Collé au mur, attentif au moindre bruit, limite paranoïaque, Lech attendait que le malade qui l’avait assommé puis enfermé là vienne le découper.
Ou le bâillonner. L’attacher. Demander une rançon. Il avait la gorge sèche et pas la moindre foutue idée de pourquoi on l’avait laissé moisir là – mais ce qu’il savait très bien, c’est qu’il n’y était pas rentré de son plein gré.

D’accord, il avait eu quelques petits écarts dans sa jeunesse ; des soirées arrosées, des trottoirs qui tanguent, des nuits passées sur le sol de chez un ami parce que sa porte était trop loin… Mais depuis Ruth, depuis Lena, rien de la sorte ne s’était produit. Ce n’était certainement pas le verre de vin au dîner qui allait le mettre mal et lui effacer la mémoire des derniers jours, en plus de lui faire bourdonner la tête comme le clocher d’une église.
Non, il était raisonnable. S’il était là, sans idée de pourquoi ni comment, c’était qu’une tierce personne en était responsable. Il déglutit, les yeux posés sur tout ce qui l’entourait (pas grand-chose), à la recherche de la porte. Il devait y en avoir une, il n’avait pas atterri là comme par magie. Une porte, une trappe, au plafond ou au sol… Quelque chose, quoi ! Ne pas savoir d’où allait émerger la menace l’angoissait. Il n’était pas doué pour se défendre avec les poings et il n’avait aucune arme sur lui.
Oh ! A moins que…

Lech plongea les mains dans les poches de sa veste, soudain agité ; il y trouva sa montre, son portefeuille, quelques papiers, et finalement, le contact froid de son ouvre lettre en argent. Bien. Il le sortit et le tint devant lui, tête tournée tantôt à droite, tantôt à gauche. Il n’allait pas gagner un duel contre un pistolet, mais peut-être qu’il pouvait faire illusion. Quelques secondes. Une minute, tout au plus. Bref, c’était pour se rassurer et il se sentait effectivement mieux, alors tant pis s’il avait l’air ridicule.

Il n’allait pas se laisser détrousser ou violenter sans se défendre. Jamais de la vie.