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Isaure Février
- A 02 112011 15 01 A -

Isaure Février

En bref

Féminin
Messages : 41



Maybe life isn't for everyone
Nom : Février
Prénom : Isaure
Surnom : Isa ; Janvier ; Perruche
Sexe : Féminin.
Âge effectif : 18 ans.
Âge apparent : 18 ans.
Arrivé depuis : Vient d'arriver.
Date de naissance : 26/04/1993
Date de mort : 11/11/2011
Orientation sexuelle : Hétérosexuelle
Groupe : Commotus
Nationalité : France
Langues parlées : Français, anglais
Ancien métier : Sur les papiers, elle était lycéenne.
Métier actuel : //  
Casier Judiciaire


▬ Crimes commis :
▬ Circonstances du décès :
▬ Péché capital principal :
▬ Péché capital secondaire :
▬ Votre rapport à l'alcool :
▬ Votre rapport aux drogues :
▬ Addictions :
▬ Avez vous eu de mauvaises attitudes récurrentes :
▬ Avez vous déjà été victime :


Physique


Isaure avait dû être exceptionnellement belle, il fut un temps, il n’a pas de doute; et elle l’est toujours, magnifique, cependant il semble qu’elle a perdu un bon gros morceau de sa splendeur dans sa chute. Si un jour, elle avait été le soleil, elle n’est plus qu’un croissant de lune. Mince, pâle, à peine présente, et pourtant, pourtant on la regarde toujours, on la trouve toujours belle mais… Mais c’est tout.
A présent, elle est trop maigre, trop nonchalante, trop pâle, trop chétive, trop, trop, trop… Trop tout ce qu’elle n’aurait jamais voulu être. Elle voulait être un beau cadavre, elle, pas un squelette avant l’heure.
Mais au fond, le plus important, c’est le visage, non? Ce se refait, une santé, ça se sculpte, un corps; mais un visage… Un visage, soit on l’a beau, soit on l’a pas et on a recours à la chirurgie, point. Et Isaure, la chirurgie, elle est loin d’en avoir besoin. Son visage sort du lot, même émacié avec des valises sous les yeux. Il n’y a rien de bien sorcier, juste une bonne association de ses gênes qui lui donnent un bel oval, un nez fin et droit, des lèvres rosées pulpeuses et de grands yeux bleus clairs qui reflètent tout ce qu’ils croisent. C’est un savant mélange, un équilibre précaire qui fonctionne à merveille pour le plus grand plaisir de beaucoup, mais surtout le sien. Pour Isaure, c’est important, la beauté. Et c’est pour cela que perdre ses cheveux avait été une catastrophe mondiale.
Parce qu’être chauve, c’est pas forcément très tendance ou flatteur. Elle a de la chance d’avoir un beau visage, vraiment, ou elle n’aurait pas supporté. Quoi qu’il en soit, on la voit rarement dégarnie puisqu’elle est toujours munie d’une perruque, peu importe l’occasion, si bien que certains ont l’impression qu’elle n’est, en réalité, pas chauve. Elle ne va pas s’en plaindre, c’est un peu l’illusion qu’elle souhaite créer. Elle refuse qu’on la voit sans ses précieuses perruques à moins qu’elle soit vraiment proche de la personne - ce qui est très rare, soyons honnête, mais ces personnes existent néanmoins.
Pour l’uniforme, Isaure est rodée; ces dernières années, elle n’a pas eu grand choix au niveau vestimentaire. Elle l’accepte, ce qui ne veut pas dire qu’elle ne va pas y faire des altérations -de nombreuses altérations. Son dicton étant ‘fashion jusqu’au bout des ongles même habillée d’un sac poubelle’, Isaure trouvera toujours un moyen de rendre tout fantastique et à son goût (bon, ok, la blouse d’hôpital avec un sweat trop grand, c’était pas tout à fait fashion, mais elle était malade). Jupe courtes, talons, chaussettes, accessoires, vêtements qui collent à la peau, la jeune femme ne manque pas de ressources, en aucun cas, en aucune situation.


Caractère


Apprendre à apprécier Isaure, c’est tout un long processus compliqué. Parfois - souvent-, on n’y arrive tout simplement pas, parce qu’Isaure c’est la pimbêche typique des films américains, la leader des Mean Girls. Sa vie, c’est les critiques, les injures, les remarques cinglantes et l’attitude hautaine, arrogante, désagréable. C’est un cocktail amer de franc parler et d’honnêteté sur un fond de subtile méchanceté. Elle a beau ne pas être agréable avec les plus ‘défavorisés’, elle ne l’est pas pour autant beaucoup plus avec les autres, ça non. Avec Isaure, tout le monde en prend plein la gueule, sinon ça n’a rien de drôle. Cela dit, qui sème le vent récolte la tempête, alors elle aussi, on ne l’épargne jamais. Elle ne s’en plaint pas, au contraire; la vie serait bien ennuyeuse si on ne lui en jetait plein à la figure, de sa merde.
Isaure, c’est surtout un fort caractère, une personne déterminée à obtenir tout ce qu’elle veut et quand elle le veut. Elle n’est pas habituée à la défaite, pas habituée à ce qu’on lui pique sa place ou qu’on lui refuse quelque chose; ce qu’elle veut, elle l’a, peu importe le prix. Elle fait ce qu’elle décide de faire et personne ne peut le lui dicter. Isaure, on ne lui marche pas sur les pieds. On lui répond, on lui dit non, on lui ordonne de faire quelque chose, on la menace, on lui crache dessus, mais peu lui importe, vraiment. Ca fait mal, parfois, toutefois elle le décide, c’est ses actions qui mènent à celles des autres, jamais le contraire. Si ça n’est pas le cas, elle est vite déroutée, bien plus qu’elle ne le voudrait, et c'est la panique à bord; mais elle finit bien toujours par se ressaisir, sa confiance en elle-même l'emportant bien souvent contre l'adversité. Difficile de ne pas avoir confiance en soi quand on est la plus belle fille du coin, hein?
Etre méchante -bien qu’elle n’en a pas forcément l’impression, ça s’appelle être honnête- est pour elle plus une nécessité qu’une véritable vocation; c’est, en quelque sorte, son moyen de se protéger, son petit coin de détente. Il n’y a bien souvent pas de haine derrière cette méchanceté; c’est gratuit et elle s’en fout. Elle n’est pas elle-même si elle ne peut pas être désagréable, elle ne se sent pas à l’aise, c’est tout, c’est ainsi; rien ne lui sert d’être faux cul si tout ce qu’elle obtient est un mal de crâne phénoménal. De toute façon, elle est bien incapable de jouer la comédie, alors à quoi bon. Elle préfère qu’on l’insulte pour ce qu’elle est en face à se faire insulter derrière son dos. Si on la déteste, aucun problème, elle ne va pas perdre des heures de sommeil là dessus.
Mais Isaure, ça n’est pas juste une connasse qui pense que l’amitié, c’est pour les nuls. Bon, okay, elle a longtemps considéré qu’elle pouvait bien s’en passer, cependant il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis et Isaure, bien qu’incroyablement bornée, ne se considère pas comme une imbécile. Si on l’aime, elle ne va pas s’amuser à tout ruiner, surtout si, en retour, elle aime bien la personne. Au fond, elle n’a que rarement une vraie dent contre les autres, elle est juste très cash, point. Elle ne se considère pas carrément au dessus des autres, et puis, elle est très magnanime, comme fille; tant que personne n’essaie de la forcer à être quelqu’un d’autre, elle est ok. Parfois, elle est même plutôt agréable lorsqu’elle s’y met. C’est une amie loyale, le type honnête qui vous crachera vos quatre vérités à la figure si c’est nécessaire, sans retenu. Ca peut faire mal, certes, toutefois tourner autour du pot fait souvent plus de mal que de bien.
La connaître sur un plan personnel, c’est un tout nouveau processus. S’il n’est pas si compliqué de se faire aimer par elle, il est bien plus compliqué de l’approcher sur ce nouveau plan. Isaure est juste naturellement réservée sur elle même. L’entendre dire que, bien sûr, elle est magnifique et mérite tout ce qu’il y a de mieux, c’est banal; l’entendre dire qu’elle doute, qu’elle est perdue ou qu’elle a mal, c’est une toute autre chose. Ca ne vient pas d’un manque de confiance en l’autre personne la plupart du temps, mais vraiment d’elle, d’un manque d’habitude, d’un manque de confiance en elle-même. Elle se mord les lèvres et garde tout pour elle parce que c’est ses affaires et c’est tout. Parce qu’on a pas de temps pour elle, et elle comprend, c’est okay. Elle peut s’en sortir toute seule.
Sauf que non, pas tout le temps.


Histoire


Isaure savait qu’elle allait mourir un jour, comme tout le monde; elle avait juste espérer que ce jour ne serait pas si proche.

Un cancer des poumons, rien que ça; ça se soigne, c’est ce qu’ils disent, les hommes en blouse blanche.

Mais sa mère pleure (ô pitié, c’est pas toi qui va mourir, arrête), son père regarde le sol ( et peut-être que si tu fumais moins, peut-être que je vivrais plus longtemps) et elle, elle n’a que seize ans (ah, d’accord).

Isaure hoche la tête, n’écoute pas un seul mot de ce qu’on lui raconte (une histoire de traitement très efficace, chimio et compagnie; quelle importance, elle sait qu’elle va mourir). Le cancer, hein? Peut-être qu’elle aurait du se sentir mal rien que de l’entendre, peut-être que ça aurait du lui faire mal, mais tout ce à quoi elle peut penser, c’est le nombre de jours qu’elle va manquer les cours, le nombre de jours où elle ne sera pas aux côtés des autres, le nombre de choses qu’elle va manquer tandis que sa mère la force à subir ces traitements.

Est-ce qu’elle veut vivre? Probablement.

Sa mère sanglote sur l’épaule de son mari et aucun des deux ne lui accorde un regard. Coupables, coupables de tant de choses, coupables envers elle, et pourtant pas un regard; à quoi bon jouer la famille bouleversée? C’est trop tard.

Elle est déjà morte.



Mathilde pince ses minces lèvres, une vaine tentative d’avoir l’air d’une mère autoritaire, surtout avec ses yeux bouffis; surtout quand elle ne l’a jamais été.

« Isaure, écoute, c’est pas une question, tu vas suivre le traitement. »

L’adolescente roule de ses beaux yeux, rejette une longue mèche châtain derrière son épaule, yeux rivés sur l’écran de la télé où passait un dessin animé plutôt ennuyant, mais toujours mieux que l’éternelle rengaine de sa mère ces derniers jours. Ces dernières semaines.

« C’est ma vie, j’en fais ce que je veux. »

Si il lui reste peu de temps à vivre, elle va pas le passer chauve dans un hôpital deg’, ça c’est sûr. Isaure sait qu’elle vaut bien mieux que ça.
Sous le coup de l’énervement, les joues déjà rondelettes de sa mère se gonflent de plus belle, ce qui ne fait rien pour arranger son cas.

« Non Isaure! Tu sais pas ce que tu veux ! C’est le choc, il te détraque les idées. Ecoute ta mère un peu ! C’est ce qu’il a de mieux pour toi, et au fond, tu le sais. Regarde moi quand je te parle! »

La même rengaine, encore et encore. Isaure soupire et daigne enfin poser son regard clair dans celui identique de sa mère, l’une des nombreuses choses qu’ils ont physiquement en commun.

« Je n’irai pas, point. Fout moi la paix. »

Et c’est la gifle, et c’est les larmes; encore. Toujours le même scénario. Elle finit par attendre les coups. Et puis viennent les cris.

« PETITE IDIOTE! IMBECILE ! IDIOTE! »

Les petits poings de sa mère ricochent sur son épaule, tout comme ses mots le font. Isaure en est fatiguée. Fatiguée des pleurs, fatiguée des disputes, fatiguée du nouveau petit jeu de famille parfaite.

« Oh, allez maman, t’en avais rien à faire de moi avant. Arrête ton drama.»

Ca n’est rien qu’un ridicule scénario pour avoir la conscience tranquille à son enterrement; au moins, elle peut l’en remercier, Isaure sera un bien joli cadavre, jeune et magnifique.

Les pleurs redoublent, les cris redoublent, les coups redoublent, alors l’adolescente, tout simplement, se lève et quitte la maison, claque la porte au nez de sa mère. Mais rien de bien nouveau, n’est-ce pas? Les portes qui claquent, c’est un peu un truc de famille.

Elle n’y ira pas.



« C’est vrai que tu es malade? »

La nouvelle a fait le tour de l’établissement en si peu de temps que s’en est effrayant; elle qui tenait à tout prix à ce que l’on n’ébruite pas la chose s’en retrouvait bien embêtée. Mais enfin, rien qu’elle ne puisse gérer.

Elle lisse une dernière fois sa peau parfaite de la main, histoire de, et referme brutalement le petit miroir avant de le glisser à nouveau dans le sac. Isaure croise les jambes, plonge son regard dans celui brun, si banal, d’Ella, complètement calme.

« Où est-ce que tu as entendu ça? »

Simple question de routine, petit check-up, bien qu’elle sait que la réponse est probablement ‚partout‘; mais celle d’Ella, toujours avide de dénoncer quelqu’un, n’est pas celle là, bateau.

« C’est Antoine qui me l’a dit; apparemment, il l’aurait entendu d’un prof. »

Ah, Antoine, bien sûr. Le garçon ne manquerait pas une si jouisseuse information à son sujet, hein? Il avait toujours eu un truc pour elle sans qu’elle n’arrive à savoir si c’était dans le bon ou le mauvais sens. En tous les cas, il n’était définitivement pas dans le top des garçons à qui elle ferait la conversation avec un joli sourire.
Sa réponse doit se faire attendre puisqu’Ella la presse d’un petit « alors? » impertinent. Isaure lui adresse un sourire poli.

« Eh bien, que veux tu que je te dise de plus? Il a dit vrai. »

Pour une fois que ça n’est pas une stupide rumeur, il faut que ça soit à ses dépends. Forcément.
L’espace d’un instant, elle s’attend à voir Ella jubiler. Ce serait, certes, vraiment dégoutant et manquerait cruellement de considération, toutefois elle ne se souvenait pas d’Ella de manière très favorable, alors c’était probable qu’elle ne l’aime pas, et donc se réjouisse de sa mort prochaine. Très probable; le monde fonctionne ainsi.

Froid et cruel.

Mais au contraire, l’expression d’habitude si joyeuse d’Ella tombe, elle serre la mâchoire, et son regard dérive sur le sol.

« Oh. Bah merde alors. »

Prise de cours, Isaure cligne des yeux, incapable de stabiliser son esprit sur un sentiment. Ca faisait… Chaud au coeur? Plaisir? Mal?
Ella semble être au bord des larmes et Isaure… Isaure a la boule au ventre.

« Je pensais que… Tu sais… Comme il y a toujours des rumeurs sur toi, je me disais que celle-là aussi était fausse. Particulièrement horrible, en plus. Je… Je suis désolée. »

Elle aurait aussi bien pu dire « toutes mes condoléances », l’effet aurait été le même sur l’adolescente. Elle serre les dents, fait semblant que ça ne l’affecte pas, mais l’épée de damoclès s’est abattue sur elle. C’est étrange, cette impression d’assister à son propre enterrement; drôle d’effet, hein?

Toutes mes condoléances. Je suis désolé. Une si jolie enfant, quelle tristesse.

Isaure sourit. Elle va mourir.

« De quoi tu t’excuses? C’est pas comme si c’était de ta faute. »

Ella se mord la lèvre, balbitue quelque chose, peut-être une autre excuse, mais déjà Isaure se lève, rajuste sa jupe, ses cheveux.

« Mais j’apprécie la pensée. Maintenant, excuse moi, c’est si anti-climatique, mais il faut que j’utilise les petits coins. »

La brune lui rend un mince sourire, sans que le coeur n’y soit. Un sourire comme le sien, sans chaleur, sans joie. Gris. Isaure s’empresse de quitter la salle de permanence, filant à travers le couloirs jusqu’aux W.C, le coeur tambourinant dans sa poitrine. Elle ne perd pas plus de temps pour s’enfermer dans l’unes des cabines, appuyant immédiatement son dos contre la porte close et…

Elle va mourir. Comme ça. Bêtement. Sans même avoir considéré se débattre.

Elle va mourir et des gens en seront véritablement attristés.

Oh mon dieu.

Elle va mourir; vraiment, vraiment mourir.

Isaure éclate en sanglots, glissant au sol, les mains sur le visage, et cette boule au ventre qui ne la quitte pas. Elle se sent mal, nauséeuse, faible, tremblante, asphyxiée, mourante. Tout ce qu’elle avait refuser d’admettre se met à présent en forme devant ses yeux et putain, qu’est-ce que ça fait mal.

Elle ne veut pas mourir, elle ne veut pas souffrir, elle ne veut pas de ce putain de cancer, elle ne veut pas perdre ses cheveux, elle ne veut pas devenir laide, elle veut juste vivre, merde!

Qu’a t’elle fait de si mal? Putain de Dieu. Isaure a toujours su que c’était un connard.

Mais si c’est comme ça, au moins, elle ne va pas se laisser faire. Elle n’est pas morte, après tout, et tant qu’elle respire, elle peut se battre.

Ce serait vraiment trop dommage, un si beau visage…



« J’irai faire le traitement. J’irai en septembre. Arrête de pleurer, p’tain. »

Laissez lui au moins un été.



Isaure allonge ses jambes sur le canapé, insouciante de qui elles doivent chevaucher pour se faire; le plus de gens, le mieux, pour être honnête. Personne ne cherche à pousser tout comme elle ne cherche pas à repousser mains et bras qui se posent sur son jean noir. Elle adresse un sourire à Philippe, pose sa tête sur les genoux d’Antoine, obstruant complètement les regards extérieurs qu’on lui lançait tandis qu’elle prenait sa juste position.

Beaucoup n’étaient pas satisfaits de ses actions; rien de bien nouveau, en somme, personne n’était jamais d’accord avec ce qu’elle faisait.

Et elle, elle n’en a rien à faire.

Antoine l’ignore, agit comme si elle n’était pas là, le rustre. Elle tend le bras vers son visage, tire une mèche blonde pour obtenir son attention, et ça ne rate pas. Immédiatement, il lui lance un regard noir et l’espace d’un instant, elle pense qu’il va se lever et la faire tomber; pourtant, il la tolère, bien que visiblement insatisfait par la situation. Isaure lui renvoie un sourire angélique qui n’arrange pas les choses, au contraire.

Elle rit.

« Si tu continues de faire cette tête, tu vas rester bloqué comme ça toute ta vie. »

Enfin, c’est pas comme si elle le verrait.

Visiblement, c’est également la pensée d’Antoine puisque le garçon hausse un sourcil, dubitatif, ouvre la bouche pour la refermer, comme s’il se demandait s’il était acceptable de lui faire une telle remarque. Il opte pour le non, se contentant de rouler de ses yeux bleu comme s’il était plus acceptable de l’ignorer que de lui faire des commentaires sur sa maladie.

C’est idiot; Isaure préférerait le contraire.

Elle aimerait qu’on cesse de la regarder comme celle qui est en train de mourir et qu’on la regarde à nouveau comme la plus belle file du bahut, comme celle que tout le monde jalouse. Elle serre les dents et ferme un peu les yeux, bercée par les rires et la musique de ses camarades de classe (qui ne le sont plus pour longtemps). La fin de l’année sonne la séparation, bien autant que les fêtes; pour beaucoup, ils se verront l’année prochaine, alors vraiment, c’est juste pour s’amuser.

Pour elle, c’est la fin, probablement.

Ca ne l’attriste pas tant que cela, pas encore, pas tant qu’elle est encore la reine; seule dans sa chambre d’hôpital, ça ne sera pas la même chose, alors vraiment, elle n’a pas besoin qu’on le lui rappelle par ces regards furtifs tous plus inquiets les uns que les autres.
Elle ne se sent même pas si mal que cela, vraiment; les symptômes sont discrets. Une toux de si, de là, une douleur parfois, des difficultés à reprendre sa respiration. Mais elle va bien, vraiment.

Elle fait glisser un doigt sur le cou du garçon, y enfonce un ongle jusqu’à ce qu’il lui adresse un nouveau regard noir qui lui permet de lui offrir un large sourire satisfait. Et qu’est-ce qu’elle avait bien pu faire de travers pour s’attirer de tels regards pour de semble touches amicales? Son attitude, sa réputation? Lui avait-elle piqué un crayon par accident? Avait-elle embrassé son meilleur ami alors qu’il avait des vues sur elle? Tant d’hypothèses.

Peut-être qu’Antoine était juste naturellement grincheux, comme ça. Peut-être qu’il ne sait pas quoi faire d’une jolie fille malade et faible qui flirt avec lui. Ah, ces garçons.

Isaure passe à présent sa main dans ses cheveux, tire à nouveau, obsédée par ce manque d’attention, presque vexée. Oh, mais, rien de bien grave, au contraire; elle ne vivait que pour cela, les challenges. Le plus difficile, le mieux. Où se trouve le fun, sinon.

« Arrête ça, » lui siffle t’il, l’air sévère.

Oh, mais c’est qu’il aboie, le petit. Elle sourit, innocente.

« Arrête quoi? »

Tout pour le faire parler. Il fait un bruit de chien battu.

« De me tirer les cheveux. Qu’est-ce que tu veux? »

Qu’est-ce qu’elle veut? Un peu d’affection, l’nounours. Elle gratte le col de son t-shirt, distraitement, évitant stratégiquement de rencontrer son regard.

« Une mèche de cheveux, un baiser, te faire du mal… Dieu seul le sait. »

S’il existait, ouais. En attendant, elle, elle sait. Elle est le Dieu du moment. Antoine fait suivre sa réponse par un autre bruit de chiot frustré.

« T’es chiante, ma parole. »

Oh oui, les compliments, elle ne vit que pour ça. La jeune fille rit, comblée par tant de bonté. Elle n’en demandait pas tant, enfin. Elle croise son regard, sourire en coin.

« Et pourtant, tu me vires pas. Un peu masochiste, hein? J’adore. »

Sur le coup, elle s’attend presque à ce qu’il la pousse violemment sur le sol (croyez le, ça ne serait pas une première; c’est presque plus une routine qu’autre chose), toutefois il n’en fait rien, roulant simplement les yeux à nouveau comme s’il pensait qu’elle était la fille la plus idiote au monde. Tant d’amour, ça fait chaud au coeur.

« Je prends ça pour un oui. J’amènerais un fouet spécialement pour toi la prochaine fois, darling. »

Il est à court de mots, bouche bée, comme atterrer qu’elle ose dire une telle chose à un tel moment sans la moindre gêne, avec autant de gens autour. C’en est presque mignon.

Ô, ce Antoine elle l’aimait de plus en plus.

Il reprend du poil de la bête, se fait digne sous le regard perçant de la demoiselle à qui rien n’échappe, pas même ce regard qu’il fait rapidement glisser sur ses jambes. Elle espère qu’il les aime, elle n’a pas passer sa vie à ne pas manger cette part supplémentaire de gâteau pour qu’on ne les regarde pas.

« Idiote, » marmonne t’il de manière particulièrement convaincante.

Elle rit, enfonce des ongles un peu trop profondément pour que ce soit innocent dans l’épaule du blond. Isaure a toujours sur qu’elle avait bon goût, mais elle s’étonnait encore, voyez-vous. Antoine fronce les sourcils à cette nouvelle agression, toutefois n’en fait aucun commentaire. Peut-être qu’il aime vraiment ça. Peut-être qu’il l’apprécie vraiment. Peut-être qu’il est juste trop gentil pour la virer. Peut-être qu’il a peur de la blesser.

La jeune fille ferme les yeux un instant, repose sa main sur son estomac. Inspire, expire, inspire, expire…

« Antoine.

-Quoi?

-Qu’est-ce que tu penses de moi? »

Elle n’a pas à ouvrir les yeux pour savoir qu’il est clairement pris de court par la question. Il s’attendait sûrement à ce qu’elle lui lance une nouvelle pique pleine d’affection, pas une question de type existentielle aussi sérieuse. Le silence se perd dans le brouahaha de la fête. Quelqu’un se lève du canapé, repoussant délicatement ses pieds qu’elle remet immédiatement en place. Finalement, Antoine commence à s’agiter; une main se pose, volontairement ou non, près de son ventre.

« C’est une question piège? »

La lourde suspicion dans sa voix la fait à nouveau sourire. Oh, allez, elle n’est pas si mauvaise, tout de même. Tout ce qu’elle fait n’a pas pour but de ruiner la vie des autres. Elle rouvre les yeux pour les plonger dans ceux plissés par la méfiance d’Antoine, insistante.

« Non, je suis juste curieuse. »

Il semble se détendre, si son soudain affaissement en était un signe, mais détourne le regard, comme si cela aurait pu influencer son jugement.

« J’sais pas. T’es étrange, pas franchement sympa. T’es chiante, tu te crois au dessus de tout le monde… J’sais pas comment tu te fais des potes. »

Ah, ben ça c’est fait. Bien, bien. Elle ne devrait pas se sentir aussi mal, après tout, ça n’était rien qu’elle ne savait pas déjà. Isaure se sait peu agréable à vivre, elle se sait égoïste et mauvaise de nature, peu aimée, peu appréciée, mais enfin, on lui pardonne, parce qu’elle est belle, n’est-ce pas?

On lui pardonne parce qu’elle va mourir.

Elle serre les dents, ravale ses angoisses à nouveau, s’apprête à se redresser pour aller chercher un verre à descendre lorsque le regard d’Antoine retrouve le sien, rassurant quoi que légèrement tracassé.

« Pourtant j’te déteste pas. J’sais pas pourquoi, mais tu… Je… J’te trouve cool, à ta façon. J’t’aime bien. T’as pas peur de ce qu’on pense de toi, j’admire ç-… »

Trop impatiente, trop impulsive, trop soulagée, elle ne sait pas pas exactement ce qui l’habite, ce qui l’incite à faire ça, mais ce qu’elle sait, c’est qu’Antoine répond à son baiser et ça, c’est tout ce qui compte.

Il passe une main dans son dos, l’attire plus près de lui, empoigne ses cheveux et lui donne le baiser le plus sensationnel qu’elle n’ait jamais eu. Il y a trop de dents qui s’entrechoquent, trop de lèvres qui se brisent les unes sur les autres, ça fait mal au moins autant sinon plus que ça n’est bien, mais c’est tout ce dont elle a besoin. Elle se sent réelle, bien en vie.

Elle n’est plus la petite poupée fragile ainsi serrée contre son torse dans une étreinte presque douloureuse.

Essoufflés, ils n’ont qu’un regard à se lancer avant qu’ils ne se faufilent plus ou moins discrètement à l’étage dans la première chambre qu’ils trouvent (et peu importe les conséquences).

Oubliée la maladie, oubliée la peur; coincé entre le mur et Antoine, jambes liés autour de ses hanches, elle a autre chose à quoi penser.

Et c’est parfait.



« J’ai toujours voulu faire ça, lui avoue t’il, un bras autour de la fine taille d’Isaure au milieu des draps défaits. Toujours. »

Elle lui sourit, presse ses lèvres abimées contre les siennes, main posée délicatement sur sa nuque.

« Je sais. »

Antoine roule de ses beaux yeux bleus, la fait rouler sur son dos.

« Menteuse. »



L’hôpital est grandiose, elle suppose, à la manière d’un hôpital. Beige, gigantesque, presque beau, presque accueillant, mais surtout très loin de chez elle. Toulouse, ça fait une sacré trotte depuis Lyon, au moins 3 heures de train, et bien plus en voiture.

« Mais c’est le meilleur hôpital de France, Isaure! C’est pour ton bien. »

Bien sûr, pour son bien. C’est surtout pratique pour se débarrasser d’elle et avoir une excuse pour ne pas lui rendre visite trop souvent. Elle serre les dents, regard rivé sur le parc dehors tandis que le docteur peinait à lui expliquer comment son traitement aller se dérouler.

L’été s’en était allé bien trop vite à son goût, quelque part entre ses roulades avec Antoine, ses sorties entre ‚amis‘ et l’interminable discours de ses parents. Au final, peut-être qu’aller à Toulouse n’était pas si mal que cela. Au moins, personne ne la verrait dans ses mauvais moments, c’était bien. Elle aurait à jamais l’image de la plus belle fille du lycée pour eux et ses parents lui ficheront un peu la paix.

Et puis, c’était plutôt joli, un bon endroit pour pourrir jusqu’à la moelle, lentement.

Ses parents étaient déjà rentrés, « pour le travail » qu’ils disaient. Ils l’avaient serré contre eux de manière absolument dégoutante et avaient filé comme des voleurs, la laissant seule avec ses bagages et tous ces inconnus qui étaient à présent sa famille, en quelque sorte. Elle allait y rester un moment, apparemment, ici. Le reste du temps, lorsqu’elle serait autorisée à sortir, elle ira chez une amie de sa mère. A moitié chtarbée celle là, mais toujours mieux que la rue.

C’est le beep assourdissant du docteur, un petit homme chauve à l’air épuisé, qui la sort de sa rêverie. Elle entend très nettement un « oh putain, pas encore » avant qu’il ne se lève, l’air excédé. Il lui adresse un petit sourire désolé.

« Il y a une urgence, je dois y aller. Je viendrais vous voir tout à l’heure. L’un des internes va vous conduire dans votre chambre… Ah, tiens, Mathieu, parfait. Emmène mademoiselle Février jusqu’à sa chambre. »

Sur ce, il fourre dans les mains d’un grand blond qui avait le malheur de traîner dans le coin son dossier et détale dans les couloirs comme si sa vie en dépendait. Le garçon, Mathieu, cligne des yeux un instant, regard rivé sur le dossier avant de le poser sur elle, l’air perplexe. Isaure n’en mène pas large, toujours assise face au bureau à présent vide.

Le blond finit par lui adresser un large sourire confus.

« Bon, eh bien… Si vous voulez bien me suivre, je serai votre guide, mademoiselle. »

Elle n’a pas tout à fait l’impression d’avoir le choix en réalité, c’était ça où elle risquait de mourir affamée perdue dans un des interminables couloirs. Et puis, honnêtement, elle avait vu pire guides. Bien, bien pire, pour ne pas dire que l’interne est une belle pièce de steak.

Isaure sourit et se lève, replaçant au passage une longue mèche châtain derrière son oreille - autant en profiter, tant qu’elle en avait encore. Elle lui emboîte le pas tandis qu’il plisse les yeux pour lire son dossier. Elle l’entend marmonner un numéro de chambre, quelque part dans les milles, le sien, probablement, puis à plus haute voix, les mots fatidiques.

« Cancer des poumons, hein? Pas cool. »

Il lui fait une grimace attristée comme si cela pouvait l’aider à se sentir mieux. Les médecins sans tac, ça existait donc bien. Isaure hoche vaguement la tête, se mordant la joue pour ne pas faire une remarque piquante. Il sourit à nouveau, manque de se prendre une infirmière de plein fouet avant d’insister pour prendre le relais et traîner sa valise à sa place.

Ils marchent un instant en silence avant qu’il ne reprenne la conversation, apparemment peu fan des longs silences.

« Alors, tu viens de Lyon? C’est plutôt loin, non? »

Elle hausse les épaules, regard rivé sur les chambres qui défilaient sur leur passage. Tiens, il a rapidement laissé tomber les « vous », sans doute l’impression de proximité. Il n’a pas l’air bien vieux après tout, peut-être 23 ans au maximum. Il devait être un des garçons intelligents et beaux que tout le monde déteste.

« Ma mère dit que c’est le meilleur hôpital.

-Ooh, oui, oui, c’est vrai. On est plutôt doués. Tu seras bien traitée ici. »

Autre sourire sympathique auquel elle répond par une grimace s’apparentant à un sourire de remerciement. Il a l’air pensif un instant, yeux hazels rivés droit devant lui. Il appuie sur le bouton de l’ascenseur et Isaure est vaguement impressionnée par la grandeur de l’endroit.

« Ca va bien se passer tu sais. On a de très bon cancérologues, la nourriture n’est pas si horrible que cela, le cadre est plutôt cool… Tu vas t’en remettre vite et bientôt, ce ne sera qu’un mauvais souvenir. »

Il entre dans l’ascenseur presque vide et elle hésite un instant avant d’entrer, yeux clairs posés sur lui, tristes et amers.

« J’espère. »

Mathieu lui sourit.

Un peu d’espoir et de soleil ne peut pas lui faire plus de mal.



« Au fait, je peux t’appeler Isaure? J’ai l’impression qu’on va se voir souvent, autant rendre ça plus simple.

- Wow, on en est déjà aux prénoms? T’es un rapide en besogne. »

Le blond agite ses sourcils, malicieux, avant de lui faire un clin d’oeil, arrêtant momentanément de vérifier si tout est en ordre dans sa chambre. Le lit d’à côté est vide pour l’instant, mais probablement pas pour longtemps.

« Toujours avec les jolies filles. Alors?

- Laaame. Mais ok. Je peux t’appeler Mathieu? »

Il grimace, passe un main dans ses cheveux blonds - comme la paille, sauf que la paille, ça n’a pas l’air aussi doux, ouais.

« Je préfèrerai que tu m’appelles Killian, parce que là, c’est comme si je t’appelais Février à longueur de temps.

- Attends, tu t’appelles Killian Mathieu? », fait-elle, interpellée, avant d’éclater de rire. « Oh mec, c’est trop bon. »

L’interne lui tire la langue comme un enfant, croisant les bras sur sa poitrine.

« La ferme Février. Sur le coup, tu peux pas te moquer, hein. »

Elle lui tire la langue en retour.



L’hôpital, c’est nul. Il y a rien à faire.

Au bout d’une semaine, Isaure était déjà fatiguée de lire ou de regarder la télé.

Au bout d’un mois, c’était la chimio qui la fatiguait plus que tout.

Au bout de deux, elle avait commencé à errer dans l’hôpital, et, la magie de l’ennuie, même à parler aux gens.

Killian venait parfois, mais moins souvent qu’elle ne l’aurait espéré, alors elle avait progressivement décidé qu’il valait mieux faire chier les autres que de se faire chier, et ainsi débutait son tout de l’hôpital.

Il y avait Anaïs, l’infirmière qui s’occupait d’elle la plupart du temps. Très gentille, trop gentille parfois. C’était une femme rondelette à la peau foncée et à l’accent chanteur. Elle aimait prendre soin des gens, ça se voyait. Elle lui souriait tout le temps et Isaure avait finit par l’apprécier.

Luc était un homme âgé, dans les 70 ans. Lui, c’était le cancer du foie. Il riait et lui disait qu’il avait trop profité de la boisson dans sa jeunesse, et qu’il payait maintenant. Il pleurait pour elle parce qu’elle n’avait pas profité mais encaissé. Il aimait lui raconter des histoires et elle aimait l’écouter parler pendant des heures de sa femme, Jeanne, qui venait le voir tous les jours lorsqu’il ne pouvait pas repartir chez lui.

Leo n’avait que 8 ans. Elle ne le voyait pas beaucoup parce qu’ils n’étaient pas le même pôle, et c’était bien malheureux parce que de tous, il était son petit préféré. La leucémie l’accablait et pourtant, il ne perdait jamais son sourire. Isaure l’admirait, le bonhomme.

Et puis il y avait Olivia, une fille de son âge qui venait rendre visite à son père au moins 3 fois par semaines. Olivia et elle ne s’entendaient, mais c’était ce qui lui plaisait. Elle se retrouvait un peu dans son environnement avec ses piques et ses grands sourires. Visiblement, Olivia avait aussi un truc pour les insultes puisqu’elle revenait toujours.

Il y avait aussi Pierre, Soren, Louise, Julien, Robert, Johanna…

Au bout de presque 4 mois, ils étaient presque comme une famille qu’elle n’avait jamais eu. Isaure en devenait presque une guimauve et ça, c’était mauvais, horrible, inadmissible.

Elle devait reprendre du service.



Sa première rencontre avec Arnaud fut un fiasco total, probablement.

Sa première impression de lui, en revanche, était qu’il était parfait pour la remettre en forme.

C’était un mercredi de janvier agité. Il neigeait et tout le monde courrait dans tous les sens sous les pupilles ennuyées d’Isaure, qui elle, était tout sauf agitée. Elle n’avait pas de quoi l’être, elle ne travaillait pas, elle. Ou quoi que ce soit. Elle avait lu une heure, s’était lassée et observait à présent le monde sur sa petite chaise de visiteuse.

Et puis il a déboulé, son sauveur. Elle l’a tout de suite su. Il avait cette tête de chien battu devenu amer et insomniaque. Surtout insomniaque. Cheveux noirs tombant pêle-mêle sur son visage, yeux verts qui, dans une autre vie, avaient dû être fantastiques, éteints et fatigués. Il avait l’air en colère contre le monde. Pour faire simple, il avait un petit air d’espresso bien trop corsé, le truc immonde que l’on prend le soir avant un exam pour que ça nous empêche de dormir.

Eh bien c’était lui, Arnaud, l’espresso en fauteuil roulant.

Sans doute que le fait qu’il était couvert de coupures et de bandages et en fauteuil accentuait beaucoup cet effet, mais avec plus de recul, elle peut affirmer qu’Arnaud est juste toujours comme ça. Il est né avec un visage mécontent. Il était juste plus beau avant, pauvre chose.

Moins cassé. Moins amer.

Une infirmière essayait tant bien que de mal d’établir la conversation, chose qu’il refusait catégoriquement, signalant son honnête désintérêt par des haussements d’épaules et froncements de sourcils.

Isaure l’observe un moment avant d’oser s’approcher. Pas de peur de l’homme en personne. De peur d’elle-même. De peur d’avoir perdu la main, d’avoir oublier comment parler à des gens comme Arnaud. De peur qu’il la blesse avec un simple mot, qu’elle fonde en larme à la première remarque sur ses cheveux qu’elle commençait à semer un peu partout.

Puis l’infirmière s’éclipse, le laissant seul face à la fenêtre comme le gros drama-queen emo qu’il est, et Isaure sauta sur ses pieds, saisissant cette inespérée occasion d’au moins ne pas se ridiculiser devant plus d’une personne. Elle rajuste machinalement son bonnet noir, élimine la distance entre eux et, sans même attendre une seconde, se lance dans la gueule du loup.

« J’espère que tu comptes pas te jeter par la fenêtre, je l’aime bien celle là. »

L’espace d’un instant, elle eu l’impression qu’il allait se casser la figure vu le bond surhumain qu’il fit dans sa chaise roulante. Celle-ci roule, vacille, tangue, et ce jusqu’à ce qu’Isaure la stabilise d’une main ferme.

« Oh, wow, je sais que je suis renversante, mais quand même. »

Même en pyjama ridicule et quelques cheveux en moins, oui, elle est toujours canon, on le lui dit tout le temps.
Le garçon, le visage tordu dans une expression à mi-chemin entre l’incompréhension, le dégoût et l’emo-itude, lui lance un regard noir, les mains crispées sur les roues du fauteuil. Enfin, une main crispée, l’autre étant en écharpe contre son torse. D’ici, il semblait en encore plus mauvais état et Isaure eu pitié de lui; il ne devait pas passer un très bon moment ici.

« Qu’est-ce que tu veux? » est sa seule fantastique réponse, butée et vénéneuse, comme si elle venait de le réveiller en plein milieu d’un plaisant rêve. Surprise, elle manque d’éclater de rire, là, sans raison apparente; mais mon dieu, des grincheux comme ça, on n’en faisait plus.

Isaure a un peu l’impression d’être en présence d’un café édition limité extra-amer.

« Quelqu’un s’est levé du mauvais pied ce matin, hein? » fit-elle avant de laisser son regard retomber sur la chaise roulante. « Enfin, façon de parler, tu saiiis. »

Si l’on pouvait tuer d’un regard, Isaure serait morte sur le coup. Cependant, un regard n’a, jusqu’ici, tuer personne, et elle n’était pas prête à tester. Elle sourit, innocemment.

Bon, elle le méritait, ce regard; s’était relativement de mauvais, surtout que, pour ce qu’elle en savait, le garçon aurait très bien pu ne jamais pouvoir remarcher de toute sa vie, et de ce fait, sa petite blague aurait été particulièrement cruelle.

Mais enfin, se dit-elle en rejetant une longue mèche châtain derrière son épaule, il l’avait bien cherché. Ca lui apprendra à être aussi désagréable, le bougre, alors qu’elle ne faisait que gentiment s’inquiéter pour son bien être. Où va le monde, je vous le demande.

Son regard évocateur lui fait comprendre qu’il n’ajoutera rien de plus, alors elle se porte volontaire pour continuer de se lier d’amitié avec mister trop dark.

« Alors, que t’arrive t’il? Problème de coeur? La société t’as insulté? La roue de ton fauteuil fait du bruit? Dis moi tout. »

Visiblement, il ne va pas lui raconter sa vie et lui déballer tout son sac. Curieux, vraiment. Elle n’aurait pas hésité un instant à tout raconter à une inconnue particulièrement insultante, peut-être que ça lui clouerait un peu le bec. Mais le brun, lui, ça n’a pas l’air d’être son délire. Rien n’a franchement l’air d’être son délire, honnêtement. Il détache son regard noir de sa stature pour le reposer sur la fenêtre, faisant tout simplement comme si elle n’existait pas, expression tordue comme s’il y avait une tâche sur la baie vitrée qui le dérangeait.

Sauf que la tâche, c’est elle.

Isaure sourit de plus belle; c’est qu’ils allaient bien s’amuser, tous les deux!

« Pas bavard, hein? Ou ton vocabulaire est trop limité, peut-être. J’ai du temps, je peux t’apprendre, s’tu veux. A vu d’oeil, tu sembles avoir pas mal de temps devant toi aussi. »

Elle l’entend très clairement soupirer, comme excédé - probablement excédé, d’ailleurs.

« Casse toi, p’tain. »

Woow, le vilain. Terriblement offensée (et elle le fait savoir par un grand geste théâtrale et une longue inspiration bruyante), la jeune fille croise les bras sur la poitrine, se plaçant stratégiquement en face du garçon, qui n’a d’autres choix que de lever les yeux s’il ne voulait pas paraître indécent (gentleman).

« Première leçon: c’est très malpoli et mal vu de dire ‘casse toi’ à une jolie jeune fille qui vient gentiment prendre des nouvelles! Et il ne faut pas dire de gros mots, ça n’est pas bien. »

S’il lui avait roulé sur les pieds, elle aurait tout à fait compris. Mais il se contente de la fixer de ses petits yeux foncés fatigués - à l’époque déjà, l’on avait du mal à y déceler la couleur-, le visage livide vide d’expressions. L’espace d’un instant, elle a l’impression qu’il va tomber dans les pommes. Heureusement, cela n’arrive pas et le brun lui répond de sa voix la plus monotone:

« Tu m’saoul grave, t’sais? »

Elle sait, comme son large sourire satisfait le laisse entrevoir. Le garçon soupire à nouveau, ferme les yeux, l’air soudain très fatigué.

« Je me suis fait renversé par une voiture. Voilà, contente? »

Elle s’en doutait, honnêtement; difficile d’obtenir de tels blessures autrement, il fallait que ça aille quelque chose à voir avec les voitures. Ca devait faire mal.

« C’est con, fait-elle, l’air amusé. Elle ne t’a vu parce que t’étais ‘trop dark’ ou…? »

Cette fois, il ne répond pas, toutefois sa main se crispe sur son fauteuil, et Isaure se dit qu’elle a peut-être été trop loin. Mais comment aurait-elle pu savoir? Elle a le cancer, elle ne s’est pas faite renverser par une saleté de bagnole. Aurait-ce été préférable? Voir l’état du garçon ne lui faisait pas vraiment envie, mais à moins qu’il n’ait des séquelles à vie, il ne sera pas comme ça pendant très longtemps.

Elle, l’hôpital, c’est déjà sa maison; Isaure lisse une de ses longues mèches châtain.

Sa réponse, elle ne l’aura pas, pas dans l’immédiat en tout cas, puisque déjà, l’infirmière arrive en trottinant. Courte promenade, hein.

Ce n’est qu’en le voyant s’éloigner qu’elle se souvient qu’elle ne connait même pas son nom. Elle hésite à lui courir après, avant de juger cela inutile; elle allait probablement le voir traîner un ou deux mois de plus, elle aura donc tout le temps d’aller l’ennuyer.

Et elle l’eut, le temps. Elle eut même beaucoup trop de temps, puisqu’Arnaud, pauvre de lui, ne repartirait pas de sitôt.

Si un jour il repartait.


« J’ai voulu sauver le chien de mon frère, lui confit Arnaud, quelques jours plus tard, mais j’ai été trop lent, j’imagine, et je me suis pris la voiture. »

Isaure ne pu s’empêcher d’hausser un sourcil, amusée et intriguée. Arnaud ne lui avait jusqu’alors jamais semblé comme le type de garçon qui sauterait devant une voiture pour sauver quelqu’un, et encore moins un chien.

L’on en apprenait tous les jours.

« J’espère au moins que le chien va bien, à ce tarif là.

-Ben, en fait, il est mort.

-Ah. Bah bravo l’artiste, hein. »

Il n’avait jamais eu de chance, le pauvre.



Killian avait pris la mauvaise habitude de passer ses pauses déjeuner affalé sur le lit désespérément vide à côté du sien.

Elle ne savait même pas s’il avait le droit, mais honnêtement, elle n’allait pas s’en plaindre.

Au début, ça n’était vraiment que pour le déjeuner, sauf que progressivement, il commença à venir pendant ses trous pour s’y allonger, parfois pour la taquiner, parfois encore pour y faire une mini-sieste. Et il venait de plus en plus souvent, si bien qu’Isaure avait commencé à lui faire payer un loyer, et c’était ainsi que se constituait, doucement mais sûrement, sa collection de bonbons en tous genres. Ca non plus, elle n’était pas certaine que c’était tout à fait autorisé, toutefois personne ne fit jamais de commentaires.

« T’as pas d’amis ou quoi? »

La question doit bien sortir un jour. C’était la troisième fois de la journée que le garçon venait se jeter sur le lit (elle commençait à suspecter qu’il n’y avait personne dans ce lit parce qu’il le louait), et probablement pas la dernière. Killian rit, pivotant sur le lit pour lui faire face, tête à moitié plongé dans l’oreiller. L’idiot a l’audace d’avoir l’air franchement adorable. Isaure ressent la soudaine envie de l’asphyxier avec un oreiller. Il a beau avoir l’air fatigué, à côté d’elle, il ressemble à un demi-dieu.

« Bien sûr que si! Regarde, je t’ai toi. »

Rien ne peut décrire l’expression qui se dessine sur son visage, ni ce qu’elle ressent; ça n’a rien de flatteur ou de flatté, en tout cas. L’asphyxie lui semble de plus en plus comme une option de self-defence. Et l’interne éclate à nouveau de rire et Isaure a envie de lui arracher ses beaux yeux pétillants de joie.

« Oh, alleeeez quoi, Isaure! Je suis pas ton ami? »

Son jeu de sourcil est ridicule et la jeune fille roule des yeux. Quel garçon fatiguant. Killian, c’est typiquement le mec qu’on trouve fantastiquement beau jusqu’à ce qu’il ouvre la bouche. Et ne la ferme pas.

« On est pas amis.

-Eh. »

Il fait la moue - putain, mec, t’as pas cinq ans-, s’assoit sur le lit, regard rivé sur elle.

« Je suis offensé, moi qui nous pensait soudés comme les doigts de la main. Alors, on est quoi?

-Umh… »

Ils sont quoi? Deux pauvres connards, probablement. Enfin, une connasse et un mec qui doit saouler tout le monde. Deux belles gueules. Ils sont quoi? Franchement. Il est fatiguant.

« Tu es le locataire, je suis la propriétaire. »

Killian pouffe de rire face au sérieux de sa réponse tandis qu’elle croise les bras sur la poitrine, yeux bleus rivés sur le visage du garçon. Elle aurait sourit si elle ne s’était pas sentie aussi fatiguée.

« Bien, mademoiselle, finit-il par dire, souriant. Ca me laisse de l’espace pour évoluer. »

Elle lève les yeux au ciel, secoue la tête, puis se cale confortablement sur ses oreillers - qu’elle possède en nombres puisque son nouveau hobbit consistait à piquer tous ceux qu’elle pouvait - et ferme les yeux, l’air décidée.

« La ferme ou je loue le lit à quelqu’un d’autre. »

Elle entend un vague pouffement, le lit qui craque à côté d’elle, quelques bruits de pas, puis soudain, la sensation du main sur sa joue, quelques secondes; elle a à peine le temps d’entre-ouvrir les yeux qu’elle est déjà partie et Killian s’empresse de justifier son geste, l’air vaguement embarrassé.

« Tu avais un cil sur la joue, je l’ai enlevé. »

Eh, manquerait plus qu’elle perde ses cils en plus de ses cheveux.

« Repose toi bien, princesse.

-Casse toi, balbutie-t-elle vaguement, sentant déjà le rouge lui monter au joues à cause du nouveau surnom, et ne revient pas. »

Killian étouffe à nouveau un rire; comme s’il allait l’écouter.

Comme si elle voulait qu'il l'écoute.


Isaure Février ✂︎ ❴ Mais mon avenir reste gris A09af13bd8080952e477094fccd638cc
     
Isaure Février ✂︎ ❴ Mais mon avenir reste gris 2de0741e9a1a621ee67d9da6d7da6c36
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Isaure Février
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Isaure Février

En bref

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Histoire


Arnaud a toujours de la visite.

Isaure est honnêtement impressionnée; parfois, elle fait tout le chemin jusqu’à sa chambre pour se rendre compte qu’en fait, il y a foule, et donc faire demi-tour. En même temps, Arnaud était dans son élément, à Toulouse, alors forcément, il devait y avoir toute sa famille et amis et… Bref, beaucoup de gens. Elle avait beau ne pas croire en ses capacités de socialisation, elle ne pouvait ignorer les faits. A côté d’elle et des quelques visites de l’interne, il n’y avait pas photos.

C’est bien pour lui, elle imagine, mais ça ne le rend pas pour autant plus lumineux dans la vie de tous les jours, alors c’est une grande surprise de l’entendre éclater de rire - elle pense même l’avoir halluciné un instant, toutefois pas d’erreur possible, elle avait vérifié.

Choquée, bouche bée, elle planifie de faire demi-tour avant de se prendre un petit garçon hilare de plein fouet dans les jambes, et, bien sûr, de se casser royalement la figure.

Ah, les jambes, c’est plus ce que c’était.

Et Arnaud, le traître, rit encore plus fort. Elle espère que ses côtes lui font bien mal.

« Oooh, pardon mademoiselle! Je t’avais pas vu! Ca va, mademoiselle? »

Le petit garçon aux cheveux noirs lui adresse un large sourire auquel quelques dents manquent à l’appel, et franchement, qui pourrait rester insensible à cette petite chose adorable. Isaure n’est pas sans coeur à ce point. Elle ouvre la bouche pour répondre avec un petit sourire tout en se redressant lorsqu’Arnaud l’interromps, clairement amusé par la situation.

« Tu devrais plutôt demander au sol s’il va bien. »

Wow, bitch. Elle lui fait un doigt d’honneur dès que le petit lui tourne le dos, avant de se rendre compte qu’Arnaud n’est pas seul dans sa chambre. Une femme lui lance un regard interloqué, puis un sourire attendri. Elle tape légèrement le mourant sur le bras.

« On ne dit pas ça à une jeune fille, enfin! Je me rappelle pas t’avoir élevé comme ça. »

Ah, la mère; il y a bien un petit air de ressemblance, si ce n’est qu’elle a l’air beaucoup plus en joie que son fils. Isaure se relève - avec l’aide qui n’en était pas vraiment une du petit garçon-, tapote ses fesses endolories.

« Sans vouloir vous offenser, je pense qu’il y a une grande partie d’éducation à refaire chez lui. »

La mère d’Arnaud rit et lui affirme qu’elle n’est pas du tout offensée; elle confirme même, sous les protestations de son grand fils.

Ils ont l’air d’être une jolie famille, proche et aimante; elle s’admet jalouse. Ses scènes de famille à elle, c’est un père qui cri et une mère qui pleure. Elle ne se souvient pas de beaucoup plus agréable, honnêtement. Si c’était ça, l’amour, elle n’en voulait pas.

« Tu t’appelles Isaure, c’est ça? »

La mère d’Arnaud lui souriait doucement, une main doucement posée sur les épaules de son petit dernier qui s’était mis à jouer avec une voiture sur le bras de son frère. Isaure hésite un instant à la porte avant d’entrer dans la chambre, se tenant malgré tout le plus loin possible du malade et de sa famille, comme de peur de tout ruiner par sa simple présence.

« Oui, c’est ça. Isaure Février.

-Arnaud me parle beaucoup de toi.

-Oh, vraiment? » Elle hausse un sourcil, lançant un regard amusé au garçon qui roule des yeux. « J’espère qu’il ne vous raconte que des bonnes choses.

-Oh, je ne sais pas si Arnaud est vraiment capable de dire des bonnes choses, il est un peu constipé sociale-

-MAMAN! »

Les deux femmes éclatent de rire tandis que le jeune homme fulmine de son lit, les oreilles rouges.

« Tu sais, c’est pas comme si je ne le savais pas, Arnaud. Pas besoin d’être embarrassé.

-Nyananana, t’as pas d’autres trucs à faire?

-Quand est-ce que j’ai quelque chose à faire?

-…C’est vrai. »

Sa mère lisse les cheveux de son jeune fils, souriante.

« Je suis contente que vous vous entendiez si bien, tous les deux. »

Arnaud fait une grimace qui signifie clairement qu’il ne pense pas la même chose. Isaure, elle, garde un sourire poli et amusé; elle aussi en est plutôt heureuse. L’aventure serait bien ennuyante sans l’autre pour lui ronchonner dans les oreilles.
La femme - Jeanne- entreprit de lui raconter deux ou trois anecdotes sur son fils -qui avait l’air aussi heureux qu’une porte de prison- lorsqu’un grand homme aux cheveux blonds fit son entrée. A côté de lui, ils ont tous l’air particulièrement ridicule; le contraste était si impressionnant qu’Isaure cru que l’homme c’était trompé de chambre. Mais non, il entre, souriant, les bras chargés de viennoiseries et boissons chaudes.

« Votre livraison est arrivée, fait-il d’une voix forte qu’elle imagine être sa voix normale. Oh, nous avons un nouveau membre? »

Ses yeux bleus chaleureux et son large sourire eurent vite fait de la mettre en confiance; et lorsque le petit Grégoire se jette sur lui en hurlant ‘papa’, elle a presque envie de faire la même chose. A la place, elle lance un regard interloqué à son camarade et, tout en pointant le grand messieurs, lui demande à mi-voix:

« C’est ton père? »

Le garçon rit, moqueur, croisant les bras sur sa poitrine, tandis que l’homme lui propose une viennoiserie, souriant.

« Je suis son beau-père.

-Et le père de Grégoire.

-Oh. »

Oh. Là, elle voit un peu plus la différence: le grand sourire, les yeux bleus pétillant et une attitude accueillante… Pas que Jeanne n’a pas l’air adorable et très gentille, mais… L’impression n’est définitivement pas la même.

Elle prend timidement un croissant et se laisse entrainer par Grégoire qui s’assoit sur ses genoux et lui promet de partager son chocolat viennois avec beaucoup de bonne foi.

Okay. Okay. Isaure n’est définitivement pas sur le point de pleurer. Pas du tout. Elle a juste. Beaucoup d’eau en trop dans la région des yeux.

« Ca ne va pas, Isaure? » finit par lui demander Amaury, le beau-père, l’air inquiet.

Isaure renifle bruyamment, se mordillant la lèvre, soudain un peu trop consciente des regards posés sur elle et des larmes qui roulent sur ses joues.

« Ah! Pourquoi tu pleures! Il ne faut pas pleurer, Isaure! Joie! »

Sur ces mots pleins de sagesses, Grégoire lui fout à moitié le doigt dans l’oeil en essayant d’essuyer ses larmes avec sa serviette pleine de miettes. Elle rit, l’aidant vaguement dans sa tâche.

« Je pleure parce que je suis heureuse, dit-elle doucement. Ca arrive, parfois.

-T’es zarb, Isaure, réplique t’il, sourcils froncés.

-Ah! Tu vois, c’est ce que je répète tout le temps, mais personne me croit!

-Tu es pire, Arnaud.

-Es-tu vraiment ma mère. »

Il lui apparut alors qu’Arnaud bataillait avec sa mère et son demi-frère sous le regard bienveillant d’Amaury, que toutes ces années, elle avait eu une définition bien erronée d’une famille.



« Je peux te poser une question?

-Tu en poses dé-…

-ja une, nanana. Bref. C’est juste que c’est un peu indiscret. »

Isaure pose sa console sur le lit, accordant sa pleine attention au brun qui semblait sur le point de se jeter par une fenêtre. Ah, non, ça, c’était normal.

« Si tu veux savoir ma taille de soutif c’est-

-Non ! Je voulais juste savoir à propos de ta famille! Vu que t’as pleurer l’autre jour, je me disais…

-Ugh. On ne parle pas de ce jour. J’étais faible, okay. »

Il roule des yeux à nouveau et Isaure lisse une mèche de cheveux qui sort de son bonnet, devenu accessoire essentiel de mode, même en mai. Elle soupire, tapote des doigts sur ses jambes.

« Il y a pas grand chose à dire. On n’a juste jamais été très uni. Je crois que mon père voulait pas de gosse, donc ça le saoul que je sois là. Et ma mère est… Je suis là quand ça l’intéresse, tu vois, fait-elle avec un vaste geste comme pour illustrer son propos. J’entends plus souvent mon nom dans les disputes que dans la vie de tous les jours. »

Arnaud n'a ni l’air choqué, ni particulièrement impressionné ou attristé. Il hoche vaguement la tête, regard posé tranquillement sur elle.

Le silence retombe et elle s’attend à ce qu’il change de conversation ou ne la reprenne tout simplement pas, toutefois elle est surprise lorsque sa voix s’élève à nouveau, douce, pensive.

« Il y a eu pas mal de disputes par chez nous aussi, quand j’étais jeune. Mon père avait une affaire avec une autre depuis un bout de temps; au début, ma mère voulait qu’il reste quand même, pour mon bien. Quelle connerie. Ca a duré des années, jusqu’à ce qu’il parte enfin rejoindre son amante et sa fille. J’te raconte pas le soulagement. »

Elle répond à son maigre sourire, jouant distraitement avec ses draps, peu habituée à ce genre de discussions sentimentale. C’était… Intéressant? Touchant? entre les deux? Quoi qu’il en soit, elle n’était pas insensible. Arnaud qui se livre à elle, c’est de l’inédit.

Peut-être bien qu’elle en est un peu heureuse.

« Tu le vois toujours? Ton père, je veux dire.

-Oh oui, grogne-t-il, un peu trop même, à mon avis. Il vient parfois à l’hôpital aussi. Il insiste pour que je me lie d’amitié avec sa fille. »

Il grimace, amer. Visiblement, la jeune fille n’avait pas une grande place dans son petit coeur noircit.

« Elle est si horrible que ça?

-Inès? Non. J’imagine qu’elle est décente.

-Pourquoi la grimace alors?

-Je crois que tout ce qui a un rapport avec mon père me fait grimacer. »

Pauvre fille; elle n’était pas tombée sur un demi-frère bien aimable.

« Tu crains.

-TU crains.

-Je l’ai dit en première. Tu crains plus.

-Wow, t’es en primaire ou quoi là. Bouse de vache. »

Dit-il.

Isaure roule des yeux, déjà plus à l’aise. Parler de famille lui donnait la migraine; les discussions profondes de ce genre, ça n’était définitivement pas pour elle.

« Sinon, c’est quoi ta taille de soutif? »

Elle lui jette un oreille à la figure.

--

Arnaud n’a pas pleuré.

Il n’a rien dit non plus.

Il n’a rien eu à dire.

Le transfert de département avait raconté tout ce qu’il y avait à raconter.

Isaure ne sait pas si c’est une chance qu’il ait eu cet accident qui a permis un diagnostique rapide, ou bien de la pure malchance d’ainsi tout empiler.

Il n’a rien dit.

Il ne s’est même pas plaint.

Quel crétin; c’était pourtant une si bonne occasion.



Killian et Arnaud ont le chic pour s’éviter.

Isaure n’a aucune idée de comment ils font pour être aussi bien accordés pour ne pas se rencontrer, cependant elle admet que c’est remarquable.

Au début, elle pensait qu’il ne s’agissait que d’une étrange coïncidence, seulement voilà, au bout de trois mois, ça avait commencé à être un peu trop gros pour être le simple hasard. Honnêtement, elle ne comprenait pas pourquoi les deux persistaient à lui dire qu’il n’y avait aucun problème alors que cela se voyait comme le nez au milieu du visage: quelque chose n’allait pas entre eux.
Ca ne l’avait jamais dérangé auparavant, que deux personnes avec qui elle est amie ne s’entendent pas; alors peut-être que c’est l’hôpital, parce que c’est franchement trop évident ou parce que, elle l’admet, elle est vraiment attachée aux deux garçons, mais ça la dérange. Beaucoup.

Un jour où Arnaud prétend qu’il a un examen alors que Killian pointe son nez, elle les chope tous les deux et les assoit sur le lit d’en face. Bras croisés, sourcils froncés, elle jauge ses amis, aussi sérieuse que furieuse. D’ici, le contraste est impressionnant et elle peut presque comprendre Arnaud. Si, d’ordinaire, Killian est resplendissant, à côté d’Arnaud, il a l’air d’être le putain de soleil, sans rire. Pauvre garçon; elle se sentait presque mal de l’avoir ainsi collé à côté de son opposé. Killian, lui, n’a aucune excuse pour avoir l’air si mal à l’aise, à part le simple fait d’être assis à côté du garçon trop dark du quartier. Elle le comprend, parfois elle aussi, elle se sent mal.
Le pauvre, le destin semble le détester.

« Bon, les deux crétins là, vous allez m’expliquer le problème, vous expliquer et arrêter de vous fuir comme la peste ou je dois en prendre un pour taper sur l’autre? »

L’idée est plaisante et elle est certaine qu’Arnaud ferait une très bonne batte de baseball.

Killian semble au moins aussi à l’aise que la fois où il avait dû annoncer un décès à une famille. Magnifiques souvenirs. Le brun, lui, reste égal à lui même: de mauvais poil.

« Uh, Isaure… Il n’y a vraiment pas de problème tu sa-…

- Ummmh, est-ce que vous sentez cette odeur? dit-elle tout en faisant mine de sentir l’air. Ah, la douce odeur du mensonge… »

Le prochain qui essaie de lui mentir, elle l’asphyxie avec un oreiller. Arnaud grogne.

« Je l’aime pas, c’est tout.

- Ah ouais?

-Ouais. »

Regard planté dans celui fuyant d’Arnaud, elle se retient de lui tirer les cheveux. Mais quel… Bon, en même temps, c’était probablement vrai.

« C’est une raisonnable explication, fait-elle avant de se tourner vers Killian qui lissait sa blouse avec fausse nonchalance. Et toi alors?

-Je ne l’évite pas.

-Bip bip! Mensonge.

-Euh… Je ne l’aime pas? »

Elle laisse s’échapper un long soupir de désespoir avant de se saisir de la tête d’Arnaud et de Killian pour les entrechoquer violemment ensemble.

« Bande d’imbéciles, articule-t-elle avec difficulté au milieu des plaintes. Je suis pas complètement conne, ça allait plutôt bien jusqu’ici, alors s’il y a un problème, démerdez vous mais je ne veux voir aucun des deux avant que vous n’ailliez trouvé une solution. Point. Maintenant, barrez vous. »

Killian lance un regard nerveux à Arnaud qui le fusille littéralement du regard avant de reposer ses yeux sur elle.

« Mais je suis un médec-…

-Rien à faire. Trouvez un compromis et arrêtez de vous éviter, merde.

-Ma-… »

Killian n’a pas le temps de finir sa conversation qu’Arnaud l’a déjà chopé par le bras pour l’entraîner dans le couloir, maussade.

« Ca sert à rien de parlementer avec elle, crétin, elle est plus têtue que quinze ânes. »

Offensée, elle jette un oreiller à Arnaud, oreiller qui manque sa cible d’au moins 1 mètre.



Au final, elle n’entendit jamais la raison de la discorde, toutefois quelques heures plus tard, les deux étaient en train de se disputer le lit comme des gosses de 10 ans. Bien qu’Arnaud était toujours aussi aimable - mais vraiment, c’est juste comme il est -, au moins, les deux supportaient à présent de rester dans la même pièce, alors elle supposait que c’était plus ou moins réglé.



Un peu trop bien réglé même.



Killian est venu lui rendre visite. Rien d’étrange en soi, bien sûr, Killian est pratiquement aussi souvent dans sa chambre qu’il n’est dans la chambre d’un autre patient. Non, ça n'est pas ce qui est à marqué d’une pierre blanche. C’est le moment qui est étrange; le jour, pour être plus exact.

Qu’il lui rendre visite pendant ses pauses, elle y est habituée; qu’il lui rende visite pendant ses jours de repos, c’est une autre histoire.

Elle ne comprend pas le délire, franchement. Peut-être qu’il aime juste vraiment beaucoup l’hôpital; peut-être qu’il n’a juste pas d’amis. Le soleil brille fort dans le ciel et lui est assis sur la chaise à côté d’elle en train de lui raconter l’histoire de son pote le chirurgien qui s’est fait aspergé par la machine à café juste le jour d’avant.

Et elle, bêtement, elle rit. L’histoire n’est même pas si drôle, duh.

Ils parlent, ils parlent, parlent encore et encore sans s’en fatiguer; ils se chamaillent, ils rient, ils s’amusent. Ils font une balade dans le parc, Killian court lui acheter un smoothie lorsqu’elle en réclame un et…

Isaure ne comprend pas.

Elle fixe les feuilles d’arbres qui s’agitent sous la brise tandis qu’un silence confortable s’installe; leurs petits doigts se touchent sur le banc. Mais elle se demande. Elle demande.

« Killian, qu’est-ce que tu fais là? »

La question semble le prendre au dépourvu; il rit.

« Quelle question! Je suis avec toi. »

C’est cliché - elle déteste les clichés- toutefois elle ne peut pas l’inventer, le coeur qui bat plus fort et l’estomac qui se tortille.

« C’est ton jour de repos, c’est idiot de le passer comme ça, non?

-Ummh…(il fait la moue), peut-être, mais honnêtement, je me voyais pas ailleurs. J’avais juste envie d’être là. »

Il glisse son petit doigt sur le sien, serre doucement. Ils échangent un sourire.

« Pourquoi, tu veux me virer? »

Elle roule des yeux, sourire en coin. Elle serre.

« Bof, t’es pas un si mauvais paysage. »



« C’est pas mon anniversaire » est la première - et incroyablement naturelle - réaction d’Isaure le matin même où Arnaud lui tend un cadeau emballé avec du… Du papier toilette, non, elle ne rêve pas.

Arnaud ne cesse d’évoluer, c’est impressionnant.

Le garçon grogne et lui jette le cadeau à la figure, de bonne foi; heureusement que ça n’était pas une dictionnaire.

« Dis toi que c’est en retard et ferme là; j’ai mal à la tête. »

Sur ce, il se laisse tomber sur le lit avec un gémissement digne d’une grande comédie musicale de Broadway. Incroyable. Il ose lui lancer un paquet de papier toilette à la figure avant de squatter son lit? Incroyable.

Le culot.

Elle ronchonne, certes, mais elle finit tout de même par déchirer le papier toilette -mais combien de rouleau il a bien pu mettre? In. Cro. Ya. Ble.
Il lui faut une minute pour en finir à bout sans se transformer en momie. Et tout ça pour quoi? Un sac plastique contenant un objet d’un rose barbe-à-papa horrible et très chevelu.

« Okay. What the fuck Arnaud. »

Il agite la main faiblement au dessus de sa tête, enfouie dans un oreiller.

« Ouvre au lieu de te plaindre, connasse, » lui parvient sa fantastique voix.

Alors elle ouvre le sachet et admire, bouche bée, son présent.

Une perruque rose, bouclée, relativement longue. Funky. Ca, c’est nouveau.

On lui a bien proposé des perruques diverses et variées, cependant elle les avaient toutes refusées tout en enfonçant son bonnet sur son crâne parce que des cheveux, elle en avait encore, okay. Et ça repoussait. OKAY.
Mais là, LA. Là c’était juste magique.

C’est sûrement une perruque à 20 balles, rien de naturel, tout de chimique, et ça lui plaisait. Beaucoup. Au moins, celle là, elle n’aurait aucun mal à la jeter à la poubelle. Elle sourit, se débarrasse vivement de son bonnet pour s’empresser de mettre sa nouvelle acquisition, s’émerveillant du merveilleux mariage de ses yeux avec la perruque.

Ca n’a pas le moins du monde l’air réel, alors forcément, ça lui plaît; parce que tout ça, elle voudrait que ça ne le soit pas, réel.

« Tu l’aimes? »

Arnaud la fixe, menton hissé avec difficulté sur sa main, sourcils froncés - probablement plus à cause de la douleur qu’autre chose.

« Ummh, ça va. C’est cool.

-Cool.

-Cool. »

Il roule des yeux et enfonce à nouveau sa tête dans l’oreiller, sourire aux lèvres, marmonnant un vague « tant mieux » au passage. Elle lisse ses nouvelles boucles, heureuse, pour une fois, de s’admirer devant le miroir.
C’est incroyable ce qu’un accessoire peut faire, vraiment.

« Mec, la prochaine fois, je veux une afro. »

Elle se sent belle.



Et puis elle se sent laide.

Pauline est si magnifique au bras de son copain, un grand brun au sourire enchantant, si magnifique que ça la rend malade.

Arnaud serre sa main fort dans la sienne et elle se sent encore plus mal parce que c’est lui qui souffre le plus des deux, c’est lui qui l’aime, cette fille, mais quel putain d’idiot il était. Trop bon, trop con.

« C’est mieux comme ça, » qu’il lui marmonne une fois assis sur un banc, le regard rivé sur elle, la belle petite blonde qu’il avait un jour serré dans ses bras.

Mais c’est pas mieux, Arnaud, c’est tellement pas mieux.

Elle ne sait même pas.

Et Isaure se sent laide, si laide, si hideuse, si horrible. A côté de cette blonde, elle n’est rien de plus qu’une pauvre malade pâle et maigre, sans même avoir la personnalité pour rattraper le coup. Putain, mais en fait, elle est rien, hein?

Et Pauline, elle ne sait pas.

Isaure l’envie, la jalouse; elle aussi, elle voudrait ne rien savoir, se pendre au bras d’un beau mec et rire aux éclats d’une blague idiote sans se soucier de rien.

Elle veut lui hurler dessus, la secouer, la ruiner, lui détruire sa vie. De quel droit est-ce qu’elle est heureuse quand elle ne l’est pas? Quand Arnaud ne l’est pas, oh mon dieu qu’il ne l’est pas.
Isaure veut lui dire, lui dire combien Arnaud l’aime, qu’il est un putain d’idiot qui pense la protéger en la jetant, un connard qui ne se pense même pas assez important pour elle.

Elle ne sait même pas ce qu’il lui fait le plus mal, alors elle serre plus fort, jusqu’à ce que ça soit sa main qui lui fasse le plus mal.

« T’es qu’un putain de connard, Arnaud. »

Isaure se tait.



Elle a des hauts et des bas; beaucoup plus de bas que des hauts, mais quelques hauts quand même et les hauts, on ne crache pas dessus.

Ses hauts, c’est faire chier Arnaud, faire chier les infirmières, renverser du café sur du linge propre, acheter des nouvelles perruques toutes aussi idiotes les unes que les autres; c’est Killian qui lui apporte des glaces, Killian qui lui raconte ses histoires gores d’opérations dégueulasses, Killian qui lui prend la main pour lire sur ses lignes, Killian qui s’approche un peu trop, Killian qui rit, Killian.

Killian est un putain de haut autant qu’il est souvent le sujet de ses bas.

C’est idiot, elle le sait bien qu’il l’aime, ça crèverait le yeux à un aveugle; elle sait bien qu’elle l’aime aussi, merde quoi. Pourtant, ça ne l’empêche pas de douter de tout et de rien. Il la rassure d’un sourire, d’une main qui glisse un peu trop lentement sur son bras, d’un câlin qui dure un peu trop longtemps pour être parfaitement amical.

Elle ne comprend juste pas, toujours pas, et ce peut importe combien de fois il lui répète qu’il adore sa présence, combien de jours de repos il lui offre sans même l’ombre d’un doute.

« Je suis juste un idiot, Isaure, lui répond-t-il un jour, souriant. Un idiot qui est désespérément amoureux d’une incroyable idiote. »

Elle veut bien y croire. Parfois même, en fermant les yeux, elle arrive à y croire.

La plupart du temps, elle doute.



« Oh merde, faut que j’y aille. Je reviens ce soir, okay? Chauffe le lit pour moi, Princesse. »

Il l’embrasse, là, comme ça, sans même s’en rendre compte, avant de filer comme un voleur.

C’est juste un léger baiser sur les lèvres et Isaure sait, elle est persuadée que ça n’est qu’un accident, un étrange réflexe, une erreur et…

Ca ne l’empêche pas de sourire et rougir et Arnaud lui demande avec un regard dégoûté d’arrêter de pouffer comme une gamine.



« Je ne voulais paaaas - enfin si, si, je le voulais, mais pas comme ça, pas si soudainement, mon dieu, je suis déso-… »

Elle l’embrasse, le coupant net dans son charabia d’excuses qu’elle ne veut plus jamais entendre de toute sa vie. Et il l’embrasse, et l’embrasse encore et encore comme s’il n’en aura jamais assez d’elle, comme s’il était un homme perdu dans un désert et qu’elle était une oasis.

Ils se sourient et ils rient et non de dieu qu’elle est une idiote, mais lui en est un encore plus gros, d’idiot, pour aimer une fille comme elle.

Elle est simplement idiote d’avoir douté.



« Je t’aime, tu sais?

-Je sais. »



L’hiver est la pire saison.

Elle a froid, encore plus mal et Arnaud est rentré chez lui pour noël et elle est toute seule, comme une conne, dans sa grande chambre vide.

C’est de sa faute, sans doute, pour avoir refusé tout et tout le monde, préférant son lit presque douillet pour y passer un autre douloureux noël.

Elle se demande si c’est son dernier.

Sa mère l’a appelée; elle regrette de ne pas pouvoir être là.

Arnaud l’a appelée; il veut venir la chercher, l’idiot.

Killian l’a appelée; il déteste les repas de famille, il l’aime, il va lui ramener 15 sweat-shirts et un foie gras et ils vont se faire un super repas, sérieux.

Anaïs passe et lui glisse une plaquette de chocolat avec un clin d’oeil avant de filer.

Luc est mort la nuit d’avant; elle est trop fatiguée pour pleurer.

Trop, trop, trop.

Elle déteste l’hiver; il fait noir, elle voit noir.



« Tu as peur? »

Isaure cligne des yeux, surprise, tandis que Killian se redresse pour s’assoir à ses côtés, sur le lit, abandonnant sa pluie de baisers.

« Tu trembles. »

Elle ne l’a même pas remarqué, pas jusqu’à ce qu’il ne le lui signale, glissant un doigt sur bras nu. Elle lui adresse un maigre sourire, piégeant sa main fermement dans la sienne, lassant leurs doigts ensemble.

« Je n’ai pas peur. »

Killian a l’air perplexe. Elle même l’est, elle ne peut pas se mentir. Est-ce qu’elle a peur? Non, ça n’est pas de la peur qu’elle ressent, ça n’est pas cela qui la fait trembler. Ca n’est pas le froid non plus, pas en plein printemps.

Anxieuse, inquiète à s’en ronger les ongles, au bord du gouffre, ça, elle l’est; mais c’est plus une constante qu’autre chose ces temps ci.

« On peut arrêter, tu sais. On n’est pas obligé de-…

-Ca n’est pas ça, Killian, je t’assure. »

Isaure se redresse à son tour, déposant un baiser sur l’épaule de son petit-ami avant d’y poser son menton. Elle l’embrasse sur la joue, joue avec ses cheveux soyeux. Il pose sa tête sur la sienne, sourire en coin. Il sent bon lorsqu’il ne revet pas sa blouse blanche. Il n’est pas un adepte de la cologne ou des déodorants ignobles, elle lui en est reconnaissant. Killian sent la vanille, les épices, le dentifrice à la menthe. C’est parfait; tant que ça ne sent pas le désinfectant.

« Tu t’inquiètes beaucoup trop, Killian, fait-elle entre deux baisers, affectueuse. Je suis juste un peu appréhensive, rien de dramatique. »

Et elle est trop mince, elle a peur que sa perruque ne glisse, se demande même si elle est encore séduisante, si elle lui plaît vraiment, s’il n’a pas juste pitié d’elle et…

Le blond tourne son visage en sa direction, dépose un baiser sur son nez, laisse son doigt glisser le long de son bras.

« Tu vas bien se passer.

-Et si ma perruque tombe? »

Killian éclate de rire avant de l’embrasser chastement sur les lèvres.

« Et tu oses me dire que je m’inquiète pour rien? Oh, Isaure. »

Il lisse une longue mèche châtain qui n’est pas la sienne entre ses doigts, l’air rêveur.

« Tu sais, je n’ai rien contre les chauves. C’est un charme différent. »

Le garçon se penche pour déposer un nouveau baiser sur la commissure de ses lèvres tirées en un petit sourire.

« Et puis, honnêtement, Isaure, quand n’es tu pas magnifique?

-Touché-coulé.»

Elle se laisse basculer sur le lit, riant aux éclats tandis qu’il la couvre de baisers en lui murmurant des milliers et milliers de compliments. Il lui dit combien il l’aime, lui offre confort et confiance et stabilité et…

Et elle se sent belle à nouveau. Elle se sent elle.

Peut-être que c’est grave, peut-être qu’elle devient dépendante, mais elle s’en fiche; dans les bras de Killian, rien ne peut plus l’atteindre.






« Bye, Killian. »






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