et baver le caoutchouc.
• Un sourire qui ne soit pas maladif, méprisant ou sarcastique ? Va te coucher.
• Elle a une tronçonneuse à la place des dents – elle les grince avec une régularité très désagréable.
• Ses mouvements sont secs, nerveux. Globalement agitée, souvent en train de pianoter des doigts, taper du pied, regarder ailleurs, faire des grimaces. Comme si ses mains avaient besoin d’être occupées. Comme si rester immobile lui faisait mal.
• Elle se bouffe les lèvres, elle se bouffe les ongles, et quand elle a fini elle passe aux phalanges.
• Vu qu’elle dort pas elle a l’air épuisé et au bout de sa vie en permanence.
• Cernes de MALADE façon yeux au beurre noir.
• Il lui manque la moitié de l’annulaire et une phalange au majeur de la main gauche, deux doigts au pied gauche et un à droite.
• Elle s’entasse des pulls sur le dos, s’habille de la manière la plus basique possible, jeans, t-shirts (qui flottent vu qu’elle a que la peau sur les os), couleurs ternes, matières douces ou au contraire r è c h e s AF selon son humeur. Elle aime les gros manteaux et la fourrure ceci dit. Les bonnets aussi, tous les trucs qui lui couvrent un peu la tête.


Caractère



• Bon pour la compagnie on va repasser hein.
• Brusque. Sèche. Cassante. Maussade. Dans les meilleurs moments elle est juste taciturne et désagréable.
• Tu la touches pas ou elle hurle.
• Elle hurle pas mal, de manière générale. Ou siffle. Ou grince. Ou aboie. Ou grogne. Elle sait pas parler normalement non.
• Elle est grossière à chaque seconde que Dieu fait. T’as probablement rencontré peu de gens qui disent autant d’injures à la minute dans ta vie. Elle a sa propre langue, ça lui a demandé beaucoup d’entraînement, respecte-la.
• Du coup elle sait pas s’adresser aux autres sans les insulter non plus.
• Sois pas gentil avec elle sale fdp elle sait pas ce que tu veux mais à tous les coups t’es un connard, dégage.
• Tellement angoissée et à cran en permanence que c’est devenu son état de base. Elle est pas bien, c’est tout. Rien ne va, le monde lui râpe sur la peau, s’il pouvait aller se faire foutre.
• Pas bien difficile de sentir qu’elle ressent un certain besoin de se casser le crâne contre un mur H24, physiquement ou psychologiquement parlant.
• Elle arrive pas à dormir et ça aide pas le reste. Et quand elle dort elle cauchemarde. Du coup elle est constamment épuisée avec les nerfs à vif.
• Le moindre effleurement lui fait mal somehow.
• Cette demoiselle est à v i f.
• Elle fait des crises, parfois. Hurle, griffe, se fait mal. Casse des trucs. Pleure. Pas très joli à voir.
• Ne pas chercher à savoir ce qu’elle a dans la tête, c’est moche là-dedans.
• Sarcastique en veux-tu en voilà. Par contre elle a pas d’humour.
• Elle fait confiance à personne allez.
• Susceptible, bagarreuse, tout ce qui s’ensuit. Violente dans les gestes comme dans le ton, pas de problème.
• Regrets ? AHA you wish.
• Elle a aucune notion de propriété ou de respect d’autrui.
• Elle est pas raciste, son chien mord les noirs. Nuance.
• De toute façon les gens sont tous des connards qui peuvent aller manger leurs morts.
• Elle s’en BALEC mais d’une FORCE – sauf que son humeur fait tellement des sauts dans le vide toutes les deux heures que même si elle s’en fout elle peut se mettre à hurler quand même.
• Foutez. Lui. La. Paix.
• Elle t’a demandé ton avis ? Non.
• Si elle t’apprécie elle te hurlera pas dessus, elle te fait la grâce de garder tes oreilles alléluia. Mais bon. QUI elle apprécie, quoi.
• Personne la supporte en gros et c’est normal. Vous infligez pas ça les gars.


Histoire






« There are no innocents. There are, however, different degrees of responsibility. »
S.L., The Girl Who Played with Fire



Ses oreilles en saignaient, et les cris ne voulaient pas s’arrêter. Elle lui ruait dans les côtes, ses ongles avaient ouvert des sillons sanglants dans la chair de ses bras. Il en avait les muscles raides comme du bois. Comme si ça faisait des heures qu’il la ceinturait pour l’empêcher de se faire mal. Ça faisait peut-être des heures – les « Velý, calme-toi » n’écorchaient plus ses lèvres. Il savait plus bien. Elle hurlait et se débattait et elle pleurait peut-être aussi ; ses cris d’animal en pleine curée se ruaient sous son crâne à lui en fait mal. Rien d’articulé. Pas de raison. Pas de sens. Tout se mélangeait et se distendait, la tête vide, il attendait juste que ça passe.
Il attendait que ça passe.






Hörbnæjahr, Islande, 2012.


Un genou ramené contre elle sur sa chaise au mépris de toutes les leçons d’éducation qu’on avait pu lui infliger en 18 ans d’existence, Vél se rongeait l’ongle du pouce en faisant glisser son regard blême sur les différents membres de sa famille. Hlédís triturait son assiette comme si ça allait l'empêcher de prendre 5 kilos et de se retrouver bouffie jusqu'aux yeux, putain ce que ça lui donnait envie de la tarter.
Ubbi, l'ex-mari de sa deuxième mère, n’était pas là et c’était foutument cool, mais Hlynur non plus. Ils étaient partis à la chasse tous les deux, moment privilégié père-fils ou une connerie comme ça.
Elle aurait préféré son plus jeune demi-frère à la place de ces enflures de Grímkell et Reynar. Lui au moins savait fermer sa gueule.
Les deux autres lui pétaient les oreilles.

En plus Reynar avait ramené un de ses branleurs de première classe à déjeuner. Comme si ça suffisait pas, qu'il fallait absolument qu'ils soient quinze à se péter les tripes autour de cette table. Les deux frangins, elle, putain de Hlédís, leurs deux mères, et ce bâtard défraîchi dont elle se foutait bien du nom. Qu'est-ce qu'on se marre. Vél adressa à l'ami de son frère un sale regard de chien lépreux, qu'il évita avec un sourire gêné.
C'est ça.

Grímkell faisait rigoler les deux mecs avec ses vannes d'abruti au bout de la table. Tant qu'à faire Ubbi aurait pu l'emmener aussi s'il tenait tellement à avoir ses gosses accroché à ses basques.
Qui sait, ces trois merdes auraient peut-être réussi à se tirer dessus, avec un peu de chance.
La mention du psy attira son regard blême droit sur ses mères qui cajolaient sa jumelle dans le triste espoir de la convaincre de faire le taxi la semaine suivante.
Parce que Vél a pas le droit de conduire, arh arh.
Ils auraient dû empêcher Hlédís de prendre le volant aussi honnêtement, la meuf avait le QI et la réactivité d’un pigeon mort.
Elle faisait le même genre de cris que quand on shoote dedans, d’ailleurs.

« Je suis pas sa baby-sitter, maman, okay.
– Hléddý, s'il te plaît... »

Oh ouais pauvre chérie. Sale petite chienne allez.
Vél n’avait toujours pas avalé les couinements de sa pétasse de sœur comme quoi Járn la faisait flipper et que ça l’empêchait de manger et digérer convenablement et qu’il devait être interdit de salon à l’heure du repas et que- Salope va. Son chien était enfermé dehors depuis une demi-heure à cause d’elle, et Vélaug gardait ça comme un os de poulet en travers de la gorge.
Si son attardé de dinde de jumelle pouvait, elle, s’étouffer sur son assiette le putain de monde s’en porterait tellement mieux.

Surtout que genre là ça faisait quoi, dix minutes qu’elles se prenaient la tête sur les merdes habituelles ? Vél aurait bien aimé que cette bande d’emmerdeuses cesse de lui coller au cul et de s’occuper de sa vie, pour une fois. Si elle se donnait beaucoup de mal pour ignorer leurs piaillements et se concentrer sur le tas de saloperies qu’elle avait dans son assiette, c’était pas pour rien putain.
Blablabla la psy inutile – connasse en puissance elle aussi, blablabla pas de résultats, et que je te cause d’assistanat alors que je suis plus occupée à balancer mon cul à toute la fac qu’à avoir mon année, et que ça parle de job mais comment elle va faire elle peut pas elle conduit pas elle tiendra pas et ses antécédents il va falloir trouver un patron avant la rentrée il va falloir-
Ok, elle avait bien envie de gerber là. Leurs voix lui pourrissaient les nerfs mais si bien.
Elle sentait presque la moisissure s’étendre sur son cerveau, en fait. Bien gluant bien crade, comme elle aimait.

« Sinon Hléddý pourrait aller sucer le psy et me laisser sa caisse, que je la foute dans le lac, comme ça tout le monde est content. »

Le silence s’écrasa sur la table et éparpilla ses tripes partout. Hlédís ne lui fit par contre pas le plaisir de s’étouffer avec sa bouffe. Décrochage de mâchoire, mais pas assez pour qu’elle tombe dans son assiette non plus. Reynar lâcha un « Ha ! » qui tira un air scandalisé à sa mère, et fit mine de cocher une case sur un calendrier invisible.
Connard.
Et au bout de longues – très longues – secondes passées à avoir l’air d’essayer d’avaler la boule d’une démolisseuse de chantier sans les dents, la moitié de la famille ressuscita spontanément lorsque Grímkell se rejeta en arrière en avec un râle de cerf en rut.

« Laisse tomber, elle est cinglée. Même gamine elle avait un grain. »

Vélaug l’écorcha du regard et songea à lui balancer son assiette intacte à la gueule. Ça aurait arrangé pas mal de chose dans son visage de dégénéré consanguin.
Grímkell pouvait grogner, il adorait toute occasion d’étaler son antipathie à coup d’anecdotes sympa. Parfois Vél se demandait presque s’il avait pas sérieusement la trouille ce fils de pute.
Elle arrachait les ailes des mouches dans le salon en petite section je te jure. Et les pattes des araignées. Et elle jetait des pierres sur le chat. Elle hurlait sans raison, sans s’arrêter. Et elle avait un de ces regards les gars wow.
C’était ses gencives à lui qu’elle aurait aimé arracher maintenant.
Petit bout par petit bout. Grímkell lui faisait cet effet-là.
La haine dégela sa langue :

« Qui t’a autorisé à me parler fils de pute.
Vela ! S’exclama Ylja en claquant de la paume sur la table, sans empêcher le jeune homme de répliquer.
– Toi tu vas te la fermer où on t’interne ok. Je t’enferme dans la cave tu piges ?
– Grímkell ça suffit, vous vous parlez pas comme ça, Vél- tenta à nouveau d'intervenir Kristlín, pour calmer le jeu.
– Et toi t'es pas ma mère donc tu la fermes okay. »

Deux chaises raclèrent le sol avec fracas lorsque l'adolescente bondit sur ses pieds parce que Grímkell venait brutalement de se lever de table.

« Excuse-toi sale petite conne. »

Vélaug cracha dans son assiette et embraya sur les insultes, tirant des cris de rage et outrage à toute la table.
Je vais te donner à bouffer à mon chien, pièce par pièce.

« … les mains d’abord, puis ta sale gueule.
Viens ici salope je te- »

Mais elle était déjà sortie en trois enjambées, la porte claquant derrière elle comme une guillotine bancale.





Vél prit une inspiration brusque et avala de l’eau.
Elle hoqueta, s’étrangla et chercha l’air dans une autre respiration, et plus d’eau s’engouffra. Elle envahit sa trachée, lourde, collante, gelée, lui mit la langue à nu. Se figea instantanément dans sa bouche et sa gorge comme un gros bloc de glace.
L'adolescente s’étrangla avec un sanglot. Ses doigts glissaient contre le verre. La ceinture la collait au siège comme un étau et cisaillait sa gorge. Elle crocheta le tranchant de la vitre entrouverte du bout des phalanges et tira dessus à se les arracher. L’eau retenait ses coups de pieds frénétiques contre la porte, tranchante comme des éclats de verre, épaisse comme de la gelée. Son manteau la tirait vers le bas. Tout était figé, raide, dur comme du béton glacé.
Des ombres noires et bleues, partout. Un rayon de lumière blanche insoutenable perçait à travers le pare-brise.
Le givre progressait dans sa bouche, rampait sur ses gencives.
Et elle l’avalait, avalait, avalait, avalait.
Jusqu’à ce que sa langue gèle et que partout, dedans comme dehors, il n’y ait plus que de l’eau.






Hörbnæjahr, Islande, 2010.


Vél avait une façon un peu bizarre d’abriter sa clope de la main gauche quand elle l’allumait.
Au début, ça mettait toujours un peu mal à l’aise, sans vraie raison, sans trop savoir d’où ça venait, puis on s’habituait vite. Et puis vu la température ambiante, elle portait souvent des gants. Le trou dans sa main quand elle serrait les doigts, là où on lui avait amputé des phalanges nécrosées, on l’apercevait, puis on l’oubliait vite.

La lycéenne mordit dans la clope en question et grimaça au goût de tabac et de papier sur sa langue. Dégueulasse. À sa gauche, Artúr le remarqua d’un coup d’œil bleu de côté, mais ne fit aucun commentaire. Elle allait juste s’énerver toute seule pendant dix minutes, et lui adresser la parole ne ferait que provoquer une bagarre.
Et le jeune homme avait trop froid pour se tirer les poings des poches. Il tapa du pied sur le sol gelé en grognant.
Non loin, Margrjet s’était à nouveau juchée sur les genoux d’Alexíus et essayait de lui voler sa flasque – 17h12 et aucun alcool fort, juste des Heinkens au goût de flotte, la misère – en poussant des cris hystériques entre deux sursauts de son rire caquetant.
Vélaug s’étouffa sur la fumée de sa cigarette :

« Vos parents couchent ensemble vous hein. »

La bonne vieille blague sur les islandais tous consanguins, arh arh. Dans la bouche de Vélaug ça sonnait comme une insulte, mais tout sonnait comme un blasphème dès que ça venait d’elle, donc les autres avaient appris à l’ignorer.
Il y avait beaucoup de choses qu’ils avaient appris à ignorer en sa présence.
Artúr en particulier se demandait parfois s’il réagirait encore le jour où un véritable homophobe le traiterait de sodomite sans crier gare.
Tu me pavlov en fait, salope. T’as fait un pari sur combien de temps je vais mettre à me faire trucider ?
Ta gueule enculé.

Etc.

L’avantage c’est qu’une fois que les trois avaient eu compris que Vél se gardait le mérite d’être la plus outrageusement consanguine et arriérée du patelin, le courant était tout de suite mieux passé. De consanguin à consanguin. Ils insultaient toute sa famille quand elle les faisait trop chier, ça passait bien.
Ma mère, cette salope, arh. Laquelle ? Les deux, vas-y.
Etc, etc.
Tant qu’ils jetaient pas de brique sur Járn, personne ne se ferait péter le nez. Et au pire, ben le froid ça fait coaguler plus vite.

On ne pouvait pas dire qu’ils brûlaient d’amour les uns pour les autres, non. Même Margrjet et Alexíus qui se grimpaient dessus en permanence pour mieux se rejeter les couches de leurs enfants en bas âge en hurlant dès qu’ils foutaient un pied dans leur appart. Quatre connards transis de froid, tout ça parce qu’ils prenaient le petit square pour leur territoire comme des espèces de clebs un peu attardés – et aussi parce qu’ils s’étaient fait virer de tous les autres coins de Hörbnæjahr au bout d’années et d’années de séchage de cours intensif. Et d’errance sans but de chômeurs assistés pour Margrjet et Alexíus, même pas foutus de garder un job plus de six mois.
A force de se tomber dessus et de s’insulter et de se faire dégager des mêmes coins, on finit fatalement par se retrouver au même endroit hein.
Vélaug taxa une bière à Margrjet pour dédommager ses oreilles de son rire d’hyène en chaleur, et suivit le geste d’Artúr du regard vers l’entrée du square. Hlédis passa, telle un échassier rachitique sur ses talons d’un mètre de haut, et leur adressa un regard mauvais. Dans son ombre, les deux frères d’Alexíus lancèrent deux trois piques assorties de gestes grossiers à leur frère aîné, lequel ne se gêna pas pour répliquer aussitôt.

Puis Kjaran rebroussa chemin à toute vitesse pour venir réclamer une clope, et Alexíus la lui fila avant de lui claquer l’arrière du crâne en lui demandant qui bordel de merde était en train de surveiller son fils à l’appart s’ils étaient tous les deux dehors.
Dans son dos, Vél grimaçait contre le goulot glacé. Margrjet s’était mise à monter dans les aigus à une vitesse hallucinante, et elle avait très envie de lui faire avaler sa bouteille pour la faire taire.
Eh, tripoter Hléddy un coup, ça vaut bien les doigts de ton mioche dans la prise électrique, non ? A moins qu’il ne trébuche dans les escaliers ou se fasse bouffer par le clebs du voisin en l’absence de toute surveillance. Et leur gamine, elle avait quoi, 1 an ?
Vél caressa la tête de son husky, sagement plaqué contre sa jambe – les babines à peine retroussées sur ses crocs – en songeant que ce serait con, tout de même.

Mais clairement bien fait pour leurs gueules.





Ça brûle.

L’odeur de désinfectant lui tournait la tête. Même les yeux fermés, même dans l’obscurité. Les veilleuses étaient trop fortes. Quelque part au fond du couloir, plusieurs chambres plus loin, à des années-lumière de là, une voix gémissait en continu.
Des choses rampaient dans les couloirs, la nuit.
Elles venaient lui dévorer les mains et les pieds.


A moins qu’elle ne soit encore dans la voiture.

Est-ce qu’elle était encore sous la glace ? Quelqu’un respirait, non loin, dans le noir. L’horloge avait l’air arrêtée. Elle avançait comme sous l’eau, comme prise dans du givre ou de la gelée.
Les heures s’étiraient, s’étiraient, dans le noir.
Quelque chose gémissait dans le couloir.
Les veilleuses s’affaiblissaient, petit à petit.


Est-ce qu’elle était éveillée ou endormie ?

Elle avait froid.

Petite, Hléddy lui faisait peur.
Il lui était arrivé de se tenir debout, immobile, dans le rectangle écrasé de lumière provenant du couloir, et de la regarder dormir. Sans faire exprès, juste parce qu’elle revenait des toilettes, et qu’elle la voyait là, et qu’elle se demandait qui c’était. Elle ou pas elle. Hléddy disait que c’était elle lui faisait peur mais vraiment – c’était l’inverse. Elle était étrange. Bizarre. Pareille mais différente. Elle ne la reconnaissait pas dans la glace, et pourtant c’était le même visage.
Elle avait les yeux noirs, noirs, noirs.
Ça terrifiait Vél.
Et puis la peur s’était changée en répulsion, puis en haine. Comme le serpent qui frappe avant l’approche. Quelque chose de viscéral.

Est-ce qu’elle était là ?
Est-ce qu’elle était restée dans la voiture ?


Ça brûle.

L’eau lui envahit la gorge à gros bouillons.

Hléddy avait hurlé pendant la chute. Elle avait hurlé pendant le choc. Ses hurlements résonnaient encore sous le crâne de Vél. L’eau les avait empêchés d’en sortir, et maintenant ils tournaient, s’y heurtaient férocement, prisonniers, cherchant une porte de sortie.
Est-ce qu’elle était toujours dans la voiture ?
Il faisait noir.
Sous les draps et les compresses, l’adolescente se grattait frénétiquement la main gauche.

Ça brûle, ça brûle.

Quelqu’un pleurait dans le couloir.
Les sanglots lui noyaient la gorge, encore. De la flotte, partout, tout le temps, même s’il faisait chaud.
Ses mains saignaient et elle n’arrivait pas à savoir où elle était-

L’hôpital. L’hôpital. Les portes entrouvertes, Velý, tout va bien. Il y a de l’air. Des draps propres, des compresses sèches. Les fenêtres sont ouvertes.
Tout va bien, c’est fini, tout va bien.

Et puis elle avait ouvert les yeux sur la lumière pour la découvrir à la porte, debout dans le rectangle de lumière blafarde, petite, rachitique, trempée jusqu’aux os.
Et tous les hurlements s’étaient rués hors de sa gorge. 






Hörbnæjahr, Islande, 2008.


L’islandaise sentit sa pommette éclater en heurtant le béton. Elle s’ouvrit les paumes en tentant de se relever pour éviter l’inévitable coup de pied, mais ne fut pas assez rapide. Elle avait pris le sol dans la bouche, aussi. Les tripes en vrac, elle roula sur le côté, du sang ruisselant sur le menton. Adressa un sale sourire au jeune garçon qu’elle avait provoqué, derrière ses dents ébréchées et ses gencives sanguinolentes. Et avant qu’il puisse la rattraper au col, elle se remit sur ses pieds et lui sauta au visage.



Quelques heures plus tard, la porte de la voiture claquait sur la figure colérique de la mère et de son gosse au visage tuméfié, et Ylja expira lentement, les mains bien positionnées sur son volant. Pas question d’appuyer le front contre, tant à cause du regard des parents d’élèves à l’extérieur que parce que sa fille était assise sur la banquette arrière.
Mais la fatigue nerveuse qu’elle ressentait aurait bénéficié du geste.

Il était 14h, un jeudi, et Ylja avait dû prendre son après-midi pour venir chercher Vélaug. Kristlín, qui travaillait comme correctrice en télétravail, aurait été la plus indiquée pour récupérer leur fille, mais Vél s’entendait de moins en moins bien avec elle. L’hostilité croissante de l’adolescente envers sa compagne remplissait Ylja à la fois d’angoisse et d’un grand sentiment d’impuissance. Sa colère était soudaine et inexplicable : les jumelles avaient toujours connu Kristlín comme leur mère, et bien que les liens biologiques précis n’aient jamais été un secret dans la famille, savoir qu’elles n’étaient pas liées par le sang n’avait jamais posé le moindre problème.
Mais Vél était. Particulière.
Lorsque Ylja, mère célibataire de 28 ans, avait rencontré la toute fraîchement divorcée Kristlín Frársdóttir, en quête d’une nouvelle vie, elle était loin de se douter qu’elle allait au-devant d’ennuis bien plus difficiles que ceux typiquement rencontrés par une famille recomposée et de parents homosexuels. Elle avait fait beaucoup d’efforts pour être acceptée par Grímkell et Hlynur, les deux garçons de Kristlín, et pour s’entendre avec son ex-mari, Ubbi, toujours très lié à eux. Son propre fils, Reynar, avait vite accepté la nouvelle venue comme sa mère. Et quatre ans plus tard, nageant dans le bonheur, les deux amoureuses avaient décidé d’agrandir leur famille.
C’était alors que les jumelles étaient venues au monde.
Révélant au passage à Ylja que les histoires d’amour ne se terminent pas toutes sur un simple « et ils vécurent heureux pour toujours ».

La mère de famille démarra le moteur en soupirant. Peut-être que 26 ans, c’était trop tard pour avoir un enfant. Elle avait voulu Reynar pour elle seule, par peur de ne jamais trouver de compagnon de vie. Après quoi, elle avait eu – difficilement – les jumelles à 32 ans et… Maintenant, elle se sentait parfois trop vieille pour gérer les complications engendrées par leur caractère. Rien que devoir endurer à nouveau les vicissitudes de la scolarité l’avait rapidement agacée.
Et toute baignée dans son histoire d’amour, elle n’avait pas voulu voir, pendant longtemps, que Vélaug était différente.
Pas différente dans le bon sens du terme. Pas dans le sens qui rend un parent fier.
Aussi honteuse soit-elle lorsqu’elle devait s’avouer cette vérité trop rude.

La culpabilité l’envahit à nouveau, lourde, épaisse comme une eau trop froide. Ce n’est pas sa faute, tu sais très bien que ce n’est pas sa faute. Elle enclencha la première, négligeant le signal sonore qui lui indiquait que Vélaug n’avait pas mis sa ceinture. Un commentaire provoquerait des cris et des insultes, et Ylja les craignait. Elle conduirait lentement. Enervée par le bruit répétitif et lancinant, Vél finirait bien par attacher sa ceinture.
Tu sais combien elle déteste ça. La rancœur, aussi, sans but, perdue dans l’espace, puisque la seule personne qui aurait pu endurer ses reproches était morte trois ans auparavant.
Dans l’accident de taxi qui avait précipité ses filles dans le Skjálfanda, en plein mois de novembre, après avoir dévalé les dix mètres de talus enneigés qui le séparait de la route.
C’était si vite arrivé, sous leurs latitudes. Une plaque de verglas traîtresse, un conducteur un peu pressé, et soudain la sortie de route fatale. Le pauvre homme n’avait plus jamais goûté à l’oxygène et son nom ornait désormais une stèle figée par le givre dans le petit cimetière de leur village.
Mais en étant tout à fait honnête avec elle-même, lorsqu’elle parvenait à croiser le regard de sa fille, Ylja aurait voulu qu’il soit là pour pouvoir l’accabler de reproches.
Même si c’était hypocrite.

Récupérer sa fille en sang, assise sur un siège en plastique face à un élève couvert d’ecchymoses, le tout sans aucune raison explicable, n’était plus un évènement à part dans la vie d’Ylja. Pas encore une habitude, presque une vague menace contre laquelle elle n’avait que des prières récurrentes à opposer. A quand la prochaine fois ? Le proviseur perdait patience, les enseignants n’y comprenaient rien. Vél était devenue ingérable depuis l’accident.
Elle était déjà étrange, un peu prompte à la bagarre. Elle était devenue violente, injurieuse et provocatrice ; cassait des nez à tout-va et recevait les coups comme intentionnellement.
Le corps enseignant faisait mine d’être compréhensif – oui, on comprend, c’est difficile, on a parlé avec la psy, on sait, Madame, on comprend.
Ça aussi, c’était hypocrite.

Vélaug se battait comme un chien errant depuis l’accident.
Mais elle ce n’était pas l’accident qui l’avait rendue comme ça.
Elle avait toujours été comme ça.

Ylja aimait sa fille.
Sa fille la mettait aussi profondément mal à l’aise. Parfois elle avait honte. Parfois elle la haïssait pour les horreurs qui sortaient de sa bouche. Souvent, elle perdait le sommeil à force de se demander comment la soulager – en essayant de comprendre ce qui se passait dans sa tête jusqu’à se perdre dans d’horribles spirales.
Parfois elle se demandait ce qui valait mieux.

Oh Kris, qu’est-ce que cela fait de moi.

Lèvres closes, la quinquagénaire enclencha le clignotant droit pour s’engager dans leur allée, et dans le rétroviseur, elle aperçut deux yeux blêmes et froids qui s’y accrochaient avec lenteur.





Ça avait duré des années. Le psy, les bagarres, le proviseur, les médicaments, les hurlements à table, les griffures sur les joues de Hlédís, les aboiements de Grímkell, le rire cassé de Reynar et les commentaires de toute cette foule de connards qui ne savaient rien sur rien. Les nuits sans sommeil.
Sans putain de sommeil.

Et puis Ubbi, ce sale fils de pute, qui avait débarqué un beau jour dans le salon pendant que Vél séchait les cours.
Toujours un connard pour aller foutre sa bite dans l'équation, pas vrai.


Sauðárkrókur, Islande, 2009.


Ça se résumait en quelques mots qu’elle n’aurait jamais à prononcer.
Y a rien de compliqué là-dedans.

Ils avaient un voyage scolaire à la con à Sauðárkrókur. Là où vivait l’ex de sa mère n°2 la paix soit sur elle alléluia, et ça l’avait fait chier. Mais chier – alors à l’instant où son crétin de prof avait tourné la tête, Vél avait filé. Aucun des branleurs de sa classe ne risquait de la dénoncer – c’était à peine s’ils la calculaient quand c’était pas pour se faire cogner dessus ou l’emmerder à l’interclasse.
Et elle connaissait le coin. On l’avait suffisamment traînée là contre son gré sous prétexte que la famille, Vela.
La famille. Son cul ouais.
Exactement.

Deux heures plus tard, elle somnolait sur le canapé d’Heiðarsson en grognant contre le froid. Main sur la gueule pour pas voir le putain de monde, jambes jetées en travers de l’accoudoir.

Deux heures et cinq minutes plus tard, la porte d’entrée claquait. Les marmonnements habituels d’Ubbi résonnaient jusque dans le salon. Vél n’avait pas bougé.

Deux heures et sept minutes plus tard elle avait entendu ses pas arriver en vue du canapé et s’arrêter. Et le silence tomber, là où il aurait dû lui demander ce que bordel elle foutait dans son salon.

Deux heures et neuf minutes. Un bruit métallique bizarre – un briquet ? Cet enfoiré avait plutôt intérêt à lui filer une clope s’il commençait à fumer à l’intérieur. Sois pas un bâtard, Ubbi.
C’est le grondement dans sa gorge qui avait mis la jeune fille en alerte – au moment où elle l’entendit s’approcher, et où elle réalisa autre chose.
Ce bruit, c’était une boucle de ceinture qu’on défait.

Et soudain il était sur elle, suffisamment massif pour la couvrir tout entière.
C’est tout.

Putain ce qu’il était lourd.

Putain ce qu’il lui faisait mal.

Elle avait hurlé, griffé, mordu, rué jusqu’à ce que toute énergie quitte ses membres et que l’engourdissement la tire vers le bas. Il était indécemment plus fort qu’elle. Il l’enfonçait dans le cuir d’une simple poussée. Elle pouvait se débattre, il en avait rien à foutre – et elle, elle étouffait. Ses doigts s’enfonçaient dans ses joues, jusqu’à ce qu’elle se morde et s’étrangle sur le goût du sang, incapable d’ouvrir la bouche. Il lui enfonçait le ventre, il pesait sur ses cuisses, il lui défonçait la rate.

Putain ce qu’il lui avait fait mal.





Hörbnæjahr, Islande, 2011.


Deux ans plus tard, Vélaug s’investissait dans le baby-sitting actif, vautrée tout habillée sur la peau de mouton qui faisait office de tapis de salon chez Ormarsson. Et bien entendu, le sale môme qu’elle gardait avait commencé par une remarque sur ses cheveux.
Pas besoin de préciser qu’il s’était instantanément pris un retour d’injure d’une voix qui ressemblait plus à un aboiement de mastiff enragé qu’autre chose. Etalé sur le canapé, même Járn avait pointé en avant ses oreilles noires – et pourtant putain de dieu sait qu’il était habitué à entendre beugler sa maîtresse.
Mouais, le gosse aussi devait en avoir entendu des belles, avec les deux taches qu’il se farcissait comme parents sur le dos h24.
Enfin, h24 c’était gros.
H12. H5 en alternance. H2 sobre un jour sur trois.
Sinon qu’est-ce qu’elle serait venue foutre là, assise sur leur tapis miteux qui puait la bière bon marché, hein ?
C'est pas Amnesty International, ici.

Gylfi, qu’il s’appelait, le gosse d’Alexíus et Margrjet.
Les mains enfoncées dans les poches de son manteau, Vél observait le machin étaler ses crayons de couleur gras sur la table du salon, sous la table, sur le tapis, sur sa tronch–
Le tout agrémenté de commentaires pertinents sur à peu près tout ce qui passait dans le radar de ses yeux verts.
Erf.
Ça avait commencé par ces deux cons qui avaient été lâchés par les frères d’Alexíus un beau matin et étaient venus pleurnicher à ses pieds comme des larves polaires sous ecstasy. Allez Vela, tu fous rien de tes journées de toute façon, sans rire merdeuse tu vas pas laisser les mioches crever – je te paie une bière allez – etc, etc, etc.
Et puis la mère de Vél avait eu une épiphanie – sans déconner – et le gardiennage de moustique occasionnel s'était transformé en occupation à temps plein. Ylja pigeait pas que ça allait faire qu’encourager les deux cons à passer leur vie dans les bars jusqu'à oublier qu'ils avaient seulement des mômes : elle voulait juste que sa cadette ne s'enterre pas sous un tas de couettes dans sa chambre pour ensuite entrer en hibernation complète et ne plus jamais bouger.
Puisque Vél avait été déscolarisée en cours d'année parce que le lycée était devenu intenable et que le proviseur avait fini par perdre patience.

En même temps qui ne s'y attendait pas, pas vrai.

Sans compter qu’en 2010 elle avait fait une remarquable tentative artistique pour redécorer l'entièreté de la salle de bain.
Skál.
Maman et maman n'avaient pas apprécié, bizarrement.
Skál, skál.
Et Hlynur qui lui lâchait plus les basques depuis c'était insupportable. Son regard de chien battu lui donnait envie de lui crever les deux yeux.

Bref, du coup elle se retrouvait avec un Gylfi collé à ses basques. Un nain morveux de la pire espèce – même pas un chiot, à peine plus qu’un embryon. Une espèce de petit ver qui savait marcher et parler, pas grand-chose de plus.
Mais putain ce qu’il pouvait parler.

Vélaug renifla et plongea la main dans sa poche pour s'allumer une clope.

« Tu vas pas fumer là hein ? S'indigna aussitôt le môme d'une voix aiguë, tandis qu'elle protégeait la flamme en grognant.
– Eh petit con, je t’ai demandé ton avis ?
– C’est dangereux pour moi ce que tu fais. Je pourrais avoir le cancer. Tabagisme passif, tout ça, tu connais ? »

La jeune femme laissa claquer le capuchon de son zippo en s'immobilisant, mégot allumé au bec, et ses pupilles livides revinrent sur le mioche. Gyl la fixait derrière ses grosses lunettes rondes.

« … Tu te fous de ma gueule.
– Ben non, tu sors d’où toi.
– Tu parles, je suis sûre que tu me racontes des craques.
– Même pas.
C’est ça, mon cul ouais. »

Crachant une nouvelle injure, elle se leva tout de même pour aller à la fenêtre. Il y avait un pigeon sur la rambarde du balcon, et elle se dépêcha d’ouvrir le battant pour tenter de lui éteindre sa clope dessus, mais le volatile sentit le danger et s’échappa dans un grand battement de plumes.
Helvítis.
La cigarette termina sur la rambarde gelée avec un grésillement piteux.
Vél regretta immédiatement et songea à s’en rallumer une autre, mais un coup de vent glacial lui étala une grimace sur la figure d’un revers sans délicatesse, et elle referma la fenêtre.
A peine eut-elle pris le temps de se retourner que :

« T’as quoi à la main ?
– Pas tes affaires. Occupe-toi de ton cul, le chiard. »

Elle repassa devant lui, secouant ses cheveux décolorés sur lesquels la teinture grise avait effectivement mal pris, et retourna s’affaler contre le canapé. Le jeune husky qui y prenait déjà toute la place alla immédiatement foutre sa grosse tête sur la sienne avec un soupir d’aise. Con de chien, va. Vél avait de l’affection pour cette sale bête.
Il était sage avec elle, agressif avec les autres, ne parlait pas, ne bavait pas, aboyait sur les arabes et mordait les noirs. L’être vivant parfait.
De son côté, l’être vivant absolument pas parfait qu’était le rejeton des deux attardés étalait de la couleur sur un dessin de bonshommes patates qui se tenaient tous la main en souriant comme des trépanés. L’un d’entre eux avait une touffe de cheveux gris, et bientôt le gosse agita la feuille couverte de pâtés informes en lui annonçant fièrement que c’était lui, sa famille et tous ses amis.
Pas la première fois qu’il lui faisait ce coup-là.

« On est pas amis Gylfi.
– Tu viens toutes les semaines, quand même. Soutint-il derrière sa feuille, de l’air de celui qui sait tout.
– Je passe mon temps dans ce trou parce que mes mères me cassent le cul et que tes pondeurs sont des assistés. Elle est où ta frangine d’ailleurs, le chien d’à-côté l’a bouffée ou quoi ?
– Chez Amma. Elle a la grippe, elle est pas morte.
– Dommage. Serait mieux pour elle. Tu vois, ta mère est une salope et Alexíus s’en fout. On est pas potes, on se fait juste chier aux mêmes endroits, comme tout le monde ici.
– Il dit que si, pourtant.
– Ben il ferait bien de se vider les couilles dans le cerveau, cet attardé. »

Gylfi ne répondit rien, et Vélaug se retrouva condamnée à le regarder prendre de nouvelles feuilles pour les couvrir de nouveaux dessins rayonnants représentant des familles heureuses en silence. Il se mit à couvrir la tête de sa mère-patate de fleurs roses.
Il aimait ses parents, ce couillon.
La jeune femme trouva important de lui enfoncer deux-trois infos sur la question dans le crâne tant qu’il était encore malléable. Pour son éducation, tout ça.

« Si tu crois que les gens en ont quelque chose à foutre les uns des autres, sors-toi ça de la tête en vitesse. Les gens s’en branlent, Gyl. C’est tout. »

Le gamin haussa les épaules avec indulgence. Vélaug renifla, chopa un de ses crayons et le péta en deux. Puis en quatre, puis en huit. Gylfi continua à colorier ses fleurs débiles en toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

La vie va te niquer, toi, petit.
Attends un peu, tu verras.





Elle avait pas compté, ça lui était venu comme ça.

Elle avait pris le flacon d’alprazolam, aligné les cachets sur le bord du lavabo parce que ça faisait un truc sur quoi se concentrer et que c’était joli. La salle de bain était super mal éclairée, les ampoules de la maison c’était de vieilles machines d’avant le néon, jaunâtres, qui galéraient à atteindre les coins de la pièce. Du coup l’obscurité dégoulinait de partout et envahissait les murs comme un gros tas de moisissures purulentes.
Les yeux plantés sur la ligne de cachets, Vél avait pas à voir ça.
Elle avait le cerveau blanc comme ce crétin de lavabo et sa grosse fissure maronnasse en plein milieu. Pas de pensées qui traversent – sauf par cette fissure, là, justement. Y avait de ces
infiltrations. Saloperie. Elle la comblait avec la ligne, du coup. Elle la suturait petit à petit, cachet après cachet.
Et puis quand ils furent tous alignés il fallut bien passer à autre chose.
Toujours en ignorant les ombres, elle en avait pris un, pour la posologie, puis deux, pour la limite journalière, puis trois parce que l’ordonnance et l’Ordre des Médecins de son cul pouvaient aller bouffer du cadavre, puis quatre pour la chance, et tant qu’à faire elle avait fini la ligne.

Bam, bam, bam, sutures.
Et ensuite elle avait secoué le flacon, l’avait débouché du pouce, et descendu comme un shot de vodka au Skúli au bout de la rue.

Skál.

Elle avait eu envie de gerber. Puis elle avait eu envie de dormir. Juste s’écraser la face contre cette putain de fissure et ne plus jamais rouvrir les yeux.
Il faisait noir, et c’était cool, jusqu’à ce que la voix de merde de son putain de frère vienne lui défoncer les oreilles.

« VELA PUTAIN ! »

Et d’un seul coup, ce salopard avait foutu les doigts dans sa gorge.
Ce porc. Elle l’avait mordu. Il l’avait giflée, fort, une fois, deux fois, elle avait hurlé, l’avait griffé, et cet enfoiré lui avait cogné les poignets contre le lavabo avant de recommencer.

Connard.
Merde, ça faisait mal. Connard. Connard. Mais connar-






Hörbnæjahr, Islande, 2012.


Par la vieille lucarne qui béait sur son grenier, Vélaug entra dans le froid râpeux de la nuit et monta sur le toit avec l’aise de celle qui fait ça tous les deux jours depuis ses douze ans et demi. Et sa première clope.
Y avait une gouttière sous cette lucarne, entre deux morceaux de toit, gelée à s’en casser la gueule dans le jardin la moitié du temps, mais insignifiante pour qui avait l’habitude. Vél attrapa tout de même Járn par le collier lorsqu’il sauta à sa suite, pour éviter tout accident, et le laissa grimper sur les tuiles devant elle.
Lorsqu’ils parvinrent en haut, elle découvrit que la place était déjà squattée par Reynar et poussa un grognement sonore. Le husky reprit en chœur, et son frère et se retourna avec un claquement de langue impatient.

Evidemment.

La jeune femme avisa son anorak à capuche noir et son télescope planté au bout du toit. Braqué sur les nichons de la voisine, à tous les coups. La meuf adorait se désaper devant sa fenêtre et y tripoter son mec dès elle en avait l’occasion. Vél comprenait pas comment elle s’était pas rendu compte que depuis le temps, toute la rue leur avait lorgné dessus.
Avec toutes les photos qu’il avait prises d’eux, Reynar aurait pu monter une exposition permanente et vendre deux-trois albums.

La jeune femme s’assit sur le toit à côté de son frère qui râlait dans sa barbe, et s’alluma une roulée. Si elle avait eu un autre endroit où fumer en paix, aussi. Pas un seul centimètre carré de cette baraque qui ne soit pas squatté par des emmerdeurs, c’était pas vivable.
Et si Grímkell était le prince bâtard des emmerdeurs toutes catégories confondues, Reynar en était le roi.
Est-ce que, deux ans auparavant, Hlynur aurait eu la paire de couilles d’aller lui foutre la main dans la gorge et de se faire gerber ses tripes dessus jusqu’à ce que tout le putain de Xanax soit ressorti ?
Pas sûr.
Reynar, lui, était un sacré fouille-merde. Il adorait foutre ses pattes dans les trucs dégueulasses, et si possible, les rendre encore plus crades. Un putain d’artiste, qu’il était.
Vél avait écopé de deux fois plus de séances, d’une ribambelle de gens stressés collés à son cul, de l’interdiction de fermer les portes et d’un mois cadeau en désintox à cause de l’artiste. Merci, enfoiré. Il aurait mieux fait d’exercer ses talents sur sa pierre tombale avec une gravure à la con type « ci-gît Vela, qui a repeint les murs en partant et c’était toujours moins moche que la tronche de sa mère », tant qu’à faire.

Puis s’il l’avait laissée crever, elle aurait pas été obligée de supporter ses manies de gros dégueulasse à longueur de soirée. C’était même pas le fils d’Ubbi, donc elle voyait pas d’où ça venait. Ils étaient la branche consanguine de la famille, au moins, hein ? Ça se voyait sur la gueule de leur mère et dans la matière grise de leur sœur.
Vél jeta un regard en coin à son frère, qui avait remis l’œil à l’oculaire, et envisagea de lui donner un coup derrière la tête pour le plaisir de le voir se l’enfoncer dans le cerveau.

« Oulah, c’est pas ton pote qui a sa main dans le soutif de Hléddy, là ? » L’en empêcha-t-il soudain.

Vél fronça les sourcils, puis haussa les épaules. Qu’est-ce qu’elle en avait à foutre, elle, de qui tripotait sa mocheté de sœur ? Tout le quartier y était déjà passé, dans son soutif, de toute façon.
Néanmoins, elle entendit un déclic et Reynar tint à lui agiter son appareil sous le nez. Elle lui souffla sa fumée à la tronche avec une grimace.
Il faisait sombre et la graisse de Hlédis prenait les trois quarts de l’écran, mais y avait pas moyen de se gourrer sur qui était en train de l’emballer. Et c’était Alexíus Ormarsson, lui-même.
Ce gros queutard de fils de pute.
Sa grimace s’accentua, et elle mordit dans son mégot.
Cracha du tabac dans la gouttière en jurant, tandis que la silhouette de sa jumelle, en bas, quittait l’obscurité et son étalon boiteux pour traverser la rue vers leur baraque.
Elle personnellement, n’en avait rien à foutre d’où Alexíus foutait son engin, Margrjet ou pas Margrjet, s’il voulait choper l’hépatite et en crever c’était son problème.
Mais elle venait de penser à Gyl.
Et ça, ça lui foutait les boules.
Ses bottes fourrées produisirent un bruit mat en heurtant le sol, puis raclèrent contre le gravier.

« Eh ! »

La silhouette de sa sœur s’arrêta net, comme choquée par un courant électrique, et Vélaug entendit Reynar siffler avec ravissement depuis le haut du toit. Dix contre un qu’il venait de braquer son télescope de pervers sur le gros cul de Hlédis.
Filme-moi ça, allez, fais-toi plaisir.
Elle couvrit la distance qui les séparait en vingt secondes, alors que Hlédis essayait encore de comprendre d’où elle avait pu sortir. Plus de trace d’Alex à l’horizon. Le cuir de son gant claqua contre sa cuisse lorsqu’elle l’arracha de sa main.

« Ça va pétasse, on te dérange pas ? »

Elle perçut un vague bruit de dinde dont elle négligea le sens, dans l’obscurité à peine tranchée par la lueur faiblarde du lampadaire. Peu importe. Son gant fouetta les yeux de sa sœur et, sans s’occuper de son cri, sa main suivit, la giflant à toute volée en laissant des traces d’ongles dans sa joue.

« MAIS ÇA VA PAS T’ES MALADE ? »

Elle la vit s’élancer, hésiter, rester sur place. Une main sur sa joue.

« C’est quoi ton problème ?! Se remit-elle à hurler faute de mieux. Leur mère allait bien finir par arriver.
– Je te trouve du taff, les putes défigurées ça a un côté SM, Alex adore.
– Je vais te buter dans ton sommeil Vélaug je te jur–
Viens, je t’attends.
– Je suis sérieuse ! Je vais te fracasser la tête put–
– Bah viens, t’attends quoi ?! Je t’arrache les yeux et je les donne à bouffer à Járn, connasse ! T’as pas les tripes, t’as pas de tripes, que de la merde, Hlédis – elle cracha bruyamment par terre – Je t’ai jamais aimée, salope. »

Elle voulait juste plus voir sa gueule. Elle lui donnait la gerbe.
Elle lui aurait fouetté le visage jusqu’à ce qu’on en reconnaisse plus aucun trait.
D’un crissement de bottes, Vél se détourna. Sur le toit, son chien aboyait à pleine voix, et Reynar jurait sans rien pouvoir y faire.

« Et sérieux t’as un gros cul fais quelque chose c’est dégueulasse. »





Hörbnæjahr, Islande, 2010.


Un soir au printemps avant le coup de la salle de bain, elle était sortie faire la tournée des bars avec Hlynur.
Hly c’était le frère le moins chiant des deux portées. Trop gentil, ce con. Dit pardon au cerf avant de lui tirer dans le crâne, tout ça. Tient tellement bien la vodka, enfoiré.
Ils avaient descendu, descendu, et au final Vél avait roulé sur le trottoir en insultant les aurores, l'Althing, Ben Laden et tous les homosexuels du monde. Le béton aussi en avait pris pour son grade, et les conneries de turf houses, et les touristes espagnols, et sa prof de maths et l’histoire de l’Amérique et Apple de son cul et Hlynur avait fini par la charger sur son épaule comme le sac à patates le plus misérable de la Terre parce qu’elle était plus foutue de marcher droit.

Ou de marcher tout court.

Ah ouais, le putain de verglas.
Oh yeah.

Enfin bref. Hly, tête de con.
C’était lui qui la supportait tout le temps, en fait. Depuis des années. Les crises, les cris, les morsures, les bleus, les hurlements stridents, les crissements de dents, tous les machins déchirés ou défoncés c’était pas Ylja qui se les tapait, non. Trop sensible, trop
fragile. Kris ? La blague.
Même pas foutue d’être sa mère, celle-là.
Non, non, c’était Hlynur qui écopait, parce qu’il était
gentil.
Pauvre gars va.
Quand elle s’enfermait dans les placards, quand elle se tapait la tête sur le coin des meubles.
Quand elle rêvait d’eau et se réveillait en hurlant.
Quand elle dormait pas pendant des nuits et des nuits et des nuits et des nuits.
Qui est-ce qui se fait griffer jusqu’à l’os en empêchant la petite sœur de péter le robinet de la salle de bain avec son front, Hlynur ?
Qui est-ce qui reste assis à côté du feu avec Vela en s’assurant qu’elle n’aille pas se congeler quelque chose parce que la chaleur ça fait mal ?
Pauvre con oui.

« Velý...
- Quoi. » Il avait une voix sympa, le frangin. Grave, calme, tout ça.

Le sol bougeait vachement, wow. Pas sûre que la tête en bas ce soit un bon plan, Hly. Elle allait peut-être gerber sur ses bottes.
Ce serait lui qui mettrait de la mousse sur le coin de la table dans la salle à manger, et achèterait des couteaux à bout rond, quand tout le reste du monde n’en aurait réellement plus rien à carrer.
Pas que ce soit vachement le cas maintenant, mais.
C’était scientifique. Elle attendait. C’était comme un test.

Si elle lui arrachait un doigt, il ferait quoi ?

Elle pourrait le faire exprès, hein. Pour voir. Il croirait sûrement que c’était pas volontaire.

Mais il aurait fait quoi ?

« On pourrait partir, hein. »

Vél laissa passer un silence en se raclant la gorge comme pour balancer un gros mollard sur le chien qu’ils croisèrent alors, un vieux roquet accroché à la laisse de son cadavre ambulant parce qu’il avait pas encore réussi à le bouffer. A l’envers les deux étaient encore plus dégueulasses. De la moisissure plein les oreilles.
Járn la boufferait, elle, quand elle clamserait. On laisse pas de saloperies derrière soi. Pas comme tous ces connards.
Dans la voix de Hly, y avait une note désespérée qui lui donnait envie de rire de l’acide.
Il savait, pour son père.
Evidemment qu’il savait.
Elle lâcha un rire crissant comme des ongles sur un tableau noir, qui ripa dans le dos du jeune homme pendant presque une minute. Une minute qui lui retira tout le reste des mots - et il n'ajouta rien, parce qu'il savait très bien ce qu'elle pensait.


Lâche-moi avec tes salades.
Ta culpabilité de merde.

Et elle avait pas tort – parce qu’il avait pas envie de se retrouver seul avec elle, ça non. Même Vél ne supportait pas de se retrouver seule avec elle-même. Pas envie de devoir s’en occuper, de prendre la responsabilité. De s’étouffer avec les ombres.

Carre-la-toi où je pense, Hlynur.

Mais pas non plus envie de rentrer chez lui et d’être obligé regarder son père dans les yeux.

Et arrête de te foutre de ma gueule.





« … T’as lu Millennium ?
- Pardon ?
- Le bouquin, fils de pute. Millennium. »


Sauðárkrókur, Islande, 2012.


L’enfoiré aurait vraiment dû remplacer ses plaques à gaz. C’était d’un dangereux. Un coup à ce qu’un chiard se crame la face ça, hein. Heureusement qu’Hlynur et Grímkell étaient majeurs depuis perpète, ça aurait été dommage de perdre un droit de garde pour trois putains de doigts grillés façon merguez – pas vrai.
Une flamme plus haute que les autres lécha audacieusement la tranche du métal et l’air ondula, étouffant. Vélaug battit des paupières pour arracher son regard à la lueur bleue tremblotante qui s’échappait de la base du brûleur.
La lame du couteau de cuisine, chauffée à blanc, émit un sifflement discret lorsqu’elle la retourna et la rapprocha de l’origine des flammes.

Précédant la voix d’Ubbi qui appelait son nom – et celui des garçons, mais le sien d’abord, la porte d’entrée claqua à l’autre bout de l’appartement.
Les yeux rivés aux flammes, la jeune femme ne fit pas un geste montrant qu’elle avait entendu.
Ubbi savait qu’elle était là, Ylja avait voulu qu’elle passe les vacances chez lui. Ben tiens ouais, parce qu’elle s’entendait tellement bien avec ses frères. Elle voulait juste avoir la paix, l’autre, à tous les coups.
Vél se retrouvait avec Grímkell sur le dos, ce gros lâche de Hlynur – bon – et leur sale porc de père qui allait bien finir par la refoutre sur le canapé.
C’est qu’il arrivait pas à en lever le paternel, de la jeunotte, dans ses bars qui puaient la pisse et la bière.
Eh, si ça se trouve, Grimm il aurait bien été prendre sa part aussi, tant qu’à faire. Il la regardait toujours bizarrement et un gros chien pareil, ça beugle jamais pour rien.
Vél retourna le couteau encore une fois, tandis que les pas d’Ubbi résonnaient dans le couloir.
C’est qu’il savait aussi que les mecs étaient partis à la pêche en amoureux. Il jouait les étonnés, il aimait bien ça.
Salopard.

Pas de claquement de ceinture cette fois, tiens. Le gars se sentait en confiance.

Vélaug posa sa main mutilée sur le régulateur et le fit tourner avec une série de claquement métalliques, éteignant les flammes. Puis elle se tourna vers la porte, couteau de cuisine chauffé à blanc en main, et se prépara à aller trébucher par inadvertance sur l’ex de sa mère dans l’encadrure de la porte.

« … T’as lu Millenium ? »

Dis donc, Heiðarsson, on est maladroits dans la famille, tu trouves pas ? On arrête pas de se tomber sur les parties sans faire exprès.
C’est dingue, ça.




Vélaug Yljudóttir ▬ « Tell 'em why you’re black and blue. » 190816125823896891
     
Vélaug Yljudóttir ▬ « Tell 'em why you’re black and blue. » 190816125823987763
« Requiescat in pace »


Vélaug Yljudóttir
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Vélaug Yljudóttir

En bref

Féminin
Pseudo : Sköll.
Messages : 14





Histoire



Hörbnæjahr, Islande, 2013.


Bref bref bref, c’est que c’était de plus en plus la merde cette histoire.
Crève plus vite, allez.
Allez, allez.

Penchée au-dessus du parapet, Vél songea à ce qu’elle avait pu prier pour que sa pouffiasse de sœur obèse se prenne un autobus dans les rotules durant ces dix dernières années. Pour qu’une infirmière aille se sniffer une ligne dans le placard sur son temps de ronde et oublie le respirateur genre trente bonnes minutes – qu’en prime elle ait le temps de bien s’étouffer sur sa vie, cette conne.
Est-ce qu’on passe pas tous son temps à vouloir la mort des autres.
Elle elle en avait, du temps. Autant le consacrer à un truc utile.
Avant qu’Ubbi ne décide de s’acheter des couilles un beau matin – dans sa tête autant qu’en-dehors, vu ce que les vraies avaient pris – et qu’elle soit bonne pour l’aller simple jusqu’à la camisole.

En contrebas, le Skjálfandafljót faisait un boucan des Enfers en jaillissant hors d’Hörbnæjahr pour s’écraser sur les rochers et continuer sa course vers le nord.
Salut, connard.
Toujours moins connard que la bande de raclures dans laquelle elle nageait depuis sa naissance. Le banc de poissons des bouffeurs de merde.
Allez, allez, allez.

A côté d’elle, Gylfi avait de la buée plein ses lunettes, et soufflait sur ses doigts en grimaçant. Vél lui accorda à peine un regard.
Ylja avait essayé de la refourguer au primeur du coin, mais elle était en bonne voie pour se faire virer dans les prochaines semaines. Elle y travaillait à la sape. Par exemple, là, elle séchait purement et simplement ses heures de boulot : elle avait été chercher son chien, puis fait un crochet pour récupérer Gyl et l’emmener manger une glace.
Un sorbet par ce temps, ça fait toujours plaisir, .

Nouveau coup d’œil en contrebas.
La vitre qui s’ouvre pas.
Vél grogna un truc contre la météo. Passer sa vie chez Magrjet pour garder les mômes ça avait été chiant, mais au moins il faisait chaud.
De la flotte mais partout.
Pour chasser les nuées de chauves-souris qui s’entrecognaient sous son crâne et lui mordillaient le cerveau, la jeune femme finit par accorder un peu de son attention au mioche et à son sorbet rose vif.
Framboise, à vue de nez. Quoique. Ils faisaient de la glace framboise bleu pétant aussi, ces abrutis.

Gyl était tout silencieux.
Il fixait sa glace avec attention, la grignotait avec précaution, petit bout par petit bout. Le bout de ses doigts était très rouge.

Gyl qui fermait sa gueule, ça donnait juste à Vél l’envie de sauter par-dessus cette putain de rambarde à l’instant même.
Aurais pas dû venir le chercher, tiens, putain de morveux.

Il y avait un petit bout de sparadrap sur une des branches de ses lunettes.

Est-ce qu'on passe pas tous son temps...

Vél fit glisser sa main gauche sur la rambarde, négligeant le gel qui menaçait de lui arracher la peau, et attrapa rudement Gyl par le menton pour tourner son visage vers elle. Elle avait toujours la peau glacée, mais les joues du gamin étaient chaudes. Son pouce menaçait de s’enfoncer dans le creux de sa mâchoire. Il avait une trace violacée sur la pommette gauche.

Du coup, elle avait été voir Alexíus, hein.
Ça aurait été dommage de s’en priver.


Passe du Skjálfandafljót, Islande, 2013.


Le fleuve était gelé à cet endroit-là. Tout le monde trouvait toujours ça dingue, qu’est-ce qu’ils pouvaient bien en avoir à branler.
La bagnole avait juste coulé moins vite quand elle s’était retrouvée dedans.
Ni la mairie ni quiconque dans le putain de comté n’avait été foutu d’élever un peu les murets ridicules qui bordaient la route et le pont lui-même. Ça arrivait à peine à mi-cuisse et ça faisait pitié. Y avait encore un trou gros comme le cul de sa sœur là où le taxi avait fait sa sortie de route. Huit ans quoi, les mecs étaient tous morts de vieillesse entretemps.

Vélaug avait attendu Alex au milieu du pont. Il passait là tout les jours cet hiver-là, en revenant de son gardiennage de vaches ou elle savait pas quoi. Parce que Magrjet et Hléddy ça lui suffisait pas, visiblement.
Faisait déjà sombre.
La colère lui tenait chaud à la gorge comme une écharpe en cachemire de mépris. Nuance tarte en coin à mon môme, saveur gerbe de décuvée.
En fait quand il avait finalement ramené son sale cul, ça avait été beaucoup plus vite que prévu.

Pas qu’il y ait jamais quoi que ce soit de prévu.

Elle lui avait dit salut, il lui avait dit salut, elle l’avait traité de gros connard d’enculé de fils de pute dégueulasse, il s’était énervé, elle l’avait insulté un peu plus pour la forme, il l’avait giflée, elle l’avait mordu, les cris s’étaient jetés du haut du pont les premiers, tête la première dans la flotte, et au final elle l’avait poussé.
D’un coup. Une botte en appui sur le parapet, et toute sa force dans ses deux bras. S’il s’y était attendu, elle aurait pas réussi.
Il s’y attendait pas.
Tu te crois très fort, hein.
Mais Vela elle est brutale. Vela elle est pas normale.
Vela c’est une sacrée salope.

T’y croyais pas, hein.
Elle regarda l'obscurité le gober d'un seul coup, vorace.

SKÁL, ALEXÍUS.
Paie-moi ta tournée en Enfer, fils de chien.


Le craquement de la glace brisa un instant le silence comme une hache qui pète une buche en deux. Un son qui donna à la fois à Vél l’envie de vomir et celle de hurler de joie.
L’eau gelée lui tourbillonnait derrière les paupières, lui pressait la rétine, balayait des ailes noires devant ses yeux.
Elle respirait plus.
Et rien à foutre.

Elle avait eu les deux pieds joints sur le muret, d’un seul coup. Le monde qui tanguait à se fendre.
Un tel vertige.
Et puis elle avait sauté.





Vélaug s’était donc retrouvée à l’hosto.
Encore.
C’est sympa l’hosto, c’est blanc, c’est froid, ça pue, les gens ont des sourires hypocrites à s’en craqueler la gueule mais y a des scalpels qui traînent parfois. Ou pas.
Grosse déconnade. Tous les couloirs du haut c’est l’antichambre de la morgue. C’est pour ça qu’il fait aussi froid, faut conserver la viande. Vél avait regardé les putains de pingouins s’affairer à sauver les doigts qui lui restaient, heyyy. Fun. Bonne chance les gars. Ça part un peu en morceaux, par-là.
Laissez tomber, faites-vous un apéro knackies, je sais pas.

Non parce qu’on allait la coffrer, hein.
Un peu conne mais pas à ce point-là, la cinglée, dites donc.
La coffrer ou la foutre à l’asile, au choix. Elle savait pas bien. La flemme d’étudier les textes, qu’est-ce qu’elle en avait à foutre. La petite cellule blanche dont elle pourrait bouffer le capiton à longueur de journée en hurlant, ce serait pas mal tiens. Sympa. Ton sur ton.
Limite elle aurait testé, en vrai.
Non parce qu’il était pas crevé, le Alex national, ça aurait été trop beau. Noooon. Y en a qui se retrouvent à bouffer les pieds de leurs ancêtres même avec la ceinture de sécurité, mais Alexíus Ormarsson il traversait la glace et BIM, même pas mal. Bon un peu sonné, il s’était pas encore réveillé si elle avait bien compris, mais quand même. Rien ne casse les têtes de con, quoi. Un foutu bronze d’attardement consanguin, le mec. Increvable.

La semaine de merde qu’elle passait, putain.

En se réveillant, encore qu’à un quart fonctionnelle, Vélaug leur avait servi un bobard dont elle n’arrivait à se souvenir qu’à moitié – ce qui était méga pète-burnes – sur elle et Alex redescendant en ville après s’être bourré la gueule en tirant la queue des vaches toute la journée – avec un peu de chance il se ferait virer, tiens – ou un truc du style. Elle était presque sûre qu’il y avait une histoire de vodka et de vaches. Mais le reste.
Elle avait passé un moment dans le coaltar.
Heureusement qu’ils avaient pas fait de test, hein.

Mais quand le mec se sortirait enfin les doigts du cul pour ouvrir les yeux et rallumer son cerveau, ben son excuse – quelle qu’elle soit – elle tiendrait pas deux secondes. Elle avait pas beaucoup de marge pour elle, là. Pas le quart du doigt de pied de Mère Thérèsa, la meuf. Sans compter qu’Ubbi couilles molles serait bien foutu de ramener sa fraise aussi au passage, pour en rajouter une bonne couche. Oh monsieur le juge, devinez qui pèle des bites de violeur sur son temps libre en plus de jeter les attardés du haut des ponts. Pire qu’une saloperie de vautour sur une brebis galeuse avec les tripes à l’air en train de pourrir au soleil.
Elle aurait dû faire sa Lisbeth et lui tatouer "je sodomise les gamines de 5 à 7" sur la bite mais elle était trop petite.
Du coup elle était obligée de se reposer sur le potentiel terreur traumatique du spectre de la quasi-castration accidentelle.
Assurance de merde ouais.
Pas la peine de se demander pourquoi elle avait jamais fini l'école, hein.
La consanguinité, encore et toujours.
De son point de vue, on aurait dû lui filer une saloperie de médaille et une dose de cyanure. Vu combien elle aidait le pays à abaisser son taux moyen de consanguinité par comté.
C’est comme ça que ça se dégage, la gangrène, clac.

Bref.

Dès qu’elle avait été capable de faire la différence entre le haut et le bas – avaient pas pensé à cette merde quand ils avaient foutu du blanc partout, les architectes, merde hein – la jeune femme avait filé au nez à et la barbe – la grosse barbe de tarlouze – de son infirmière attitrée pour changer de service en boitillant.
Elle en avait chié, évidemment, la vie de sa mère, à se repérer dans ce tas de tripes géant, mais elle avait fini par trouver son chemin.
Avait du renverser un chariot pour éloigner la secrétaire de son bureau mais bon.
Qu’est-ce que ça couine pour rien, quand même.
Au moins, à la porte d’Alexíus, on lui cassait pas les oreilles. Vél savait pas trop ce qu’elle avait prévu de faire une fois arrivée – elle prévoyait jamais grand-chose comme on l’a constaté – mais si c’était de l’étouffer dans son sommeil, ce plan à la con fut contrarié par le médecin qui sortit de la pièce et faillit lui tomber dessus.
Ah connard. Songea-t-elle par réflexe, avant d’apercevoir un bout du type, entassé sous un respirateur qui lui donnait une tronche d’alien mal fini, le temps que se referme la porte.
Après quoi il fallut bien se présenter au représentant de l’Ordre des Médecins de sa cha-
Ah, c’est vous son amie, c’est vrai. Ouais sa putain de meilleure amie au monde ouais.

« … Il se réveille quand. » – ce fumier.

Ça elle le retint au dernier moment. Pas envie d’aggraver son cas quand on la collerait devant le choix pilule bleue : taule – pilule rouge : asile.

C’est là qu’on lui apprit qu’Alexíus-fils-de-pute-de-premier-ordre était dans le coma.
… Oh wow.

Tellement claquée par la nouvelle qu’elle en oublia de répondre par une politesse. Et se laissa raccompagner à sa chambre sans protester.
Elle avait deux trois mots à dire au destin là. Elle était limite prête à négocier, s’il se foutait pas de sa gueule sur le légumage.
Genre pour que ça puisse durer. Longtemps.







« … C’est Margrjet, Vela. Pas Alex. C’était pas Alex. »




Aether
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Aether

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efgrehtrjytuyh
aqaqaqaqaqa/GLACE/

J'ai à la fois très envie de pats Vél avec un balais brosse et très envie de la frapper avec jusqu'à ce que. JUSQU’À CE QUE JE SAIS PAS QUOI ??? MAIS JE LE FERAI JUSQU’À CE QUE, OKGRTHR
Ça ne peut que lui faire du bien, je le sens. (non) (mais à ce stade on peut tout essayer hein) (tout est permis)
Pas de problèmes techniques, sinon. Pas de dindons. Pas de GENTILLESSE, NON PLUS, MAIS ON S'ATTENDAIT A RIEN D'AUTRE. N'EST-CE PAS. TA PAUVRE FRATRIE, VéLAUG. Hlédís qui prend si fort je pleure. LE QI ET LA REACTIVITE D'UN PIGEON MORT SALOPFgehnrghg (non je m'en remets pas) (pauvre pigeon mort) (pauvre soeur) (rip everyone) (sauf Ubbi, bon) (je l'ai pas vu faire grand chose de bien donc je vais le frapper avec le même balais brosse que Vélefgrehtrytg)
PAUVRE. ALEXIUS. AUSSI. WTF VEL GROS DINDON RACHITIQUE DÉBILE. ARRÊTE DE LIRE MILLÉNIUM ET VA LIRE MON PETIT PONEY CA TE FERA DU BIEefgrehtrntg

Bon ça m'a donné envie de hurler tout ça dis donc. Elle est contagieuse /: (et la voiture m'a donné de l'angoisse hahahah adieu)

SKAL SANS ACCENT DE LA FLEMME FDP DE CONSANGUIN

Tu peux dès à présent recenser ton avatar, ton métier et demander une chambre pour t'en faire un petit nid douillet. Tu peux également poster une demande de RP ou créer ton sujet de liens. Ton numéro va t'être attribué sous peu, et il sera full vide ofc, et tu vas être intégrée à ton groupe dans l'instant. Tu arriveras dans la pièce Est.

Les prénoms islandais devraient tous être interdits. This has been a PSA.

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