Herbert Auerbach
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Herbert Auerbach

En bref

Messages : 2




Regarde-moi :
Je ressemble à un meuble —
Et si tu m’observes bien,
Tu pourras voir mes coins si saillants,
Tellement peu seyants,
Lorsque je parle d’humain.

Mais je maudis l’usage qui
Érige aussi sûrement qu’une loi
Des frontières entre toi, moi, lui,
En préambule à quoi que ce soit.
Nom : Auerbach.
Prénom : Herbert.
Surnom : Hertz.
Genre : Masculin.
Âge effectif : 45 ans.
Âge apparent : 45 ans.
Arrivé depuis : A2 M11 J15.
Date de naissance : 19/06/1878.
Date de mort : 15/08/1923.
Orientation sexuelle : Hétérosexuel.
Groupe : Quietus.
Nationalité : Allemand.
Langues parlées : Allemand, Yiddish.
Ancien métier : Employé de banque.
Métier actuel : DILF.
Casier Judiciaire


▬ Crimes commis :
▬ Circonstances du décès :
▬ Péché capital principal :
▬ Péché capital secondaire :
▬ Rapport à l'alcool :
▬ Rapport aux drogues :
▬ Addictions :
▬ Mauvaises attitudes récurrentes :
▬ A été victime :


Physique


• Herbert n'est pas séduisant. Enfin — il peut l'être, comme tout le monde, mais une majorité bien-intentionnée lui mettra toujours un gentil cinq sur dix. Pas plus. Jamais plus.
• À moins que votre genre soit précisément les hommes grands à l'air très sévère (et encore), vous le trouverez au mieux banal, au pire pas terrible.
• Il ne se trouve pas beau, personnellement, alors... Bah. C'est comme ça.
• Au moins, on ne l'ennuie pas tous les trois mètres.
• 1m91, même pour un homme, c'est grand. Très grand. Impossible de passer inaperçu quand on fait une taille pareille ; il dépasse tout le monde, et souvent plus qu'un peu.
• En parallèle, il ne pèse pas grand chose. Une vraie baguette. On ne voit pas ses côtes (en général), mais c'est le plus rectangulaire des rectangles. Pas de muscle, pas de gras. Rien du tout. Il passe derrière les affiches sans les décoller.
• Bâton. Angulaire. Tout en lignes et en angles, sans rondeurs nulle part. Pas agréable, comme coussin.
• Il mange, pourtant ; même sans Moira pour passer lui coller de bonnes patates dans la tronche, il se nourrit. Juste, pas beaucoup. Pas assez, sûrement. Mais il mange — et peu importe qu'il le fasse, il n'arrive jamais à prendre de poids.
• C'est un nerveux ; ça n'aide pas. Au premier stress, tout s'en va.
Fioush.
• Ses membres sont longs, fins comme des baguettes eux aussi, avec des articulations saillantes qui ont tendance à craquer. Surtout sa nuque. Dès qu'il fait faire un cercle à sa pauvre tête, c'est un concerto. Idem pour ses doigts.
• Doigts de pianiste si on est optimiste, facehugger si on l'est moins et qu'on a la référence. Il a de grandes mains ; longues, rectangulaires, avec une boule de l'écrivain marquée sur la main droite. Elles ne sont pas trop abimées, mais il n'a pas une peau de princesse toute douce.
• Sa peau est blanche, claire, marquée de rides prononcées entre les sourcils. Il en a aussi sur le front, au coin des yeux... bref — aux endroits habituels. Ça finit de lui donner l'air peu aimable.
• Parce que s'il y a bien une chose qu'Herbert fait très bien, c'est la gueule.
• Et au naturel. S'il vous plaît.
• Son visage est sévère. Dur. Austère. Il a l'air méchant, en colère, constamment énervé par tout et n'importe quoi. Quand on lui adresse la parole et qu'il se tourne vers vous, on ne pourrait pas moins se sentir le bienvenue.
• Il ne le fait pas exprès. C'est juste sa tête. Il est comme ça.
• Quand il se concentre, c'est pire. Déjà qu'on dirait qu'il va constamment tuer quelqu'un, mais alors là... On atteint le jackpot du "toute ta famille va y passer, et je n'y prendrai pas plaisir mais c'est mon travail et je le ferai correctement."
• Une aura de tueur à gage, méprisant et plein de jugement au passage.
• Ça ne pourrait pas être plus loin de la vérité, malheureusement, mais on verra ça plus tard.
• Ses cheveux sont marrons, ni fins ni épais, et ont largement commencé à grisonner. Il n'est pas encore poivre et sel, mais ça vient. Il a quasiment autant de gris que de brun sur le crâne ; ça lui donne l'air distingué. Peut-être.
• Sans surprise, ils se sont largement barré la route sur les tempes. Un classique chez les hommes — il n'y a pas échappé.
• Toujours impeccablement rasé. Il n'aime pas la sensation d'une barbe sur ses joues et son menton, et se trouve bizarre avec une moustache.
• Son nez, proéminent, prend de la place et la prend bien. Long, bien en avant, aquilin, il contribue à donner à son visage un air dur ; marqué.
• Personnellement, il lui fait juste peur. Dans le sens où il est sûr que s'il se prend une porte ou tombe mal, il va se le casser si fort qu'il sera fichu à 90° pour le restant de ses jours.
• On a les craintes qu'on a.
• Ses sourcils sont fournis, mais pas tant que ça non plus. Bas sur son visage, foncés, ils donnent toujours l'impression d'être froncés.
•  Ses yeux, aussi marrons que ses cheveux, sont plutôt fins et souvent plissés s'il n'a pas ses lunettes sur le nez. Et même quand il les a, d'ailleurs. Il a toujours une prescription de retard.
• Ses dents sont quelconques, ses lèvres fines.
• Inexpressif, Herbert ne sourit pour ainsi dire jamais. Même quand il est content, qu'il rit, que dis-je, qu'il jubile, ses lèvres se tendent à peine sur le plus petit des petits sourires discrets. Ce n'est juste pas dans ses habitudes ; il montre sa joie autrement.
• (ceci est un mensonge, il ne la montre pas) (ça se repère juste plus facilement quand on le connaît bien)
• Réservé, il garde aussi ses membres pour lui et ne les agite jamais. Bras croisés, jambes serrées, il se tient soit très droit soit un peu courbé (la fin de journée est dure) et ne court pas. Jamais.
• Il marche vite, au pire. Avec des jambes pareilles, ça suffit.
• S'il court, c'est qu'il y a urgence. Une vraie urgence.
• Sa voix est moyenne, relativement inexpressive elle aussi, mais étonnamment douce comparée à son physique. Si on ne faisait que l'entendre parler, on ne le penserait pas aussi dur ; il n'a pas l'air impliqué, certes, mais il ne fait pas méchant.
• Élégant, Herbert s'habille de la manière la plus classique qui soit. Chemises, vestons, vestes ; pantalons droits, chaussures de ville, chapeaux en feutre — le tout dans des teintes neutres et foncées, à l'exception des chemises blanches.
• Pas de folies, pas de motifs bizarres, pas de couleurs qui ressortent trop. On le voit assez comme ça ; aucune envie de se faire remarquer plus que nécessaire.
• Les seules folies qu'il se permettait venaient de ses filles. Si elles lui offraient un mouchoir fluo, bon. Il n'avait pas le choix. Ça ne se refuse pas.
• Mais autrement, non merci. Le noir, le marron, le bleu et le blanc, c'est très bien.


Caractère


• Herbert est un homme rigide ; austère, sobre, droit, sans fioriture ni délicatesse apparente. • Un meuble, quoi.
• Ancré dans ses habitudes, c'est un homme prévoyant et organisé qui ne supporte pas les imprévus — et ce au sens le plus strict du terme "supporter".
• Ils le mettent sans dessus dessous, le perdent, le frustrent, le laissent en PLS sur le bas-côté. Il ne sait pas s'adapter rapidement ; c'est un de ses plus gros problèmes.
• Trop de rigidité le rend fragile. Quand on le jette sous le feu des projecteurs, il panique ; quand on lui demande de changer de technique ou de voir les choses autrement, il bloque.
• Il a besoin de temps. Est un peu lent, et ce dans tous les domaines sauf l'émotif.
• Il n'est pas malin — pas intelligent, même — et en avoir conscience ne l'aide qu'à moitié. Il trouve des tactiques pour compenser, mais doit surtout travailler trois fois plus que les autres pour arriver au même résultat.
• Il déteste, déteste entendre quelqu'un commenter ses capacités intellectuelles. Alors il compense. Il masque. Il se débrouille. Il fait des efforts acharnés à toutes les étapes, apprend tout ce qu'il peut, retient au maximum. Parce que si on le pense stupide, on lui marchera dessus.
• Empêcher les autres de lui marcher dessus n'est pas son fort. Inutile de leur donner plus de raisons de le faire.
• C'est en partie pour ça qu'il est très organisé. Il a besoin de savoir où sont les choses, à quoi elles ressemblent, à quel endroit elles vont. Si tout n'est pas à sa place, il ne retrouvera rien.
• Autant dire que son bureau est d'une perfection sans commune mesure. Pas parce qu'il déteste le désordre, mais parce qu'il a besoin d'ordre. C'est ça ou ne pas fonctionner.
• Pourtant, une fois qu'il a compris la tâche, tout va bien : il s'épanouit dans la routine et les petites choses du quotidien. Aime refaire les mêmes gestes ad nauseam, sans jamais vouloir s'en plaindre. Au contraire !! Il adore. Ça lui plaît. Ça l'absorbe. Le calme.
• En dehors de ses habitudes bien réglées, c'est un homme qui a vite tendance à oublier. Ne faire les choses qu'à moitié. Ne pas réaliser qu'il n'a pas fini sa tâche.
• Ça peut être oublier d'ajouter un ingrédient dans un plat, oublier de récupérer sa monnaie après ses courses, laisser un sac sur place, commencer à lire quelque chose, être interrompu et ne jamais y revenir. Plein de manières de faire n'importe quoi — et ça le désole.
• Parce qu'il est volontaire, du reste ; motivé, surtout quand on croit en lui.
• Ne pas vouloir décevoir fait des merveilles. Il s'acharne.
• Adepte des règles, sans surprise, il n'en dévie jamais et paniquerait si on lui demandait de déroger à la loi. Même une petite. Même une riquiqui.
• S'il sait que c'est interdit, c'est interdit. Et si c'est déconseillé, eh bien c'est interdit aussi.
• Il aime la jouer sûr, sans prendre de risques ni s'écarter du chemin. Qu'il soit le bon ou pas, c'est autre chose ; un problème pour demain. Ou pour quelqu'un d'autre.
• Peu importe. Il reste sur les passages piétons. À l'abri.
• Avoir des crises existentielles sur la société, le régime en place, les lois, l'autorité, très peu pour lui. Pas la place pour ça. Il a d'autres préoccupations.
• Égocentrique ? Pas vraiment. Mais comme il ne comprend pas tout et que, de son expérience, les gens qui vous expliquent essaient juste de vous rallier à leur point de vue, il a abandonné.
• Ses avis, il les garde pour ce qui est très global. Facile. Et encore.
• Pour éviter le jugement ou les "mais tu te rends compte que-", il ne les donne pas.
• Gentleman, poli, il se préoccupe du bonheur des autres dans une saine mesure.
• S'il voit quelqu'un tomber, il l'aidera à se relever. Ou voudra l'aider. Parfois, la timidité le bloque et il finit par se faire voler la vedette.
• C'est dur, d'être timide. Et à plus de quarante ans, surtout chez un homme, il trouve ça ridicule. Ça l'énerve.
• Un homme n'est pas timide. Un adulte non plus. Mais que voulez-vous.
• Ça ne l'empêche pas de rougir en un quart de tour, de perdre la voix, de se figer, de perdre le fil de ses pensées... bref. La totale.
• Il n'ose pas souvent aller vers les autres ; pense qu'il ne trouvera rien d'intéressant à dire, de toute façon. Il apprécie qu'on vienne lui parler, mais comme il a l'air constamment énervé ou ennuyé, on ne reste pas souvent.
• La solitude lui plaît, mais elle lui pèse aussi. Il aimerait être seul et bien accompagné.
• Un petit groupe de personnes qu'il puisse aller voir, et qui viennent le voir en retour. Échange de bons procédés.
• Herbert, en tout les cas, ne se met jamais en avant. Il ne veut pas les fleurs et les applaudissements de la foule : savoir qu'il a bien fait lui suffit. Mais vraiment. Ça ira, merci.
• Si quelqu'un le remercie et qu'il s'est senti utile, sa journée est meilleure. C'est largement suffisant à son bonheur.
• Homme simple et modeste, il n'a jamais eu besoin de beaucoup pour se sentir bien. Tant qu'il a le minimum et n'a pas peur du lendemain, de ne pas pouvoir se nourrir lui ou, pire, sa famille, il considère vivre dans de bonnes conditions.
• Le reste, c'est superflu. Il est heureux du superflu, attention, mais ça si on le lui enlève il n'en souffre pas trop.
• Sensible, il pleure facilement et prend tout trop à cœur. Il retient les insultes, les reproches, les commentaires désobligeants. Tout reste. Il n'oublie pas ces choses-là.
• Mais les sourires, les gentillesses, les heureux hasards, les petits choses agréables du quotidien, il les retient aussi. Il les garde bien au chaud, pour les jours où ça va moins bien.
• Il a beau être pessimiste, ça ne l'a jamais empêché d'avancer. Il sait faire la part des choses.
• Le plus souvent.
• Sensible donc, Herbert est un romantique invétéré qui tombe vite amoureux et a plus de mal à savoir comment parler aux femmes qu'aux hommes. Non pas qu'il se pense incapable d'avoir des amies — il en a eu, il pense — mais il ne les abordera jamais de la même façon. Une femme est une femme.
• Contrairement à ce qu'on pourrait penser en le voyant, il n'a jamais dépassé les dix-huit vingt ans dans ce domaine. Il vit l'amour de la même façon qu'un adolescent ; avec PASSION et INTENSITÉ. S'il est amoureux, wouh. Il l'est. Et pas qu'un peu.
• Après dix ans de mariage, il le sera toujours autant. Tous les jours sont le jour de son mariage et toutes les nuits sont la nuit de noce.
• Bon, pas à ce point. Mais pas très loin.
• Il a besoin de se sentir aimé. Pas qu'on lui répète tous les jours qu'on l'aime, ou qu'on lui fasse de grands gestes tous les quatre matins, mais il vit mal sans petites attentions régulières.
• Et si on lui fait du mal, eh bien. Il s'en remet difficilement.
• Ça ne le fera pas abandonner ; il n'abandonne pas. Pas tant que l'autre n'abandonne pas non plus.
• Il se battra pour vous si vous le laissez faire. Lâche en tout sauf en amour (pas forcément romantique, notez).
• Si vous partez, que vous le laissez, que vous l'abandonnez, c'est autre chose. Il ne vous courra pas après. Ou uniquement s'il sent que vous pourriez vouloir qu'il le fasse.
• Si ça lui semble trop définitif, ça restera définitif. Il n'est pas là pour vous faire changer d'avis. Il vous respecte trop pour ça.
• Lâche à bien des niveaux, il préfère rester en dehors de ce qui lui paraît trop compliqué ou dangereux. Il ne faut pas trop lui en demander. Il n'est qu'un homme.
• Mourir pour vous, ce serait compliqué. Et il ne trouve pas ça romantique.
• Il n'aimerait pas qu'on meurt pour lui.
• Globalement gentil, pas très jaloux mais pas très sûr de lui non plus. Si vous lui donnez des raisons de douter, il doutera — et se haïra ensuite.
• On peut se servir de lui. Si on le trahit, en revanche, il aura du mal à revenir. Ce sera possible ; il veut bien donner le bénéfice du doute. Mais ça restera difficile.
• Il n'est doué ni avec les enfants ni avec les chats. Soit ils l'aiment, soit ils ne l'aiment pas. C'est tout.
• Spirituel et religieux, il suit le judaïsme avec une discrétion très personnelle. Pas qu'il s'en cache non plus, mais sa religion ne regarde que lui — et sa famille ou ses amis de la même confession, bien sûr.
• Il n'est pas toujours à l'aise avec des personnes ouvertement très chrétiennes, ou musulmanes (pas qu'il ait dû en croiser de sa vie, MAIS), ou autre chose — mais c'est plutôt parce qu'il a peur de se faire insulter, rejeter, et cetera. Il n'a pas les meilleurs souvenirs en ce sens.
• Sinon, il s'en fiche. Chacun fait ce qu'il veut. Il n'ira pas vous dire que vous avez raison, mais ça vous regarde après tout.
• Généreux sans excès, il a le ton souvent sec mais le discours gentil. Il suffit de lui parler un peu pour s'en rendre compte.
• C'est un homme bien, vraiment. Il a ses défauts, comme tout le monde, mais il est loin d'être méchant ou vicieux.
• Très loin.


Histoire


• Né en 1878 à Breslau, une ville allemande enclavée entre la Tchécoslovaquie et la Pologne, Herbert est le second fils d'une fratrie qui comptera six enfants.
• Les Auerbach sont une famille juive discrète et dévote qui gagnent leur vie dans l'épicerie familiale ; essentiellement proches de leur communauté religieuse, ils élèvent leurs enfants dans la foi et une simplicité parfois sévère.
• Rien qui ne vienne traumatiser les enfants. Ils deviennent pour la vaste majorité travailleurs et honnêtes, discrets, plus ou moins socialement aptes.
• Herbert tombe dans la catégorie "honnête, travailleur, discret, mais socialement ? une patate."
• Enfant, il est timide et réservé. Pas plus proche de ses frères et sœurs que ça, il les aime sans rechercher particulièrement leur compagnie : il aide ses parents à surveiller les cadets, aide les cadets à surveiller les benjamins, désamorce les quelques bagarres qui peuvent éclater et noue les lacets sans rechigner, mais voilà. Ce sont des frères, des sœurs. Pas des amis.
• Pas spécialement d'atomes crochus entre eux.
• En dehors de quelques amis qui sont plus des connaissances qu'autre chose, il n'a guère de relations proches.
• À l'adolescence, même chose. Il va dans une école de confession juive et noue quelques relations avec des garçons de son âge ; certains qui, comme lui, préfèrent la tranquillité et les choses simples, et d'autres autres qui dynamisent les groupes et apprécient de ne pas avoir à se battre pour prendre la parole.
• Pour autant, il décrirait son adolescence comme solitaire. Il va à beaucoup d'activités (pas le choix), parle à beaucoup de gens (pas le choix non plus), mais ça reste... forcé, et pas forcément plaisant.
• Il n'a pas l'impression d'avoir qui que ce soit à qui se confier. C'est tragiquement vrai.
• Tant pis. Il fait avec.
• Et puis il n'est pas malheureux, non plus ; en dehors des moqueries et des soupirs des professeurs lorsque sa compréhension plus que médiocre du sujet se fait publique pour un instant, il ne pense pas avoir à se plaindre. Et même là, bon...
• Il pense surtout que c'est de sa faute. Il n'a qu'à être moins bête.

• La fin des études secondaires arrive, et le début des supérieures avec elle.
• Ses parents ne sont guère vieux encore, et peuvent tout à fait gérer l'épicerie seuls — puis, plus tard, une de ses sœurs a émis l'envie de reprendre le commerce si leur frère aîné n'y voyait pas d'intérêt.
• On ne demande pas vraiment à Herbert. Il n'a jamais parlé de vouloir la reprendre, après tout.
• Il n'y a pas réfléchi, à vrai dire — et maintenant que d'autres en ont envie, il ne va pas leur prendre leur place.
• Il veut se prouver quelque chose, de toute façon. Il veut faire des études.
• Allant au plus simple — selon lui —, il se dirige vers la finance. Ce n'est pas facile, pour sûr, mais ça a le mérite d'être cadré. Un plus un fera toujours un, les billets seront toujours des billets. Il pense pouvoir gérer des flux et des règles simples.
• Pense.
• Pour faire court, il ne passe pas un bon moment à l'université.
• Sa timidité maladive, couplée à son air plus qu'antipathique, le rendent difficile à approcher. Il se fait peu d'amis ; découvre un monde trop en dehors de sa communauté, qui lui fait presque peur. Il n'a pas l'habitude de devoir expliciter ses coutumes. De devoir se demander si quelqu'un va se moquer de lui sans chercher à cacher son antisémitisme.
• C'est difficile.
• Il met le nez dans les cahiers jours et nuits pour réussir à avoir ses examens. Ça ne lui donne pas des résultats incroyables, mais il cherche juste la moyenne.
• Aucune honte à ne guère la dépasser. Il ne cherche pas la gloire : il veut juste réussir.
• Son pragmatisme l'aide. L'excellence est inatteignable, donc aucune raison de vouloir s'y hisser. Il n'y arrivera pas, de toute façon.
• Le milieu, c'est très bien.
• En 1900, ses études terminées, il doit faire son service militaire. Rien qui l'enchante, mais il faut bien. Ce n'est pas comme s'il avait le choix.
• L'examen médical n'est (heureusement) pas à son avantage. Mauvaise vue ; articulations fragiles, surtout sur les membres inférieurs. Le médecin fronce les sourcils, insulte ses pieds et sa longueur d'épouvantail avec bienveillance, et le renvoie chez lui. Il ne manquera pas à ces messieurs de l'armée.
Dieu merci.
• Ceci fait, il part en quête d'un travail. Le temps de trouver quelque chose, il aide ses parents ; des amis de ses parents. Il ne rechigne pas à la tâche.
• Son frère aîné s'est marié il y a peu, mais n'a pas encore d'enfants. Sa sœur apprend à gérer l'épicerie pour plus tard pendant que son frère étudie et que les deux plus jeunes, adolescent pour l'un et enfant pour l'autre, écrivent soigneusement leurs lignes sur leurs cahiers.
• La maison familiale est encore vive. Pleine d'énergie.
• Il aime et déteste ça.
• Un an plus tard, il trouve du travail dans une banque. Rien de bien fou ; en-dessous de ses compétences, techniquement, mais ça l'arrange. Il veut gagner suffisamment pour vivre, pas aller s'acheter un manoir en campagne. S'il peut être sûr que ça ne va pas être trop difficile, ça l'arrange.
• Son patron est relativement absent de la vie des employés, à part pour les décisions importantes — et l'homme qui le gère, lui et ses collègues immédiats, n'est pas bien méchant.
• Un peu rude parfois, mais juste et capable de laisser couler ce qui mérite de l'être. Il lui apprend les rudiments, s'énerve quelques fois de sa lenteur, et puis roulez jeunesse.
• Quand Herbert a bien compris les bases, qu'il ne panique plus que rarement, sur des cas plus complexes, il lui tapote l'épaule.
Bon travail.

• Tout en travaillant, Herbert continue de rendre visite à ses parents ; participe à la vie communautaire, même si c'est pour faire pleurer les bébés avec ses sourcils perpétuellement froncés et son visage dur.
• Il ne passe pas toujours un bon moment, sur le coup, mais finit toujours par s'adoucir et ne pas regretter d'être venu. Et puis les pépés d'à côté l'adore. Ils le trouvent gentil et s'amusent à lui taper les mollets avec leur cane en lui demandant jusqu'où il compte monter encore.
• La familiarité le met à l'aise. On n'attend rien de lui, ici. Ou rien qu'il ne puisse pas donner. Ça le rassure.
• C'est à une de ces occasions — une fête locale pour un évènement sportif, organisé par les élèves d'une école secondaire voisine — qu'il rencontre Frieda.
• Ils se retrouvent assis l'un à côté de l'autre, seuls, quand les autres jeunes partent crier et siffler plus loin.
• Elle est timide ; lui aussi. Il a l'air de vouloir tuer quelqu'un et elle, elle a l'air de retenir son souffle et de faire le poisson le trois-quart du temps.
• La discussion démarre. S'arrête. Redémarre un peu. C'est douloureux à voir, sûrement, mais pas moins à vivre.
• Quand elle est kidnappée par une amie et le laisse, il est terriblement soulagé. Il pourrait en écrire tout un livre.
• Pourtant, quand il recroise son regard, une autre fois, et l'accroche juste un peu trop longtemps, il n'en est pas malheureux.
• Rouge, oui, mais inspiré et au bord de l'arrêt cardiaque.
• Il n'ose pas aller la voir, elle n'ose pas aller le voir non plus. Sa sœur, assise à côté de lui, les regarde se regarder l'un l'autre dès que l'autre détourne le regard. Au bout de la sixième fois, elle lui demande gentiment s'il veut qu'elle aille lui parler, elle.
• Tout à fait. Oui. S'il te plaît. Merci.
• Elle y va. La ramène. S'en va.
• Ça leur prendra encore quelques rencontres honteuses avec des visages rouges jusqu'aux oreilles mais, au bout d'un temps, ils se mettent à rire et à se saluer sans qu'on ait besoin de les y aider.
• Herbert est passionnément amoureux. Frieda aussi.
• Ils se prennent les mains ; il lui embrasse la joue.
• Rien de plus avant le mariage, en 1904, sous les rires et les applaudissements extatiques des familles, des amis, des voisins — de la communauté.
• Il l'aime comme jamais il n'a aimé personne, amis et famille y compris. Elle le comprend comme jamais personne ne l'a compris. Ils vibrent sur la même longueur d'onde ; à tous les niveaux, sans exception.
• Il l'aime. Il ne veut jamais la voir partir.
• Parfois, en allant se coucher, il se dit que si elle meurt, vieille et ridée, il pourra s'y faire. Que c'est l'ordre naturel des choses — même s'il préfèrerait, égoïstement, partir avant.
• Puis il se dit que ça ira. Tant qu'elle est là, ça ira.
• Elle se glisse dans son quotidien. Trouve sa place à table, dans son lit, sur le canapé. Elle a son côté ; lui le sien. Ils se retrouvent au milieu, une jambe par-dessus la sienne tandis qu'ils lisent tous les deux — en silence mais pas seuls.
• Il n'est pas au paradis. Il ne sait pas à quoi ça ressemble.
• Mais en tout cas, il est heureux.

• En 1905, pas neuf mois après le mariage mais pas loin, ils accueillent leur première fille — Hedwig. Il ne sait pas la tenir et ne le fera pas beaucoup, terrifié qu'il est à l'idée de la faire tomber (il fait des cauchemars très vivaces sur la question), mais l'aime plus que tout au monde malgré tout.
• À égalité avec Frieda, bon. Elles peuvent se partager la place.
• Comme sa femme, sa fille se fait une place dans son quotidien. Chaotique, au début — se réveiller toutes les deux heures a tendance à avoir cet effet — mais très vite, il s'y fait.
• Il n'est pas jaloux que sa femme passe plus de temps que lui avec la petite. Pour lui, c'est normal : une mère est plus proche de ses enfants. C'est juste comme ça.
• Sa fille lui tire les oreilles et rit quand il fait la grimace, alors de quoi se plaindre ?
• Quand la seconde naît, en 1908, la vie est toujours belle. Gretchen est tout aussi belle que sa sœur, aussi mignonne et toute brune qu'un petit ours en chocolat. Il fond de partout. Frieda aussi.
• Au travail, tout va bien. Il ne cherche pas à monter en grade, et fait donc la joie de ses collègues plus arrivistes, qui ne voient pas en lui une éventuelle compétition ; connaît par cœur les ficelles, les détails, les façons de faire, de gérer les gens.
• Son supérieur lui tapote toujours l'épaule. Il aime toujours autant ça.
• Il ne fait peut-être pas un travail très important, très difficile, mais il en est fier. Il le fait bien. Pour lui, ce n'est pas rien.
• Alors il y a des hauts et des bas, bien sûr. Il se dispute avec son frère, et en gardera la conscience amère qu'on ne peut pas toujours être d'accord sur tout (alors mieux vaut se taire) ; essuie des remarques antisémites, des regards méprisants, des commentaires qui font mal, parfois sans raison.
• Mais il fait avec. Parce que tout le reste va. Parce que quand il rentre chez lui, il est heureux.
• Il ne demande pas grand chose. Juste que ça dure, encore et encore et encore. Que sa femme aille bien. Que ses filles n'aient pas à souffrir.
• Juste ça.

• En 1912, il a 34 ans et décrirait sa vie comme "très satisfaisante".
• Il le fait, d'ailleurs, quand un de ses collègues plus jeune soupire sur les humeurs de sa femme. La sienne est gentille ; ses filles aussi. Il est heureux.
• Aucune histoire de karma, puisqu'il n'a rien fait pour mériter ça — mais quand il rentre chez lui, ce soir là, il est seul à la maison.
• Il ne se souvient pas que Frieda l'ait prévenu d'un voyage à l'improviste où que ce soit. L'épicerie, peut-être ? Une urgence ? Quelque chose ?
• Il s'inquiète vite, mais ce n'est pas inhabituel. Il vérifie le salon. Leur chambre. Celle des filles.
• Personne.
• Et surtout, rien.
• Elle a fait leurs valises. Pris leurs affaires. Presque tout.
• Pas les siennes.
• Il trouve une lettre, sur la table du salon, qu'il avait fait tomber au sol dans son empressement.
• Essentiellement, un "désolée mais je m'en vais". Un "j'ai trouvé quelqu'un d'autre, pardon". Beaucoup de "ce n'est pas de ta faute".
• Il pleure.
• Un soir, une semaine, deux.
• Il arrête le temps d'aller au travail ; a l'impression de flotter. D'être revenu dans le passé.
• Se dit qu'avec un peu de chance...
• Puis il rentre dans son appartement vide, et il se remet à pleurer.

• Frieda ne revient pas.

• Ils n'ont pas divorcé. Elle est juste... partie. Avec les filles. Il ne sait pas quoi faire, dans une situation pareille.
• Il ne penserait jamais à lui demander de lui rendre les enfants ; elle a plus de droits sur elle que lui, à ses yeux. On n'enlève pas des filles à leur maman.
• Il aimerait les voir. Parler avec elle. Mais il ne sait même pas où elle est, et elle ne lui a pas renvoyé de courrier, passé de coup de fil. Alors il attend.
• Il ne dit rien à personne. Ni à ses parents, ni à ses collègues, ni à ses voisins — même s'ils doivent bien se douter de quelque chose.
• Quand on lui demande, tout le monde va bien. Quand on veut les voir, il dit qu'elles sont parties prendre du repos pour soigner une mauvaise toux.
• C'est compliqué. Ses beaux-parents ne sont ni morts ni à l'autre bout du monde ; ils savent, eux aussi, ce qui se passe. Évidemment qu'ils savent.
• Il n'a pas besoin d'être observateur pour voir qu'ils sont mortifiés de honte. Il ne cherche pas à leur parler.
• Il veut juste être seul.
• Ceux qui trouvent ça bizarre pensent qu'ils se sont disputés. Les autres ne questionnent rien.
• Ils le diraient, s'ils s'étaient séparés.
• Et puis pourquoi se séparer ? Ils étaient heureux encore la semaine passée. Ça se voit venir, ces choses-là.
• Il pensait aussi. Apparemment pas.

• Le temps passe lentement et très vite à la fois.
• Il revoit Frieda en coup de vent, quand elle passe lui laisser les enfants quelques jours. Ils parlent à peine ; il ne sait pas quoi dire, a peur de pleurer, et elle l'évite sans chercher à le cacher.
• Il a l'impression d'être revenu aux premiers jours, quand ils n'arrivaient pas à se parler plus de trois phrases d'affilée.
• Elle ne veut pas rester, ne veut pas le voir. Il saisit le message. N'insiste pas.
• Câline ses filles, leur change les idées et fait semblant de ne pas avoir envie de mourir quand elles parlent d'un autre homme avec maman.
• Il veut juste oublier. Ne pas penser.
• Il se replonge dans le travail, les habitudes, le quotidien. Dès qu'il se met à penser à sa femme, il se bloque et repart dans l'autre sens. Il ne veut pas. Il ne peut pas.
• Il est de nouveau très seul. Le malheur de ne pas avoir grand monde de qui on est si proche que ça.
• Il avait sa femme et ses filles. Ce n'est pas comme s'il s'était dit qu'elles partiraient toutes d'un coup, sans prévenir.
• Voire tout court.
Mais c'est comme ça.

• Août 1914 ; l'Allemagne déclare la guerre à la Russie, puis à la France.
• Herbert a beau être exempt, son entourage ne l'est pas forcément. Il ne s'inquiète ni pour son frère aîné — il aura bientôt 40 ans et a une famille ; il ne sera pas prioritaire, loin de là — ni pour son frère cadet, qui n'a pas passé l'examen médical non plus, mais fixe les deux benjamins avec angoisse.
• Il est heureux d'avoir eu deux filles. Même s'il les voit beaucoup moins, même si un jour il doit ne plus les voir, elles n'auront pas ce problème.
• Les temps troubles l'aident à penser à autre chose qu'à sa femme et à ses filles. Il travaille dur, aide ses frères et sœurs avec leurs enfants quand ils ont besoin.
• Tout le monde commence à comprendre qu'il y a un problème entre lui et sa femme, mais personne ne commente.
• Ça ne regarde qu'eux, après tout.

• En 1915, quelques semaines après le départ de ses plus jeunes frères à l'armée, Frieda demande le divorce.
• Il accepte. Signe. Ne questionne ni ne discute rien.
• La séparation est à l'amiable sur le papier, en silence dans les faits.
• Il travaille ; pleure. Travaille. Pleure.
• Mange, de temps en temps. Il faut bien.
• Il participe à aider sa belle-sœur avec les enfants en bas-âge. Soutient ses collègues. Se renferme.
• Il va mal, mais ne juge ni nécessaire ni poli de le faire savoir. Personne n'y pourrait rien ; à quoi bon ?
• Il a encore sa fierté.

• Son benjamin meurt en septembre 1916. Il n'est pas là quand ses parents reçoivent la lettre, mais c'est tout comme.
• Lui et sa famille passent beaucoup de temps à la synagogue. Ses parents trouvent du réconfort dans la communauté et la religion ; ils se serrent les coudes.
• Ça aide Herbert. Un peu.
• Pas assez, mais un peu.

• Ses filles grandissent tellement vite. Il ne les voit pas faire.
• Quand il les a avec lui, il ne sait pas comment leur parler. Il ne sait pas ce qu'elles font d'habitude ; ce qu'elles aiment. Il note tout pour la fois suivante, mais à cet âge-là les goûts changent tellement vite.
• Il n'arrive pas à suivre. Ne peut pas suivre — pas en les voyant à intervalles si irréguliers.
• La conversation est difficile. Il a l'impression de les ennuyer. Voire de les embêter. Il se dit qu'elles doivent préférer le nouveau compagnon de leur mère.
• Il aimerait protester, trouver sa place, mais il ne sait pas comment. Il n'a personne pour l'aider, non plus ; un père, c'est... eh bien — un père. Les enfants peuvent faire sans, il suppose.
• Il imagine. Il ne sait pas.
• C'est son émotivité le problème, sûrement. Alors...
• Que voulez-vous.

• Au travail, les choses sont devenues assez intenses. Il fait avec, mais peine à suivre par moments — surtout les humeurs des uns et des autres, qui s'inquiètent de l'issue de la guerre (ou protestent son utilité, ou bref — les avis divergent).
• Il a son ancienneté pour lui. Ça aide. Ça ne règle pas tout, mais ça aide.
• Comme la synagogue, comme parler à sa famille de temps en temps, comme pouvoir passer du temps avec ses filles.
• Il ne parle toujours pas à sa femme. Elle l'évite pire que s'il risquait de la décalquer contre un mur s'ils venaient à discuter.
• Ça le blesse ; il n'est pas parfait. N'arrive pas à insister. À quoi bon ?
• Sa relation à ses filles reste distante et douce-amère. Il n'y a pas de tension entre eux, mais pas de vraie proximité non plus.
• Il en veut à Frieda de lui avoir volé ça, sans réussir à se convaincre que ça se serait passé autrement si elles étaient resté.
• Il se blâme, broie du noir, ressasse encore et encore.
• Et malgré tout, il avance. Seul ou pas. Heureux ou pas.
• Pas le choix.

• En 1918, ils perdent la guerre. Ça ne s'invente pas. Du jamais vu.
• Herbert est amer dans le sens où il sait, aussitôt le conflit perdu, qu'il y aura des répercussions sur les civils. Heureux d'avoir retrouvé un de ses frères à défaut des deux, mais malheureux de ce qui risque d'arriver dans le futur.
• Quand on gagne une guerre, l'argent revient. Quand on la perd...
• Inutile de faire un dessin.
• Pendant deux ans, il continue à vivre comme il l'a toujours fait — en se serrant un peu plus la ceinture qu'avant, mais sans non plus se retrouver à la rue. Il a toujours été économe ; ça lui sert. Il garde de côté pour ses filles, pour sa famille si besoin, et utilise le reste avec parcimonie.
• Il voit des collègues se faire renvoyer sans raison. Ils ne peuvent tout simplement pas justifier de payer autant de monde. Ils doivent réduire les effectifs.
• L'ambiance est délétère. Dans les rues, dans les maisons.
• Ils ne savent pas comment ça va se terminer. Quand ça va se terminer. Et lui non plus.
• Il allait déjà mal.
• Ça n'aide pas.

• Frieda se remarie en été 1920. Il l'apprend par ses filles.
• Ils ont déjà divorcé, étaient séparés des années avant ça — et pourtant, ça lui fait un choc.
• C'est bête, mais c'est comme ça.
• Hedwig lui demande s'il compte se remarier, lui aussi. Gretchen est moins à l'aise avec l'idée.
• Lui l'est encore moins que Gretchen. Absolument pas motivé à tout refaire ; à rencontrer quelqu'un de nouveau, à se montrer vulnérable face à une inconnue à nouveau. Et puis il a dépassé les quarante ans : ce n'est plus de son âge, paraît-il.
• Il a ses filles. Il a son travail. Ce n'est pas grand chose, mais ça devra suffire.
• Ça ira.

• Après des années de problèmes financiers à tenter de garder la tête haute, à aider ses parents, à économiser, à ne pas imaginer le pire, à regarder ses filles grandir un peu trop sans lui, sa femme — son ex-femme — se porter comme un charme avec un autre homme, à voir un antisémitisme déjà présent devenir inquiétant, menaçant, omniprésent, Herbert touche le fond.
• Nous sommes en janvier 1923. Herbert se fait licencier.
• Une nouvelle difficile à recevoir dans le meilleur des mondes, rendue extrêmement compliquée par sa situation tant globale que personnelle.
• Il n'aimait plus son travail, ces derniers temps. Son responsable s'était fait renvoyer. Il ne connaissait plus tous ses collègues, et l'ambiance à la banque avait tout d'un salon mortuaire.
• Malgré tout, ça payait les factures. La nourriture. Tout.
• Il se retrouve remercié sans explications ni compensation. Il suppose que son nouveau supérieur se fiche pas mal de sa séniorité.
• Pas fan de judaïsme, peut-être.
Oh, peu importe.
• Le résultat est le même. Il n'a plus de travail. Et sans travail, il va se retrouver à la rue — et très vite.
• Il doit retrouver quelque chose. N'importe quoi.

• Deux mois plus tard, il n'a toujours rien. Personne ne veut l'employer ; pas le bon profil physique, pas le bon profil mental, pas le bon profil professionnel, pas le bon profil religieux.
• Il donne tout ce qu'il a dans la recherche. Il est obligé de se pousser, de se forcer, de prendre sur lui.
• Il est exténué.
• Il mange à peine, pour être sûr de ne pas avoir à rendre l'appartement avant d'avoir trouvé. Ses économies aident, mais il les voit s'amenuiser.
• Il ne peut pas demander d'aide à ses parents ; ils ne sont plus tous jeunes. La santé de son père est vacillante au mieux, branlante au pire. Sa mère fait ce qu'elle peut. Ils ne roulent pas sur l'or.
• Il ne peut pas demander d'aide à ses frères et sœurs non plus. Ils ont tous une famille à charge, et celle qui n'en a pas s'acharne au travail. Il n'imagine pas devoir lui peser sur les épaules.
• Il n'a pas d'amis assez proches pour même y songer.
• Frieda est hors de question.
• Il doit se débrouiller seul.

• Petit à petit, sans s'en rendre compte, il se retire des activités communautaires.
• Il parle moins aux gens. Reste chez lui les trois-quarts du temps.
• Si on s'en rend compte, on ne lui en fait pas la remarque. Pas encore.
• Les dix-huit ans de sa fille aînée sont la dernière occasion pour laquelle il accepte de se montrer en société et de participer aux festivités.
• Il parle même à Frieda. Un peu.
• Elle est inquiète. Elle n'aime pas ce que devient son pays.
• Elle lui demande s'il songerait à partir, un jour. Il hausse les épaules mais prend l'information comme elle lui vient. À savoir : elle oui.
• Il lui dit de faire ce qui est le mieux pour les enfants.
• Et ce sera la dernière fois qu'ils se parleront.

• Juin passe avec son anniversaire. Il l'oublie.
• Ses parents passent lui faire la remarque, et il leur dit qu'il est un peu malade. Et puis à son âge, les anniversaires...
• Ils repartent.
• Il retourne se coucher.

• Il ne trouve rien. Abandonne l'idée de trouver un jour.
• Personne n'a besoin de lui. Son absence ne fera pas une grosse différence.
• Il ne peut ni demander d'aide, ni trouver de solution pour se sortir de là. S'il était moins bête, peut-être...
• Si Frieda était là, s'ils avaient gagné la guerre — si, si.
• Si.



Herbert Auerbach ▬ « Et tant que j'ai pas les mots, tant que je leur ai rien dit » A09af13bd8080952e477094fccd638cc
     
Herbert Auerbach ▬ « Et tant que j'ai pas les mots, tant que je leur ai rien dit » 2de0741e9a1a621ee67d9da6d7da6c36
« Requiescat in pace »




« Selon les circonstances, je ne renvoie pas la bonne image ;
Dans certains cas, ma présence crée comme un petit décalage.
Pour un anniversaire ou un mariage, c'est pas terrible ;
Mon apparence austère est jugée trop souvent pénible.


Je l'ai de l'intérieur à défaut d'avoir l'œil rieur. »


À ceux qui me demandent si ça va, oui bien sûr :

Aether
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Allez mon petit opprimé :/

Tu peux dès à présent recenser ton avatar, ton métier et demander une chambre pour t'en faire un petit nid douillet. Tu peux également poster une demande de RP ou créer ton sujet de liens. Ton numéro va t'être attribué sous peu et tu vas être mis dans ton groupe. Tu es arrivé dans la pièce Ouest.

ptn comment la mère d'Arno le détesterait :/ look at this man :/

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